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Année de parution
1930(10)-1931(8)-1932(5)-1933(10)-1934(2)


CETTE PAGE POUR COMPRENDRE
Le roman historique sur l'Aéropostale est un mauvais genre: il trompe l’ignorant, il dégoûte l’homme instruit, il gâte l’histoire par la fiction et la fiction par l’histoire.
Peut-on écrire des romans historiques?  Françoise Chandernagor


1930/01 *page 21. LA POLITIQUE DE L'AÉRONAUTIQUE MARCHANDE FRANÇAISE JUGÉE PAR LES ALLEMANDS (Extraits de la Revue aéronautique allemande «Luftwacht»).
— La politique aérienne française, écrit cette Revue, a obtenu une série de succès ces derniers temps dans l'Aéronautique marchande. Après un travail d'organisation de plusieurs années, après des négociations diplomatiques laborieuses, et grâce â une allocation considérable de crédits de l'Etat, on parvint enfin à établir le 1er mars 1929, entre la France et l'Amérique du Sud (Buenos-Ayres), une ligne aérienne directe, qui n'est interrompue que sur le parcours maritime Dakar-Natal, effectué à l'aide d'un service de bateaux rapides. Peu de temps après, on put observer une nouvelle extension du réseau aérien français sur le continent sud-américain. C'est ainsi que fut créée une liaison aérienne française entre l'Argentine et le Chili {Buenos-Aires-Santiago) et entre l'Argentine et le Paraguay (Buenos-Ayres-Assomption). Il s'agissait ensuite de consolider la position conquise et de bâtir. La France entreprit alors, dans ce but, des négociations avec le Gouvernement du Chili, afin d'obtenir la concession du transport dé la. poste chilienne vers les autres États de l'Amérique. Ces négociations ont abouti, il y a quelques semaines, à une issue favorable.
Le Gouvernement Chilien a accordé à la Compagnie de Navigation aérienne française «Aéropostale», tout d'abord pour une durée, de cinq ans. la concession du transport de la moitié du courrier postal à destination de la Bolivie, du Pérou et de l'Amérique du Nord. Cette concession constitue sans doute la base d'une nouvelle extension du réseau aérien français sur le continent américain, et a côté de l'obligation qui incombe à l' «Aéropostale» d'organiser, notamment dans un délai de neuf mois, une liaison aéropostale entre le Chili et la Bolivie, la France pourrait, vraisemblablement, dans un avenir proche, entreprendre avec l'Amérique du Nord l'organisation d'une liaison aérienne. Pour le moment, on ne peut certainement pas encore voir ce que la France fera en présence des efforts de la «Pan American Airways Inc.», cette grande Compagnie de navigation aérienne américaine qui travaille avec le plus grand appui du Gouvernement, des Etats-Unis et, dont le principal but est de mettre la main sur tout le trafic aérien de l'Amérique du Sud. Quoi qu'il en soit, les succès déjà obtenus par la politique aérienne française dans l'Aéronautique marchande, doivent être considérés comme très remarquables. Si la France réussit à réaliser tous ses projets aéronautique en Amérique et en Asie, et si elle met, en service la ligne aérienne en préparation avec l'Afrique Centrale et, Madagascar, elle disposera alors du réseau aérien le plus grand parmi ceux de tous les autres Étals d'Europe.

*page 22. L'ORGANISATION DES SERVICES SUD AMÉRIQUE. — On connaît le but que poursuit la Lufthansa en ce qui concerne l'exploitation d'un service aérien vers l'Amérique du Sud, par Séville, les Îles du Cap Vert, le Brésil. Les milieux aéronautiques des États-Unis portent un vif intérêt à l'entreprise de la Deutsche Lufthansa. Ils estiment que la question la plus difficile à résoudre sera celle qui a trait à l'accord avec la Compagnie Aéropostale en ce qui concerne le droit d'atterrir aux Îles du Cap Vert. Un tel arrangement est essentiel, dit-on aux Etats-Unis, pour mener à bonne fin l'organisation du service allemand. Mais étant donné l'exclusivité obtenue par les Français, en ce qui concerné les lies du Cap Vert, il ne semble pas qu'une solution soit aisément obtenue. Le «Berliner Westen» a récemment consacré un long article à cette question:
«Le Portugal a accordé, à la Compagnie Française de Navigation Aérienne Aéropostale un monopole de trente ans pour l'exploitation de lignes aériennes entre Lisbonne et les archipels portugais dans l'Atlantique. Le monopole doit sans doute être considéré comme un avantage pour la France dans la lutte en vue de l'établissement d'un service aérien transatlantique vers l'Amérique du Nord et l'Amérique du Sud.
«Par contre, le fait que deux des points d'escale les plus importants d'une ligne aérienne transatlantique soient perdus pour d'autres, en particulier pour les entreprises allemandes, est tout à fait regrettable. «Dans les milieux aéronautiques allemands, on considère que les Açores, en tant que point d'escale vers l'Amérique du Nord, doivent être utilisées au même titre que les Îles du Cap Vert sur la route vers l'Amérique du Sud.
«Même si l'Aéropostale a obtenu un monopole pour les lignes aériennes à l'intérieur du territoire portugais, le Portugal ne peut cependant, en aucun cas. interdire aux autres Compagnies l'usage des aérodromes situés dans les Îles des archipels.
«La création de lignes aériennes transatlantiques partant de l'Espagne ou d'un autre pays d'Europe, doit être rendue possible, même avec l'utilisation des points d'escale portugais, malgré le monopole français.»



1930/02 Irlande
LIAISON AEROPOSTALE AVEC LES PAOUEBOTS DE LA LIGNE EUROPE-AMÉRIQUE.
— Les Compagnies de Navigation Maritime Anglaises portent un vif intérêt à la question de la liaison aéropostale entre les paquebots et les Centres Economiques importants. C'est ainsi que les premiers essais d'une liaison entre Londres et, le port, irlandais de Calwav, où passent les paquebots de la ligne Europe-Amérique, ont eu lieu ces jours derniers.
LE SERVICE POSTAL EUROPE-PERSE. — Les pourparlers engagés outre les Administrations des Postes de Perse et, de l'Irak, avec la Sociéié JUNKERS, ont conduit à un accord d'après lequel les avions Junkers transporteront vers la Perse la poste de l'Irak, ainsi que la poste européenne qui sera délivrée à Bagdad par les avions de l'Impérial Airways Ltd.
Une liaison aéropostale sera ainsi établie entre l'Europe et la Perse. Après la conclusion de cet accord, une nouvelle liaison aérienne ranide entre l'Eurone et la Perse, en dehors de celle passant actuellement par la Russie, a été établie.


1930/03 *page 24. États-Unis L'EXPANSION DES ÉTATS-UNIS VERS L'AMÉRIQUE DU SUD. — La presse américaine évoque certaines difficultés qui se sont élevées à l'occasion de l'inauguration d'une ligne aérienne entre New-York et Buenos-Ayres. Il s'agit, en l'espèce, des Îles de la Guadeloupe et de la Martinique, ainsi que de la Guyane française. Si la France, dit-on, refuse l'autorisation de survoler les territoires indiqués ci-dessus, les avions américains seront contraints de contourner les Îles et de déborder la limite des eaux territoriales (3 milles) de la Guyane anglaise. En juin dernier, le Gouvernement des États-Unis avait proposé à la France un accord de réciprocité ayant trait aux brevets de pilote et aux certificats de navigabilité. Washington fut avisé officieusement que la France serait, favorable à cette proposition, à condition que les lignes américaines exploitant les services entre les Etats-Unis et l'Amérique du Sud consentent à établir les aérodromes entre Cayenne (Guyane française) et Natal (Brésil), et à autoriser la Compagnie Française Aéropostale à les utiliser. La Compagnie New-York-Rio-Airline trouva que l'acceptation de ces propositions serait trop onéreuse. Pendant ces négociations, le "Stade Department" apprenait officieusement, que la France n'avait aucun intérêt à conclure un accord de réciprocité mais qu'elle autorisait temporairement les Américains à atterrir à Cayenne. Cette permission, qui expirait le 20 décembre, n'a pas été renouvelée. Plus tard, la Compagnie Aéropostale entama des négociations afin de pouvoir utiliser sans frais les aérodromes de la ligne New-York-Rio, mais le Gouvernement des Etats-Unis n'avait aucun pouvoir pour inviter les Compagnies privées à prendre une semblable mesure. A l'heure actuelle l'affaire est en suspens. à moins que le message que vient d'envoyer l'Ambassade française n'éclairisse la situation. On croit savoir cependant que cette communication ne signale aucun changement, dans l'altitude adoptée par le Gouvernement français. Le New-York Herald du 9 février, signale qu'une tentative d'accord est sur le point d'aboutir, et que ce n'est plus qu'une question d'entente entre la Pan-American Airways et l'Aéropostale. Une expérience va être tentée le 15 février: des avions quitteront Miami (Floride) et Santiago (Chili) en même) temps afin de relier Buenos-Ayres et Rio de Janeiro aux États-Unis par la côte de l'Océan Atlantique. Bien que la situation actuelle soit incertaine, la nouvelle ligne aérienne n'en sera pas moins inaugurée au jour dit. Toutes les Compagnies américaines désirent cependant, qu'un accord s'établisse avec la France par suite de la nécessité dans laquelle des avions peuvent se trouver d'atterrir dans la région inhospitalière qui s'étend entre les Guyanes et Natal. Il est évident, ajoute la presse américaine, que les deux parties désirent vivement qu'un arrangement intervienne entre elles, et leurs efforts réciproques permettent d'espérer qu'on en verra bientôt la conclusion.


