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Il faut manipuler avec prudence les collections de journaux
La campagne de presse hideuse


L'Humanité (Paris) 



Title : L'Humanité (Paris) Title : L'Humanité : journal socialiste quotidien / dir. politique Jean Jaurès Author : Parti communiste français Publisher : L'Humanité (Paris) Publisher : L'Humanité (Saint-Denis) Date of publication : 1904 Contributor : Jaurès, Jean (1859-1914). Directeur de publication Type : texte,publication en série imprimée Language : FrenchFormat : application/pdf Copyright : domaine public Identifier : ark:/12148/cb327877302/date    Identifier : ISSN 02426870 Source : Bibliothèque nationale de France Relation : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327877302 Provenance : bnf.fr Description : Variante(s) de titre : L'Humanité Description : Variante(s) de titre : L'Humanité des débats Description : Variante(s) de titre : L'Humanité : journal communiste Description : Variante(s) de titre : L'Humanité : organe central du Parti communiste français Description : Périodicité : Quotidien Description : Etat de collection : 1904 (08 avril)-N° 13528 (31-12-1935)


1931/03/06 (Numéro 11770).


ENCORE UN SCANDALE RETENTISSANT
La Compagnie Aéropostale contrôlée par le groupe Bouilloux-Lafont et subventionnée par le gouvernement est acculée à la faillite.
166 MILLIONS RAFLÉS A L'ÉPARGNE EN 1927 SONT ENGLOUTIS. Le ministère qui a complaisamment laissé faire veut aujourd'hui "réparer" les dégâts aux frais des contribuables.
Hier, on apprenait la déconfiture de la Compagnie Aéropostale. Ce n'est point là une petite affaire la Compagnie Aéropostale assure le trafic aérien France-Maroc, Paris-Biarritz-Madrid, Marseille-Alger, et surtout France-Dakar- Amérique- du Sud. Ces lignes représentent une distancé de 19.225 kilomètres. Le trafic total de la seule ligne France-Amérique du Sud se chiffre par 171.000 tonnes kilométriques. Voilà donc encore une énorme entreprise capitaliste en déconfiture. Plus précisément, en situation de FAILLITE. Hier matin, en effet, cette firme était incapable de faire face à ses paiements de la journée, s'élevant à une somme considérable. Et, du même coup, le très important groupe bancaire Bouilloux-Lafonf se trouvait touché au cœur. La Compagnie Aéropostale, en effet, est une ancienne entreprise Latécoère, prise naguère en mains, par la tribu des Bouilloux-Lafont, famille de banquiers et d'affairistes intimement mêlés aux milieux politiques bourgeois. Sitôt soulevée, l'affaire a provoqué immédiatement à la Chambre la plus vive agitation. A la reprise de séance de 16 heures, alors qu'on devait aborder la discussion du budget de l'air, Laval déclara:
-Messieurs, le budget de l'air est encore en discussion ,devant la commission des finances pour un NOUVEL EXAMEN.
Et la séance fut reportée à 21 heures. Or, si l'on veut bien noter que depuis des semaines on nous a rebattu les oreilles avec «la nécessité impérieuse d'aller vite», «l'urgence de faire progresser le vote du budget», etc., etc. on comprendra qu'il fallait qu'un très grave événement se fût produit.
A 18 heures se tint une réunion commune de la commission des finances, et de la commission de l'aéronautique.
Une escroquerie à l'origine Une gestion scandaleuse ensuite.
Voici, ce qui ressort de cette réunion qui dura de 18 heures à 20 h. 45. C'est en 1927 que ]a Compagnie aéropostale a fait un large appel à l'épargne publique pour étendre ses entreprises. Elle réussit a rafler la somme de 166 MILLIONS DE FRANCS. Or, fait capital, les prospectus de réclame pour l'émission de cet emprunt portaient en substance cette mention: «Notre entreprise est garantie par l'Etat.» Ce n'était pas vrai. Rien n'autorisait le groupe Aéropostale-Bouilloux-Lafont à se prévaloir de la garantie de l'Etat. A l'origine du lancement de l'affaire, on se trouve donc en présence d'un véritable abus de confiance. 166 millions aujourd'hui engloutis ont été raflés à l'épargne par des affairistes sans scrupules s'abritant derrière une prétendue garantie de l'Etat. Et puis, la, gestion fut jolie. Elle se traduit actuellement par un passif avoué de 447 MILLIONS DE FRANCS. D'autre part, l'Aéropostale a fondé en Uruguay, Argentine, etc., une série de filiales dont le passif n'est pas même encore connu. Il s'avère, en outre, qu'entre la firme-mère et les filiales s'est déroulé le classique petit jeu de la cavalerie, bien connu du grand public depuis l'affaire Oustric. Enfin, la comptabilité de l'Aéropostale est plus que suspecte un exemple entre vingt le montrera elle s'est efforcée de masquer sa situation catastrophique en passant son déficit d'exploitation au compte: «Frais de premier établissèment.» Cela se passe de commentaires. Le krach Aéropostale-Bouilloux-La/ont est un scandale énorme, dont le caractère s'apparente directement à celui de l'affaire Oustric.
Mais ce n'est pas tout. Les responsabilités gouvernementales et socialistes.  II faut immédiatement insister sur l'étrange attitude des gouvernements successifs à l'égard de l'Aéropostale. Comment ? Voilà une compagnie qui est subventionnée par l'Etat. Voilà une compagnie qui lance 166 millions d'obligations en se couvrant abusivement de la garantie de l'Etat. Et pourtant les gouvernements successifs, depuis 1927, ne se sont nullement préoccupés DE LA CONTROLER, d'examiner sa gestion, de prendre les mesures de justice que justifiait l'utilisation frauduleuse de l'étiquette «Entreprise garantie par l'Etat»? Au moment de la rafle des 166 millions, l'intègre Poincaré était ministre des finances. Qu'a-t-il fait? Il s'est tu. Qu'ont fait les ministres ultérieurs des finances et de l'air? Ils se sont tus. Etrange complaisance! Et puis, bizarre silence aussi du socialiste l'honorable Rénaudel, depuis des années titulaire du rapport de l'Air, et muni en cette qualité de tous les moyens d'investigation nécessaires, a gardé un silence complet. On était pourtant en présence d'une escroquerie caractérisée, doublée de la dilapidation des subventions de l'Etat.
Laval-Dumesnil à la rescousse Voici donc l'Aéropostale acculée. Or, si, l'on n'a pas d'argent pour, les chômeurs, on en a toujours pour aider les forbans de la banque et des affaires. Le gouvernement faisait savoir des avant-hier son intention de renflouer l'Aéropostale. Ses arguments? La faillite entraînerait celle du groupe Bouilloux-Lafont. celle des filiales de l'Amérique du Sud. et encore d'autres choses qu'on connaîtra peut-être bientôt. Il fallait éviter cela à tout prix. Et puis, songez donc au «prestige impérial français» (style Tardieu-Lava). Les firmes d'aviation allemandes, anglaises, etc., sont à l'affût, elles vont nous succéder. Tout, mais pas ça dit le gouvernement. Je prends l'affaire en charge. Aux frais des contribuables Dumesnil vint donc hier proposer aux commissions une combinaison consistant, en gros, à créer une société mixte ou l'Etat serait intéressé pour 51%, société qui prendrait en mains l'exploitation... et bien entendu le passif de plus de 400 millions. Contribuables, ouvriers, paysans, petits commerçants, à vos poches L'Aéropostale est en difficulté, à vous l'honneur de payer les pots cassés. La proposition gouvernementale est un pur scandale, et les communistes entendent s'élever là contre avec la dernière énergie.
M. Moch, socialiste et le "prestige impérial" Sitôt prête sa petite combine, Jacquot-Loulou Durnesnil cherche un membre de la commission do l'Aéronautique pour la soumettre à ses collègues. Il trouva. Il trouva M. Moch, député socialiste. M. Moçh aujourd'hui est bien embêté. Il bat en retraite. Il demanda hier à la commission des finances
-Quel est le passif exact de l'Aéropostale?
– Nous ne pouvons, encore le dire, répliqua le gouvernement.
-Dois-je alors accepter d'être rapporteur, se demande M. Moch.
Car ce socialiste veut défendre le «prestige impérial de la France», donner à son pays la gloire d'assurer les communications aériennes Franco-Amérique du Sud.. Ça, il y tient. Mais 447 millions de déficit à combler, ça le fait hésiter. Que diront les électeurs? Que diront les ouvriers Le cœur de M. Moch est déchiré. Quant son chef Blum, il a proposé une «solution d'attente». Une société de gérance serait créée par l'Etat pour assurer la continuation du trafic aérien, l'Etat couvrant les dépenses. Puis, la faillite de l'Aéropostale étant déclarée et une autre organisation (privée ou non) lui succédant, l'Etat «s'arrangerait» avec les liquidateurs. Inutile de dire, n'est-ce pas, que, l'Etat ne reverrait jamais la bonne galette gaspillée pendant ces deux mois! La galette des contribuables.
Premières conclusions
Ce nouveau scandale n'en est qu'à ses débuts. Il est déjà avéré que l'émission de 1927 (156 millions) de l'Aéropostale a été une escroquerie. Que la gestion a été scandaleuse: déficit, camouflage du déficit, etc. Que Poincaré et ses successeurs, parfaitement informés, furent inertes, donc complices. Que Renaudel, muni des moyens d'investigation nécessaires, n'a pas donné signe de vie. Qu'on veut aujourd'hui renflouer l'affaire ou la transformer, aux frais des contribuables. Que les socialistes acceptent te principe de l'opération au nom du «prestige français». Nous disons, nous: -Ce n'est pas aux ouvriers, paysans, petits commerçants à combler de leurs deniers le trou creusé par l'Aéropostale et la Banque Bouilloux-Lafont. Nous ne connaissons pas, nous,  le prestige impérial de la France. Et nous déclarons que les agissements des affairistes et des ministres mêlés au scandale relèvent directement de la Commission d'enquête, tout comme l'affaire Oustric. Non que cette commission veuille prendre des sanctions, mais du moins le scandale sera-t-il étalé. Et rien n'est plus utile pour éclairer les prolétaires sur la pourriture du régime F. F.

1931/03/08 (Numéro 11772).


# Malgré les impôts écrasants, et qu'il est bien difficile d'aggraver encore, les déficits s'annoncent menaçants et, lourds dès maintenant. Moins-values des recettes indirectes en raison de la sous-consommation des ouvriers et des paysans. Moins-values des chemins de fer et auxquelles les contribuables devront faire face. Dépenses militaires et impérialistes en augmentation annuelle. Et voici, maintenant, lorsque les banques sautent, que l'on demande à l'Etat de les renflouer avec les millions du budget. Tardieu a renfloué la Banque Adam, mise à mal par Oustric. Laval, comme Moch, veulent relever les affaires de l'Aéropostale sous prétexte de prestige impérial à sauvegarder. Et hier, à la commission des finances, la Compagnie Transatlantique osait faire réclamer aux députés 600 millions pour construire un super-transatlantique de 60.000 tonnes à l'usage des milliardaires yankees...  Matches found in this document:1

1931/09/04 (Numéro 11952). 


Le ministre de l' «Aéropostale» crut spirituel de demander « M. Litvinov nous dira-t-il si l'octroi le crédits par un Etat peut être considéré comme une mesure de discrimination par les Etats qui n'en sont pas bénéficiaires? Certainement, répondit Litvinof. S'il se trouvait au monde un Etat capitaliste assez prospère, assez opulent pour pouvoir distribuer des crédits à tous les pays à l'exception d'un seul. Mais cette hypothèse est exclue, n'est-ce pas? » Enfin, comme M. Flandin avait bredouillé quelques propos inintelligibles sur la propagande que mènent certaines organisations contre le régime capitaliste, Litvinov rétorqua...
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1931/12/14 (Numéro 12053).

