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Saint-Exupéry, Curtis Cate,   Juillet 1997   
Ce texte est extrait de Antoine de Saint-Exupéry laboureur du ciel de Curtis Cate, traduit de l'anglais par Pierre Rocheron et Marcel Schneider. Copyright Editions Grasset.
PLUS, ci-dessous, Pourquoi Le Petit Prince a été écrit à New York? par pourquoi.com 

L'histoire du Petit Prince a germé à New York en 1942. Tout a commencé dans un restaurant par quelques dessins jetés par Saint-Ex sur une nappe blanche.
 
L'idée d'écrire un conte pour enfants n'était pas à l'origine le fait de Saint-Exupéry. Tout avait commencé un jour au cours d'un déjeuner dans un restaurant new-yorkais. Intrigué par les gribouillages que Saint-Ex s'amusait à faire sur la nappe blanche et que le garçon observait en fronçant les sourcils, son éditeur Curtice Hitchcock lui demanda ce qu'il dessinait: «Peu de chose, répondit-il, c'est un petit bonhomme que je porte dans le cœur!» Hitchcock examina le petit bonhomme de plus près et cela lui donna une idée.
«Ecoutez, ce petit gars, qu'est-ce que ça vous dirait d'écrire son histoire? Pour un livre d'enfants?» L'idée prit Saint-Exupéry complètement au dépourvu. Il ne s'était jamais considéré comme un écrivain professionnel et encore moins comme un auteur de livres pour enfants; mais l'idée une fois semée, elle se mit à germer rapidement, nourrie qu'elle était par les encouragements de son éditeur. Un livre d'enfants... pour Noël? Cette saison des bougies qu'il avait toujours aimée... Cette saison des enfants? Lui qui semblait destiné à n'en avoir jamais... Eh bien, à défaut d'un vrai, pourquoi ne pas créer un petit Antoine imaginaire? ...
«Figurez-vous, dit-il à Léon Wencélius quelques jours plus tard, ils me demandent maintenant d'écrire un livre pour enfants! Accompagnez-moi jusqu'à la papeterie, voulez-vous? Je veux acheter des crayons de couleur.»

Les crayons achetés, Saint-Ex se mit à faire quelques croquis expérimentaux pour fixer ses idées encore bien nébuleuses. Il fit appel ensuite à l'aide de son vieil ami des Beaux-Arts, Bernard Lamotte, dont les illustrations pour Flight to Arras l'avaient frappé par leur précision «télépathique» dans le détail. Lamotte lui fournit quelques échantillons qui déçurent Saint-Ex: il leur manquait cette naïveté et cette qualité de rêve qu'il recherchait. A mesure que les jours passaient et qu'il s'absorbait de plus en plus dans son conte, il commença à comprendre qu'il aurait à l'illustrer lui-même, aussi bien qu'à l'écrire. Il continua à solliciter les conseils professionnels de son ami, mais ses propres idées se cristallisaient déjà. Un jour, après une nuit blanche passée à peindre un baobab dont les racines enserraient une petite planète, il refusa d'y apporter le moindre changement. «Ecoute, il faudrait redresser un peu ici, appuyer un peu plus là, commença Lamotte. - Impossible, mon vieux, répondit Saint-Ex. Ce dessin est un miracle. S'il s'agissait d'un texte, je consentirais à le modifier. Parce que je suis écrivain et que c'est mon métier. Mais je ne pourrais faire mieux que ce dessin. C'est un miracle.»


Adèle Breaux, institutrice américaine qui venait une fois par semaine lui enseigner un peu d'anglais - ce qui n'alla pas sans peine, étant donné sa peur de voir son style français «corrompu» par des influences étrangères -, le retrouvait maintenant entouré d'étuis d'aquarelles, de pinceaux trempant dans des verres d'eau, de feuilles de papier couvertes de caricatures colorées. Insatisfait, comme toujours, de ses premières ébauches, il jetait ses dessins à droite et à gauche, en couvrait le parquet, en remplissait la corbeille, avec une prodigalité qui stupéfiait la timide institutrice, qui réussit néanmoins à sauver un pauvre roi dont le manteau d'hermine était d'un bleu ciel insolite et le visage d'un rouge trop vulgaire. Elle s'émerveillait que Saint-Exupéry puisse trouver tant d'inspiration dans une pièce d'une austérité aussi monacale; car cette bibliothèque du rez-de-chaussée, dont il avait fait son bureau et atelier, n'avait ni tapis ni rideaux, un seul fauteuil en osier et des étagères si vides qu'on n'y voyait qu'une valise ratatinée (dans laquelle il conservait précieusement le manuscrit de son «œuvre posthume»).

