Autour du procès des faux de l'aviation...
1928/11/10 AÉROPOSTALE
L'Oeil de Paris
pénètre partout 1928/11/10
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La revanche de
Mme Hanau
De la prison de Saint-Lazare,
où elle continue d'être une recluse modèle, Mme
Hanau a suivi avec le plus vif intérêt les débats
du procès Weiller. Mme
Hanau
est,
il faut bien le dire, une inculpée étonnante.
Douée d'une présence d'esprit imperturbable, d'une
mémoire stupéfiante, et 'une intelligence devant
laquelle, M. Glard commence à être confondu, elle
surveille, avec une énergie tenace, la liquidation de sa Gazette
du Franc. Si elle ne s était pas mise en travers des honteux
trafics qui s'opèrent autour de ce pillage, ce n'est pas la
Justice qui aurait troublé la fête.
C'est elle —et elle seule— qui a
contraint le Parquet à prendre, la main dans le sac, le
secrétaire du syndic de la faillite. Après onze mois
d'opérations qui ont coûté un million de frais
à la masse, ce syndic est dans l'incapacité de fixer son
passif, de récupérer son actif, et son secrétaire
est découvert volant des titres...
Les Corses rivaux
Le conseiller Warrain a
présidé les débats de l'affaire Weiller avec
brutalité. II est vrai qu'il avait fort à faire pour
pallier aux incidents personnels qui ne cessèrent
d'éclater entre Me Campinchi et Me de Moro-Giafferri. Comme on
sait, tous deux sont Corses, et par surcroît adversaires
politiques, le mariage de Me Campinchi l'ayant placé dans le
parti Landry, qui n'a pas toujours été favorable à
Me de Moro-Giafferri. Une certaine rivalité les désunit.
Ce fut donc entre eux un combat retentissant. Quant au ministère
public, il fut lamentable. M. Gaget réalisa la gageure de
joindre l'insuffisance à la férocité.
Voyez
Lancel !
Mme Weiller ne s'attendait pas
à une condamnation aussi forte. Pour la rassurer, on lui avait
dit : «Voyez Lancel !» M. Lancel, après avoir
bénéficié d'un acquittement qui fit beaucoup
jaser, n'est-il pas resté un des plus notoires
commerçants de Paris? Le jury de la Seine fut moins indulgent
pour la femme évoyée que pour le mari trompé. Les
féministes auraient-elles raison, quand elles prétendent
que la Justice n'est pas égale pour tous ?
suite...
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1932/01/02
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MAIS QUELS SONT LES AUTRES X ?
Après un beau départ
l'autre semaine, l'instruction de l'affaire Weiller-Bouilloux-Lafont a
brusquement ralenti sa course.
Les coups de théâtre
annoncés ne se sont pas produits Les interrogatoires
traînent en longueur. On diffère les confrontations
à grand spectacle que certaines indiscrétions avaient
fait prévoir. Serait-ce l'étouffement ?
— Il n'est pas nécessaire,
confient les initiés, d'imaginer des interventions
supérieures. Ces dilatations soudaines, suivies de compressions
non moins soudaines c'est la manière propre de M. Brack.
Et les initiés ajoutent :
—C'est un excellent juge
d'instruction, qui contrairement à la plupart de ses
collègues parisiens, compte à actif peu de
«gaffes». Mais il n'a pas son pareil pour «resserrer
son sujet...».
Au Palais, la consigne est de se
taire, et journalistes et photographes, si chaleureusement accueillis
aux premiers jours, sont aujourd'hui soumis à une surveillance
féroce.
On attend pourtant, un de ces
quatre après-midi, l'apparition de l'un de ces X...
fantomatiques dont les révélations doivent
déchirer les derniers coins du voile qui masquent encore les
calligraphies de l'aimable Collin-Lucco.
Mais ces X... seront-ils
convoqués, tels des témoins vulgaires, dans le cabinet de
M. Brack-? On en doute.
Déjà, à la
Chambre et ailleurs, de graves personnages mettent la presse en garde
contre le danger de certaines divulgations périlleuses:
— Toute cette histoire,
assurent-ils, a été. démesurément grossie
par les ennemis du régime pour attaquer les officiers du
deuxième bureau. Ce n'est pas le rôle des journaux que de
diminuer le prestige du deuxième bureau à l'heure
même où la France va plaider le dossier des armements
secrets de l'Allemagne!