...rendent impossible la transmission sur Alger et Tunis. Constantine, 13 décembre. Dans le port de Bougie, la mer est démontée.. De nombreuses barques ont coulé. Le torpilleur Matelot-Leblanc, qui était parti à la recherche de l'aéropostale est entré dans le port donnant fortement de la bande et ayant... Matches found in this document:1

1932/01/17 (Numéro 12087). 


...assistance, «générosités privées» avaient su trouver les millions nécessaires pour la réalisation Pour renflouer la Transat, ou l'Aéropostale, pour la guerre ou la police, des millions, des milliards. Pour la santé du «prolétariat» pas de crédits en régime capitaliste R. ROUSSET. Matches found in this document:1

1932/04/06 (Numéro 12167).

La puissance gouvernementale dont parle Marx, c'est-à-dire l'Etat bourgeois, a montré qu'il sait gérer les intérêts communs de la bourgeoisie. Tout dernièrement, il a renfloué les  banques, l'Aéropostale et la Transat. Il n'existe pas d'Etat « au-dessus des classes », mais un Etat au service de la classe bourgeoise.

1932/08/17 (Numéro 12300)

ENCORE L'AÉROPOSTALE
Un aviso de la compagnie sombre sur la côte d'Afrique, 22 hommes d'équipage auraient péri.
Un gros sinistre attire de nouveau l'attention sur la Compagnie Aéropostale, dont les avatars  politico-financiers ont si largement défrayé la chronique. La dépêche suivante a fait savoir que l'aviso chargé du service de Natal à Dakar était disparu.
Dakar, 16 août. L'aviso de la. Compagnie Générale Aéropostale, transportant le courrier de Natal à Dakar, n'est pas arrivé samedi après-midi comme son horaire le prévoyait. On est demeuré jusqu'ici sans nouvelle de lui. On suppose que, pris dans une tornade dans la nuit de vendredi à samedi, il s'est perdu corps et biens. Sa dernière communication par T. S.. F., émise vendredi, signalait, que «tout allait bien à bord». Le bateau ne portait aucun passager. Le naufrage est confirmé Un nouvelle dépêche vient malheureusement confirmer les inquiétudes que suggérait le premier télégramme « On est depuis samedi dernier sans nouvelle de l'aviso qui transportait de Natal à Dakar le courrier postal en provenance de l'Amérique du Sud pour la ligne aérienne de l'Aéropostale de Dakar, à Toulouse.» Les  recherches entreprises immédiatement dans la région où, pour la dernière fois, il a signalé sa présence, ont été rendues très difficiles par l'état démonté de la mer qui a obligé les navires de secours à réduire fortement leur allure. Ces recherches étant restées jusqu'ici sans résultat, il a tout lieu de supposer que cet aviso a dû être surpris durant la nuit de vendredi à samedi par l'une des tornades qui, à cette époque de l'année, sévissent fréquemment dans la région de Dakar, et qu'il a sombré très rapidement.

1932/08/18 (Numéro 12301).

Le naufrage de l'Aéropostale n°2. Les communiqués officiels concernant le naufrage de l'aviso Aéropostale n° 2 sur les côtes de l'Afrique sont prudents. Il a fallu deux jours pour amener le ministère de l'air à avouer que tout l'équipage était perdu avec le bateau. Et maintenant, on donne la liste des victimes. Naturellement les noms des officiers sont donnés, mais les hommes de l'équipage, qui n'intéressent la bourgeoisie que comme machines à faire exploiter et à produire des dividendes, sont oubliés parce que Sénégalais, Portugais et Chinois. Voici donc la composition de l'équipage: Commandant du navire capitaine Grilhon capitaine en second Dumont lieutenants Decan et Battistini chef mécanicien Colombani officiers mécaniciens MM. Moussot, Gary, Dantin, Michel officier radiotélégraphiste M. Andrade (sujet brésilien) graisseur M. Wiart. Les hommes de l'équipage, autres que le graisseur Wiart étaient de nationalités sénégalaise, portugaise et chinoise. Le chef de l'Aéropostale de Dakar, M. Rignelle est parti ce matin à bord d'un avion de l'Aéropostale effectuer une reconnaissance le long des côtes au nord et au sud de Dakar.
1932/08/19 (Numéro 12302).



1932/09/02 (Numéro 12316).

La doctrine et l'histoire. Les Bolchevicks au parlement...

1932/10/04 (Numéro 12348)

Page 1- CANAILLE ET Cie. Nouveau scandale à l'Aéronautique. M. Bouilloux-Lafont, administrateur-délégué de l'Aéropostale actuellement en liquidation accuse M. Emmanuel Chaumié, directeur de l'Aéronautique au ministère de l'air, bras droit de Painlevé, et M. Paul-Louis Weiller, officier aviateur, fils du sénateur Lazare Weiller et administrateur de la société Gnome et Rhône et de la C.I.D.N.A., de «délit de fonctionnaire» et de «corruption de fonctionnaire et complicité». Il a déposé plaintes. D'autre part, le ministère de l'air, qui affirme que les documents sur lesquels  s'appuie Bouilloux-Lafont sont des pièces fabriquées, a déposé contre X une plainte en faux. D'après ces, documents, Weiller et Chaumié auraient préparé le transfert de l'actif de l'Aéropostale en déconfiture à une société nouvelle constituée entre la C.l.D.N. A. (Compagnie  Internationale de Navigation Aérienne) et la société allemande la Lufthansa.
Page 2-(SUITE DE LA PREMIERE PAGE)
Les capitaux venaient de la Deutsche Bank. Le haut fonctionnaire  Chaumié aurait reçu, «en rémunération de ses bons offices», un gros paquet d'actions.  Bouilloux-Lafont a montré ses documents au ministre Painlevé et au général Weygand dès le .mois de juin. Il  remit 12 pièces à Painlevé. Celui-ci, le 3 août, a fait déposer une plainte contre X pour faux et usage de faux. Bouilloux-Lafont a riposté par une plainte contre Chaumié et une autre contre Paul-Louis Weiler. Hier, l'agence Wolf publiait un communiquié  affirmant que  la nouvelle, d'après laquelle la Compagnie «Lufthansa» aurait acquis, en échange de ses propres actions, celles de la Compagnie française « Gnome et Rhône, », est dénuée de tout fondement.
Sans nous prononcer aucunement pour aujourd'hui sur la valeur les accusations portées par Bouilloux-Lafont contre Chaumié et Weiller, et par Chaumié et Weiller contre Bouilloux-Lafont et ses informateurs, nous devons constater que le scandale est certain.  Ou bien Weiller et Chaumié sont, l'un un «corrupteur», l'autre un «corrompu», ou bien d'autres «corrupteurs» et d'autres «corrompus» ont monté l'affaire en fabriquant 15 pièces et toute une correspondance. Ce qui est certain, c'est qu'une bataille d'apaches s'est livrée et se livre autour de l'épave de l'Aéropostale qu'on tenta de renflouer. Ce qui est clair, à la lumière de ce scandale, c'est que les constructeurs de moteurs, comme les «marchands de canon» organisés internationalement, travaillant au centre même de la préparation à la guerre dans les États capitalistes, ont leurs accointances dans les ministères, comme dans les banques, et s'y livrent aux pires intrigues contre la paix. Dans la situation actuelle, le scandale de l'Aéronautique apporte de nouvelles révélations que nous saurons utiliser. 

1932/10/10 (Numéro 12354)

Aujourd'hui FRAPPONS DUR
DEPUIS de bien longues années, ce n'était un secret pour personne que le ministère de l'air était celui où fleurissait en permanence et plus particulièrement la prévarication, le pot de vin et, la forfaiture. Dans les milieux d'affaires on n'ignorait rien du barême des prix qu'il fallait mettre à l'obtention d'une commande. Les soldats se tuaient sur des avions mal mis au, point, mais les fabricants d'avions, leurs démarcheurs et quelques personnages influents s'enrichissaient à pleines poches. Le ministère Herriot couvrait les voleurs comme les avait couverts le ministère Tardieu. Et tout aurait continué comme par le passé -- chacun prenant ses assurances et faisant chanter l'autre-- si dans la rivalité des firmes l'état-major n'avait pas, par son deuxième bureau, élaboré une machination un peu par trop cousue de fil blanc.
Fallait-il simplement compromettre une firme rivale par une provocation élémentaire ? S'agissait-il de sauver la firme actuellement la plus chère au ministère de l'air, en noyant des documents vrais sous une avalanche de documents faux Peu nous chaut. Nous n'avons pas à prendre partie dans cette bataille de requins.
Mais il reste qu'après celte première semaine d'instruction, après les deux balles échangées entre le pistolet de Painlevé-Gnôme et Rhône et le pistolet de Bouilloux-Lafont-Tardieu- Aéropostale, il y a déjà des résultats. Et de sacrés résultats! 
Premier résultat Le régime a « découvert » l'un des ressorts les plus essentiels de sa puissance son service d'espionnage. Il l'a « découvert » au point que La Liberté en vient à plaider coupable pour le 2".bureau et crie à la « ténébreuse machination destinée à la veille de graves événements possibles à démoraliser l'opinion française et à désorganiser un service essentiel de la défènse nationale ». C'est avouer on ne peut plus clairement que l'état-major de l' armée, s'identifie étroitement avec la bande d'aigre-fins qu'il entretient.
Second résultat
Le ton de sémi hui-clos et le secret dans lequel se déroule l'instruction, la hauteur avec laquelle un Lubersac se retranche derrière son secret professionnel d'espion pour ne pas livrer le nom du haut personnage qui lui aurait communiqué la liste des politiciens et des journalistes arrosés par Gnôme et Rhône, la liberté dont continue de jouir Bouilloux-Lafont, malgré Painlevé, le mystère gardé sur la déposition du même Painlevé, la non-comparution de Tardieu accusé d'avoir remis le « faux Renaitour » à l'administrateur de l'Aéropostale, tout cela suffit pour faire comprendre aux travailleurs jusqu'où peut remonter le scandale où tout le régime est « dans le bain ».
Troisième résultat, enfin:
L'aspect de criminels de droit commun sous lequel apparaissent aujourd'hui les hommes du 2° bureau offre aux travailleurs révolutionnaires un véritable bélier pour enfoncer la porte de l'amnistie. Duclos est dans l'illégalité, Philippe, un rabcor honnête et consciencieux, est en prison, au droit commun, sous l'inculpation d'espionnage....

