Je ne me posais pas de
questions. C'était un fait. Je ne concevais l'existence
qu'aérienne.
Depuis le jour où, soldat
adolescent, j'avais emmené une machine volante loin de la
terre et su m’en servir, j'avais ça dans les doigts, dans la
peau. Je n'y pouvais rien. J'étais né à ma vie véritable dans
une carlingue, Je devais continuer.
Ma certitude n'était mélangée
d'aucun souci. Des lignes aériennes toutes neuves s'ouvraient
alors vers Londres, l'Europe centrale, le Maroc et l'Orient.
Des usines se montaient. Pilote d'essai, pilote de ligne -les
places étaient toutes chaudes à prendre. J'en aurais une sitôt
débarqué dans la grande ville. Je n'y connaissais personne-
absolument. Qu'importait !
Je pensais à mes six cents heures
de vol, à mes citations, à mes vingt et un ans. Qui
pouvaient-ils trouver de mieux? Et puis, j'avais tant de
force, une telle ardeur ! Jamais compartiment de troisième ne
berça une plus sûre espérance.
Je louai une chambre dans un
meublé sinistre de la rue Réaumur. Mon premier achat fut un
annuaire de l'aviation civile et commerciale. Et j'écrivis, j'écrivis, j'écrivis. Tous les
constructeurs, tous les directeurs et sous-directeurs des
terrains, des usines, tous les chefs et sous-chefs pilotes,
tous les noms des lignes aériennes y passèrent. A chacun,
j'exposai fort poliment, mais non sans fierté, mes états de
service et mon désir impatient de voler. Puis, j'attendis. J’attendis en compagnie d'une amie qui aimait beaucoup
les bals musettes. Nous y consacrions le peu d'argent qui me
restait et celui qu'elle gagnait. J'avais toujours ma
lavallière et mon gigantesque chapeau noir. Les danseurs des
endroits que nous fréquentions les trouvaient ridicules. Je
n'étais pas patient. Il y eut de terribles bagarres.
Heureusement, j'étais fort et agile. Or, le temps commençait à se faire long, terriblement
long. Aucune réponse ne me parvenait. J'avais beau, trois ou quatre fois par jour, demander
au bureau de mon hôtel si j'avais quelque courrier,
J’entendais invariablement ces trois mots - Rien du tout. Bientôt, ils furent suivis d'un regard hostile. Je
devais une semaine. Je n'avais même plus de quoi acheter des
timbres. Cependant, je ne me décourageai pas.
- Ce sera pour demain, pensai-je. Et, un soir, je triomphai, Une lettre m'attendait. Enfin
! Et sur l'enveloppe se détachait cet en-tête magnifique :
«AVIONS HANRIOT». Je tenais un engagement. J'ouvris le pli. Il disait: «Monsieur, en réponse à votre lettre du..., nous avons le
regret de vous informer qu'il nous est impossible... etc.» Je reçus quelques lettres de ce genre. Et ce fut de
nouveau le silence. Maintenant, il ne s'agissait plus d'être
pilote, mais de manger.A quoi bon décrire en détail
l'existence qui, alors, commença pour moi ?
Ils sont, hélas, des milliers et des
milliers qui la connaissent, qui la mènent sur le pavé de Paris.
Surtout aujourd'hui, avec la crise et le chômage, le nombre est
plus grand que jamais de ces jeunes gens fiers, sains,
enthousiastes, qui attendent tout de la vie et qui n'en
reçoivent que des miettes dérisoires.
Tout ce que je sais
d'eux, tout ce qui m'attache invinciblement au peuple dont je
suis sorti, toute la profondeur du sentiment fraternel que
m’inspire la jeunesse malheureuse et l'injustice de son sort,
je l'ai appris au cours de ces mois d'intense misère.
Je ne les regrette pas.
