A propos de l'aéroport Jacarepagua.

Jacarepaguá Airport est situé dans le centre de Jacarepaguá, sud-ouest de la ville de Rio de Janeiro, à environ 30 miles du centre, limité par l'océan Atlantique et les masses rocheuses de Pedra Branca et Tijuca. L'aéroport est délimitée au nord par un lac, au sud par une zone de réserve biologique de la ville de Rio de Janeiro (Bosque da Barra) et dans l'est et l'ouest par des terres.
En 1927, l'Aéropostale de Marcel Bouilloux-Lafont, créé pour ses avions une base à Afonsos, et y construit un hangar.
Le terrain d'Afonsos était souvent entravée par le brouillard, et les vols seront effectués à très basse altitude, razant quasiment le long de la côte et probablement sur la mer. Selon les conditions météorologiques il était difficile de traverser la Sierra existant dans la zone étudiée, pour atteindre les Afonsos.
C'est alors que naquit l'idée d'un champ auxiliaire (aujourd'hui l'aéroport Jacarepaguá). Le site, cependant, était distant et l'accès par le Nord très difficile. Pour traverser le lac au nord pour atteindre le terrain,
les Français utilisaient  un hydro-glisseur.
Pendant de nombreuses années, ce terrain a reçu l'Aéropostale (plus tard, Air France, jusqu'en septembre 1944 ?). Pendant de nombreuses années, le terrain a été utilisé par la Force aérienne brésilienne pour la formation des cadets, officiers et aviateurs.




Agrandir le plan


Jacarepaguá · "yacare upa kua," La vallée des alligators.

Raymond Vanier écrit:
-Sur le terrain militaire des Affonsos nous disposions d'un hangar et de deux bâtiments : atelier et magasin. Prévoyant qu'il nous faudrait un jour quitter ce terrain militaire, la société Bouilloux-Lafont  envisageait l'aménagement d'un autre terrain.
La forêt vierge toute proche, les montagnes et les constructions limitaient beaucoup les possibilités, ces impératifs avaient en quelque sorte imposé le curieux et difficile emplacement de Jacarepagua.
Situé sur une île au milieu de marécages, au sud de l'agglomération, on y accédait tout d'abord par la route normale puis par une sente sur laquelle avait été construite une voie Décauville et enfin en barque à rames ou par hydroglisseur à fond très plat assez grand pour transporter rapidement personnel et courrier.
Nous substituâmes au moteur d'origine trop faible de cet hydro un 300 CV Renault et nous eûmes alors un engin de course à utilisation onéreuse. Il ne servit guère qu'à la relève du personnel radio assurant le fonctionnement de l'important poste édifié pour les communications intercontinentales de la compagnie.
Cette base n'allait être que rarement utilisée, les serpents y étaient nombreux et les "jacarés ", crocodiles de petite taille, émergeaient de la lagune au passage de l'hydroglisseur. Seuls deux ou trois avions en difficulté se posèrent à Jacarépagua pendant la révolution de 1932.

-Malgré toutes les précautions prises ces dangereux reptiles arrivaient à s'introduire partout, ainsi à Jacarepagua on avait pu voir un matin un sucuru émerger du tube soutenant la manche à air au faîte d'un hangar. Comment avait-il pu se hisser jusque-là? Mystère!
Par contre il n'y avait pas eu de risques avec le boa long de six à sept mètres que les ouvriers du chantier de construction avait découvert un matin lové, endormi et repu au fond d'un grand trou triangulaire destiné à édifier les fondations d'un magasin. Vite, profitant du sommeil de ce monstre, on avait recouvert le trou d'un treillage métallique épais et de madriers entrecroisés. Personne, bien entendu, ne passait à proximité sans aller contempler ce curieux captif dont les mouvements faisaient s'envoler d'un arbre à l'autre des dizaines de perruches multicolores et jacassantes.