L'AFFAIRE DE L'AÉROPOSTALE
Faux-Pas-Bidet qui payait Lucco doit être arrêté comme complice du faussaire. L'instruction du juge Brack a bénéficié hier du repos hebdomadaire. Aussi bien, il est clair que le gouvernement n'est nullement désireux de parvenir à une solution de cette affaire. Comment le pourrait-il, quand il apparaît, clair comme le jour, que la Sûreté, la Préfecture de police, le 2° bureau de l'état-major y sont directement compromis?
Dans cette mêlée de faussaires, de maîtres-chanteurs, de provocateurs et d'escrocs, Painlevé a voulu tirer d'affaire son bras droit Chaumié, sur qui s'acharnait Bouilloux-Lafont et Lucco. C'est pourquoi il a déposé la plainte contre X, qui a entrainé l'arrestation de l'aventurier.
Mais Lucco n'était pas un personnage agissant pour son propre compte, il «travaillait pour la grande maison». Le policier en chef Faux-Pas-Bidet lui servait une mensualité assez coquette pour permettre de vivre à cet individu qui n'était pas précisément économe. Faux-Pas-Bidet a dû en faire l'aveu. Il est établi d'autre part que Lucco a soumis les faux à son chef Faux-Pas-Bidet, qui ne pouvait se méprendre, connaissant l'homme sur le but poursuivi. La culpabilité de Faux-Pas-Bidet est donc évidente. Faux-Pas-Bidet, chef et complice du faussaire, doit être arrêté. En réclamant cette arrestation, nous ne nous faisons pas d'illusion. Nous savons bien qu'un policier de cette importance est tabou en principe. Les chefs de la haute police sont parmi les piliers du régime infâme de la bourgeoisie." Mais on a vu dans .d'autres scandales, Panama, affaire Dreyfus, de plus grands personnages emportés par la force des événements, malgré la protection des plus puissantes autorités de l'Etat.  Et puis, c'est notre devoir de dire la vérité et de marquer au fer rouge les coquins compromis.
C'est notre rôle, en çe qui concerne Faux-Pas-Bidet, de traîner en pleine lumière, un de ces ténébreux personnages, qui, dans l'ombre des officines de police, fabriquent les « complots », machinent les accusations d'espionnage, contre les militants de la classe ouvrière.
La « justification » du 2° Bureau
Les policiers du 2° Bureau ne se sentent pas plus à l'aise que Faux-Pas-Birlet qui. hier, dans une interview de Paris-Midi, se mettait sur la défensive et parlait de son « honneur » (sic). Ils ont, hier, pour essayer de se couvrir, publié la note suivante: 
« Le 2° Bureau de l'état-major de l'armée ayant été mis en cause par quelques journaux dans l'affaire de l'Aépostale, le ministère de la guerre fait
connaître que le Service des Renseignements ayant été saisi de documents s'est borné à les transmettre au ministère intéressé et à la Préfecture de police, en faisant les plus expresses réserves sur leur authenticité ».
Là aussi, nous exigeons qu'on fasse la recherche des responsables. Les policiers du 2e Bureau qui ont reçu les documents les ont examinés et les ont
transmis. Un peu de lumière dans la caverne!
Nous réclamons une enquête au 2e Bureau!

1932/10/11 (Numéro 12355)

 




Les témoins défilent chez le juge Brack... Toute la fleur de l'honnêteté parisienne y passera. Hier, c'était Merle, fripouillard, décoré de la Légion d'honneur par HerrioL, Merle qu'on retrouve toujours aux bons endrois, Merle après Bourguignon, chef de Cabinet de Painlevé et Guernier, ancien ministre; Merle qui semble bien avoir dans la circonstan:e servi, lui aussi, le jeu du 2e bureau en même temps -si l'on en
croit Colin- que celui de Mme Hanau.
Qui semble ? Non. Hier, par ses réticences, Merle avouait.
Au sortir du cabinet du juge Brack, il déclarait être tenu à «une certaine réserve». Fonctions obligent. Mais il reconnaissait avoir recueilli les
confidences de Lacco.. trois jours avant l'arrestation de cet agent du 2e hureau. Le deuxième bureau! Toujours le deuxième bureau!
Ce deuxième, bureau contre lequel Blum demande une enquête administrative a Paul-Boncour (!) en même temps qu'il couvre de fleurs la perspicacité de Chautemps. Il est vrai que tout ce joli monde, socialistes, ministres, espions, escrocs et autres, se retrouvera, sans aucun doute, dans le salon de Mme la marquise de Crussol, collectionneuse d'esprits humains comme dit Paris-Midi.
Que les ouvriers ne se laissent donc pas prendre au jeu démagogique du Populaire.
Ce deuxième bureau, que Blum attaque, Paul Boncour l'a servi du temps qu'il était chargé du «moral» dans l'Etal-Major dont il faisait partie  et jamais les socialistes n'ont songé à lui en demander compte.
(LIRE LA SUITE EN DEUXIEME PAGE) (SUITE DE LA PREMIEBE PAGE)
Pour notre part, nous ne réclamons aucune enquête administrative à des gens que nous savons liés aux faussaires par toutes leurs fibres. Nous
avons d'autres exigences.
Des pièces examinées par l'expert Dupont-Ferrier, il résulte que tel document versé au dossier est bien signé de Weiller...
Et Bouilloux-Lafont précise: «Ce document, qui servit de pièce de comparaison à l'expert pour apprécier le reste du dossier, a été reconnu authentique par, Weiller lui-même, au cours de l'instruction».
Pourquoi se hâte-t-on, de déclarer toutes les pièces fausses. Pourquoi n'arrête-t-on pas Weiller ?
Le rôle de Bouilloux-Lafont dans l'organisation de l'affaire et sa complicité partielle avec Colin sont établis. Pourquoi n'arrête-t-on pas Bouilloux-Lafont?.
La culpabilité de Faux-Pas-Bidet qui payait au faussaire Colin des mensualités qui le lient définitivement a lui, est désormais indiscutable. Pourquoi n'arrête-t-on pas Faux-Pas-Bidet?
Depuis le moment  Lucco a «vendu la mèche», c'est, dans la presse, un silence de mort. Rien sur la déposition de Painlevé. Rien sur celle -hier- de Merle, de Guernier.
Or, l'étouffement,. c'est l'aveu! L'aveu que le deuxième bureau et le gouvernement sont dans l'affaire «jusqu'aux yeux».
Toute cette tourbe, au service, du capitalisme dans le deuxième bureau, ou gravitant autour de lui, constitue l'Etat-Major des ennemis actifs de 
l'U. R. S. S. et du prolétariat. 
La mise à Jour des machinations du deuxième bureau, la clarté qu'elles jettent sur les procès intentés contre nos camarades rabcors, exigent du prolétariat une action immédiate à la fois pour l'amnistie et POUR LA SUPPRESSION DU 2e BUREAU. Il avait été déjà supprimé après le scandale de l'affaire Dreyfus..
Le scandale de l' Aéropostale met à nouveau ses agissements en pleine lumière.
Exigeons que soit fermée cette officine de faussaires, d'espions et d'escros!     signé P. V.-O.

1932/10/12 (Numéro 12356).


 LE SCANDALE DE L'AVIATION
Pour sauver le 2e Bureau de Boncour-Weygand, instruction au ralenti, instruction à huis-clos!...
Qu'on arrête Bouilloux-Lafont, Weiller, Faux-Pas-Bidet!
Qu'on fasse comparaître Tardieu!
Qu'on ferme le 2e Bureau, repaire des faussaires et des fabricants de complots contre-révolutionnaires!
«Le ministre qui a l'honneur, vraiment peu enviable d'être bon gré mal gré responsable de ce qui se passe dans la boîte à espions devrait, nous semble-t-il avoir à cœur de prouver qu'on peut, lorsqu'on  est à la tête d'un important département comme celui de la guerre, frapper l'opinion par des actes vigoureux et décisifs.» Ainsi  parle le Populaire. On ne saurait davantage faire confiance au ministre de la  guerre de la bourgeoisie.
Boncour a besoin des faussaires. Tout d'abord, Paul-Boncour n'est pas « bon gré malgré » responsable de ce qui se passe dans la «boîte à espions». Elle est l'un des organes essentiels, l'un des rouages capitaux de son ministère, et je ne sache pas  que  lorsque  Boncour  a  élaboré  sa  proposition  de loi pour la «guerre totale» sans distinction d'âge ni de sexe il se soit  désintéressé  du  précieux  concoursque pourraient lui apporter les services de renseignements du ministère de la guerre dans le maintien du moral au niveau nécessaire. Dans la guerre prochaine, en effet, l'action défaitiste des révolutionnaires constituerait certainement l'une des préoccupations de premier plan de ce service. Il suffit  de  voir  quelle  assiduité canaille le 2e bureau apporte à l'élaboration de ses provocations et de ses complots d'espionnage, qui servent de prétexte, à  l'arrestation  des  travailleurs  honnêtes  coupables  de lutter contre la guerre pour en être convaincu. Il n'est qu'une façon pour Paul-Boncour de «frapper l'opinion par des actes vigoureux, et décisifs», c'est, après les avoir couverts, de confier aux faussaires du 2° bureau le soin de préparer une nouvelle affaire d'espionnage destinée à égarer l'opinion, à lui en faire oublier l'Aéropostale, à déformer à ses yeux l'activité des communistes et à compromettre l'U.R.S.S. Manœuvre de guerre, une fois de plus.
Sous l'étouffoir. Dans l'affaire elle-même, la journée d'hier n'a apporté que des lumières diffuses. On a vu grouiller, une fois de plus, le peuple de l'abîme bancaire, militaire et policier. Ducloux, directeur des recherches à la Sûreté générale c'est-à-dire le, policier le plus expert en matière de «forgerie» de documents a déclaré «forgée» une pièce se rapportant aux services de l'intérieur. Portais, du 2e bureau et de l'Aéropostale, est venu affirmer la confiance qu'il avait en Lucco, du 2° bureau, rédacteur au Cri du Jour de Livet -policier...
P. VAILLANT.COUTURIER. (LIRE LA SUITE EN DEUXIEME PAGE)
(SUITE DE LA PREMIERE PAGE)