1930/04 *pages 23 & 24. OPINION ALLEMANDE SUR LA CONVENTION DE LA COMPAGNIE GÉNÉRALE AÉROPOSTALE AVEC LE PORTUGAL.
— La convention passée en Décembre dernier par le Gouvernement portugais avec la Compagnie Générale Aéropostale et concédant pour une durée de 30 ans, à cette dernière, le droit exclusif d'exploiter des lignes aériennes entre le Portugal et ses Colonies et d'utiliser les aérodromes portugais et les îles portugaises de l'Atlantique, a provoqué un vif mécontentement en Allemagne. Le Berliner Tageblatt du 19 février, dans un article de M. Hans Th. JOËL, son correspondant à Madrid, fait remarquer que, grâce à cette concession, la France croît être devenue seule maîtresse de l'air au-dessus de toutes les possessions portugaises et avoir obtenu le monopole du trafic aérien transocéanique entre l'Europe et l'Afrique ainsi qu'entre l'Europe et l'Amérique. Cette convention qui n'a pas encore force de loi est l'objet de protestations diplomatiques de la part de l'Ambassadeur des Etats-Unis au Portugal. Il serait également logique que toutes les autres puissances se joignent à cette démarche. Le Berliner Tageblatt déclare qu'à la rigueur, on pourrait se passer des îles du Cap Vert pour un service avec l'Amérique du Sud, car il serait possible d'effectuer en une seule étape la traversée entre les îles Canaries appartenant à l'Espagne et l'île Fernando de Noronha, située à 300 km de la côte brésilienne. Par contre, les îles Açores seront pendant longtemps d'une importance  capitale pour l'exploitation d'une ligne à travers l'Atlantique Nord. Cette convention, qui prévoit que la Société concessionnaire devra fournir tout le matériel volant, installer des ports aériens et assurer un service régulier avec les Colonies Africaines portugaises, coûtera de lourds sacrifices à la France notamment une somme évaluée â 50 millions de francs-or, que l'Etat français mettra évidemment à la disposition de la Société concessionnaire. Le Berliner Tageblatt considère le contrat de Lisbonne comme une monstruosité, car, d'après lui, l'air est aussi libre que la mer en temps de paix. Jusqu'ici, il n'est venu encore à l'idée d'aucun pays de ne laisser utiliser ses  ports que par les navires d'une seule ligne de navigation maritime. Le journal allemand annonce d'autre part que l'Espagne aurait l'intention d'empêcher ou tout au moins de rendre plus difficile la réalisation des projets franco-portugais en interdisant le survol de la frontière hispano-portugaise, ce qui obligerait les aéronefs à contourner la côte nord-ouest de l'Espagne. Le Berliner Tageblatt conclut qu'il est possible que le Gouvernement portugais, tire des représentations diplomatiques, les conséquences qu'il convient, c'est-à-dire qu'il ne publie pas le texte de la convention, ce qui empêcherait de la mettre en vigueur.
*page24. OUVERTURE PAR LE SYNDICAT CONDOR D'UN SERVICE AÉROPOSTAL AVEC LES PAQUEBOTS TRANSATLANTIQUES ALLEMANDS. Amérique du Sud.
— Un service aéropostal assurant la liaison avec les paquebots, transatlantiques allemands a été inauguré, lé 21 mars 1930, par le Syndicat CONDOR avec le steamer «Cap Arcona». Ce service, qui fonctionnera en collaboration avec la Deutsche Lufhansa, permet aux navires faisant route vers l'Europe, de prendre à leur passage à l'île Fernando-de-Noronlia le dernier courrier postai brésilien transporté dans cette île par les avions du Syndicat CONDOR. Il est probable que le même service sera également assuré à l'île Fernando-de-Norohha pour lé courrier postal à destination du Brésil. La Deutsche Lufthansa prévoit de son côte une liaison aéropostale aux îles Canaries avec les paquebots allemands à destination de l'Amérique du Sud.


1930/06 Publicité Hispano-Suiza


1930/07 Hommage...  Lors du banquet donné par l'Aéropostale  en l'honneur de MERMOZ — manifestation sur laquelle le Caporal TRIM aura l'occasion de revenir — M.BOUILLOUX-LAFONT, parlant des pilotes commerciaux et du martyrologe qui illustrait tragiquement leur carrière, dit : «On ne s'étonne pas que pour atteindre à de tels buts des hommes soient allés jusqu'à faire le sacrifice de leur vie... » Alors en entendit le Commissaire Général des Fêtes de Vincennes dire à haute et intelligible voix: «Bravo !» Les pilotes peuvent s'honorer d'un tel hommage rendu par un connaisseur.

Colombie ACHEMINEMENT DU COURRIER POSTAL A DESTINATION DE LA COLOMBlE ET DE L'EQUATEUR PAR AVION VIA NEW-YORK. —
Le courrier postal aérien a destination de la Colombie et de l'Equateur, qui était autrefois expédie par les paquebots via New-rork jusqu'à Cristonal ou Cartagena, et était remis ensuite à la Compagnie de navigation aérienne Colombo-Allemande «Scauta» (Colombo-Allemande «Scadta» ???), peut maintenant, sur la demande des expéditeurs, être transporté par avion à partir de New-York. Ce courrier est alors acheminé par les lignes aériennes New-York-Miami-Cristobal, Cristobal-Gartagena-BaranquilIa et Cristobal-Buenaventura-Tumaco-Guayaquil, exploitées par les Compagnies nord-américaines. Comme il n'est pas encore possible de transborder ces envois sur les avions des lignes aéropostales de la Scadta, on ne peut expédier de New-York, pour le moment, que les correspondances à destination de Cartagena, Baranquilia, Buonaventura, Tumaco et Guayaquil. Pour les autres localités, il est par contre plus avantageux ue recourir aux lignes aéropostales de la Scadta... 
États-Unis TRAFIC DES LIGNES AÉROPOSTALES DE LA BOEING AIRCRAFT C. — La Boeing Aircraf Company, qui est une des plus anciennes entreprises de transport aérien américaines, a parcouru dernièrement son 16 millionième kilomètre en service régulier. Plus de la moitié de cette distance a été parcourue en vol de nuit par les avions de la Boeing. 16 millions de lettres et 14.000 passagers ont été transportés en une année. Ce nombre relativement faible de passagers provient du fait que les avions mis en service par la Boeing servent surtout au transport de la poste et n'emmenaient jusqu'ici qu'occasionnellement des passagers. Un service régulier pour le transport de ces derniers n'a été organisé que depuis deux ans. Les 16 millions de kilomètres parcourus représentent 3.758 voyages de New-York à San Francisco. Il convient de remarquer que le service a été assuré avec une régularité de 96 %, et les lignes de la Boeing passent en partie à travers les régions montagneuses les plus difficiles à survoler en Amérique du Nord.