Je savais qu’un jour, et un jour
prochain, je volerais. Rien ne pouvait me faire renoncer à
cette foi. je ne voulais pas de profession autre que celle de
pilote. Je tâchai simplement d'arracher au hasard des petites
annonces les quelques francs nécessaires à ma pitance. Mon
amie traitait de folie, de chimère, mon rêve étoilé. Les
femmes comprennent rarement les besoins désintéressés. Nous
nous séparâmes. Cela valait mieux et pour elle et pour moi.
J'étais libre de chercher à ma guise.
Je fis plusieurs métiers: manœuvre
à la Compagnie aérienne française (en Syrie, j'avais appris à
me débrouiller avec un moteur), gardien de nuit, balayeur de
garage.
Aucune de ces occupations ne m'a
laissé de souvenir pénible. Je m'entendais très bien avec les
mécanos, dont je portais la cotte bleue. J'apprenais d'eux les
petits secrets mécaniques. Je partageais leur insouciance.
Mais il est un emploi que je dus
parfois remplir et qui, jusqu’à présent, me donne la nausée.
Il existait alors, dans le
quartier Réaumur, des officines où l'on copiait des adresses
pour de grandes boîtes. Elles étaient payées quinze francs le
mille. A condition qu'elles fussent écrites très lisiblement
et sans erreur.
Quinze francs. C'est-à-dire au
moins quinze heures de travail. Quinze heures à passer courbé,
abruti, les doigts raides, dans une salle humide, crasseuse,
enfumée, qui sentait l'odeur d'une vingtaine de faméliques !
Et cela pour un garçon qui n'aimait que l'air, le soleil et la
puissante dépense physique.
Mais, même alors, je ne perdais
pas confiance. Je savais qu'avec l'argent gagné ainsi j'irais
le lendemain à Toussus, aux Mureaux, à Guyancourt, à
Saint-Cyr, à Villacoublay, bref, sur quelque terrain
d'aviation et que je regarderais les autres voler et que je
reprendrais goût et courage à vivre.
Chaque fois, d'ailleurs,
je demandais à être essayé, Mais je n'arrivais même pas à voir
un chef pilote. Mon visage hâve, mes cheveux que je portais
très longs à l'artiste, ma garde-robe renouvelée au carreau du
Temple n'inspiraient confiance à personne.
J'eus pourtant, durant cette
période, un vrai coup de chance.
Dans un journal du soir que
j'avais trouvé sur un banc, je lus aux petites annonces :
«Pathé-Cinéma demande pilote
expérimenté pour simuler accident d'aviation»
A ce
moment, j'avais un emploi à peu près fixe. Je savais très bien
que si je manquais un jour à l'atelier il serait perdu pour
moi. Mais comment résister à la perspective de remonter en
avion, fût-ce un jour, fût-ci une heure ? Le metteur en scène
examina mes papiers militaires, se déclara satisfait. - Il me
faut, pour La Fille de l'Air (c'était le nom du film), une
chute sensationnelle, dit-il. Notre vedette, Suzanne Grandais,
doit tomber dans l'eau en avion. Vous aussi. Ne me l'abîmez
pas. Le cachet est de deux cents francs.
Ça va ?
Deux cents francs! Mais j'aurais
donné les derniers sous qui sonnaillaient au fond de ma poche
pour tenir un manche à balai. Cependant, je répondis :
- Ça va... à condition de faire un
essai.
- D'accord, mais sans augmentation
de prix.
Le metteur en scène croyait que je
cherchais à obtenir quelques francs de plus. Mais moi, ma «
resquille » était toute différente. Une heure de vol
supplémentaire, je ne voulais que cela...
Je me rappelle encore, comme s'il
s'agissait d’hier, l'outil qu'on me mit entre les mains. Un
vieux « Sop » de guerre, qui tenait à peine.
Juste bon à se faire démolir. Mais je crois vraiment qu'aucun
appareil de raid, aucun prototype racé ne me donna autant de
joie pure que cet engin poussif. Comme il sentait bon l’huile
de ricin!
Je fis un vol d'essai. Je fis
l'accident. Je plongeai Suzanne Grandais, emmitouflée de cuir
et protégée par d’épaisses lunettes, dans l'eau de l'Oise,
près de l'lsle-Adam. Le pauvre « Sop », lui, était en miettes.