La banclue-Lepercq est venue mettre l'accent sur les affaires de ces messieurs, en rappelant que Lubersac, du 2e bureau, avait un local chez elle... le deuxième bureau de ce coquin du 2° bureau...
Enfin, Lucco a déclaré que la preuve que Bouilloux-Lafont lui avait dicté les documents, résidait dans le caractère technique des contrats concernant l'aviation, caractère qu'il aurait été dans l'impossibilité de leur donner tout seul. Sans doute. Mais sans croire Bouilloux-Lafont incapable de dicter certains faux, était-il impossible de trouver dans le personnel du 2° bureau un technicien, galonnée ou non, capable d' «aider» Lucco à «aider» Bouilloux-Lafont ? Lucco connaît les siensl Et si Lucco se refuse si obstinément à aller à l'infirmerie de Fresnes -il l'a catégoriquement déclaré au juge d'instruction- n'est-ce pas parce qu'il redoute les procédés expéditifs employés par le 2° bureau ou l'Intelligence Service, pour se débarrasser,  par tisanes toxiques, lavements au curare ou lacets de souliers incassables, des collaborateurs «brûlés» qui en savent trop. Or, il est clair que, dans toute cette affaire, il y a des coquins des deux côtés. Il est clair que le 2° bureau est furieux de se voir «découvert» et contraint d'étaler au grand jour sa figure de faussaire. Lubersac n'a toujours pas livré le nom -trop haut placé?- de son complice, et il semble qu'on ne le presse pas du tout de le désigner. Tandis que les militants sont en prison. Bouilloux-Lafont, de plus en plus clairement reconnu coupable, accusé par Painlevé,  accusé  par Guernier,  accuse  par  Lucco,  est toujours en liberté. Le commissaire Faux-Pas-Bidet. Faux pas, Faux documents, Faux bonhomme, complice de Lucco, court toujours. Tardieu, mis en cause directement, Tardieu dont les attaches avec l'Aéropostale sont connues -nous les avons payées assez cher- n'est toujours pas rappelé   de  voyage pour être interroge. Dans cette affaire où le chantage apparaît comme le contrefort, le tuteur, le soutien de la défense nationale, il est facile de se retrancher derrière elle pour exiger le silence, On a vu jusqu'à Merle se taire par dignité professionnelle. Le silence? L'obtiendra-t-on de Lucco par l'infirmerie de Fresnes. A quel prix l'obtiendra-t-on du gentilhomme maître-chanteur Lubersac?
C'est affaire au 2" bureau, à l'intègre Painlevé et à l'incorruptible Paui-Boncour.
Pour notre part, réclamons inlassablement la suppression des cavernes du 2° bureau. C'est là que se trament les mauvais coups contre l'U.R.S.S., en collaboration avec tous les Miller de l'émigration blanche.
Messieurs les espions viennent de se faire voir dans toute leur beauté. C'est le moment d'abattre toute cette pourriture.
P. VAILLANT-COUTURIER.
L'INSTRUCTION
Hier matin, M. Brack, poursuivant son instruction, a entendu M. Ducloux, directeur général des recherches à la Sûreté générale.
Au cours de cette audition, M, Ducloux a déclaré au juge que le document connu sous le nom de «Note du ministère de l'Intérieur» était un faux. A ce propos, il convient de relever quelques déclarations de Guernier, ex-ministre. Sur sa déposition, la «justice»   ne souffla mot. Mais l'Excellence, plus bavarde, dit ceci:
«M. André Bouilloux-Lafont m'a présenté, le 30 mars dernier, quelques photographies de pièces dont aucune n'émanait de mon administration et qui, d'après lui, formait un ensemble permettant d'accuser mon directeur, M. E. Chaumié, de s'être laissa suborner à M. Bouilloux-Lafont, malgré la demande que je lui ai faite, a refusé de s'en dessaisir, même pour une journée. Le surlendemain, il vit le directeur de mon cabinet qui lui fit remarquer combien son refus de laisser examiner à tête reposée les documents me donnait à penser qu'ils pouvaient être forgés. M. Bouilloux-Lafont promit alors d'apporter le soir même les photographies. Le soir venu, M. Bouilloux-Lafont revint au ministère sans les pièces et refusa de nouveau de les livrer, sous prétexte qu'elles étalent dans la coffre-fort d'une banque. Parmi les pièces, j'ai remarqué une note de la Sûreté générale. J'en relevai les caractéristiques, pour vérifier l'authenticité de l'original photographié. L'enquête menée par le directeur de la Sûreté générale démontra qu'aucune note de ce genre ne figurait dans les archives et que le papier employé reproduisait inexactement les mentions en usage dans l'administration.»
Nouvel interrogatoire de Lucco
Dans l'après-midi, M. Brack a procédé à l'interrogatoire de Lucien Collin, dit Serge Lucco. Il devait le confronter ensuite avec M, Portais, chef des services de presse de l'Aéropostale qui, comme ou sait, avait été mis en cause par l'inculpé lors de son dernier interrogataire (Lucco a révélé ses attaches et celles de Lubersac avec le 2° Bureau). Serge Lucco  réitère  ensuite les accusations qu'il a portées, en de précédents interrogatoires, contre André Bouilloux-Lafont, à savoir que celui-ci aurait été l'inspirateur dos documents faux. Il fournit même au juge cet argument qu'il estime décisif «Si je n'avais pas été inspire et guidé, jamais je n'aurais pu  rédiger les contrats  à raison de leur caractère technique au point de vue de l'aviation. Lucco parle encore de l'Intelligence  Sevice, disant notamment qu'un sien parent appartient à cette organisation de police impérialiste.
Belle famille d'espions!
M. Portais dépose. M. Portais, du 2e Bureau, est ensuite entendu. II renouvelle et confirme ses déclarations précédentes, affirmant qu'il avait en Serge Lucco la plus entière confiance. A telle «enseigne qu'il l'a documenté pour des articles, destinés à l'hebdomadaîre Le Cri du Jour.
Le magistrat s'apprêtait, à confronter Portais avec Lucco lorsque ce dernier, pâle, défait, épuisé, se dit trop souffrant pour poursuivre.  On décide que le docleur Paul examinera l'inculpé, Et la confrontation avec Portais est renvoyée à une date ultérieure.




1932/10/20 (Numéro 12364)








Le scandale de l'Aviation. Au nom de «l'honneur militaire» Weygand couvre ses faussaires par son silence.
Interprète de l'état- major, qui invoque l'intérêt de la «défense nationale» l'assassin de soldats a masqué le rôle de son 2e bureau. Hier, deux silences. Celui du général Weygand et celui du pur Weiller, complices et compères en matière d'antisovietisme et de faux d'état-majors. Accusateurs pour leurs auteurs, ces silences. Weiller s'excuse, il ne peut pas répondre au juge, sa fiancée est malade. Il n'a pas sa tête à lui. Il écrira plus tard un mémoire. C'est plus sûr. Singulière défaillance chez ce jeune homme «trop audacieux» habitué à acheter les gouvernements comme cochons en foire (si l'on en croit le colonel Brocard) et si plein d'allant jusque là, dans son offensive contre son rival, le héros fripouillard de Aéropostale, Bouilloux-Lafont. Silence du général Weygand. « Défense nationale » oblige !
Bouilloux-Lafont avait soumis il y plusieurs mois son dossier à Weygand. Weygand s'est borné à transmettre les pièces, à son Deuxième Bureau. Ainsi, une société française d'aviation comme Ghôme-et-Rhône entrant en compromission avec l'Allemagne, cela n'intéressait en rien le généralissime!
Impossible de le croire! Cette attitude n'a qu'une explication, et elle cadre avec notre thèse c'est que l'état-major savait (bien que les pourparlers fussent engagés depuis longtemps par Gnôme-et-Rhône avec la Lufthansa) que les pièces figurant au dossier et compromettant Gnôme-et-Rhône étaient fausses.
L'état-major avait de bonnes raisons pour le savoir: SON DEUXIEME BUREAU LES" AVAIT FABRIQUEES OU INSPIREES."
Il était bien naturel qu'il n'eût aucune curiosité à l'égard de pièces qu'il connaissait trop bien. Elles ne pouvaient servir que dans la mesure où Bouilloux-Lafont saisissant la justice, le ministère de l'Air lui répondait en.déposant à son tour une plainte en faux contre X. destinée à le couler...
Painlevé avait AU MOINS DEPUIS LE MOIS D'AOUT la certitude que les documents Bouilloux-Lafont étaient l'œuvre d'un faussaire: pourquoi n'avait-il pas prévenu Bouilloux-Lafont? Dans l'intérêt de qui? Pourquoi Lucco, connu depuis le mois d'août comme le faussaire, n'avait-il pas été inquiété alors que Weiller avait cent raisons pour une de le dénoncer, ayant été escroqué jadis par lui...
Et Tardieu? Quand viendra-t-il s'expliquer sur le «faux Renaitour»? N'a-t-il rien su, rien vu, rien entendu? Quel rôle a-t-il joué?
C'est la Liberté d'hier soir qui répond:«On pense qu'après la confrontation Lucco-Picherie, qui aura lieu demain, l'affaire sera portée en correctionnelle». La Liberté «démontre (contrairement à tout ce qu'on sait) que Lucco pouvait monter toute l'affaire sans le
concours d'autres «personnages» qu'un Picherie.
« Le juge d'instruction veut, de son côté, hâter l'épilogue. Lucco sera jugé pour escroquerie. Quant à M. de Lubersac, sa mise en liberté ne soulève plus, semble-t-il, de difficultés
P. VAILLANT-COUTURIER. (LIRE  LA SUITE EN DEUXIEME PAGE)

LES SCANDALES DE L'AVIATION Weygand couvre ses faussaires par son silence (SUITE DE LA PREMIERE PAGE)
Ainsi s'exprime l'organe de la police. Etouffement. Vite et rien! Le tour est joué. Vive le 2° bureau! Weygand a dû parler assez haut pour être entendu. Eh bien, non! Nous ne laisserons pas les faussaires d'état-major et les profiteurs de la mort, provocateurs à la guerre contre l'U.R.S.S. s'en tirer à si bon compte. Que partout, dans tous les meetings pour l'amnistie, pour l'anniversaire de la Révolution d'Octobre et pour le 11 novembre, tous les militants dénoncent le scandale de l'aviation qui se double d'un scandale judiciaire où la justice de classe apparaît -au moment où Herriot-Boncour font poursuivre à nouveau Marty- dans toute son obscène nudité.  P. VAILLANT-COUTURIER.
L'INSTRUCTION
Le gros événement de la journée ne fut pas comme certains le croyaient la confrontation Lucco-Picherie, cette «rencontre» des deux compères n'aura lieu qu'aujourd'hui. Mais hier, les auditions de M. Brack ne furent pas négligeables, bien au contraire. Dans la matinée, pendant environ une heure, Weygand a déposé devant le juge Brack. Sa déposition est restée à peu près secrète. Voici ce qu'on en savait hier au Palais.
«Lorsque M. Bouilloux-Lafont alla trouver M. Painlevé, a rappelé Weygand, celui-ci lui conseilla de me porter les documents. C'est le surlendemain que Bouilloux-Lafont me les présenta, en effet. Alors que M. Bouilloux-Lafont avait simplement montré à M. Painlevé ses documents et avait refusé de les lui laisser– il me les remit sans même que je les lui demandasse. Je les ai moi-même transmis au 2e Bureau, or celui-ci les a communiqués à M. Brack, dés qu'une instruction fut ouverte.»
Il est indubitable qu'en une heure, le généralissime en a dit plus long que cela. Mais une chose est claire Weygand n'a pas eu un mot pour expliquer comment ses services ont pu garder par devers eux jusqu'à qu'une plainte fut déposée, des documents tendant à prouver des faits de «trahison»  et de «délit de fonctionnaire». Il n'a pas expliqué comment cette attitude était çonciliable avec le fait que Lubersac, Collin, Faux-Pas-Bidet savaient qu'il s'agissait de faux (l'instruction l'a démontré). Il n'a pas dit que Painlevé l'avait averti de la fausseté des documents. Ainsi s'avère le rôle de Painlevé, tel que nous le dénoncions hier -ainsi s'étale d'autre part, la volonté de Weygand  de couvrir son 2e Bureau.
Audition de P.-L. Weiller
Paul-Louis Weiller a été également entendu par le juge. Interrogé, il demanda un délai pour s'expliquer, car il a en ce moment de graves préoccupations de famille, sa .fiancée, Mlle Alice Diploraukou, qui fut en 1931 Miss Grèce et Miss Europe, étant tombée gravement malade. Au surplus il n'a été prévenu de son audition que ce matin et n'a pu préparer ses déclarations. Il écrira un mémoire qu'il fera parvenir, par l'intermédiaire de ses avocats, Me Carl, Le Coq de Korland et Me Charles Mareepoil, et dans lequel il exposera l'affaire ainsi que le préjudice qu'il a pu subir et le rôle des auteurs. On ne saurait plus effrontément se dérober. Weiller sent que l'étouffement approche, et il comprend que chaque jour qui passe est gagné pour lui.
Mlle Mannequin, maîtresse de Serge Lucco, déjeunait habituellement avec ce dernier dans un bar des Champs-Elysées. Un jour, elle vit Serge Lucco remettre un papier à Bouilloux-Lafont qui le lui rendit en disant: Non! les phrases sont trop dures». Elle a vu un jour Bouilloux-Lafont rectifier un brouillon écrit par Lucco. S'agît-il des faux? S'agit-il d'articles? Mlle Mannequin ne peut l'affirmer. Une autre fois, elle entendit Bouilloux-Lafont dire à  Luçco que «s'il lui arrivait des histoires il aurait en tout cas un bon poste à l'Aéropostale !
Chaumié chez le juge
Vers 17 h. 30, le juge a entendu un dernier témoin de marque, M. Emmanuel Chaumié, directeur de l'aviation civile au ministère de l'Air. Le témoin a fait remarquer que dans une information ouverte depuis trois mois, il n'avait été entendu que deux fois et que, dès le 9 août, il avait désigné Lucco comme l'auteur des faux documents. M. Chaumié n'a pu que compléter ses déclarations précédentes, à ce qu'on dit du moins.