1930/08 Un beau geste. Notre camarade REINE, actuellement à la Compagnie Générale Aéropostale, à Rio de Janeiro, a été, cette année, le lauréat du prix annuel des Pilotes de Lignes, catégorie des vols de nuit. Avec une générosité, dont nous sommes profondément touchés, il a réservé le montant de ce prix aux Caisses de Secours de l'Aéronautique, et celle de l'Union des Pilotes Civils vient de recevoir la somme de quinze cents francs. Nous adressons tous nos remerciements à notre excellent  camarade qui, au milieu de la gloire n'oublie pas les infortunes si nombreuses, hélas ! dans l'Aviation.
Paul ARNAUD. Ses obsèques ont été célébrées le lundi 25 août (une crise aiguë d'appendicite)... Démobilisé, il entra à la Compagnie Générale Aéropostale où il fit les premiers vols sur la ligne Casablanca-Dakar. Chargé du courrier postal, il tomba sur les côtes de Mauritanie où, quelques instants après, le pilote GOURP, de l'Aéropostale, ayant mission de le convoyer, venait le prendre à son bord, lui évitant ainsi la captivité chez les Maures. Rappelons que, quelques mois après, GOURP était lui-même victime d'une panne et,  tombé chez les dissidents, était assassiné par eux. Paul Arnaud, ayant quitté l'Aéropostale, entra ensuite comme moniteur dans une école d'aviation qui l'envoya en Chine à Canton. Là, il eut des élèves chinois, réceptionna des appareils, vola sur différents types d'avions étrangers. Il demeura en Chine environ un an et demi ut revint à Metz...   
A la mémoire de LECRIVAIN. Le 24 août, au sud de Mazagan sur un point du la côte situé entre Sidi-Moessa et Dualidia, a eu lieu l'inauguration d'une stèle à la mémoire de LÉCRIVAIN et du radio-télégraphiste DUCAUD, tombés en mer alors qu'ils accomplissaient le trajet Dakar-Casablanca. Une assistance nombreuse s'y était réunit; des allocutions furent prononcées par MM. COMMUMEAUX, contrôleur du la région de Doukkala, Pasquini, au nom du l'Aéro-Club marocain, et ANTOINE, pilote, au nom de  personnel de la Compagnie Générale Aéropostale.
Miguel SAINZ...


1930/09
*page 23. LE SERVICE POSTAL BERLIN-RIO DE JANEIRO PAR CHEMIN DE FER, AVION, HYDRAVION ET PAQUEBOT. — Le «Reischsbote» annonce qu'un résultat remarquable vient d'être obtenu dernièrement par le Service aéropostal allemand Berlin-Rio de Janeiro, que la «Deulsche Lufthansa» assure maintenant régulièrement pour le compte de  l'Administration des Postes allemandes, en coopération avec les paquebots «Cap Arcona» et «Cap Polonio», de la Compagnie de Navigation maritime «Hamburg-Sud» et le «Syndicat Condor». Le courrier aérien à destination de l'Amérique du Sud parti le 8 juillet au soir de Berlin par l'express de nuit de Stuttgart, est reparti le 9 au matin de cette ville par l'avion de transport régulier vers Barcelone; de là, le 10 juillet, par un avion spécial vers Cadix, où il a été transbordé aussitôt à bord d'un hydravion de la «Luft-hansa» et transporté à Las Palmas (Îles Canaries), où le paquebot «Cap Arcona» a pu prendre ce courrier dans la soirée du 10 juillet. Le 15 juillet, le «Cap Arcona» a remis le courrier à son arrivée à l'Île Fernando de Noronha à un hydravion du «Syndicat Condor», qui est arrivé à Rio de Janeiro le 16 juillet. Le courrier allemand a donc mis 8 jours pour aller de Berlin à Rio de Janeiro, ce qui représente un gain d'environ 10 jours sur la durée normale d'expédition vers l'Amérique du Sud. Le «Reichsbote» se croit ensuite obligé d'ajouter: «II convient de remarquer que la Compagnie française Aéropostale, qui dispose d'un parc géant de matériel volant et de bateaux rapides, ainsi que d'un fort appui financier, assure en 10 jours l'expédition du courrier à destination de l'Amérique du Sud.»
N. B. — Cette remarque est elle-même très critiquable, attendu que, la Compagnie française précitée assure régulièrement le transport du courrier- de Toulouse-Buenos-Ayres en 8 jours, et à Santiago-du-Chili en 9 jours.

*page 25. Venezuela UN NOUVEL AÉRODROME A PORT OF SPAIN (Île de la Trinité). — M. Paul VACHET, Directeur en chef de la Compagnie Aéropostale au Venezuela, a obtenu un assentiment verbal, à la suite des propositions qu'il avait faites, en vue de rétablissement d'un aérodrome à Port of Spain, dans l'Île de la Trinité, un des relais d'une route aérienne qui irait jusqu'à la Martinique. La route aérienne du Venezuela à l'Île de la Trinité a dû être ouverte ces jours derniers. Elle sera prolongée jusqu'à la Martinique le 15 novembre.
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1930/11
La Société Lioré et Olivier livre des appareils en tous points irréprochables et tout à fait identiques entre eux... Dans le domaine de l'aviation civile, le «Golden Ray» est l'avion le plus confortable et le plus rapide qui soit en service sur la ligne Paris-Londres. Luxueusement aménagé en avion-bar, il emporte 14 passagers... Très prochainement sortira le Léo II. 27 qui, bénéficiant de la même technique, mais avec une puissance supérieure, aura un poids total de plus de 17 tonnes, et pourra assurer le service de la ligne de la Compagnie Générale Aéropostale entre Dakar et Natal avec 600 kgs de fret payant.
AÉROPOSTALE   quelques repères...
A É R O P O S T A L E 
Le 7 septembre 1918, deux mois avant l'armistice, M. LATÉCOÈRE présentait au Gouvernement français le premier projet de ligne commerciale aérienne devant relier la France a L'Amérique du Sud, en passant par le Maroc et l'Afrique Occidentale Française.
Le 25 décembre 1918, les lignes aériennes Latécoère inauguraient le premier tronçon Toulouse-Barcelone de la grande artère internationale projetée.
Le 1er septembre 1919, la ligne était ouverte jusqu'à Rabat. En 1925, elle s'étendait jusqu'à Dakar. Dès 1927, l'étude de son prolongement sur le continent sud-américain
était commencée.
M. Marcel BOUILLOUX-LAFONT, résidant à Étampes (il en sera le maire de 1912 à 1929), qui avait, depuis vingt ans, groupé en Amérique du Sud plusieurs Banques et Sociétés foncières, trois grands ports, un réseau de chemin de fer et de grandes Sociétés de construction, entreprit alors de compléter cette oeuvre, Il y parvint en moins d'un an.
C'est le 1er mars 1928 qu'était inaugurée la liaison aérienne Toulouse-Buenos-Ayres.
Depuis cette date, le service n'a cessé de fonctionner avec régularité, mettant ainsi l'Amérique du Sud à une semaine de l'Europe.
En juillet 1929, l'exploitation était prolongée jusqu'au Pacifique, par delà les Andes, par l'inauguration du secteur Buenos-Ayres-Santiago-du-Chili.
Celle ligne, la plus longue du monde, atteint ainsi une longueur de 13.300 kms, survole neuf pays, unit trois continents, de la Méditerranée au Pacifique.
Les différentes élapes qui en ont marqué le développement ont été les suivantes :
Décembre 1918 : Ouverture de la ligne Toulouse-Barcelone.
Septembre 1919 : Prolongement jusqu'à Rabat.
Décembre 1919 : Prolongement jusqu'à Casablanca.
Juin 1925 : Prolongement jusqu'à Dakar.
Novembre 1927 : Ouverture du tronçon Natal-Buenos-Ayres.
Mars 1928 : Inauguration de la ligne Toulouse-Buenos-Ayres, par Dakar-Natal.
Juillet 1929 : Buenos-Ayres à Sanliago-du-Chili
11-13 mai 1930 : Premier courrier transatlantique, entièrement aérien.
Pendant que s'organisait progressivement cette grande artère, d'autres services étaient créés.
Une ligne Casablanca-Fez-Oran fut ouverte en 1922, amorce de la grande transversale de l'Afrique du Nord, qui unira un jour nos possessions de l'Atlantique à l'Algérie.
Dès juillet 1923, Marseille était également réuni à la ligne France-Maroc par une ligne Marseille-Perpignan.
En janvier 1924, une ligne Alicante-Oran, qui se soudait à l'artère principale, inaugurait la liaison aérienne de la France avec l'Algérie.
En 1928, l'Aéropostale reprenait l'exploitation de l'importante ligne Marseille-Alger.
Enfin, la ligne Paris-Biarritz-Madrid, ouverte le 21 juillet 1928 jusqu'à Madrid, vint compléter heureusement cet important ensemble.
Actuellement, le réseau de la Compagnie représente 17.680 kms de lignes régulièrement exploitées pendant toute l'année. Son développement a été progressif de manière à correspondre aux possibilités d'extension permises par l'organisation existante:

Ainsi, dix années après le premier vol, la longueur du réseau régulièrement exploité atteint près de 13.000 kms.
Sur ce réseau si étendu, les avions volent régulièrement suivant un horaire déterminé.
Le gain de temps pour le transport par les airs d'une lettre de France aux grandes capitales latino-américaines se compte par semaines.
Rappelons, en effet, que le courrier expédié de France et transporté par l'oiseau aux ailes rapides ne met que huit jours eL demi au lieu de vingt-huit par les voies ordinaires pour parvenir au Chili.
Une lettre mise à la poste le samedi après-midi, à Paris, est distribuée le vendredi suivant à Rio de Janeiro, le samedi à Buenos-Ayres, et le lundi matin à Santiago-du-Chili.
Lorsque, prochainement, les avisos de la Marine, qui assurent actuellement la liaison entre Dakar et Natal, seront remplacés par des hydravions, la durée de ce parcours de 13.000 kms [France-Océan Pacifique) sera réduite à quatre ou cinq jours.
Le temps gagné par le courrier ne peut manquer d'avoir une importance considérable sur les relations économiques et commerciales avec les Républiques de l'Amérique du Sud, où le rayonnement de l'influence française est déjà manifeste.



Jean Mermoz. — Chef pilote à la Compagnie Générale Aéropostale. A effectué, en mai 1930, la traversée de l'Atlanlique-Sud, dans les deux sens: Saint-Louis-du-Sénégal à Natal et retour. Une panne de moteur l'obligea à s'arrêter à 200 kms du but. 4.500 heures de vol et des milliers de kilomètres parcourus.


Marcel Reine. — Un As de l'Aviation commerciale.
L'un des premiers pilotes ayant établi la liaison postale avec Saint-/Louis-du-Sénégal. Prisonnier des Maures, à deux reprises différentes, à la suite d'une panne l'ayant obligé à atterrir en zone dissidente; il resta captif huit jours la première fois, et, en second lieu, sa captivité dura quatre mois: il ne fut délivré qu'après diverses péripéties. Depuis cette date, est sur les lignes aériennes en Amérique du Sud.
Il est recordman des vols de nuit effectués par les pilotes français



Guillaumet. — Un autre vaillant pilote.
Recordman des vols de jour effectués. Par sa vaillance et sa ténacité, sut s'attirer l'admiration de tous, dernièrement encore, lors d'une panne qu'il eut au-dessus de la Cordillère des Andes.

Le LATÉ 28 des Lignes Postales




Le développement du réseau de la Compagnie Générale Aéropostale, et la nécessité qui s'en est suivie, d'assurer un service dans des conditions d'exploitation très variées, et parfois très dures, a provoqué la création,  par la firme Latécoère, d'un matériel d'aviation et d'hydravion commerciales, dont les principaux modèles sont présentés au Grand Palais, sous les Nos 283, 380 et350.
Le 283 et le 380 sont des hydravions, le 350 est un trimoteur terrestre. Nous donnons, ci-après, leurs principales caractéristiques.


HYDRAVION LATECOERE 283  ou 28-3
Cet appareil est un hydravion postal conçu et construit pour permettre l'étude de la traversée commerciale de l'Atlantique-Sud, de Dakar à Natal, et vice versa, sans escale intermédiaire.
La formule générale est identique à celle de l'avion Latécoère 28 qui, comme nos lecteurs le savent, est un monoplan à aile semi-épaisse, haubanée par quatre mâts, fuselage coque métallique, empennage monoplan. Construction métallique des membrures et charpentes, entoilage normal des plans et des carénages.
Néanmoins, des modifications importantes ont été apportées, relativement aux dimensions et dispositions de détail; citons parmi elles:
Mise en place des flotteurs entièrement métalliques, remplaçant le train d'atterrissage afin de prévoir l'amerrissage possible sans danger.
Augmentation importante de In surface de l'aile, en vue d'enlever la charge de combustible nécessaire à la traversée.
Nouvelle disposition de l'aménagement intérieur pour faciliter la lâche de l'équipage pendant la traversée.
Enfin, le moteur de 500 Hispano-Suiza a élé remplacé par un moteur de 600 CV de la même marque.
Le LATE 28, ainsi modifié, et devenu le 283, se présente alors de la façon suivante:
1° Dimensions :
Envergure 19 m. 250.

Longueur 13 m. 645.
Hauteur 5 m.
Surface portante 58 mq.
Longueur des flotteurs 8 m. 400.
Ecartement des flotteurs 3 m. 30

2° Poids réalisés :
Poids équipé 2.600 kgs.
Poids en charge 5.300 kgs.

3° Performances de l'appareil :
Vitesse sol 219 kms-h.
Rayon d'action 4.500 kms-h.
Plafond à pleine charge 3.500 mètres.

Avec cet appareil, le pilote MERMOZ, accompagné du navigateur DABRY et du télégraphiste GlMIER, a battu les records mondiaux suivants :
Dislance en circuit fermé 4.308 kms.
Distance en ligne droite 3.173 kms.
et a réalisé la première traversée postale sans escale de l'Atlantique-Sud en hydravion, de Dakar à Natal.

Présentés au Grand Palais: HYDRAVION LATÉCOÈRE 285 - HYDRAVION LATÉCOÈRE 380 - AVION LATÉCOÈRE 350 
 Le Laté 38   


1930/12
*page26. Nécrologie. Valentin ROUSSET -Nous regrettons d'annoncer la mort de notre camarade Valentin Rousset, pilote à la Compagnie Générale Aéropostale, décédé à la suite d'un accident d'automobile, à Toulouse. L'inhumation a eu lieu au cimetière de Montrouge.


1931/01
Page23 & 24. LA CONCURRENCE ANGLO-GERMANO-AMERICAINE SUR LES LIGNES AERO-MARITIMES TRANSATLANTIQUES. PROJET DE SERVICE POSTAL AEROMARITIME COLOGNE-NEW-YORK EN DEUX JOURS. ..
Alors que les Américains comptent faire usage d'îles flottantes, à défaut d'îles réelles, comme points d'escale au milieu de l'océan Atlantique, les Allemands ont eu l'idée d'utiliser, dans le même but, les grands paquebots transatlantiques de ia ligne Cherbourg-New-York. Chacun de ces navires serait muni à l'avant d'une catapulte de lancement d'hydravions et à l'arrière d'une plage d'amérissage, telle que celle qui a été conçue et réalisée par l'ingénieur diplômé Kiwuli...


