Retour vers la fin tragique de l'Aéropostale   L'AEROPOSTALE   


LA POLITIQUE Les heures graves 30 mars 1931 

II faut nous recueillir. L'heure est grave. Nos anciens l'ont vécue légèrement entre Sadowa et Sedan. De tragiques expériences nous laissent le cœur moins léger!
Les nouvelles d'Allemagne se succèdent, brèves, catégoriques la décision de réaliser la première étape de l'Anschluss nous fut connue dimanche; vendredi on apprenait à Paris, de source sûre, que le gouvernement du Reich se préparait à soulever la question de la révision de  ses frontières orientales avant la convocation de la Conférence pour le désarmement enfin, samedi, nous étions informés que le président  Hindenburg venait de signer une ordonnance dont l'effet est d'établir l'état de siège en Allemagne.
Il suffit de deux points pour tracer une droite. Nous en possédons trois! En face de la direction allemande. que trouvons-nous en France? La veulerie, pour ne pas dire plus, d'un ministre des affaires étrangères frappé de sénilité et tombé, consciemment ou non, dans la dépendance  d'une finance qui joue depuis vingt ans à la baisse sur la France, à la hausse sur l'Allemagne.
Le langage que M. Briand a tenu au Sénat samedi, et qui a provoqué la stupeur dans la Haute Assemblée, est inexplicable. Si vous ne possédez
pas la clef que vous donnait l'Ami du Peuple ce même jour notre confrère écrivait, à propos de l'emprunt roumain: «C'est encore un coup de  la grande banque, trop puissante dans un Etat trop faible! Elle est, au Quai d'Orsay, chez elle! Elle y commande en maîtresse absolue.
M.
Briand et son entourage sont à sa. dévotion et couvrent de leur soi-disant politique de paix toutes ses louches «t profitables combinaisons...»
La vieille devise de notre monnaie reste toujours juste Dieu protège la France! Tous les avertissements nous sont prodigués A propos de l'AÉROPOSTALE, l'Ami du Peuple, que nous citions hier, écrivait que, depuis vingt-huit mois, il avait eu l'occasion d'apporter sur cette collusion du ministère des affaires étrangères et de la banque internationale, toutes les explications nécessaires, en même temps que toutes les  preuves. Nous refuserons-nous à l'évidence? Un sursaut d'indignation, même pas l'instinct de vivre, de persévérer dans notre être de Français, ne va-t-il pas emporter cette conjuration ténébreuse ?
Il faut penser qu'un journal allemand, très lu des militaires, imprimait cette semaine que l'Allemagne ne devait plus se considérer comme dans une riode d'après-guerre, mais comme dans «la phase de préparation à la guerre», et qu'en effet, tout concorde actuellement à restaurer  dans l'Empire, non seulement la volonté de puissance, mais ce qu'ils appellent à Berlin le potentiel de guerre, tandis que la France est tombée  entre les mains d'hommes qui, les uns par mysticisme, les autres par lâcheté, les autres enfin par cupidité, la désarment moralement,  matériellement, et économiquement La finance internationale aveugle une presse qui, par fonction, devrait ouvrir les yeux au peuple français.
L'immense service que l'Ami du Peuple rend à la patrie, lui qui pénètre dans tous les milieux, c'est d'empêcher que la lumière soit mise sous le  boisseau! Après cette molle et lâche confession de M. Briand au Sénat, il apparaît, clair comme le jour, que loin d'être le grand architecte de la  paix, cet inamovible ministre des affaires étrangères est, en réalité, l'artisan de la guerre future. Mais il importe de savoir que derrière cet  homme se cache et agit une force occulte dont l'Ami du Peuple s'applique à dévoiler les entreprises.
M. Briand ne fera pas longtemps admettre à une nation comme la France que se tromper sur tout et s'obstiner dans son erreur, soit un titre à  diriger éternellement les affaires publiques. Mais M. Briand, chassé du Quai d'Orsay, il restera à assainir l'atmosphère de la maison et à agir de telle sorte que la force financière de la France ne soit pas employée, par les soins de notre diplomatie elle-même, à accroître la force armée de l'Allemagne!