D'autres, il est vrai, ne vont pas chercher si loin des arguments, et
déclarent tout net:
-Weiller ? Bouilloux-Lafont ? Mais
non. Tout l'intérêt de l'affaire est ailleurs.. Vous ne
voyez donc pas, que c'est une manoeuvre de M. Léon Blum contre
M. Pierre-Etienne Flandin?
Dans les coulisses, politiques, M.
André Bouilloux-Lafont conserve des amis zélés,
amplement ravitaillés chaque matin en munitions oratoires. Il
n'est pas jusqu'à Collin-Lucco qui ne trouve encore des
défenseurs:
—Une victime, entend-ont dire ; et
une victime qui a le rare mérite de ne pas se «mettre
à table..».
Et tout le monde.de tomber d'accord
pour répéter :
—On ne sait encore rien des dessous
de cette affaire. Vous vous en apercevrez quand on se décidera
àconvoquer les X...
Sans oublier cette autre rumeur qui
traversa mercredi la salle des Quatre-Colonnes:
—Ce qu on a raconté
jusqu'à présent, ce sont des enfantillages. Chiappe, qui
est bien placé pour connaître beaucoup de choses, a une
opinion sur l'affaire, une opinion dont il a fait part à son
entourage et qui ne concorde
pas avec celle de M. Brack... Détail invraisemblable — est-il
besoin de le dire?
Collinades
Ce Lucien Collin qui
commença sa carrière en vendant aux naïfs des wagons
de tabac et de charbon inexistants, puis la continua en cédant
à la Serbie dix mille fusils purement hypothétiques, et
qui la couronne, en ce,
moment, dans l'affaire de l'Aéropostale, est vraiment une
canaille de grand talent. Il se reconnaît faussaire, soit. Mais...
...D'abord, il a «mis dans le
bain» M. Bouilloux-Lafont en jurant ses grands dieux que celui-ci
avait été l'inspirateur de toutes ses manoeuvres.
Ensuite, en maintenant que toutes les pièces n'étaient
pas fausses, il a forcé le juge d'instruction à faire
examiner de près la comptabilité de M. Paul-Louis
Weiller. Puis, en insinuant que M. Portais, directeur de
l'Aéropostale, était comme lui-même un agent du
deuxième bureau et
que tous les documents en litige avaient été transmis
à notre Etat-Major qui les aurait gardés pour lui, il a
mis en cause le général Weygand et contraint le
ministère de la Guerre à un démenti officiel.
...Accessoirement, Serge Lucco,
dans une lettre à M. Brack, a révélé des
agissements, vrais ou prétendus, de Mme Hanau et de M. Merle. Bref, son jeu est de mettre le plus de
monde possible «en cause».
Pourquoi?
On connaît ce fameux
communiqué officiel par où le ministère de la
guerre —ou plus exactement le deuxième bureau— dément le
rôle qui lui a été attribué dans l'affaire
de l'Aéropostale et tente de rejeter toutes les
responsabilités sur le commissaire Faux-Pas-Bidet, des
renseignements généraux... et qui appartient d'ailleurs
également au deuxième bureau.
Ce Bidet a bon dos.
...Mais on demande pourquoi certain
général, directeur du cabinet militaire de M.
Paul-Boncour, a si brusquement remis ses fonctions au ministre de la
Guerre, il y a une quinzaine de jours... et justement à la
veille de l'ouverture de
l'affaire Collin ?
J'ai la migraine
M. de Lubersac manifesta au cours
de son interrogatoire, de l'autre vendredi un tel énervement
qu'une migraine s'ensuivit bientôt et qu'il déclara qu'il
n'ajouterait pas un mot avant d'avoir pris deux cachets d'aspirine. Son défenseur. Me
Addé-Vidal, s'en fut donc immédiatement requérir
le verre d'eau traditionnel et les cachets au vestiaire de l'ordre. Aussitôt, ses confrères
l'entourèrent:
—Qu'est-ce que tu as, mon vieux, tu
es malade?
—Non, non: c'est mon client.
M. de Lubersae est en effet assez
malade...
Le successeur
Tandis que M. Bouilloux-Lafont
s'explique avec le juge d'instruction, la liquidation de ses affaires
se poursuit dans le somptueux local de l'avenue Friedland, construit
pour abriter à la fois l'Aéropostale, le Crédit
Foncier du Brésil, la Banque Bouilloux-Lafont, etc..