1931/02
*page17. Le budget de l'Air à la chambre. LA CHAMBRE DES DÉPUTÉS A DISCUTÉ ET VOTÉ LE BUDGET DE 2.262.852.000 FRANCS EN DIX HEURES, SOIT 3.771,420 FRANCS A LA MINUTE — UN BEL ACCROCHAGE RENAUDEL-FLANDLN. — M. FLANDIN ÉCHAPPE DE JUSTESSE A LA VRILLE FATALE ET SONNE SON ATTERRISSAGE.
Rarement débat aéronautique fut aussi morne que celui auquel donna lieu le vote du budget de l'Air. Durant des heures, la même atmosphère d'ennui plana, qui sut entourer jadis dans les salons de l'Aéro-Club, les anciens dérisoires Congrès des Sociétés affiliées. Des prophètes, inspirés annoncèrent à la tribune l'existence de  réalités que le dernier chien d'escadrille connaît au soir de son premier jour terrestre, les tailleurs d'oeufs firent aller leurs ciseaux et les coupeurs de cheveux en quatre essayèrent à plusieurs reprises la machine mise au point par le Service Technique pour cette remarquable opération. L'auditoire, le plus nombreux que nous ayons compté sur les banquettes depuis qu'on parle d'aéronautique au Palais Bourbon — il y eut en effet jusqu'à 150 députés en séance, chiffre qui constitue un plafond très honorable — l'auditoire aurait risqué de s'en aller déçu, si M. Renaudel, rapporteur du Budget de l'Air n'avait eu l'heureuse idée de mettre en cause M. Pierre-Etienne Flandin.... M. Jacques Duclos confond les avions et les navires, comme il apparut dans le passage de son discours où il parla d' «avions de la marine», («Je n'invente rien, précisait l'orateur, j'ai puisé ce renseignement dans une revue : Finance et production») que la compagnie aéropostale louait 1 franc pièce par an. Ces avions sont en réalité des avisos...  Enfin M. Jacques Duclos parla de cellules, mais pas de cellules d'avions, de cellules communistes qu'il était urgent d'organiser dans les formations, et pressa les camarades soldats de transformer les appareils en instruments de libération du prolétariat...  
*page18. «Monsieur Renaudel, vous m'avez demandé si j'avais été l'avocat de la compagnie Air-Union, de la compagnie Aéropostale. Je vous réponds tout de suite: Oui, j'ai été l'avocat de la compagnie Air-Union; oui, j'ai été l'avocat de la compagnie Aéropostale.» M. Jacques Duclos. — Très bien !
*page19... J'ajoute, pour conclure, que le projet relatif à l'Aéropostale, dont on a parlé ces jours-ci, a été établi entièrement par M. le ministre de l'air. M. le ministre de l'air. — Qui en prend la responsabilité seul. M. Albert Paulin. — Pour renverser le ministère Steeg, au moment où il refusait d'accéder aux exigences de l'Aéropostale.
M. le ministre des finances. — Je ne suis intervenu qu'une fois dans cette affaire, à la demande de M. le ministre de l'air, pour obtenir un report d'échéance qui lui donnât le temps de mettre au point ce projet. M. le ministre de l'air. — C'est exact....
*page25... Il faut à la mer des hydravions marins. De plus, si nous analysons la situation impartialement, sans nous laisser influencer, nous verrons que l'Italie et l'Allemagne qui ne possèdent pas de porte-avions, possèdent en revanche, soit militairement, soit commercialement, la plus forte flotille d'hydravions du monde, tous capables d'affronter la mer et susceptibles de rendre d'appréciables services. Pour ce qui nous intéresse, en France, seuls deux societés, la Compagnie Générale Aéropostale et la Société Dyle et Bacalan semblent être dans la bonne voie et firent dernièrement, de sérieux efforts.  LESPINASSE, Pilote-Aviateur


1931/03
*page7.
 M. DUMESNIL DEVANT LES CHAMBRES ET LES COMMISSIONS.
Dirons-nous de M. Dumesnil que nous le louons pour sa sagesse ou que nous le blâmons pour sa timidité ? Lorsque nous l'entendions, ces dernières semaines, soit au Palais-Bourbon, soit au Luxembourg, nous étions prêts à lui faire ce dernier reproche; mais lorsque quelques jours s'étaient écoulés depuis les discours qui nous avaient mis si fort en colère, nous inclinions plutôt à lui décerner des éloges.
Rarement ministre eut, au débotté, plus d'occasions de batailler et d'agir rapidement que M. Dumesnil. A peine installé rue Saint-Didier, il devait étudier le dossier de l'Aéropostale, un dossier gros comme la Grande Encyclopédie, et chercher un remède à la situation dangereuse de cette Compagnie. Puis la discussion budgétaire survint, et pour jouer dignement son rôle, le ministre dut étudier tout ce qui avait été fait, tout ce qui demeurait à faire. Et c'étaient là des dossiers plus importants encore que ceux de l'Aéropostale. Cette étude accomplie, il était en outre indispensable que M. Dumesnil se fasse une opinion personnelle sur les questions de son Département. Il n'ignorait pas, en effet, que M. Laurent-Eynac avait été accusé d'avoir conduit l'Aviation Nationale, qu'il avait promis de sauver, à un échec, et il ne pouvait, par conséquent, admettre comme paroles d'Evangie les suggestions, les thèses, les projets, les programmes qui n'ont jamais fait défaut rue Saint-Didier, et qui  avaient conduit son prédécesseur sous les interpellations. Puis les débats de l'Aéropostale et du Budget se mêlèrent, se chevauchèrent. On s'occupait de l'une à la Chambre et de l'autre à la Commission sénatoriale de l'Aéronautique. Le Palais-Bourbon et le Luxembourg menaçaient d'entrer en conflit à propos de hangars brésiliens ou de commissions de contrôle. M. Dumesnil devait combattre sur ces fronts successifs, tenter de concilier les adversaires, les presser en évitant de faire pression sur eux. C'était une rude besogne et c'est sur elle qu'il convient de juger le ministre de l'Air, et non sur les discours qu'il prononça. Ces discours, reconnaissons-le, sont ternes. Ce n est pas un reproche que nous leur faisons. L'Aéronautique vit de bons appareils et non de beau langage. Nous ne ferons pas non plus aux discours ministériels le reproche d avoir été trop peu nourris. M. Dumesnil aurait certes pu trouver dans les cartons du ministère, tous les faits désirables et tous les chiffres voulus pour illustrer n'importe quelle thèse, et il n'avait qu'à ouvrir les oreilles pour connaître au moins douze systèmes infaillibles pour sauver l'Aviation française. II a voulu peser, examiner, avant que de prendre position, assimiler la réalité aéronautique avant de la présenter. Il y a là une attitude qui mérite d'être soulignée. Et nous envisageons les diverses interventions du ministre seulement comme une déclaration de principe obligatoirement assez vague, comme une manifestation de bonne  volonté, comme une promesse de sa volonté d'agir. Les discours, qui nous irritaient si fort, nous rassurent maintenant. Jamais un homme qui n'était pas résolu à  comprendre son département si difficile, n'aurait accepté de demeurer effacé comme le fit volontairement M. Dumesnil qui se borna, en somme, à affirmer qu'il entendait travailler —et travailler sans trop se soucier des précédents— et diriger l'Aéronautique au grand jour.
Cet effacement ne fut d'ailleurs qu'oratoire et apparent. Autant que nous pouvons en juger, le ministre semble avoir conduit fort habilement la question de l'Aéropostale, surtout devant les Commissions. Un orateur plus brillant n'aurait peut-être pu pratiquer la souple politique qui fut son fait. Décidément, nous concluons à la sagesse de M. Dumesnil.

*page23.
LA POSTE AERIENNE ENTRE L'ALLEMAGNE ET LE BRESIL. Le Ministère des Postes du Reioh a publié la note suivante dans les "Nachrichten für Luftahrer":
Les envois de poste aérienne à destination du Nord du Brésil peuvent être acheminés par la voie aérienne suivante: Départ de New-York le samedi à 21h10 ; Arrivée à Miami, le dimanche à 13 h. 45 ; Arrivée à Paramaribo le mercredi à 15 h. Arrivée à Cayenne le jeudi à 8 h. 30 ; Arrivée à Para (Brésil) le jeudi à 15 h. Arrivée à Maranhao (Brésil) le vendredi à 11 h . Arrivée à Fortaleza (Brésil) le vendredi à 16 h. 30... !!!