J'eus une peine profonde.
Quelques jours plus tard, ayant
perdu mon emploi de mécano et sans un centime, je revins voir
le metteur en scène.
- Nous n'avons plus de scènes
aériennes, dit-il, mais on pourra voir dans la figuration.
J'appris un nouveau
métier... qui dura autant que les prises de vue de La Fille de
l'Air. La noire misère recommença. Petites annonces. Visites
aux firmes d'aviation. Refus... refus... refus.
Je couchais dans les asiles de
nuit ou nulle part. Je me nourrissais d'un café crème, d'un
croissant, alors que j'avais un appétit terrible. J'étais
maigre comme un fil. Souvent, la tête me tournait
d'épuisement. J'entrais dans un café de la rue Montmartre. Un
patron m'y connaissait. Je pouvais m'y reposer jusqu'au matin,
sans rien prendre. Parfois, j'allais jusqu'à
Lille. Ma mère y travaillait en qualité d’infirmière et, sur
son pauvre salaire, épargnait de quoi m'acheter un billet. Là,
je me rattrapais un peu sur la nourriture, mais pas à ma faim,
car je ne voulais pas montrer à maman combien elle était
grande. Mais mon costume me trahissait.
- Reste avec moi, Jean, disait
alors ma mère. Nos amis te trouveront ici une situation.
Une situation ! Le mot seul
suffisait à me révolter.
Une situation assise ! Et le vol !
Et l'espace ! Et les beaux appareils grondants.
Je remerciais ma mère et repartais
vers Paris, vers la faim et les nuits sans abri, répétant
entre mes dents serrées :
- Je piloterai, je piloterai, je
piloterai...
Et ma conviction était si grande
que le commandant Denain, qui avait été mon chef en Syrie, me
proposant de rentrer dans l'armée, je refusai.
Fin de juillet 1924... Une chaleur
étouffante.
Dans
la ville à moitié assoupie, un garçon aux cheveux démesurément
longs, tenaillé par la faim depuis un an, continuait à se
battre pour sa chimère. Car je continuais. Et deux ou trois
fois la semaine, je me rendais à l'hôtel meublé de la rue
Réaumur, d'où j'avais adressé mes premières lettres aux
maisons d'aviation, pour savoir s'il n'y avait pas de réponse.
Et, tout de même, elle arriva. Un
jour, je déchirai d'une main un peu tremblante une enveloppe
qui portait en exergue : LIGNES LATECOERE, TOULOUSE.
C'était une
convocation du directeur de la ligne Toulouse-Casablanca à
me présenter à son bureau.
Je n'avais naturellement pas un sou pour
prendre le train. J'écrivis en hâte à maman de m'envoyer vingt
francs et je courus aux officines à enveloppes où, en trois
jours, j'arrivai à compléter la somme nécessaire à l'achat
d'un billet de troisième.
Pendant le voyage, qui dura toute
la nuit, je crois bien que je ne fermai pas l’œil un instant.
Sur le terrain, je remis ma
convocation à un employé et attendis. Enfin, je fus appelé.
Je pénétrai dans une pièce austère
et pauvrement meublée. Derrière une table, encombrée de
papiers, se tenait le directeur, M. Daurat. Derrière lui, une
immense carte d'Espagne hachurée de traits multicolores
tranchait sur le papier défraîchi du mur.
La cigarette aux lèvres, trapu,
enfoncé dans son fauteuil, le chef qui, par une énergie
forcenée, avait créé, avec un matériel de guerre réformé, une
ligne qui, par sa régularité, faisait parler d'elle dans tous
les milieux d'aviation du monde, fixait sur moi son regard.
Je me hâtai de lui tendre mon
carnet de vol, mes papiers militaires. A part moi, je
m'attendais à quelque compliment pour mes citations, à des
questions sur mes heures de vol.
Glacial, M. Daurat leva son visage
au menton volontaire, aux mâchoires dures.
