L’Aéropostale, dont tout le monde connaît le nom, c’était lui. Cette Aéropostale, dont tant d’auteurs se gargarisent, a suscité une impressionnante quantité d’écrits. À de très rares exceptions près, ces auteurs ont souvent ressassé les mêmes omissions, les mêmes approximations, les mêmes fables. Bouilloux-Lafont n’est pas un "héros oublié" de l’histoire de l’aviation : c’est un monument enfoui sous les sables d’une bien étonnante amnésie contre laquelle s’était déjà manifesté Marcel Dassault en 1980.
Guillemette de Bure étant la petite-fille de Marcel Bouilloux-Lafont, on était en droit de craindre un livre où la dévotion familiale prendrait le pas sur l’Histoire. En dépit d’un titre aux accents un tantinet racoleurs, nous sommes en présence d’un ouvrage puissamment documenté, à la rigueur historienne sans faille, permettant de jeter sur l’Aéropostale un œil neuf, bien éloigné de la romance à trois sous.
Les secrets de l’Aéropostale ne se limite pas à la réhabilitation (justifiée) de Marcel Bouilloux-Lafont et de son œuvre : il balaie, documents inédits à l’appui, tout un fatras de légendes. Ajoutons à cela qu’il brosse un portrait sans concession du milieu politique délétère de l’époque, ainsi que de certains aspects peu connus de la scène internationale de l’entre-deux-guerres. À la fois passionnant et hautement édifiant, écrit d’une plume vive et alerte où pointe parfois un fleuret non moucheté, le livre de Guillemette de Bure, sans doute celui d’une vie, était attendu depuis de trop longues années. Il est sans conteste l’ouvrage sans lequel il sera désormais outrecuidant de parler de l’Aéropostale sans l’avoir lu en profondeur.
Ce volume est enrichi de
très nombreuses notes regroupées en fin de chapitre, d’annexes
judicieuses (dont une chronologie, une impressionnante
bibliographie, des index de noms de lieux , de sociétés et de
compagnies), et agrémenté d’un cahier de seize pages de photos
souvent inédites, la plupart issues de la collection de l’auteur
ou des Archives Nationales Argentines.