1931/04
*page27.
CRISE FINANCIÈRE DANS LES TRANSPORTS AÉRIENS ECHEC DE LA COLLABORATION FRANCO-ALLEMANDE.
Bien que l'organisation d'un service aérien régulier entre l'Europe et l'Amérique du Sud constitue déjà depuis des années un des principaux buts de la politique aérienne allemande pour des raisons économiques et politiques, la réalisation de ce projet ne semble pas encore maintenant possible avant longtemps.
C'est d'autant plus regrettable que les Français ont organisé déjà depuis le début de mars 1928 un service régulier à l'aide d'avions, d'hydravions et de bateaux rapides (avisos) sur la ligne Toulouse-Casablanca-Dakar-îles du Cap-Vert-île Fernando-de-Noronha-Pernambouc-Rio-de-Janeiro-Buenos-Ayres, d'une longueur de 12.235 kilomètres, qui fonctionne aujourd'hui d'une manière parfaite et sûre. A cet égard, il convient de rappeler que dans les projets de la Lufthansa, qui a effectué en 1930 avec le Syndicat Kondor 14 voyages d'étude entre l'Allemagne et les îles Canaries, d'une part, Fernando-de-Noronha et Rio-de-Janeiro, d'autre part, la liaison entre l'avion et le bateau rapide joue un certain rôle. La Compagnie Générale Aéropostale, qui exploite le service aérien français vers l'Amérique du Sud, a éprouvé de sérieuses difficultés de paiement ces temps derniers. Les dettes non couvertes doivent s'élever à environ 32 millions de marks. Immédiatement après l'effondrement de  l'Aéropostale, Farman a proposé par un intermédiaire à la Deutsche Lufthansa d'exploiter la ligne sud-américaine en commun avec les Français, c'est-à-dire avec une participation aux frais de 50 à 60 %, ainsi qu'aux dettes de l'Aéropostale. Cette collaboration franco-allemande dans les transports aériens, principalement sur une des ligues aériennes les plus importantes du monde entier, eût été d'une importunée considérable pour l'avenir: non seulement au point de vue du monopole actuel des Français —sur la ligne sud-américaine— (l'Aéropostale possède également le monopole pour les atterrissages intermédiaires aux Açores sur la route aérienne vers l'Amérique du Nord),— non seulement aux points de vue politique el politico-économique, car les perspectives les plus favorables eussent été ici permises, mais également au point de vue financier, les dépenses de la Lufthansa et le coût de l'expérience eussent été épargnés dans une telle mesure que les 10 millions de marks nécessaires à l'exploitation commune de la ligne, c'est-à-dire pour la coopération, eussent été payés largement en retour. Comme la Lufthansa ne dispose cependant pour 1931 dans le budget du Ministère des Transports que de 18,8 millions de marks, l'offre dut malheureusement être refusée. C'est pourquoi la réalisation d'un projet de service aérien vers l'Amérique du Sud est reporté de nouveau à une date éloignée. Ceci n'est certes pas dans l'intérêt des transports aériens allemands et de l'Aéronautique, auxquels une possibilité d'extension aéropolitique était offerte, possibilité qui ne se reproduira jamais dans des conditions aussi aisées et avantageuses. Car à quoi servent, en fin de compte, tous ces superbes raids et Voyages d'étude, à quoi nous sert donc cette grande appréciation de l'étranger de la régularité et la sécurité de fonctionnement de notre navigation aérienne, si partout à l'étranger nous devons arriver après les autres, lorsque l'organisation de nos lignes dans le trafic aérien mondial est toujours en retard d'un an sur celle d'autres pays? (Berliner Herold.)


1931/05
*page23.
Accord anglo-franco-américain en vue de l'organisation d'un service aérien transatlantique par hydravions. Le Chicago Tribune annonce qu'un accord a été conclu entre les trois compagnies de navigation aérienne américaine, anglaise et française: «Pan American» (appelée maintenant «Pan Airways»),  «Impérial Airways» et Aéropostale. De grands hydravions pouvant transporter plusieurs tonnes de poste et un nombre correspondant de passagers, doivent être construits.— La traversée de l'Atlantique est divisée en trois étapes entre les deux points d'escale des Açores et des Bermudes. Chacune de ces sections doit être exploitée:
La première, d'Europe aux Açores, par l'Aéropostale; la seconde, des Açores aux Bermudes, par l'Impérial Airways; la troisième, des Bermudes à New-York, par la Pan Airways. La section la plus difficile à exploiter est celle de 2.100 km. des Açores aux Bermudes. Le Ministère anglais de l'Air procède actuellement aux essais d'un grand hydravion muni de 6 moteurs Rolls Royce de 900 CV. Cet appareil doit transporter 40 personnes, ainsi que du courrier, à une distance de 2.30O km. Le service doit être organisé en 1933. Il existait au début un accord anglo-américain auquel vint s'adjoindre plus tard l'Aéropostale. D'autre part, le journal américain prédit que la Société Good Year-Zeppelin entrera en concurrence avec les projets mentionnés plus haut. Le dirigeable possède également d'importants partisans aux Etats-Unis.  En dehors de la Société Zeppelin, la Société Américaine de l'aluminium, la «Karbid», l'United Aircraft, etc., portent un très grand intérêt aux projets et études d'Eckener, mais ceux-ci ne seront guère réalisables avant deux ou trois ans. Quoi qu'il en soit, on prévoit l'établissement d'un service transatlantique régulier pour 1934. (Rhein-Wostf Zeitung.)


1931/07
page22.
Allemagne Bilan de la Deutsche Luft Hansa. ...La Deutsche Luft Hansa vient de publier son rapport pour l'année 1930: Le Berliner Zeitung du 23 juin en donne les extraits suivants: La transformation de la Société, entreprise en 1929, a donné les effets attendus au cours de l'exercice. Les mesures prises en 1929 ont permis de diminuer les dépenses du compte des profits et pertes de 5,5 millions de marks, non compris les amortissements. Cette économie a profité entièrement aux pouvoirs publics qui ont pu diminuer leurs subventions. Sur la ligne de l'Amérique du Sud, la poste est transportée en avion jusqu'à Cadix, puis de là en hydravion aux îles Canaries, où elle est reprise par les vapeurs de la Hamburg-Sud-Amerika et transportée à l'île Fernando Noronha. Elle est ensuite transportée à Rio-de-Janeiro et au sud  du Brésil par les hydravions du Syndicat «Condor». La durée du transport est d'environ 10 jours; elle est ainsi la même que celle des transports de la Compagnie Aéropostale. Dans la direction de l'Atlantique Nord, la poste est portée par avion à Cherbourg, où elle est prise par les navires du Norddeutscher Lloyd (Bremen, Colombus, Europa). Des deux côtés de l'Océan, les avions sont catapultés à bord des deux navires Bremen et Europa. Le gain de temps est d'environ deux jours. On a organisé à Bremerhaven, à l'arrivée des navires du Norddeutscher Lloyd, un service d'avions pour transporter les voyageurs à Berlin et dans les grandes villes de l'Allemagne...
Argentine. Le service aérien Buenos-Ayres-Patagonie. Le Gouvernement Argentin a décidé de prendre à sa charge le service aérien entre Buenos-Ayres et la Patagonie, que la Compagnie Aéropostale effectuait auparavant.


1931/10
*page11.
 A L'AEROPOSTALE à comparer avec LE SERVICE POSTAL BERLIN-RIO DE JANEIRO   de la Lufthansa
Depuis le 1er novembre 1930, date à partir de laquelle la Compagnie Générale Aéropostale a mis en service quatre nouveaux avisos rapides pour effectuer la liaison maritime Dakar-Natal, les quarante-huit courriers aériens transportés dans chaque sens entre l'Europe et l'Amérique du Sud ont été assurés dans des conditions de régularité irréprochable. Aucun accident, aucun courrier perdu, aucun retard appréciable, tel est le bilan de son exploitation, du 1er novembre 1930 au 1er octobre 1931. Dans le sens Europe-Amérique du Sud, la moyenne des temps de parcours a été de huit jours ; entre la France et Buenos-Ayres, le voyage record a été réalisé en 6 jours et 19 heures. Dans le sens inverse, cette moyenne a été de 9 jours, le voyage le plus rapide ayant été effectué en 7 jours et demi. Nous sommes heureux d'enregistrer ces résultats. Ainsi, malgré la crise profonde qui frappe durement depuis plusieurs mois toutes les entreprises de transport, l'Aéropostale, en accord avec les Pouvoirs  publics, parce qu'il s'agit d'une oeuvre nationale, n'a cessé d'améliorer l'exploitation de son réseau. A l'heure où les difficultés économiques imposent à tous une vigilance et une activité accrues, nous avons jugé utile d'appeler l'attention sur le moyen de transport rapide et régulier que cette Compagnie met à la disposition des usagers de la poste pour leurs transactions avec l'Amérique du Sud.


1931/11 pages 10 & 11.
Comment se forger une opinion sur sur un avion commercial. Lors de la conclusion de l'article précédemment paru, nous avions exprimé le désir d'avoir, sur ce sujet, souvent controversé, l'opinion des principales compagnies de navigation aérienne. Celles-ci ont répondu à notre demande. La plupart de leurs réponses ont en effet amené un certain nombre de considérations fort intéressantes.
Aéropostale ... En ce qui concerne là nécessité de la vitesse je partage entièrement l'avis exprimé dans l'étude que vous avez publiée. Le gain de temps sera, dans la presque unanimité des cas, le critérium qui permettra d'apprécier l'intérêt d'une ligne aérienne et qui déterminera la quantité de fret qui lui sera confiée. Il est bien évident que cette vitesse doit être obtenue le plus possible par l'augmentation dé la finesse ainsi que l'amélioration des conditions de vol et non par l'accroissement de la puissance. L'influence de la vitesse sur là. consommation kilométrique arrive dans certains cas à être tout à fait remarquable. Voici notamment des chiffrés obtenus en trafic régulier avec deux typés d'avions effectuant le même parcours: ... 
***Quant à l'Aéropostale, qui est d'accord avec la précédente sur la nécessité de cultiver le facteur «vitesse», raison d'être de l'avion, elle répudie nettement le multimoteur: nous aurions aimé que cette option nous soit fournie étayée par des chiffres. En résumé de l'ensemble des opinions émise, il ressort que la vitesse doit malgré tout être obtenue en équilibrant judicieusement le facteur vitesse avec les facteurs «capacité de charge» et «puissance motrice», compte tenu aussi des caractéristiques d'exploitation de chaque ligne, ou de chaque tronçon de ligne. Il ne peut exister un appareil commercial-type, donnant le meilleur rendement pour toutes les exploitations, mais il faut une série d'appareils étudiés spécialement pour les besoins de chaque usager.