Septembre se fana en octobre. «Le bel automne américain, vibrant et fort, peignait les arbres de couleurs de feu», comme devait l'écrire plus tard André Maurois. Pendant un long dimanche après-midi, passé à Bevin House, lui et sa femme écoutèrent fascinés, pendant que Saint-Ex égrenait pour eux toute une série d'histoires passionnantes.
«Il nous promena de l'Indochine aux faubourgs de Paris, du Sahara au Chili. Prodigieux conteur de contes!»

Maurois fut même invité à passer plusieurs semaines à Bevin House. Le soir, les hôtes et les invités jouaient aux cartes et aux échecs, puis lorsque approchait minuit, Saint-Exupéry disait: «Allez vous coucher. Je dois travailler.» Une heure ou deux heures plus tard, Maurois était réveillé par des cris venant de l'escalier: «Consuelo! Consuelo!» Pensant que la maison était en feu la première fois qu'il entendit ce tumulte, il passa sa robe de chambre et se précipita sur le palier pour trouver Tonio expliquant à Consuelo, drapée elle-même dans un peignoir, qu'il avait une faim horrible et qu'il voulait des œufs brouillés. Les œufs brouillés une fois absorbés, il recommençait à travailler pendant un certain temps, puis la tranquillité de la maison était de nouveau dérangée par des cris venant de l'escalier: «Consuelo! J'ai travaillé une heure. Je veux des œufs brouillés!» Tandis que Consuelo s'en allait en pantoufles casser d'autres coquilles dans la cuisine, son infatigable époux disait à Maurois:

«J'ai besoin de causer avec quelqu'un» ou bien: «Faisons une promenade dans le jardin.» Une demi-heure plus tard, Maurois était autorisé à regagner son lit mais souvent les cris reprenaient, et cette fois un Tonio toujours tyrannique insistait auprès de Consuelo: «Il faut que Maurois ou toi joue aux échecs avec moi.» Une autre victime de ces accès nocturnes était Denis de Rougemont qui avait l'habitude de se rendre à Eton Neck chaque week-end pour les trente-six heures de liberté que lui accordait son bureau de l'Office of War Information. Les lectures de ce qui devint plus tard Citadelle, dont le gratifiait l'auteur, duraient souvent tard dans la nuit, en dépit de la fatigue de l'invité qui savait que le lendemain matin, tandis que son ami Tonio s'enfoncerait dans les profondeurs d'un sommeil réparateur, lui-même aurait à supporter le cliquetis des machines à écrire et des téléscripteurs de la «jungle». Mais il n'y avait pas moyen d'arrêter Tonio. Car même retiré dans sa chambre, Rougemont était poursuivi par son hôte infatigable qui, tout en fumant une cigarette après l'autre, continuait à discourir sur tous les sujets concevables, avec une rigueur inflexible. «Il me donne, ne put s'empêcher de noter Rougemont dans son Journal, l'impression d'un cerveau qui ne peut plus s'arrêter de penser...»

Si, dans ces discussions interminables, la logique dominait, c'était plutôt des souvenirs d'enfance remontant des profondeurs de son être qui l'inspiraient lorsque, en pleine nuit et dans sa solitude de hibou, il revenait au Petit Prince. Prodigue et inquiet comme toujours, il n'hésita pas à faire trois longs appels téléphoniques à Beverly Hills, en Californie, voulant lire à Annabella Power différents passages du dialogue qu'il était en train d'inventer entre le Petit Prince et le Renard. L'actrice qui l'avait tellement réjoui en venant lui rendre visite à la clinique de Los Angeles, l'actrice qui l'avait trouvé dans sa «cellule monastique» avec pour seul compagnon les Contes d'Andersen, contribua ainsi à la genèse du Petit Prince; moins directement pourtant que Nada de Bragance, dont le rire en cascades lui inspira les «grelots» des riantes étoiles.

Sa mauvaise santé y fut aussi pour quelque chose; car une partie du Petit Prince fut composée sous l'empire d'une fièvre qui semble avoir beaucoup stimulé son imagination. Ce fut en tout cas une fièvre créatrice, encore qu'il n'y eût guère de thème dans ce petit ouvrage qu'il n'eût déjà évoqué dans ses lettres ou dans ses livres précédents.