- Je vois, fit-il, vous n'avez
encore rien fait.
Je ne pus retenir une exclamation
:
- J'ai six cents heures !
- Ce n'est rien... rien du tout.
J'aurais été terrorisé, si je
n'avais discerné dans le regard de cet homme si dur une chaude
et profonde flamme humaine. Il examinait mon costume brossé
jusqu'à la corde, ma crinière soigneusement ramenée dans le
cou.
- Vous avez de beaux cheveux,
ricana-t-il, vous n'avez pas une tête d'ouvrier.
- Mais j'ai demandé à être
pilote...- Mais j'ai demandé à être pilote...
- Ici, être pilote, c'est être
ouvrier d'abord, vous passerez par la filière, je vous engage
comme mécano.
« Allez voir le chef d'atelier et
demandez-lui des bleus... »
- Bien, monsieur le directeur....
quand pourrai-je piloter ?
- Ici, on ne pose pas de
questions... Vous le verrez bien quand vous volerez... si vous
volez ... , ajouta-t-il en me congédiant.
Le chef d'atelier me convoqua pour
le lendemain six heures et demie. Il me présenta à Marcel
Reine et à Dubourdieu, deux nouveaux comme moi.
Dubourdieu, qui était de
la région, nous indiqua son hôtel. La chambre y coûtait quatre
francs par jour et les repas deux francs cinquante. Quatre
vieilles demoiselles nous reçurent au Grand Balcon. Pieuses,
aimables, enjouées, elles avaient vu passer chez elles
plusieurs jeunes gars, comme nous pleins de santé, qui, un
matin, dans la brume, étaient restés dans les Pyrénées...
Le lendemain matin, avec Reine,
Dubourdieu et quatre autres nouveaux, nous nous tassions dans
un coin du tramway. Ecrasés de respect, nous osions à peine
lever les yeux vers les « anciens », reconnaissab1es à leurs
vestes de cuir.
Au terrain, le chef mécanicien
nous attendait. Au terrain, le chef mécanicien nous attendait.
- Ah ! c'est vous les pilotes...
Bon... vous voyez ces cylindres, vous allez les laver à la
potasse. Ça fera blanchir vos jolies mains...
Pendant trois semaines, nous
frottâmes avec acharnement des centaines de cylindres.Pendant
trois semaines, nous frottâmes avec acharnement des centaines
de cylindres.
Un matin, le chef mécanicien nous
accueillit par ces mots :
- Mes félicitations, vous avez de
l'avancement. Vous êtes affectés au dégroupage.
Toute la journée, nous démontions
les moteurs et nous les remontions.
Je commençais à trouver ma vie
atrocement monotone, lorsqu'un soir, M. Daurat, passant près
de nous sans s'arrêter, grogna : - Vous viendrez demain à six
heures et demie sur la piste.
Le matin suivant, sur l'aire de
ciment, les anciens :
Rozès, Bedrignan, Thomas, Debrien,
Ham, Lethellier, Doertlinger un as alsacien qui, dans les
rangs allemands, avait abattu treize Français, tous, les mains
dans les poches, nous regardaient, impassibles.
J’étais le troisième à passer sur
le vieux Bréguet 14.
Les deux premiers, après un
décollage et un atterrissage imprécis, revinrent vers nous.
J'entendis la voix sèche de M. Daurat:
- Cela ne vaut rien... éliminés.
C'était
mon tour. J'avais le trac, cette sourde inquiétude qui me
saisit avant les événements décisifs de ma vie et qui
disparaît aussitôt que je me sens calé par le dur coussin de
cuir du siège-pilote.
Intérieurement, je me
promettais une belle revanche sur ce directeur hérissé.
Cette fois, je comptais bien «lui en mettre plein la vue».
Ah ! mes six cents heures de vol
n'étaient rien ! Je lui montrerais que, du moins, elles
m'avaient appris à tenir un manche à balai.
- Mermoz... allons,
dépêchez-vous, c'est votre tour!