Les employés de ces
sociétés, toutes ébranlées par là
tornade, occupent en effet toujours les lieux bien qu'ils aient
été loués à quelqu'un qui paye son loyer
sans se presser de s'installer. Cet insouciant locataire passe
pourtant pour être un peu touché aussi par la crise,
puisqu'il n'est autre que... M. François Coty qui a
décidé depuis le début de l'année
d'installer là ses services financiers! et la suite
Du travail pour Hitler
On a toujours le droit de maudire ses juges et M. André
Bouilloux-Lafont, qui s'est pourvu en cassation, a, sans doute, celui
d'affirmer qu'il a été injustement condamné par la
Cour d'assises de la Seine à un an de prison avec sursis pour
complicité d'usage de faux. Mais il dépasse la mesure
lorsqu'il répand ou fait répandre les bruits suivants:
-Tous les journalistes judiciaires qui ont rendu compte de son
procès ont été achetés par M. Paul-Louis
Weiller, qui a rempli leurs poches avec des passages gratuits pour
Prague sur les avions de la C.I. D. N. A. Quant au jury, il
était évidemment composé de coreligionnaires de M.
Weiller et c'est un «Verdict juif» qu'il a rendu contre un
chrétien.
Voilà ce que raconte ou fait raconter M. Bouilloux-Lafont. Un de
ses interprètes aurait même ajouté:
Après ce verdict sémitique, la France est perdue si elle
ne rencontre un Hitler pour la sauver ! Bouilloux-Lafont va un peu fort
: ne disons rien de plus.
Un qu'on ne verra plus
M. André Bouilloux-Lafont s'est pourvu en cassation contre
l'arrêt de la Cour d'assises de la Seine qui l'a condamné
à un an de prison avec sursis pour complicité d'usage
dé faux.
A Me Labbé, avocat à la Cour suprême, de rechercher
maintenant les cas de nullité» qui peuvent se
trouver dans la procédure d'un débat qui s'est poursuivi
pendant
dix jours, au milieu des plus vifs incidents. Encore que les défenseurs, de M. Bouilloux-Lafont
aient négligé d'en prendre acte au cours du procès, il est
probable que ces «cas de nullité» doivent être nombreux car le Conseiller Texier, qui occupait le fauteuil présidentiel, complétement
débordé, a commis mille et une fautes. Et si l'adroit greffier Wïlmès n'a pas tout régularisé dans le procès-Verbal, Me Labbé aura beau jéu. Quoi qu'il en soit, une chose est certaine: c'est que le conseiller Texier ne présidera plus les assises. Nevermore, comme disait Poe : nous ne le reverrons jamais plus !
Un
avis autorisé
Dernier écho du
procès des faux de l'aviation. On sait maintenant ce que
Picherie à dit à son avocat, Me Maurice Guerrier, en se
penchant vers lui par dessus son box, tandis que le président
Texier, en plein désarroi, bafouillait éperdument.
Picherie qui, on le sait, est un spécialiste du «chantage
à l'attentat à là pudeur» est un
habitué des enceintes de justice. De nombreux procès,
suivis de nombreuses condamnations, lui ont permis d'apprécier
l'autorité et le savoir-faire des magistrats. Picherie
est un connaisseur. Considérant le président Texier qui
«nageait» pitoyablement et dont l'embarras eût
tiré des larmes aux plus insensibles, Picherie, charitable,
disait à Me Maurice Guerrier:
-Le malheureux! J'aime mieux
être à ma place qu'à la sienne!
1933/01/07
L'affaire
de
l'Aéropostale
source
M. Painlevé est malade et
n'a pu venir témoigner au procès de
l'Aéropostale.On l'en à facilement excusé.
L'aviateur Mermoz est parti pour Natal. On comprend fort bien qu'il ne
pouvait retarder son voyage. D'autres
départs
de
témoins s'expliquent moins facilement et d'autres, maladies
apparaissent plus diplomatiques. Enfin l'on a trouvé
fâcheux, dans cette affaire où il est constamment question
de la police secrète et
du
2e Bureau que MM. Perrier,
directeur des Renseignements généraux et le colonel
Laurent, chef du 2e Bureau, vinssent justement d'être
envoyés en mission, à la veille des débats.