A Adèle Breaux, il confia un jour son admiration pour Mary Poppins qu'il déclara être
«le meilleur conte d'enfants que j'aie jamais lu». C'était le même Antoine qui, douze ans auparavant, écrivait d'Argentine à sa mère: «Je suis en train de lire Poussière [le roman de Rosamond Lehmann] et je pense que nous aimons tous ça, comme La nymphe au cœur fidèle, parce que nous nous reconnaissons. Nous aussi, nous formons tribu. Et ce monde de souvenirs d'enfants de notre langage et des jeux que nous inventions me semblera toujours désespérément plus vrai que l'autre.»


L'autre monde, en cet automne de 1942, c'était le monde déchiré par la guerre, qui approchait de la bataille de Stalingrad et de cette invasion de l'Afrique du Nord que, nous le verrons, Saint-Exupéry souhaitait très ardemment. Mais, comme a dit le Christ, que gagne un homme s'il conquiert le monde entier mais perd son âme? C'était le message qui filtrait à travers les pages finales de Pilote de guerre, et c'était le message central du Petit Prince, dont les seules conquêtes sont ses amis: le mouton, le renard et la rose. «Relire les livres de l'enfance, avait écrit Saint-Ex des années auparavant dans son carnet, oubliant entièrement la part naïve qui n'a point d'effet, mais notant tout le long les prières, les concepts charriés par cette imagerie. Etudier si l'homme, privé de cette onde bienfaisante, ne tend pas vers le gigolo 1926.» Ou comme il le dit en un autre endroit: «Nous sommes étrangement soumis aux objets, sans doute à cause de la longue pédagogie publicitaire que nous avons subie. En cela nous sommes des barbares. En cela, beaucoup de barbares - nous le sentons confusément - nous paraissent comme civilisés.»

Vingt-cinq ans avant la «découverte» par le laborieux Herbert Marcuse de la vérité vers laquelle l'avaient guidé Vance Packard et d'autres analystes de la «pédagogie publicitaire» américaine, Saint-Exupéry notait déjà qu' «une industrie basée sur le profit tend à créer - par l'éducation - des hommes pour le chewing-gum et non du chewing-gum pour les hommes. Ainsi de la nécessité pour l'automobile de créer la valeur automobile est né le stupide petit gigolo de 1926, exclusivement animé dans les bars par des images et comparaisons de carrosseries». Son premier contact avec la civilisation américaine, après son accident du Guatemala en 1938, l'avait poussé à écrire dans une lettre: «Ma liberté d'aujourd'hui ne repose que sur la fabrication en série qui nous châtre des désirs dissidents. C'est la liberté du cheval dont les harnais n'éclairent qu'une route. De quoi suis-je libre, Seigneur! dans mon ornière de fonctionnaire. Il n'est pas très original d'accompagner le Babbitt d'aujourd'hui, de le voir acheter son journal matinal, digérer cette pensée toute faite, choisir entre trois opinions parce que trois lui sont proposées... puis déjeuner à son drugstore où un esclavage de fer interdit toute réalisation du moindre souhait individuel... Mais nul ne s'épouvante de cette effroyable liberté qui n'est que liberté de n'être point. La liberté vraie ne réside que dans la démarche créatrice. Le pêcheur est libre quand son instinct guide la pêche. Le sculpteur est libre qui taille son visage. Est caricature de la liberté celle dont je crois user quand je décide entre les quatre types de voitures de la General Motors ou encore entre trois films de Mr. Z... ou entre les onze plats du drugstore. La liberté n'est plus que le choix d'un article standard, dans l'ordre d'une similitude universelle.»


Quiconque pense ainsi est donc condamné à finir comme un romantique pessimiste, ou un pessimiste romantique et c'était certainement vrai de Saint-Exupéry. Horace Walpole a dit un jour: «Le monde est une comédie pour ceux qui pensent et une tragédie pour ceux qui sentent.» Saint-Ex sentait aussi profondément qu'il pensait et l'allégorie qui en résulta dans ce cas se révéla à la fois pleine d'humour et de tristesse. Elle était parfois un peu tranchante comme le sont souvent les allégories, ce qui peut expliquer qu'elle n'ait pas provoqué chez le public américain une réaction enthousiaste, comparable à celle qui avait accueilli Flight to Arras.