1932/04
page23.
Belgique Conférence aéropostale du 30 mai 1932 à Bruxelles
Afin dé réaliser les améliorations aéropostales Internationales envisagées aux conférences de Bruxelles et de Prague pendant les: années 1030 et 1931, une nouvelle Çonférence, à laquelle doivent prendre part toutes les grandes compagnies de navigation aériennes  européennes  et  les gouvernements intéressés, aura lieu a Bruxelles: lé 30 mai prochain..
D'après lès informations belges, cette conférence  résenterait un intérêt particuiier, car un grand nombre de questions importantes y entreraient en discussion. et  y recevraient  une solution. Il s'agit tout d'abord de l'organisation d'un réseau aérien international-, tout au moins  intraeuropéen  destiné à intensifier le trafic aéropostal de jour et de nuit et, d'autre part de l'établissement d'un horaire aérien uniforme ainsi que de l'unification des tarifs des expéditions aéropostales de toute nature dans tous les pays. Enfin, la Conférence s'occupera de la création d'un bureau aéropostal national dont le siège sera vraisemblablement à Bruxelles. Frankfurter Zeitung


1932/06 page28.
Nécrologie. RAYMOND PARANT. Pilote de haute valeur totalisant plus de 5.000 heures de vol, Raymond Parant, qui trouva la mort dans le pénible accident d'Avignon, était depuis longtemps voué à l'aviation. Engagé volontaire dans cette arme en 1916, il y demeura jusqu'à la fin de la guerre. Chevalier de la Légion d'honneur, il était également titulaire dé la croix de guerre avec palmes. Il entra chez de Marçay en 1920; puis, en 1921, il devenait chef-pilote à l'école Hanriot de Mourmelon où il fit breveter 200 élèves. Il entra ensuite à l'Aéropostale où il resta deux années. En 1925 et 1926, Raymond Parant fut pilote à la C. I. D. N. A.... LUCIEN MOREAU... Georges-Joseph Lévitan... ANDRÉ BOILLOT... LENA BERNSTEIN... MARCEL GOULETTE...



1932/10 page7.
Le scandale de l'aviation. Depuis plusieurs semaines ia grande presse consacre des Colonnes entières aux différends qui ont pu exister entre le Ministère de l'Air, M. Chaumié, M. Bouilloux-Lafont et M. Paul-Louis Weiller; on parle de faux et d'usage de faux, et il semble, à lire les articles des journaux, que ce soit chose extrêmement banale dans le monde de l'Aviation... L'U.P.C.F. ne se préoccupe pas de semblables affaires, si lamentables soient-elles; il est des questions plus absorbantes et nous ne pouvons que regretter que nos confrères de la Presse quotidienne, spécialistes des questions d'aviation, ne se soucient pas plus d'un problème angoissant qui se pose aujourd'hu : «La réorganisation de l'entraînement des Réserves».... Il faut que s'ouvrent les yeux fermés trop facilement sur un problème plus angoissant que les difficultés de l'Aéropostale.


1932/11 Les Etablissements Lioré et Olivier présentent au Grand Palais : L'hydravion bimoteur LéO H 24* en service sur les lignes de la Compagnie Générale Aéropostale.


1932/12 page10.
LES MOTEURS Hispano-Suiza. Au stand Hispano-Suiza, on remarquait: — Le moteur 500 CV 12 Hb créé en 1925 et actuellement en service sur d'innombrables appareils militaires français et étrangers. Sur les lignes de l'Aéropostale, l'Air Union, l'Air Orient, les moteurs 500 CV 12 Hb fonctionnent 750 heures sans révision... Pour l'aviation militaire ou commerciale, les usines Renault présentaient: — Le nouveau 350/420 CV, 9 cylindres en étoile, dont le montage est prévu sur de nombreux avions de transport; — Le 450/500 CV direct et démultiplié, qui équipe la presque totalité des avions de l'Air Union et de l'Aéropostale: bimoteur Lioré et Olivier et berline Bréguet des lignes Paris-Londres et Paris-Marseille, Latécoère 25, 26, 28 des lignes France-Amérique dit Sud et Toulouse-Casablanca.

page 24
Allemagne, Résultats en 1932 du service d'Hydravions catapultés.


1933/01
LOIS
La législature actuelle a trouvé le temps de se livrer à d'homériques empoignades sur les questions de scandales, plus ou moins aéropostaux en façade, mais surtout politico-financiers dans le fond, qui défrayent actuellement la chronique. Mais il est infiniment regrettable que son activité ne s'exerce ainsi que sur des affaires qui exhalent une odeur de faisandé, au lieu de consacrer cette ardeur à des besognes profitables.
En vérité, nos politiciens ne sont pas des Politiques, au vieil et noble sens du mot. Il y a cependant des travaux urgents qui s'imposent à eux.
Et puisque nous parlons de l'Aéropostale, n'est-il pas lamentable de laisser ainsi, sans appui réel, une organisation de cette importance? Quand on songe au dévouement, à la valeur professionnelle de l'héroïque phalange de pilotes et de mécaniciens qui, sur les terres lointaines, continue à se battre tous les jours avec la traîtrise des éléments, avec celle, pire encore, des gens à la solde de nos ennemis, et quand on songe aux conditions précaires dans lesquelles il leur faut mener leur continuelle bataille, dont l'enjeu est le renom de notre pays et, par ricochet, son activité commerciale dans cette vaste partie du nouveau monde, on ne peut s'empêcher d'être profondément attristé et angoissé.
Ne se trouvera-t-il donc parmi vous, Messieurs du Parlement, des gens désireux de faire de bonne besogne, qui mettent sur pied des textes clairs, précis, donnant à nos compagnies, au rayonnement mondial, tant maritimes qu'aériennes, conscience de leurs devoirs, et en même temps de leurs droits. Faites qu'elles soient efficacement soutenues et qu'à leur tête soient placés des chefs, des animateurs dont le seul souci soit d'assurer, en même temps que le prestige du pavillon français, une bonne marche de l'entreprise, sous des principes de gestion saine et propre. Vous aurez ainsi mieux servi le pays qu'en échangeant force paroles désagréables au sein de commissions d'enquête où, sous couleur de servir l'intérêt général, certains d'entre vous, au grand dam du bon renom de tous, servent leurs mesquines vengeances et leurs animosités personnelles...
Voyons, Messieurs du Parlement, réfléchissez un peu. Dites-vous bien que l'aviation est en marche, que c'est une réalité, qu'elle fait maintenant partie intégrante de la vie mondiale, et que toute entrave, toute restriction qui en gênent le développement, chez nous, sont des armes que vous donnez à l'étranger pour lutter contre nous.
Soyez dignes de votre titre de Représentants du Peuple français. Faites votre devoir.