Raymond Vanier
Un vol vers RIO
Le pilote, ce jour-là, fut Camille Sautereau et si tout se passa bien, il n'en alla pas de même au voyage suivant. En effet, les choses se compliquèrent, au moment du retour sur Rio: Sautereau vit arriver quatre femmes chargées de troncs d'arbres humides et de forme particulière. Elles voulaient prendre place dans l'avion pour rejoindre leur ami le bagnard; ces quatre femmes étaient des lavandières qui d'ordinaire lavaient le linge juchées à cheval sur de gros troncs d'arbres flottant au bord de la lagune.
Sautereau eut bien de la peine à leur faire comprendre qu'il ne pouvait les emmener et, de retour à Rio, il me demanda à changer de secteur durant quelques semaines afin d'échapper à ces solliciteuses...
Le ciel, pourtant constellé d'étoiles, ne parvenait pas à éclairer la nuit. Sans doute le machiniste céleste était-il jaloux de notre activité, peut-être craignait-il qu'elle ne bouleverse son décor. Toujours est-il que ce voile opaque allait rendre plus périlleuse la mission de l'avion-courrier en route vers le nord.
Le calme de cette nuit tropicale n'était que trompeuse apparence. L'atmosphère surchargée d'électricité était traversée de décharges pareilles à un bombardement colossal qui empêchaient toute lecture au son. Les trois quarts des mots lancés de l'avion échappaient aux oreilles exercées autant qu'acharnées des opérateurs.
Plus de mille kilomètres entre les stations de Florianopolis et de Rio de Janeiro, c'était trop pour les ondes longues et la station intermédiaire de Santos restait muette parce qu'elle était aux mains des troupes révolutionnaires.
N'ayant pas la possibilité d'un atterrissage à Santos, car il eut signifié la captivité et I'arrêt des quelque dix mille lettres transportées, l'avion avançait en aveugle.
Il faisait noir, très noir là-haut pour le pilote qui tentait de poursuivre sa route. A droite la mer, à gauche les montagnes et les sierras envahies par la forêt vierge dont les arbres hauts de vingt à trente mètres prennent racine en bordure du rivage. Pas d'horizon, une forêt sombre comme la nuit, une eau tout aussi opaque et l'air surchargé de vapeur confondant tout.
Quelques phares, bien sûr! De minuscules feux côtiers à peine bons pour les pêcheurs mais qui n'étaient pratiquement d'aucun secours pour les pilotes puisqu'il fallait savoir où ils étaient pour les trouver. Le plus souvent, c'était à un contour de la côte que nous reconnaissions leur emplacement et, parce qu'alors nous regardions sous nous ou en arrière, nous les découvrions.
Tout cela évidemment, toutes ces embûches, tous ces problèmes faisaient partie des sacrifices librement consentis pour que vive la ligne, cette ligne exploitée avec un matériel trop ancien, ne pouvant plus soutenir la comparaison avec celui de nos concurrents américains ou allemands. Seules, la foi et l'abnégation des hommes palliaient ce handicap et assuraient la réussite.
Depuis plus de deux heures Couret volait dans cette obscurité; il ne se sentait pas à l'aise, il sentait le péril rôder autour de lui.
Brusquement, sans que rien l'eùt fait prévoir, la brume fut présente et l'avion se trouva au sein d'un gros nuage, gris comme tout le reste. Vite il fallut descendre, voler sans autre contrôle que le compas, redouter le spectre menaçant des montagnes que l'appareil alourdi par la charge d'essence et privé de guidage ne pourrait peut-être pas éviter. Vouloir continuer, n'étaitce pas une folie!
Déjà Couret avait réussi à se faufiler sous la nappe de brume, il se maintint à une cinquantaine de mètres au-dessus des brisants qui lui jalonnaient la côte et ne songea pas à revenir en arrière; la région parcourue était favorable aux formations brumeuses. Et puis, il y avait l'espoir qu'il ne s'agissait là que d'un nuage isolé, car, par instants, le ciel réapparaissait mais toujours gris laiteux et très sombre.
Une heure s'écoula ainsi, très longue. Vers minuit, le radio Néri tendit à Couret par-dessus le capot un papier avec ces mots : " Ça ne passe pas. " Rien, pas la moindre indication de temps ou de route à espérer.
A travers éclaircies et nappes, Couret avait pu reprendre une altitude de quatre cents mètres, mais bientôt les nuages accumulés l'obligèrent à redescendre, à voler au ras de l'eau en suivant la côte et en évitant les masses soudaines des rochers élevés.
Tout était danger dans cette progression aveugle un cap, une pointe, une île, un arbre. Aux rochers escarpés succéda une bande de sable parallèle à la mer, dunes ou lagunes d'où les eaux s'étaient retirées. Puis la terre fit défaut; Couret comprit qu'il traversait le rio Paranagua, ce fleuve boueux dont les rives jouent à cache-cache entre les racines des palétuviers. Au milieu, des îles émergent; trois à quatre kilomètres d'eau à franchir pour rejoindre la plus grande en se dirigeant au compas.
Couret en connaissait les rives basses, il espéra les atteindre sans encombre. Un coup d'oeil jeté à la hâte sur la carte lui indiqua un phare dans la région; il le chercha, le découvrit enfin et cette lueur insignifiante que seul un oeil exercé pouvait reconnaître fut le repère vers lequel il se dirigea.
Mais ce repère dépassé, Couret retrouva le noir absolu; sous lui des nappes basses et lourdes semblaient ramper sur le sol dur ou humide et toujours invisible.
"Le phare!", pensa Couret en virant brusquement et dans l'opacité hostile il souhaita cette faible lueur. Par chance, il la redécouvrit et tel un gros papillon il frôla de ses ailes la lumière réconfortante.
"Je ne peux continuer à frôler ainsi les rochers et les vagues!"
En effet, c'était jouer avec la mort; aussi, quand une ligne plus claire se présenta devant lui, Couret ferma les gaz, coupa le moteur. Presque immédiatement les roues touchèrent le sol mou de la plage, ressautèrent, roulèrent jusqu'à l'arrêt brutal; la queue de l'appareil se leva puis retomba lourdement.
Un tronc d'arbre avait bloqué le train d'atterrissage mais les coffres arrières lourdement chargés venaient d'empêcher l'avion de capoter; toutefois le fuselage s'était rompu, les cordes à piano avaient cédé et les tubes s'étaient disjoints. Impossible de repartir!
Là-bas, une lueur indécise, une masse noire, un vieux fort portugais avec sa tour basse et crénelée au sommet de laquelle la sentinelle effrayée n'osait plus bouger.
Sur le pas de la porte, tout harnaché, le lieutenant qui commandait le détachement fut bientôt rejoint par ses hommes qui arrivèrent en courant avec fusils et cartouches. Tous croyaient qu'un avion des révoltés de Sào Paulo était venu pour les bombarder ou les faire prisonniers.
Après quelques minutes d'une conversation à distance, le lieutenant comprit qu'il avait affaire à des étrangers. Les craintes se dissipèrent et la situation s'éclaircit tout à fait lorsqu'il eut reconnu l'avion postal. De belliqueux, les soldats devinrent serviables et compatissants.
- Nous disposons d'une barque. Dès le jour nous irons à Paraguana porter le message que vous voudrez bien rédiger. il avait bien distingué les émissions des postes qui demandaient de leurs nouvelles, mais il était lui-même réduit au silence, car d'infructueux essais d'émission avaient déchargé ses accumulateurs.
Salvador de Bahia source