1932/10/23 (Numéro 12367)

LE SCANDALE DE L'AVIATION
Bouilloux-Laf ont retirera plainte contre Weiller et Chaumié.
Ce geste, dicté par le gouvernement, a pour but d'étouffer l'affaire. 
Elargissez l'enquête, ou vous avouez.
Le scandale des larrons de l'aviation et des faussaires. du 2e bureau s'achemine décidément vers l'étouffement... Et même, comme dans les pièces les plus classiques de la comédie bourgeoise, tout se termine par des mariages. Brack, juge d'instruction, n'a plus qu'à faite office de notaire et Lucco celui de valet rossé.
Les grands seigneurs de la République du profit convolent en justes noces.
Mariage de raison entre Bouilloux-Lafont, l'aviateur aux bilans truqués, et le ministère de l'Air, puisque l'administrateur, de l'Aéropostale -c'est la grande nouvelle du jour- retire sa plainte contre Chaumié, directeur de l'Aviation civile, et contre Weiller, de Gnôme-et-Rkône, des lignes Farman et de la ligne Paris-Istamboul, champion antisovétique du 2° bureau.
Mariage d'amour. du côté, de Weiller, qui, après avoir tancé son rival d'affaire de l'Aéropostale, s'apprête, à tout oublier en épousant, encadré des Lettres, de la Société des Nations et des Affaires étrangères (un beau trio de prostituées), miss Grèce en personne. II ne manquait plus que ça à ce jeune homme audacieux acheteur de minsitres et de gouvernements (pour s'exprimer comme le colonel Brocard). Quelle satire sauvage d'un régime et d'une époque !
Hymen! Hyménée! Tonte la presse retentit de chants d'allégresse. Les bourgeoises sentimentales ont la larme à l'œil. On félicite Bouilloux-Lafont d'avoir -à la suite d'un conseil de cabinet qui l'y avait invité (car les escrocs ont les honneurs des conseils de cabinet)- retiré si galamment sa plainte. On couvre de fleurs Weiller, dont !e nom « inspire tous les respects et défie toutes les attaques » (sic).
Coup fourré. Embrassons-nous! Défense nationale! Oublions tout. Préparons la guerre impérialiste! Le contribuable, l'ancien combattant et le. petit fonctionnaire paieront.
Eh bien, non! Qu'on ne croie pas l'affaire si facilement enterrée. Qu'on ne croie pas qu'il soit possible, de ramener tout à l'escroquerie des policiers Lucco et Picherie et de dire « Puisqu'il y a non-lieu c'est qu'il n'y avait rien. » Ce qui saute aux yeux de tous maintenant, c'est au contraire que s'il y a non-lien, non comparution de Tardieu, mise en liberté de Lubersac et maintien en liberté de la fripouille Faux-Pas-Bidet, C'EST QU'IL Y AVAIT
BEAUCOUP, BEAUCOUP TROP D'ELEMENTS DE POURSUITES.
Si l'on se hâte d'étouffer l'affaire, si le gouvernement en Conseil, si le général Weygand. lui-même s'en sont mêlés, c'est que le scandale éclaboussait trop fort et trop haut.
C'est clair. L'enquête, il ne faut pas la clore, il faut l'élargir. Il faut la porter dans tous les documents d'affaires des firmes Weiller, dans tous les cartons de la direction de l'Aéronautique civile.
P. VAILLANT.COUTURIER. (LIRE LA SUITE EN DEUXIEME PAGE)

Le scandale de l'Aéropostale  (SUITE DE LA PREMIERE PAGE)
Quel scandale nouveau couve dans ces dossiers? Quel est le prix du compromis passé entre Weiller et Bouilloux-Lafont sous les auspices du gouvernement? Un coin du voile a été soulevé sur l'arrière-boutique de la «défense nationale». Tous les travailleurs ont pu voir le vol, la gabegie, les faux, les chantages, la provocation des espions se vautrer dans des boues tricolores.
Les travailleurs ont vu à l'œuvre la racaille de police et d'armée qui, au service du régime, prépare la guerre impérialiste. Ils n'oublieront jamais plus le spectacle de cette pourriture bien française et ils y puiseront une force nouvelle pour assurer sa défaite, la défaite de leur propre impérialisme.
P. VAILLANT-COUTURIER.

1932/10/25 (Numéro 12369)

Page 1-  LE SCANDALE DE L'AVIATION - Le gouvernement tente de sauver les politiciens compromis et le 2e bureau... Mais dans notre esprit, ce personnage, Bouilloux-Lafont,  n'était ni plus ni moins  coupable qu'un Weiller. Moins adroit, simplement. Tout est pourri au ministère de l'air...

Page 2-  Les ratichons jubilent. Ils n'ont pas tort. M. Boncour, socialiste d'hier et de demain, n'est-il pas comme cul et chemise avec le général sacristain Weygand ? Nul mieux que lui n'était indiqué  pour réaliser l'union du Sabre et du Goupillon.... Aussi bien a-t-il été décidé, d'après le non-lieu rendu en faveur de Weiller et de Chaumié, que les 13 pièces du dossier remis par Bouillox-Lafont et transmis au juge ne lui seraient pas restituées.  Elles iront sans aucun doute, après un stage au greffe, rejoindre dans les pièces du musée du 2e Bureau, le faux bordereau de l'affaire Dreyfus. Là ..seulement elles seront à leur place et en sureté. Plus que jamais, nous devons donc exigé que la lumière complète soit faite sur le rôle du 2e Bureau, de Lubersac, qui se refuse toujours dire quel est l'X... mystérieux qui lui a remis les noms des chéquards, vrais, faux ou présumés, de Faux-Pas-Bidet, de Painlevé, de Weygand, de Tardieu et de Weiller...
Il est donc clair que la « justice » a reçu du Gouvernement l'ordre de ne pas soulever les responsabilités de Faux-Pas-Bidet, Painlevé, Weygand, etc., qui se situent justement avant cette date.. Un nom Flandin. Bouilloux-Lafont est sorti furieux et accablé du cabinet du juge.

1932/11/10 (Numéro 12385).

LE SCANDALE DE L'AEROPOSTALE André Tardieu a été entendu par le juge.
M. Brack, juge d'instruction, poursuivant ses investigations dans l'affaire des faux documents, a entendu André Tardieu, ancien président du conseil, sur les conditions dans lesquelles celui-ci remit à André Bouilloux-Lafont Ana'rô Bouilloux-Lafont la lettre de P.-L. Weiller à Renaitour. L'homme de  «N'Goko» aurait expliqué qu'en effet il eut entre les mains la lettre dite «Lettre Renaitour», qui ne constituait dans son esprit qu'un document de comparaison. André Bouilloux-Lafont avant manifesté le désir de conserver cette lettre, André Tardieu la lui remît. Et voilà! On n'en dit pas plus! Cette étrange discrétion devra bien avoir une fin. On sait qu'il s'agit d'un faux, habilement confectionné par Lucco  qui le vendit 6.000 francs au baron Nicaise, lequel le transmit à André Tardieu.
Serge Lucco est confronté avec Bouilloux-Lafont père et fils.
Le juge avait convoqué hier à son cabinet MM. Bouilloux-Lafont père et fils pour les confronter avec Serge Lucco au sujet des majorations de bilan de l'Aéropostale qui leur sont reprochées. On sait que Serge Lucco, dans un précédent interrogatoire, avait déclaré que Marcel Bouilloux-Lafont lui avait montré des enveloppes contenant les listes des personnages politiques ayant émargé à l'Aéropostale. Serge Lucco a refusé de s'expliquer arguant que le fait d'être entendu comme témoin dans une affaire pour laquelle il n'est pas, au surplus, inculpé, pourrait entraver sa défense dans l'affaire des faux documents, où il est inculpé.

1932/11/16 LE SCANDALE DE L'AEROPOSTALE Une plainte contre Jean de Lubersac 
La banque Leclercq, -41, boulevard des Capucines- vient de déposer une plainte en abus de confiance contre le gentilhomme du 28 Bureau, Jean de Lubersac arrêté, comme on sait, pour usage de faux dans les scandales de l'Aéropostale. Cette plainte porte sur une somme de 10.000 francs indûment perçue par le «comte-policier».
M. Brack a été chargé de suivre cette nouvelle plainte.
L'inculpé a déclaré qu'il tient cette somme de 10.000 francs à la disposition de la banque plaignante, mais seulement pour le cas où la dite banque lui remettrait,un reçu pour solde. Or, la banque, lui refuse ce reçu.

1932/11/17 (Numéro 12392). 

Hier, à la Commission parlementaire de l'Aéronautique, Painlevé, ministre de l'Air, a longuement exposé à sa manière l'affaire de l'Aéropostale. Voici la substance de ses déclarations M. Bouilloux-Lafont, qui me demande audience le 17 juin, fut reçu le 21. Il me soumit son dossier, mais refusa de me le laisser, ajoutant « Je vais le porter au général Weytjand et, d'ailleurs, vous en aurez connaissance en vous adressant à la Sûrclé générale ». A la Sûreté, on déclara ne pas connaître ce dossier. Je le fis réclamer à M. Bouilloux-Lafont; il se déroba et répondit « Les pièces ont été communiquées au général Weygand ». Sur ces entrefaites (fin Juillet) le commissaire Faux-Pas-Bidet m'informa qu'il possédait deux documents, partie d'un dossier copieux sur l'Aéronautique, remis par Lurco. Ce Lucco, à la suite de certaines affaires, s'était vu interdire l'entrée du ministère de l'Air; il devint alors indicateur... 

1932/11/24 (Numéro 12399).

LES FAUX DOCUMENTS DE L'AVIATION Arrestation de Bouilloux-Lafont
André Bouilloux-Lafont, qui était inçulpé d'usage de faux, vient d'être écroué. C'est dans l'ordre. On peut s'étonner seulement que les innombrables malfaiteurs de la bourgeoisie notamment dans l'affaire des fraudes fiscales demeurent en liberté. On en peut inférer qu'il y a deux poids et deux mesures.
Donc, hier matin, M. Brack avait mandé à son cabinet André Bouilloux-Lafont, administrateur-délégué de la Société l'Aéropostale. Sans doute, le jeune affairiste ne s'attendait pas à  être arrêté. Depuis le temps que cette menace, toujours différée, «était suspendue sur sa tête, il était en droit de supposer qu'il était, tabou, tout comme le commissaire de police Faux-Pas-Bidet, deus ex machina cette machination avec son équipe de faussaires du 2e bureau, les Serge Lucco, les Picherie et autres escrocs et maîtres chanteurs de police. En effet, pourquoi l'arrêter aujourd'hui plutôt qu'au début d'octobre. Quelles puissantes protections veillaient sur ce jeune brassseur d'affaires? André Bouilloux-Lafont, élégant, piaffant, faisait front. N'avait-il pas déposé récemment deux plaintes, une contre son complice Serge Lucco et l'autre d'hier, contre X pour propagation de fausses nouvelles (à l'occasion de son pseudo-suicide). Plaintes inopérantes, uniquement destinées à masquer l'inculpation qui pèse sur le plaignant. Pourquoi la justice, si prompte à frapper les communistes pour délit de propagande, si lente à poursuivre et à coffrer les escrocs de la grande bourgeoisie, agit-elle aujourd'hui seulement, alors qu'il n'y a aucun fait nouveau.
Ce que dit l'avocat
Me Georges Daumas, défenseur d'Andre Bouilloux-Lafont, très entouré dans les couloirs du Palais, a fait aux représentants de l'information judiciaire les déclarations suivantes:
«Rien, dans l'information en cours, ne me faisait prévoir l'arrestation de mon client. En effet, la veille, après la
confrontation avec Serge Lucco M. Brack n'avait paru aucunement ébranlé.  Il nous avait dit «Je n'interrogerai Bouilloux-Lafont que jeudi prochain. Vous aurez ainsi toute la journée de mercredi pour préparer une note sur les majorations de l'Aéropostale. Le juge a-t-il réfléchi durant la nuit. Il faut le croire».
Dans l'après-midi, il a interrogé André Bouilloux-Lafont et divers témoins. On sait le reste. André Bouilloux-Lafont a été écroué à la prison de la Santé.
Va-t-un se décider enfin à coffrer le commissaire Faux-Pas-Bidet?