Il est vrai que la
déposition du colonel Laurent eût, sans doute,
été assez peu, instructive. On sait que le
général Weygand, vice-président du Conseil
Supérieur de |a Guerre lui avait remis les fameux documents Bouilloux-Lafont en le chargeant
d'une «enquête discrètes avec secret absolu».
Mais a ajouté Je général Weygand, à
là barre, ce disant j'avais outrepassé mes droits.
J'avais oublié, en effet, que le colonel Laurent dépend
directement de l'état-major et le général Gamelin
lui, a prescrit de faire son devoir... c'est à dire de ne rien
faire. Tout commentaire affaiblirait le comique, profondément
militaire, de cette déclaration.
Nuance
Ou sait que M. André Tardieu
a enrichi d'une pièce l'album de documents faux
collectionnés par M. Bouilloux-Lafont. Il s'agit de la lettre,
apparemment signée de M. Weiller et qui paraissait
compromettre M. Renaitour député de l'Yonne et adversaire
politique, dans le même département, de M. Flandin, qui
faisait partie du Cabinet Tardieu. ..,
Dans quelles conditions, l'ancien
président du Conseil remit-il cette pièce apocryphe
-c'était, comme les autres, un faux de Lucco!-à M.
Bouilloux-Lafont?
L'accusé a
déclaré:
-M. Tardieu m'a dit: «Ce que
vous me racontez ne m'étonne pas de Weiller. Tenez! J'ai
là un document qui vous expliquera ma pensée.» Et
il ma remis la lettre Renaitour.
A la barre, M. Tardieu a
affirmé, au contraire, qu'il avait confié la lettre
Renaitour à M. Bouilloux-Lafont comme un élément
de vérification de son dossier.
Réciprocité
Vantant sa carrière d'espion
au service du 2e Bureau, Jean de Lubersac s'est écrié:
—J'ai servi, pendant la guerre,
sous les ordres de M. Faux-Pas-Bidet, chef du Service des
renseignements en Russie et en Sibérie. Lorsqu'il a
été mis en prison, je l'ai remplacé.
—L'ingrat M. Faux-Pas-Bidet n'a
jamais rendu à Lubersac sa politesse, murmura Géo London.
Fournisseur
Quelle consommation de faux se fait
à notre époque! Ce procès de l'Aéropostale
aura prouvé que Luçço en a fait tenir a M.
Bouilloux-Lafont, à M. Paul-Louis Weiller, au 2e Bureau,
à M. Tardieu, président du conseil, ministre de
l'Intérieur, au ministère de l'Air.
Comme d'autres, il aurait pu
s'intituler «Fournisseur des grandes sociétés et du
Gouvernement»
L'affaire
de
l'Aéropostale
vient aujourd'hui devant les assises de la Seine source
1933/03/20
C'est aujourd'hui que va s'ouvrir
devant les assises- de la Seine le procès de
l'Aéropostale.
On connaît cette affaire
pleine de faits scandaleux, non seulement à la charge des
Bouilloux-Lafont, grands maîtres de l'Aéropostale, mais de
la firme adverse Gnome et Rhône, et du 2e bureau de
l'état-major.
On n'a pas oublié comment
Maurice Bouilloux-Lafont, dans sa lutte contre P.-L. Weiller (de Gnome
et Rhône), fut appuyé ou manoeuvré par le 2e
bureau, en liaison avec le ministère de l'air, et comment la
recherche de l'origine des faux documents dont s'armait
Bouilloux-Lafont mit en-cause une série
d'intéressants personnages. Faux-PasBidet, espion
célèbre, de Lubersac, agent coté du 2e
bureau, Lucco et Picherie, coquins de second plan, tout ce
personnel taré de la République, fut traîné
sur la place publique. Alors que le parti socialiste fit de l'affaire
une machine de guerre contre le seul Flandin, d'ailleurs, franc coquin
nous avons étalé aux yeux des prolétaires la
pourriture du régime tout- entier. Le procès qui s'ouvre
en sera de nouveau, l'occasion.
Les
deux
grâces
Deux femmes seulement ont
été entendues dans ce procès des faux de
l'aviation : Mlle Alexandra, mannequin, amie de Lucco et
Mlle Yvette Laurent, ancienne reine des Six-Jours. ....
