FIGARO. JEUDI -12 /MARS
1931 La commission a voté un contre-projet La commission de l'Aéronautique de la Chambre a consacré hier encore sa journée entière à l'élaboration d'un texte législatif permettant à l'Etat de reprendre l'exploitation de la ligne France-Amérique du Sud, sans endosser le passif de la Compagnie Aéropostale.
Au cours de sa séance du matin, la commission a voté, après une discussion de deux heures et demie, l'article premier du contre-projet de M. Moch, rapporteur, qui autorise l'Etat à résilier ses conventions avec la Compagnie, au cas de faillite, de liquidation judiciaire, de dissolution ou au cas de nomination d'un administrateur judiciaire. L'après-midi, la commission a adopté, à l'unanimité, le rapport de M. Moch, substituant au projet gouvernemental son propre texte, l'article premier ayant été modifié comme on en avait convenu le matin. Les articles 2 et 3 de ce projet prévoient, au cas où les liquidateurs désireraient le maintien des conventions. la nomination d'un comité de gérance chargé d'assurer l'exploitation des lignes, et seul qualifié pour encaisser les recettes commerciales, ainsi que les subventions de l'Etat. Au cas où les liquidateurs ne demanderaient pas la continuation des conventions ou refuseraient de collaborer avec ,1e comité de gérance, l'Etat pourrait exerçait son droit de réquisition. On se demandait hier, à la Chambre, si ce projet voté par l'assemblée pourrait être assez rapide pour que le départ d'avion, qui devait avoir lieu vendredi, pût avoir lieu. ________________________________________________________
Trois banques
ont fermé leurs guichets Le groupe bancaire composé
des banques Bouilloux-Lafont frères et Jay, Crédit
Foncier du
Brésil, Caisse Commerciale et Industrielle de Paris, qui a
aidé la Compagnie Générale Aéropostale a
réaliser la ligne France-Amérique du Sud, a dû
suspendre hier matin ses opérations et fermer ses guichets.
Les succursales de Versailles, Rambouillet et Châteauroux de la banque Bouilloux-Lafont, dont le siège social est à Etampes, ont également fermé leurs portes. L'avis suivant a été affiché aux portes de ces diverses maisons: « On sait qu'aucune solution n'a été jusqu'à ce jour apportée par les pouvoirs publics aux difficultés financières créées à la Compagnie Générale Aéropostale par la trop courte durée de sa concession et que le nouveau projet de loi actuellement soumis aux commissions parlementaires compétentes ne permet pas d'envisager une solution prochaine de ces difficultés. » Par. suite de. ces circonstances, le groupe bancaire (Crédit Foncier du Brésil, Caisse Commerciale et Industrielle de Paris, Bouilloux-Lafont frères et Jay) qui finançait l'Aéropostale, et auquel celle-ci devait d'avoir mené à bonne fin son oeuvre d'expansion commerciale et de prestige français en Amérique du Sud, s'est trouvé dans la nécessité de suspendre ce matin ses opérations. » D'autre part, M. André Bouilloux-Lafont, administrateur délégué de l'Aéropostale et fils de M. Marcel Bouilloux-Lafont, président du conseil d'administration de cette Compagnie, a déclaré: « II est absolument exact que le groupe bancaire, qui a permis à la Compagnie générale aéropostale de créer et d'entretenir la ligne aérienne Toulouse-Dakar-Natal-Rio de Janeiro-Buenos-Aires-Santiago du Chili et Buenos-Aires-Ascunsion, de préparer la ligne Natal-Petites Antilles et de commencer des voyages d'études de Buenos-Aires vers la Terre de Feu, a dû suspendre toutes ses opérations ce matin. » Nous avions pensé que les pouvoirs publics auraient pris une décision dès la connaissance des difficultés dans lesquelles nous nous trouvions, pour éviter à notre groupe bancaire d'être dans une situation telle que toute opération devenait impossible. » Les trois banques du groupe furent assaillies de demandes de leurs clients en raison des relations que ces banques ont avec l'Aéropostale. » Laissez-moi ajouter que, seul, le retard apporté par les pouvoirs publics a amené le groupe bancaire à cette extrémité. » Notre conseil s'est, rallié, hier soir, à la nomination d'un administrateur ad hoc, qui pourrait se rendre compte d'ailleurs exactement de la gestion de la Compagnie et sauvegarder les intérêts des créanciers et spécialement dès obligataires. » Cent soixante-dix millions ont été investis dans l'entreprise de l'Aéropostale et dans les filiales américaines, dont soixante-dix millions sont dus directement à ce groupe bancaire. » Groupe Bouilloux-Lafont ________________________ Le gouvernement, se préoccupant de la situation des petits porteurs et déposants de la banque Bouilloux-Lafont, a engagé, depuis plusieurs jours, des pourparlers en vue de préserver leurs intérêts. _______________________ BOURSE Quant à la défaillance du groupe de l'Aéropostale, qui fit beaucoup de bruit toute la journée, sa répercussion en Bourse a été plus morale qu'effective. L'événement était attendu, et le groupe, assure-t-on, n'a pas d'engagements boursiers. |
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