1932/11/26



Page 1-....Flandin vaut bien Péret!  Weiller, le rival de Bouilloux, salariait bien Lucco, cinq fois condamné pour vol et homme de confiance de Paul-Boncour!  ...Le débat de la Chambre, ces hottées d'ordures jetées des uns aux autres, en ont une fois de plus révélé de belles! Petite guerre politique on cherchait, de part et d'autre, à écarter soit, la concentration, soit le cartel.... La nuit de jeudi à vendredi à la Chambre fut particulièrement agitée. C'est au milieu des clameurs et des claquements de pupitres que se poursuivit le débat sur l'Aéropostale, étalant toute la pourriture du régime. « Droites » et « gauches», de Louis Marin a Léon Blum, se lançaient à la face des propos injurieux qui n'étaient que des vérités, et les affairistes, en s'entredéchirant, soulevaient un peu plus le voile sur leurs turpitudes.... Après l'intervention de Renaudel que l'Humanité résuma hier, on entendit M. Henriot, député de la Gironde, prendre cyniquement la défense des Bouilloux-Lafont. Pour lui, c'est Weiller, dirigeant d'une firme adverse, qui fut l'instigateur du faussaire Lucco. D'ailleurs, dit-il, Bouilloux-Lafont pouvait bien avoir confiance en Lucco, puisque cet escroc et faussaire, était employé par la police. Le gouvernement donnait- lui-même l'exemple de la confiance en Lucco!  
Page 2- Le débat sur l'Aéropostale la Chambre est terminé. Au mieux de tout le monde bourgeois de cette éminente assemblée. M. Flandin reste M. Flandin, malgré Renaudel, M. Blum reste M. Blum, malgré M. Flandin. Herriot continue à soigner la mère malade qui ne s'en porte pas mieux. Et le chômeur continue à chômer. La démocratie a du bon pour tout ce qui en profite.

1932/11/27




  Régime pourri Hommes tarés
AVEC la dernière séance de la Chambre, les travailleurs ont eu la possibilité d' évaluer un instant le degré de pourriture du parlementarisme actuel. Un de ses représentants les plus typiques, Flandin, a été convaincu d'être l'agent stipendié de grandes firmes capitalistes au Parlement et dans les gouvernements dont il fut membre. Un autre, Dumesnil, a été. reconnu coupable de forfaiture..
Et M. Blum, leader du parti socialiste, accusé d'avoir, lui aussi, mis ses services de parlementaire à la disposition de certaines firmes et de certains capitalistes millionnaires, a été, en définitive, contraint d'avouer.
Plus il se débat, plus il s'enferre, ainsi que le montre surabondamment son article d'hier dans le Populaire, où il se tortille comme un ver au bout d'une épingle pour, néanmoins, reconnaître la matérialité des, faits.
Des réactionnaires, ouverts aux socialistes, tous sont atteints.
C'est sans joie maligne, sans amour malsain de scandale, que nous attirons l'attention des prolétaires sur ces faits gros d'enseignements.
Tout ceci n'est point une surprise pour les communistes. Sans cesse, nous avons dénoncé la pourriture parlementaire de la façon la plus précise. Il y a a aussi bientôt près de dix ans déjà que notre camarade Renaud Jean montrait, chiffres en mains, aux hurlements d'une Chambre démasquée que l'énorme majorité des députés de droite comme de gauche avaient été soudoyés par l'Union des Intérêts économiques. Nous avons maintes fois, montré que la majorité des parlementaires bourgeois et socialistes sont, de par leur fonction même, directement liés à. la bourgeoisie. Nous enavons dénombré plus de 70 membres de conseils d'administration de sociétés capitalistes. Liste bien incomplète, au surplus, étant donné les camouflages savants auxquels se livrent députés bourgeois ou socialistes.
Chaque scandale financier et l'un suit l'autre à un rythme accéléré est en même temps un nouveau scandale parlementaire démasquant les plus «respectables» et les plus «intègres» politiciens bourgeois ou socialistes par charrettes entières. Affaire Hanau, affaire Oustric, Aéropostale, fraudes fiscales.
C'est le régime entier qui est corrupteur et corrompu, c'est le parlementarisme tout entier qui s'affirme une fois de plus n'être qu'un décor pourri, servant à couvrir le pouvoir véritable qui est entre les mains d'une oligarchie financière de quelques centaines de familles de gros banquiers, magnats d'industrie et propriétaires fonciers.
Devant cette leçon qui se dégage irrésistiblement des récents scandales, la bourgeoisie tout entière s'inquiète. Elle à conscience du danger de laisser apparaître cette vérité la fiction et la duperie du parlementarisme. On se hâte de faire le silence. On se refuse de poursuivre les coupables les plus avérés. On repousse à l'unanimité l'ordre du jour communiste qui, seul, pouvait demander et demandait des poursuites, immédiates et des sanctions.
Tous, de la «droite» réactionnaire à la «gauche»  S.F.I.O., se réconcilient devant le danger commun de se voir tous discrédités dans un vote massif, de 485 voix accordant la confiance, à leur gouvernement.
Tous, sauf notre fraction communiste, car nous n'avons pas pour nous taire les raisons de ces messieurs. Bien au contraire. Notre rôle à nous est de, démontrer, à l'aide de ces exemples scandaleux qui foisonnent, que le Parlement est devenu depuis déjà des dizaines d'années un instrument de mensonge. de fraude, de violence et de bavardage débilitant.
Notre rôle à nous est de nous saisir de ce fait pour illustrer de façon éclatante cette thèse que notre Internationale formulait en son deuxième congrès «Le communisme se refuse donc à voir dans le parlementarisme une des formes̃ de la société future, il se refuse à voir la forme de la dictature de classe du prolétariat, il nie la possibilité de la conquête durable du Parlement; il se donne pour but l'abolition du parlementarisme. Il ne peut dès lors être question de l'utilisalion des institutions gouvernementales qu'en vue de leur destruction. Le Parti communiste y entre non pour s'y livrer a une action organique, mais pour saper de l'intérieur la machine gouvernementale et le Parlement.»  André FERRAT.

page 3
  LES VAUX DOCUMENTS DE L'AVIATION
Confrontation générale d'André Bouilloux-Lafont, Weiller et Lucco assistés de leurs avocats.
M Brack, juge d'instruction, poursuivant son enquête dans l'affaire des faux documents de l'aviation et du 2e bureau a procédé hier à une onfrontation, entre P.-L. Weiller, administrateur délégué de Gnôme et Rhône, André Bouillloux-Lafont, administrateur délégué de l'Aéropostale, inculpé de faux et usage de faux, et Serge Lucco, faussaire et policier travaillant sous les ordres du commissaire de police Faux-Pas-Bidet. P.-L. Weiller, qui est partie civile était assisté de ses conseils et les deux inculpés de leurs nombreux avocats. 
Il fut question' d'un rapport de police du 31 janvier 1931 relatif à une plainte du ministère de l'air sur la fuite de trois documents «ultra secrets» (sic) dont l'un sur la vente de 90 avions de chasse.
Serge Lucco déclare que ces docments lui ont été remis soit par Weiller soit par deux autres constructeurs. 
A quoi Weiller répond:
- Je n'ai remis à Lucco que des papiers sans importance, des notices publicitaires. Je lui ai remis également 5.000 francs pour «publicité négative». C'est-ù-dire pour que le nom de-P -L Weiller ne paraisse jamais dans le Cri du jour, de Livet)..
Weiller a vu Lucco trois fois en 1930 mais n'a eu depuis, affirme-t-il, aucune relation avec lui, ni directe ni par personne interposée.
Le juge ayant demandé à Bouilloux-Lafont s'il pouvait indiquer que Weiller avait eu des relations avec Lucco. en 1932, l'inculpé déclare qu'il voit une indication dans la liste des bénéficiaires de chèques et notamment, dans la mention M pour Renaudel (50.000).
BouillouK-Lafont affirme tenir d'un journaliste du Populaire, que ,Weiller avait envoyé à M Moret, chef de publicité de la Vie Socialiste, un chèque de 10.000 francs, chèque que Renaudel avait refusé!: Il constate que P.L. Weiller ne donne aucune explication sur ce point. 
P.-L. Weiller riposte:
-M. pour Renaudel ne correspond à rien. Je n'ai jamais envoyé la moindre somme à M Renaudel. Cette mention est un faux grotesque. 
M. Merle, entendu ensuite, déclare que Lucco n'a pu établir seul la liste des bénéficiaires de chèques; il croit savoir que 1.000 francs ont été envoyés à la Vie Socialiste pour publicité.

1932/11/29 (Numéro 12404)

LES VOIX ENNEMIES Exécution ?? ou Amnistie ??
L'Ere Nouvelle revient à nouveau sur le scandale de l'Aéropostale Au cours de ce débat, l'ancien pur des purs a été amené à reconnaître que, lorsqu'il était ministre de l'air, il avait, au passage, retenu un document relatif à l'Aéropostale que son devoir lui commandait pourtant de transmettre avec tous les autres au garde des sceaux. On sait quel accueil le parlement fit à cet aveu. On se souvient de quelle façon, accablante, décisive, le député de Melun fut jugé par ses collègues.
Une exécution? Une exécution ? voilà ce que nous ignorions, car Dumesnil, ex-ministre, convaincu de forfaiture, siège  toujours à la Chambre en toute liberté comme Flandin d'ailleurs.
Cette « exécution » paraît sans doute trop sévère à la Volonté radicale qui déclare: Et l'on doit amnistier aussi toutes les infractions dans lesquelles la recherche de l'argent a une large part. Elles rentrent, dans celle catégorie de la liquidation de l'état de guerre et de la crise économique.