Luné blonde
—peut-être Oxygénée — et 1 autre brune, elles sont toutes deux fort
belles filles. Elles n'ont,
ni l'une ni l'autre,froid
aux yeux. Contre vents et
marées,
malgré les interruptions des avocats, malgré
les adjurations d'André Bouilloux-Lafont elles ont maintenu leurs
affirmations et n'ont pas
dévié d'un pouce
de ce qu'elles avaient dit à l'instruction. Des courageuses!... Et qui nous changent de
certains témoins vacillants, qui appartiennent pourtant au sexe
dit fort.
Ironies
Le bâtonnier Raoul Rousset,
qui a soixante-dix-huit ans
et porte des favoris en
côtelette comme on faisait sous Louis-Philippe, a encore bon
pied et surtout bon oeil.
Dans sa figure mobile ses
yeux pétillaient de malice lorsqu'il plaidait pour son client,
M. Paul-Louis Weiller.
Non seulement il trouva contre
André Bouilloux-Lafont
et
ses amis des arguments
d'une criante apparence
dé
vérité, d'une logique impeccable et d'un enchaînement parfait, mais
encore, il lés accabla d'ironies.
C'est ainsi qu'il dit notamment:
— Dès que le
caractère apocryphe du «bordereau de la Sûreté
générale» fut découvert, il fut
remplacé par un autre
faux
dans le dossier des
Bouilloux-Lafont et M.
Portais, directeur de
l'Aéropostale qui a mis aujourd'hui les Pyrénées
entre lui et nous (c'est curieux: il y a encore des
Pyrénées, pendant les sessions d'assises !) se chargea de le cacher... dans un
chandelier. Le
bâtonnier Raoul Rousset
prit un temps et ajouta:
— On ne me persuadera pas que
ce chandelier était fait
pour
éclairer l'affaire ! .
Désarroi
et
flegme
Le président Texier a
totalement manqué d'autorité, au cours du procès des faux
de l'aviation. Il a laissé le réactionnaire
député
Henriot développer, pendant une heure, une interpellation
calomnieuse contre M. Paul Painlevé,
absent
de
l'audience, sans trouver un mot pour le rappeler à l'ordre.
Il fallut que l'avocat général Siramy et Me Charles Bonnet, avocat
de M. Weiller, s'en
chargeassent à sa
place. A une audience
précédente il avait, de même, permis a M. Jacques-Louis Dumesnil de
produire un plaidoyer pro
domo, peut-être
admissible, mais réellement intérminable.
Cependant,, M. Edouard Herriot attendait dans la malodorante Salle des
témoins, le moment
de passer à la barre. Sur l'intervention d'un de
ses assesseurs, le président Téxier finit par
penser à l'attente de M. Herriot et il envoya un huissier l'excuser
auprès de l'ancien président du Conseil, «M.
Jacques-Louis Dumesnil étant un peu long.» "
_Ce n'est rien,
répondit
paisiblement M, Edouard Herriot,
en
bourrant sa pipe. Je
puis attendre. J'ai encore du
tabac.
Confidence
Maintenant que
le procès des faux de l'aviation est terminé et que les
jurés, dans la sérénité de leur conscience ont rendu
leur verdict, nous pouvons bien révéler une confidence, que M. Emmanuel
Chaumié, partie civile
a
faite à l'un de
ses amis.
- Oh sait quel calvaire a gravi,
pendant de longs mois, le
directeur de
l'Aéronautique marchande, accusé de corruption au moyen de documents
faux qu'André Bouilloux-Lafont
colportait,
de
ministère en ministère, sans vouloir les laisser
à ses interlocuteurs.. Une atmosphère de
défiance et de suspicion entourait M. Emmanuel Chaumié et les meilleurs
camarades en respiraient les miasmes.
Le
malheureux
fonctionnaire écrivait lettres sur lettres à son ministre pour
demander qu'une enquête fût ouverte sur son cas.
Cependant, il s'efforçait de prendre son mal en patience, en
attendant que sonnât l'heure
de
la justice.
— Mais ma femme, a-t-il
déclaré à un confident ne l'entendait pas de cette oreille.
Elle m'a souvent dit qu'elle
avait
envie d'aller
brûler la figure à Bouilloux-Lafont. Voilà qui
eût corsé le procès I