Béatrice Sherman lui consacra une critique favorable dans le New York Times Book Review du 11 avril 1943 et P.L. Travers, l'auteur de Mary Poppins, put même écrire à la fin de son article, publié dans le New York Herald Tribune Weekly Book Review: «Nous n'avons pas besoin de pleurer les frères Grimm quand des contes de fées comme Le Petit Prince peuvent encore tomber des livres d'aviateurs et de tous ceux qui se dirigent par les étoiles.» Mais les autres critiques semblèrent plutôt perplexes et indécis sur l'interprétation à donner à un livre qui ne se laissait pas facilement classer.

Ecrivant quelques mois plus tard dans The Commonweal, Harry Louis Binsse fut forcé d'admettre, avec quelque regret, qu'il était un des rares critiques américains à considérer ce petit conte comme une sorte de classique: «Un triste classique, propre à faire couler les larmes, mais on trouve de la joie à pleurer, même pour l'enfance, et l'enfance parfois ne considère pas comme tragique ce qui l'est certainement pour moi en tant qu'adulte. Mais je semble être le seul de cet avis. Le livre n'a pas eu un succès éclatant, bien qu'il ait été publié au printemps dernier et peut-être mon jugement est-il erroné. Ce que je soupçonne, c'est que le public n'accepte pas facilement d'un auteur quelque chose qui ne s'insère pas dans la catégorie où il l'a placé et pour un aviateur plein d'imagination, le fait d'écrire ce que l'on peut appeler un conte de fées - ou du moins une allégorie fantastique - c'est peut-être plus que le public n'est prêt à avaler.»

Les choses ont changé au cours du demi-siècle qui s'est écoulé depuis que ces mots furent écrits et aux Etats-Unis aujourd'hui ce «classique triste» continue à être lu chaque année, avec un mélange de plaisir et de surprise, par des milliers de lecteurs charmés, vieux autant que jeunes. Car comme toutes les grandes fables, celle-ci est aussi pleine d'enchantement pour un enfant qu'elle est riche de substance pour les adultes: et l'un d'entre eux, le philosophe allemand Martin Heidegger, n'exagérait pas en considérant Le Petit Prince comme l'un des grands livres existentialistes du siècle.




Pourquoi Le Petit Prince a été écrit à New York? source 

 
"S'il vous plaît… Dessine-moi un mouton !". En voilà une phrase très populaire, que de nombreuses personnes connaissent. Elle provient de la célèbre œuvre Le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry. Cet écrivain français a ainsi créé un conte poétique qui est devenu un incontournable. Mais, malgré ce que de nombreuses personnes pensent, il n'a pas été rédigé en France. Pourquoi Le Petit Prince a été écrit à New-York alors ? C'est une question à laquelle nous vous répondons aujourd'hui !

Ce conte pour enfants, très poétique et philosophique, a été publié en 1943 à New-York. Ce petit personnage a une bien drôle d'allure. Une belle chevelure dorée, une écharpée aérienne, un rire cristallin qui rappelle tant l'enfance... Mais qui pose également des questions très graves et réfléchis sur la vie. En effet, lorsque Antoine de Saint-Exupéry rédige Le Petit Prince, le monde est en pleine guerre. La Seconde Guerre mondiale touche de nombreux pays. C'est dans ce contexte que ce conte est imaginé. Sous ses allures enfantines, on y trouve une réelle symbolique de la vie, du monde des adultes et de notre évolution dans le monde.

Mais si Le Petit Prince a été écrit à New-York, c'est justement à cause du contexte géopolitique. En effet, son écrivain fut démobilisé et débarque donc aux Etats-Unis en 1940. Il fit cela car il désirait continuer à lutter pour la libération de son pays, que les troupes allemandes occupaient. Lors d'un repas avec l'éditeur Eugène Reynald et sa femme, ces derniers sont intrigués par un petit personnage que le romancier a griffonné dans le coin de la nappe. C'est quelque chose qu'il avait pris l'habitude de faire. Il dessinait à la moindre occasion. Le garçonnet qu'il venait de créer plu de suite aux Reynald. Ils lui conseillèrent de s'en inspirer pour son prochain livre. L'écrivain français s'attellera à la tâche, et il paraîtra en 1943 aux Etats-Unis, en anglais et en français. L'édition française ne paraitra qu'en 1946, mais son auteur disparu en 1944 n'aura jamais pu en profiter.

Le livre serait un conte de Noël à destination des enfants américains, puis français, destiné, peut-être, à leur faire oublier les angoisses d'une guerre, menaçante pour les uns, subie pour les autres. Il permet également de réfléchir et pour de nombreuses personnes, il serait une allégorie de la vie. Il serait donc idéal pour tous les âges.

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