LES SCANDALES DE L'AVIATION Quels furent les rapports de M. Chaumié et de la "Lufthansa"
Le directeur de l'Aéronautique est confronté avec Lucco.
Poursuivant son. information dans l'affaire des faux documents de l'aviation, M. Brack a entendu hier après-midi, en qualité de témoin, M. Emmanuel Chaumié, directeur de l'aviation civile au ministère de l'Air, et l'a ensuite confronté avec Lucien Collin, dit Serge Lucco en présence de ses défenseurs. Il a été question, au cours de cette confrontation, des dossiers originaires des faux documents. C'est ainsi qu'on a évoqué les deux voyages qu'aurait faits en Allemagne Emmanuel Chaumié, du 2 au 4 avril 1931 et du 2 au 4 décembre de la même année. M. Chaumié, au sujet de ces déplacements, a déclaré que ce n'est pas lui qui s'est rendu en Allemagne, mais son frère, directeur de la Société de Produits chimiques électro-métallurniques d'Alès Froges et Camargue  (Pechiney), où il allait représenter le syndicat de l'industrie chimique française à une conférence sur l'azote. M. Emmanuel Chaumié, se retournant vers Lucco, lui a demandé si c'était lui  qui avait obtenu les renseignements par la police des passeports.
-Ce n'est pas moi, répond Lucco, mais bien M. Bouilloux-Lafont. J'avais demandé à ce dernier de contrôler les renseignements, mais il ne m'a jamais répondu.
Serge Lucco ajoute:
«Il est question dans le contrat tripartite, du Dr Bonn, représentant de la Lufthansa à Paris, qui aurait voyagé dans le même wagon et dans le même compartiment que E. Chaumié se rendant en Allemagne. Cette affirmation de Lucco mérite d'être vérifiée. Elle tend à établir qu'il y aurait eu par personne interposée. (le frère de E. Chaumié) des rapports entre M. E. Chaumié et la Lufthansa. M, Chaumié frère sera entendu par le magistrat instructeur. A la lin de la journée, M. Brack a encore entendu le pilote Mermoz des voies aériennes de l'Amérique du Sud qui a fait l'éloge de l'organisation de l'Aéropostale et déclaré conserver toute  sa sympathie à .M. André Bouilloux-Lafontdont la bonne foi lui paraît certaine.
Une lettre de Renaudel
M, Renaudel a communiqué aux agences le texte de la lettre suivante, qu'il a adressée a M. Brack, juge d'instruction:
«Monsieur le Juge
« Je viens de lire dans le Matin le récit d'une confrontation entre MM. Lucco, Weiller, André Bouilloux-Lafont et Merle et j'y ai vu que M, Merle a affirmé savoir que la Vie Socialiste avait encaissé mille francs de M. Weiller en publicité. Ni cinquante mille, ni dix mille, ni un millier de francs, rien n'est entré dans la caisse de la Vie Socialiste, ni une ligne de publicité n'a été publiée, venant  de la maison Gnome et Rhône. Je suis prêt à m'en expliquer contredictoirement ou non devant vous et je trouve M. Merle bien osé d'avoir rapporté une affirmation fausse et sans preuve.
M. Renaudel et le sieur Merle seront prochainement confrontés.
Aujourd'hui sera entendu M. Faux-Pas-Bidet.

1932/12/01 (Numéro 12406).


M. Brack, juge d'instruction, avait convoqué hier après-midi dans son cabinet M. Portais, chef des services de presse à l'Aéropostale, avec le faussaire escroc et policier Serge Lucço.

1932/12/06


LES FAUX DOCUMENTS DE L'AVIATION
La lettre de P.-L Weiller a-t-elle servi à Lucco pour établir ses faux?
M. Brack, juge d'instruction, a confronté hier, après-midi M. Andrée Bouilloux-Lafont, administrateur. délégué de l'Aéropostale, avec M. -Bourguignon, chef de .cabinet du ministère de l'air, confrontation qui a porté sur les dates indiquées par M, André Bouilloux-Lafont au sujet du voyage en Allemagne attribué à M, Emmanuel Chaumié.
Sur le même fait, M Brack a entendu M. Veil-Durand, de l'Aéropostale.
Puis, M,. Paul-Louis Weiller, partie civile, s'est rendu. chez le juge pour prendre connaissance de divers rapports.
Les trois experts, Bourgin, Michard et Bigault, sont chargés par le juge pour examiner la lettre en date de 1930 écrite par M. P.-L, Weiller pour recommander le beau-père de Sergé Luçco -lettre qui aurait servi de modèle à Serge Lucco pour fabriquer ses faux.
Lès experts sont chargés de dire si cette seule lettre a suffi pour permettre à Serge Lucco de confectionner tous ses faux documents..

1931/12/23


Dans LE SCANDALE DE LA  TRANSAT ÉTALÉ A LA CHAMBRE... 
L'idéal du parti socialiste... C'est l'Aéropostale C'est-à-dire un trust capitaliste avec participation directe de l'Etat bourgeois. Bref le capitalisme d'Etat.
Le renvoi est mis aux voix. Laval se déclare contre avec arrogance. Les députés votent et on pointe le scrutin.
A la reprise, on annonce que le renvoi est ordonné par 275 voix contre 266. Le résultat tombe dans le silence. Les députés ont déserté les travées et sont tassés dans l'hémicycle.

1933/01/10 (Numéro 12446). 

Le scandale de l'Aéropostale - Renvoi des inculpés devant les assises

M. Brack, juge d'instruction, vient de renvoyer devant la chambre des mises en accusation, sous l'accusation de faux et usage de faux, André Bouilloux-Lafont, Jean de Lubersac, Lucien Collin, dit Serge Lucco, et Charles Picherie.
Maitres Jean-Charles Legrand et Charles Giron ont fait opposition à cette ordonnance de renvoi.

1933/01/22
 



... Voilà la cause essentielle du déficit Ajoutez-y les subventions scandaleuses aux firmes en déconfiture, Aéropostale, Transat, B.N.C., etc. Ajoutez-y les prêts formidables aux vassaux de l'impérialisme français. Ajoutez-y encore les fraudes fiscales banquiers, sénateurs, évêques, etc., fuyant à toutes jambes le percepteur...

1933/03/20 (Numéro 12515).

Page 1- Le procès de l'Aéropostale s'ouvre aujourd'hui aux assises Voici André BOUILLOUX-LAFONT, l'homme aux faux documents, et DE LUBERSAG, l'espion du 2e Bureau, mêlé à l'affaire comme ses « collègues », Faux-Pas-Bidet et Collin, dit Lucco
Page 3- C'est aujourd'hui que va s'ouvrir devant les. assises de la Seine le procès de l'Aéropostale. On connaît cette affaire pleine de faits scandaleux non seulement à la charge des Bouilloux-Lafont, grands maîtres de l'Aéropostale, mais de la firme adverse,"Gnome et Rhône" et du 2e bureau de l'état-major.On n'a pas oublié comment Maurice-Bouilloux-Lafont dans sa lutte contre P.-L. Weiller.(de Gnome et Rhone), fut appuyé ou manceuvré par le 2e bureau, en liaison avec le ministère de l'air, et comment la recherche de l'origine des faux documents dont s'armait Bouilloux-Lafont mit en cause une série "d'intèressants personnages“, Faux-Pas-Bidet, espion célèbre, de Lubersac, agent coté du 2e bureau,  Lucco et Picherie, coquins de second plan, tout ce personnel taré de la République, fut traîné sur la place publique. Alors que le parti socialiste fit de l'affaire une machine de guerre contre le seul Flandin, d'ailleurs, franc coquin; nous avons étalé aux yeux des prolétaires la pourriture du régime tout entier. Le procès gui s'ouvre en sera de nouveau, l'occasion.

1933/03/23 (Numéro 12518)



Page 1- AVANT DE «TRAVAILLER » POUR LES BOUILLOUX-LAFONT LE FAUSSAIRE LUCCO OPÉRA POUR P.-L WEILLER
Décidément, la plupart des «personnages importants», témoins au procès des faux de l'aviation, ne tiennent pas beaucoup à venir dans la salle d'assises. On sait que déjà les chefs du deuxième Bureau, des Renseignements Généraux et de la S. G. ont été comme par hasard, « chargés de mission à l'étranger ». Flandin est, lui aussi, hors de France. Et Painlevé se juge trop gravement malade pour venir déposer.
Page 3


Le défenseur de Bouilloux rappelle que les faux furent apportés au ministère de l'Air par le commissaire Faux-Pas-Bidet des Renseignements Généraux, patron de Lucco. Ou aurait voulu enterrer Bouilloux-Lafont qu'on n'aurait pas mieux fait, observe Me Legrand. Il  ajoute encore Lucco est le faussaire habituel du ministère de l'Air et de M. Weiller.
Un colonel... La venue à la barre du lieutenant-colonel Hedempt, chef du service des renseignements du ministère de l'air, fait rebondir l'intérêt des débats. Le témoin reçut, la visite, d'août en octobre 1930, de Collin. Le ministère avait été frappé par une campagne de presse et lit, divulgation
de documents d'ordre confidentiel. On rechercha quelles personnalités communiquaient ces documents. On a identifié un rédacteur du Cri du Jour qui signait Lucco pour être Collin. Il venait au ministère de l'air. Les renseignements généraux donnèrent l'ordre de ne plus le recevoir. On ne le revit plus. Il fut surveillé par les renseignements généraux. Un jour il nous a rapporté, par les renseignements, généraux, le  programme des avions de chasse », document dérobé et au sujet duquel nous avions déposé une plainte...
Un rapport qu'on voudrait étouffer. Me Jean-Charles Legrand voudrait donner lecture d'un rapport, des Renseignements Généraux au procureur de la République, Gros émoi. Le président des assises s y oppose, cherche des moyens dilatoires, consulte ses assesseurs, puis devant l'insistance de l'avocat, y consent si l'avocat n'en lit que des passages. II résulte qu'en novembre 1930, M. Laurent Eynac étant ministre de l'Air, une campagne fut menée par Collin. Articles signés S.L. (Serge Lucco). Collin préparait avec Weiller un dossier oonlre Laurent Eynac. Les documents parus dans le Cri du Jour émanaient de Weiller. On préparait un tract qui devait être utilisé par M. Renaitour, député de l'Yonne, dans une interpellation contre le ministre de l'Air. L'audience s'achève au milieu d'une émotion indescriptible Les avocats de la partie civile et ceux de la défense discutent âprement. La preuve est faite que Lucco servit Weiller avant de servir Bouilloux-Lafont.





1933/03/25 (Numéro 12520).

On entend les experts qui examinèrent les faux et de nombreux témoins dont Merle sont entendus. L'audience d'hier commença par l'audition des experts en écritures. Depuis l'affaire Dreyfus, les graphologues n'ont guère changé. Ilsse trompent avec la même candeur et le même entêtement... On assiste alors à un joli déballage, lorsque le témoin parle de l'affaire de l'aviation de Roumanie où P.-L. Weiller avait un représentant commercial, le général Wuillemin. Les moteurs « Gnome et Rhône » ne furent pas choisis. M. Weiller s'en plaignit au ministère des Affaires étrangères... 

1933/05/11


Le retour de l' «Arc-en-Ciel» est retardé.
Nalal, 10 mai. En raison des mauvaises conditions atmosphériques, le trimoteur Arc-en-Oiel qui devait s'envoler pour la Fronce au cours de la nuit dernière, ne prendra le départ que dans la nuit du 10 au 11 mai.