Je ne me fis pas prier. Je sautai
légèrement dans la carlingue, fixai la ceinture.
Le moteur, encore chaud, tournait
rond. Je roulai au bout du terrain pour prendre le vent
debout...
Lentement, je tirai la manette des
gaz, le Bréguet s'élança, Je fis un long palier près du sol,
de manière à accumuler de la vitesse. Brusquement, je tirai et
j'amorçai un virage à l'américaine. L'avion, le nez en l'air,
perça l'air comme une flèche. Je regardai le terrain de
Montaudran devenir minuscule...
Quand j'eus bien montré ce que je
savais faire en l'air, le décidai de montrer comment on
atterrit, comment «on se pose dans les marguerites», juste sur
le rond blanc du terrain, objectif ordinaire des épreuves de
précision. Je réduisis les gaz à fond. Je planai en dessinant
de longs S. Puis j' inversai les commandes : hop là... une
glissade à gauche... hop là... une autre glissade à droite,...
Voici le rond blanc. Très doucement, je l'atteignis, je
redressai, je roulai quelques mètres...
Je ramenai l'avion sur la piste
avec un sourire satisfait... Je cherchai des yeux le
redoutable M. Daurat. Il avait disparu. Je descendis.
Silencieux, impassibles, les « vieux pilotes », les jambes
écartées, la cigarette au bec, m'examinaient.
- Vous n'avez pas vu M. Daurat ?
demandai-je.
Avec son accent traînant de
Méridional, Rozès me répondit :
- C'est pas la peine de te
fatiguer à le chercher. Tu peux faire ton baluchon...
Je haussai les épaules. Quelle
stupide brimade ! J’avais conscience d’avoir piloté
admirablement le Bréguet 14.
M. Daurat, à ce moment, revêtu
d'un imperméable, et d'un chapeau gondolé, sortit d'un hangar.
Je ne pus rien discerner sur son visage glacé.
- Vous êtes content de
vous ? fit-il en s'approchant
- Oui... monsieur le directeur...
- Eh bien, pas moi. Ici, nous
n'engageons pas d'acrobates. Si vous voulez faire du cirque,
allez vous, faire voir ailleurs...
Je fus tellement stupéfait...
tellement furieux ma voix s'étrangla. J'arrachai mon casque de
cuir je courus vers le vestiaire des mécanos où j'avais laissé
mes bleus, mon veston et quelques bricoles. Rageusement,
j'empaquetai mes pauvres hardes. Le sentiment d'avoir raison
envers et contre tous m'empêchait de penser à l'enfer qui
m'attendait de nouveau. Je ruminai des imprécations, je
grommelai des menaces, des défis au sort...
J’entendis derrière moi un pas
lourd, je me retournai.
Daurat toussota, resta un instant
silencieux.
Alors, vous partez ? fit-il avec
négligence, en tirant de sa poche un paquet de caporal.
- Oui, dis-je sèchement.
- Hm... vous n'êtes pas
discipliné... Hm... vous êtes prétentieux... Hm... vous êtes
content de vous... Hm... naturellement.
- Oui, je suis content de moi.
- Vous répondez...
- Bien sûr, puisque vous
m'interrogez.
- Vous avez mauvais caractère.
- Non, monsieur le directeur, mais
je déteste l’injustice... Je suis certain que j'ai bien
piloté...
- Hm... 'turellement...
Prétentieux ...Hm..., On vous dressera.
- Mais... vous me mettez à la
porte ?
- Bon... On va voir... Retournez
sur la piste. Montez lentement à deux cents mètres. Virez à
plat. Revenez face au terrain... Prenez de très loin votre
atterrissage... C'est comme ça que l'on travaille à la
ligne...
Ma rage fit place à une joie de
dément.
Je courus sur la piste en
boutonnant ma veste... Je grimpai dans l'avion... Je roulai de
nouveau vers le vent...
Lorsque je revins sur la piste, M.
Daurat n'était pas là... Mais, au regard indulgent des
anciens, je compris que mon existence de paria était achevée.