C'EST L'AVION POSTAL TOULOUSE-CASABLANCA QUI TOMBA EN FEU PRÈS DE BARCELONE
Les six passagers furent complètement carbonisés. 
Nous avons signalé brièvement hier l'accident survenu en Espagne, près de Barcelone, à un avion de l'Aéropostale effectuant le service postal Casablanca-Toulouse.
Six personnes étaient à bord. Il se confirme que l'avion en arrivant au-dessus du village, de Villadrau, à environ 83 kilomètres de Barcelone où il venait faire escale, a pris feu en plein vol. Des paysans affirmèrent avqir vu l'avion passer, puis tout ta coup virer de bord, tandis qu'une colonne de fumée s'échappait du fuselage. Quelques secondes après, une explosion se produisait et l'avion piquait à une allure vertigineuse vers le sol, où il finissait de flamber.
Les secours difficilement organisés ne permirent que de retirer les six cadavres des décombres..
Ce sont le pilote Emler, le radiotélégraphiste Guyomar, Riguelle, chef de secteur de l'Aéropostale à Dakar, Valette, agent maritime, M. et Mme Suborne de Khemisset (Maroc).

1933/06/12


La liquidation judiciaire de la B. O. P. POURQUOI DEUX POIDS DEUX MESURES ?
Après le renflouement gouvernemental de la B.N.C., de la Transatlantique, de l'Aéropostale, etc., après l'acquittement du banquier Oustric et de son obligé Benoit, l'affaire de la B.O.P. prend toute sa signification politique... 

1933/07/08

Une série de lois importantes sont votées en hâte
Le rythme des travaux parlementaires s'est brusquement accéléré dans la journée d'hier. MM. les députés sont pressés d'aller en vacances.
Une interpellation Renaudel-Lafont fut écartée à mains levées. Il s'agissait d'examiner les conditions dans lesquelles l'exploitation de la ligne Aéropostale Amérique du Sud va être incorporée dans la socité de fusion des compagnies aériennes.


1935/11/18





Depecker, Clavère, Morel, Leduigou, Lemoine, Gauthé, Lhuillié sept morts.
Les quatre premiers navigants aériens sont tombés à 100 kilomètres au nord de Bahia, un matin du printemps brésilien, qui était ici un jour brumeux et pluvieux de novembre.
On ne retrouva, deux jours après, qu'une cabine de l'appareil, contenant un corps atrocement meurtri, celui du radio Leduigou.
C'est une semaine après exactement, le matin du 11 novembre, que l'avion postal Marseille-Barcelone s'écroulait près d'Istres, après être entré dans un orage violent trois navigants de l'air trouvaient encore la mort dans cet accident.
Nos morts? Regardez, ils sont déjà près d'une centaine 96 exactement depuis huit ans.
C'est au siège de l'Association des professionnels de la navigation aérienne que l'on me donne ce bilan. L'A.P.N.A. et son président Sadi-Lecointe étaient, en effet, les plus qualifiés pour me dire ce qu'étaient les sept disparus dont la majorité cinq sur sept appartenaient à cette organisation.
Dans le haut casier funèbre des 96 membres de l'A.P.N.A. tombés «en service aérien», je vois déjà les dossiers des morts d'hier. Au-dessus, au-dessous, des noms connus, célèbres même Fronval, Lalouette, Drouhin, Salel, Goulette, Villechanoux, Bajac.
Sadi-Lecointe me dit, sans phrases, sa douleur de voir disparaître en quelques jours tant de bons camarades dont quelques-uns furent fondateurs de
l'A P. N. A.
Des souvenirs sur eux? Avec lui, ses camarades, tous ceux qui sont là dans le bureau, m'en donnent.
C'est le radio Leduigou, anciennement sur Marseille-Alger, puis chef de poste à Saint-Louis-du-Sénégal et à Porto-Praïa, qu'il aménagea. II était redevenu radionavigant sur la ligne d'Amérique du Sud; Leduigou, un ancien de l'Aéropostale, comptait plus de 400.000 kilomètres en vol.
«Toujours d'accord?»
-Depecker ? Un pilote de grande valeur, un excellent camarade. Il fut des temps sombres de l'Aéropostale sur Natal-Rio, avant de remplacer Guillaumet
l'as aux seize traversées de l'Atlantique-Sud au-dessus des Cordillères (Buenos-Ayres-Santiago-de-Chili).
- Et un copain qui ne se dégonflait pas dit quelqu'un de la «ligne» qui l'a bien connu. Tenez, du temps de l'Aéropostale, les salaires ayant été diminués sur le réseau d'Amérique (Denain, maintenant, fait les diminutions en bloc!) une protestation collective fut adressée à la direction. Peu de temps après, le directeur général de la Compagnie fit un voyage en Amérique du Sud et il se trouva que ce fut Depecker qui fut son pilote. Sur cette même ligne où il vient de trouver la mort, l'appareil entra dans un des orages fréquents sur cette côte. L'avion prenait des positions inquiétantes. C'est dans un de ces moments que Depecker, lâchant les commandes, se retourna d'un bloc, vers le directeur et lui cria dans le bruit du moteur:
- Eh bien, vous êtes toujours d'accord pour nous diminuer encore ? 7
...Peut-être pourrait-on poser aussi la question maintenant au général Croix defeu Denain?
Un des plus populaires parmi les disparus de la côte brésilienne était bien le brave mécanicien Morel, connu tout le long des 13.000 kilomètres de Toulouse à Santiago, sous le sobriquet de «La Vapeur». Lui aussi fut un des fondateurs de l'A. P. N. A. pour la catégorie des obscurs et héroïques mécaniciens navigants.
Le 27 octobre dernier, Morel écrivait à Sadi-Lecointe, lui disant combien il était heureux d'avoir été replacé comme mécano navigant sur les lignes d'Amérique. Le même jour où la lettre parvenait à son destinataire, Morel et ses compagnons disparaissaient dans les flots.
Le quatrième du «Laté-28» était Clavère, grand navigateur dont nous avons déjà relaté qu'il comptait seize traversées de l'Atlantique sud. Clavère avait remplacé Dabry comme navigateur à bord de l' «Arc-en-Ciel», après les premières traversées de cet appareil.
Et c'est Dabry qui, apprenant la disparition de ses camarades, vint atterrir le jour même, capotant avec son avion de secours sur la mauvaise plage, près de l'endroit où les quatre navigants venaient de trouver la mort.
Millionnaire
Lemoine, le pilote de l'avion-postal de Marseille-Barcelone, comptait à 32 ans, 3.805 heures de vol, ce qui représente plus de 600.000 kilomètres. Atteint de paludisme, il y a quelques années, après avoir fait la ligne du Venezuela, filiale de l'ex-Aéropostale, il était revenu sur le continent européen
il y a quelques mois.
L'huillhé, deuxième pilote, naviguait seulement depuis l'an dernier.
La dernière victime la septième est le radiotélégraphiste Gauthé, un ancien de la ligne méditerranéenne l' «Aéronavale». Gauthé comptait au 31 décembre dernier 917.750 kilomètres, et il allait sûrement atteindre le million de kilomètres la fin de l'année. Mais qui aurait parlé du «millionnaire kilométrique» Gauthé?

Comment ces deux accidents ont-ils pu se produire ? Ont-ils la même cause?
Une constatation d'abord les deux avions étaient des appareils monomoteurs indéniablement peu sûr: la panne de moteur les rend très vulnérables. La Compagnie «Air-France ne l'ignore pas. et c'est pourquoi elle réserve les monomoteurs qui lui restent en service au transport postal et non aux voyageurs. On nous dira que cela va de soi, car le transport postal est un transport léger. Evidemment. Cependant, c'est aussi qu'elle entend éviter au maximum le risque commercial d'un accident avec passagers..
Et le personnel navigant?
Ceci dit, nous ne, suivrons pas ici la brusque campagne déclenchée dans certains journaux, campagne trop visiblement inspirée.
On a parlé de «matériel vieux» qu'il faut remplacer. Mais, comment donc Les firmes d'aviation, dans leur course au profit elle est plus odieuse dans l'industrie aéronautique que dans toute autre, parce qu'elle utilise justement le courage, la «passion» du personnel pour l'aviation n'hésiteront pas à se servir du sang des morts pour obtenir une commande de trimoteurs.
̃Remarquez d'ailleurs que l'on incrimine le «vieux» matériel et non le principe du monomoteur. C'est que cela ne ferait pas l'affaire de telle puissante firme dont la publicité est fort avantageuse et qui lance, elle, les appareils légers monomoteurs.
Le vieux matériel ? Certes, si c'est exact, on a raison. Mais tout de même, ces messieurs «techniciens» savent fort bien qu'avec des appareils très modernes il arrive des accidents aériens. Demandez-le donc à M. le général Denain, ministre des catastrophes de l'aviation militaire survenues avec des appareils «flambant neuf».
Flambant neuf, mais construits dans des conditions que nous avons dénoncées qui entraînent l'insécurité du personnel naviguant. Mais Denain,qui le sait, n'en continue pas moins à traiter de pareils marchés et à faire faire des manœuvres dangereuses avec des appareils qui ne le sont pas moins. 
D'ailleurs, il est bon d'ajouter que ces méthodes de construction, comme le fait même que l'aviation militaire est seule «intéressante» (car les milliards n'y sont pas lésinés), ne sont pas sans avoir leur répercussion sur l'aviation commerciale.
En effet, celle-ci pour les constructeurs, est une «parente pauvre». On commande deux, trois, cinq appareils de telle marque. Peuh! Parlez-nous d'une série de cinquante, de .soixante-dix, de cent appareils pour l'armée, que l'on va livrer rapidement la défense nationale, n'est-ce pas ?
Entendons-nous. Les constructeurs ne dédaignent pas les commandes de l'aviation commerciale c'est d'ailleurs une excellente publicité. Mais une fois la «petite» commande -qui atteint tout de même quelques millions- obtenue, on ne se presse plus. On s'arrange pour l'exécuter dans les moments creux, au ralenti. Plus besoin de se presser, les commandes militaires, qui payent bien, d'abord Nous savons qu'il est des cas semblables.
Voilà comment le grand capital, par ses procédés criminels, vient aggraver considérablement les risques naturels que comporte encore la navigation aérienne.
Dans les deux accidents qui sont l'objet de cet article, il apparaîtrait cependant que la question monomoteur ne serait pas en cause par le navigateur Dabry qui, partit au secours de Depecker et de  ses compagnons, la chute verticale est due probablement, non pas à une panne de moteur, ce qui mettrait en la circonstance le monomoteur directement en cause, mais à une perte de contrôle (provoquée par le violent orage), alors que Depécker conduisait en «P.S.V.». L'appareil se trouvait-il à ce moment trop près du sol sans pouvoir s'en rendre compte (l'approche d'une grave perturbation atmosphérique dérègle l'altimètre de bord). L'avion ne put ainsi se remettre en position stable à temps et ce fut là catastrophe. 
Le cas d'Istres est différent. Lemoine et ses compagnons sont partis en direction d'Istres où un orage violent sévissait, et ils furent dedans sans s'en rendre compte. 
Mais là une question grave de responsabilité se pose. Le courrier, ce jour-là, comme tous les lundis, était très faible. Il n'y avait aucune raison de faire partir pour huit kilos de courrier, trois hommes dans la nuit, vers l'orage. Il faut que le pilote ait le droit de refuser de partir. Il faut aussi lui interdire de partir s'il a trop confiance en lui. Il faudra établir les responsabilités dans la direction, comme il faudra les établir pour l'accident encore récent de Bajac, tué lui aussi en emportant le premier courrier postal de nuit du Bourget vers l'Angleterre. Il faudra enfin, comme nous avons déjà eu l'occasion de le dire, que l'on pratique à l'égard du personnel, une politique qui ne soit pas le prolongement de celle qui est pratiquée dans les usines d'aviation le rendement augmenté allant de pair avec les diminutions, que le décret-loi de Denain a sérieusement amorcées.
En défendant ses conditions de travail, en défendant son salaire, le personnel défendra aussi sa sécurité.
MARS.