1933/02
EST-CE LE MOMENT ?
Le moment est-il choisi pour assommer un peu plus notre pauvre aviation?
La proposition de la Commission des Finances du Sénat, acceptée par la Haute Assemblée et par la Chambre, donne une réduction de 177 millions en chiffres ronds qui sera appliquée au budget de l'Air.
Est-ce le moment?
On peut, direz-vous, rattraper cette réduction en évitant les erreurs innombrables de notre Direction Générale Technique, ces dernières aimées. C'est vrai, si l'on supprime tous les crédits à des constructeurs de nationalité équivoque, qui nous sortent des brouettes volantes, si l'on ne construit pas une escadre de prototypes inutilisables, si l'on met un peu de raison dans tous les actes — actuellement incohérents — des services éparpillés et à multiples prérogatives de l'Air, si l'on exécute nombre de ces services inutiles, oui, en effet, il y a des économies possibles.
Mais ces économies, devait-on les enlever au budget de l'Air? Certes non. Il faut les réemployer, et les réemployer à bon escient.
De tous côtes nous viennent les avertissements. L'Italie n'a-t-elle pas livré à la Hongrie des avions de toutes catégories d'un modèle de choix? La nomination à l'Air allemand de Goehring est-elle considérée comme un signe a négliger?
Un rappel à l'ordre, différent encore, nous vient à nouveau d'outre-Rhin. Le mois prochain, très probablement, le navire germanique Westphalen commencera à assurer son service bi-mensuel, entre l'Allemagne et l'Amérique du Sud. Or, nul n'ignore que ce navire est depuis huit mois l'objet d'une minutieuse préparation pour en faire un porte-hydravions commercial et une île flottante offrant toute sécurité.
Ayant à son bord des hydravions Dornier Wal, bimoteurs, type d'appareils qui a fait ses preuves, il est équipé d'une catapulte puissante et admirablement conditionnée pour le lancement, d'une plage arrière d'un profil nouveau, capable par grosse mer d'établir une aire d'amérissage «mer d'huile» tout à fait convenable, et enfin d'une grue parfaitement comprise pour le relevage des appareils. Munie, en outre, d'un poste de radiogonométrie et de tous les appareils de T.S.F. les plus modernes et les plus précis, il semble bien que cette unité navale ait des intentions non dissimulées de permettre aux hydravions allemands de devenir de sérieux concurrents pour le transport du courrier vers l'Amérique du Sud. Ceci fait suite à un plan, dont le Docteur Eckener et son Zeppelin ont exécuté une partie bien nette et bien précise et, il faut le reconnaître, réussie. Ils vont la reprendre dans quelques semaines.
Va-t-on continuer à hausser les épaules à l'annonce des préparatifs allemands?
Mais ce n'est pas tout. On ne peut avoir oublié le vol transatlantique des dix Savoïa Marchetti, de l'escadrille Balbo qui, Ministre de l'Air en tète, a fait une démonstration de premier ordre, et on ne peut oublier aussi que dans quelques semaines, quelques jours, cet exploit sera renouvelé avec davantage d'éclat peut-être.
Vous allez me répondre : «Et le Couzinet, l'Arc-en-Ciel n'a-t-il donc rien fait» Mais oui, il a fait quelque chose, quelque chose de très bien même et d'admirablement réussi, nous ne féliciterons jamais assez Mermoz, Carretier, Mailloux, René Couzinet et leurs dévoués collaborateurs, dont le geste a glorifié là-bas notre prestige.
Mais après. Voilà que l'Arc-en-Ciel doit attendre la préparation d'une piste de départ convenable, et c'est le Brésil qui en fait les frais, dois-je aussi redire que le vol de ce bel appareil est dû entièrement à l'initiative privée!
La Compagnie Générale Aéropostale, en liquidation depuis le début de 1931, pourra-t-elle profiter de cette expérience, et nous redonner notre place en commandant ce nouveau matériel? Vous savez bien que non, puisque l'autorisation d'achat ne lui est pas encore accordée.
De ce bref et trop sombre exposé, il me semble que nous serons tous d'accord pour tirer la conclusion : Est-ce le moment? — Non. Notre aviation est en péril, notre prestige et nos forces commerciales périclitent. Il y a un effort à faire et il faut le faire; que l'on fasse des économies, soit, mais que ces économies ne soient pas perdues pour l'Air, elles ont un emploi tout trouvé.
La décision est prise, mais l'on peut toujours revenir en arrière et nos lois permettent, par l'affectation de crédits supplémentaires, de reporter sur le point nécessaire l'argent que l'on a repris au budget total. Nous demandons à nos députés du groupe de l'Air d'y songer et d'agir. Il en est temps encore. En ce moment, après l'échec de la Conférence du Désarmement, lésiner sur les dépenses de notre Aviation serait vis-à-vis de la France une véritable trahison.                         LE COLIMATEUR.


1933/03 LE FUTUR AEROPORT DE BARCELONE
Ligues aériennes passant actuellement à Barcelone:
De la Compagnie Générale Aéropostale:
a) Toulouse. Barcelone, Alicante. Tanger. Casablanca (service quotidien) ; b) Toulouse, Tanger, Casablanca, Dakar, Natal, Rio de Janeiro, Buenos-Ayres, Santiago-du-Chili (hebdomadaire) ;


1933/04 Sécurité
Sous cette rubrique, nous avons déjà maugréé contre le manque de parachutes à bord des avions de tourisme et des avions de lignes aériennes subventionnées. Aujourd'hui, il ne s'agit pas des parachutes, mais des réservoirs larguables en vol et de la sécurité contre le feu à bord. Il n'est pas question de récriminer à tort et à travers sur tel ou tel accident, de nommer tel ou tel modèle d'appareils, mais de constater que, d'une façon générale, les défenses dont nous parlons plus haut font absolument défaut.
Le rallye du Maroc, en ses débuts, l'accident récent des Impérial Airways, celui tout frais de l'Aéropostale, et d'autres encore sont, à n'en pas douter, une preuve à l'appui de ce que nous disons.
Les avions militaires ont un réservoir larguable, des cloisons pare-feu, un extincteur commandé automatiquement et à main; enfin, ils sont en général faciles à évacuer en parachutes et n'ont pas de portes qui, quelquefois, avec le courant d'air provoqué par le déplacement de l'appareil, deviennent impossibles à ouvrir.
Pourquoi ne pas appliquer ces mêmes règlements sévères aux avions civils ?


1933/05 Amérique du Sud en trois jours - Paris, les environs de la place de l'Opéra, point névralgique de la cité. Londres, les bureaux de voyage, Berlin, Bâle, Berne, etc..
Une affiche de belle venue de la Hambourg Amerika DeutschLinie, représentant un superbe Graff Zeppelin, et le texte qui fait le titre de cet écho. Voilà ce que  l'Allemagne oppose à notre pauvre Aéropostale, à ses avisos, à ses espoirs de traversée aérienne. Personne n'en parle; tout au plus dans les «Nouvelles de l'Aviation» les escales du Graff Zeppelin sont-elles relatées en trois lignes; et, pendant ce temps, le dirigeable voyage et le Westphalen poursuit méthodiquement ses essais de  liaison. Nous, nous constituons une compagnie unique; mais, après la preuve faite par l'Arc-en-Ciel, nous attendons les essais définitifs des hydravions prototypes  commandés il y a quelques années déjà: et la question de la liquidation et de la réorganisation de la Compagnie Générale Aéropostale, indispensable à notre trafic et à notre influence, est toujours en suspens. La chanson de Malborough est bien vieille, elle est toujours vraie.



1933/07 LES PRIX DES PILOTES DE LIGNES - Le 25 juillet, à 18 heures, s'est réuni, a l'Aéro-Club de France, le Jury chargé de l'attribution des prix aux pilotes de lignes, créés en 1930 par le Comité Français de Propagande Aéronautique. Le Prix pour les vols de nuit a été attribué à Goret, de l'Aéropostale, qui arrive en tête avec 42.595 kilomètres. Ce pilote a accompli ces vols sur l'itinéraire : Casablanca-Port-Eticnne-Dakar. Le Prix pour vols de jour avions, premier semestre, a été attribué à Durand, de l'Aéropostale, avec 84.710 kilomètres parcourus sur l'itinéraire Alicante-Casablanca.
Aussi LA REORGANISATION DU MINISTERE
Légion d'honneur La promotion de l'Air, publiée au « Journal Officiel » du 2 août, comporte les noms suivants : Chevaliers : Cariou, chef-pilote de la ligne Marseille-Tunis; Collenot, de l'Aéropostale; Détré, vainqueur de la Coupe Deutsch; Guerrero, pilote de l'Aéropostale; Leburguc, pilote de l'Air-Union; Lemoine, pilote d'essais, recordman du monde; Thomasset, radio-navigant de l'Aéropostale; et Vigroux, mécanicien.



1933/08 Mars 1934
Où serons-nous à cette époque, nous l'ignorons; mais il y a peut-être une chose qui doit nous mettre cette date en mémoire, c'est la convention franco-argentine, par laquelle l'exploitation de la ligne aérienne France-Amérique du Sud est subordonnée à la mise en service obligatoire pour cette date de toute la ligne par voie aérienne pure. Les avisos qui, jusqu'à maintenant, font le service Dakar-Natal et retour devront avoir disparu. La liaison devra être faite par avion, par hydravion, par dirigeable, au choix, mais par voie des airs. Et si nous ne sommes pas prêts, la partie sera fort compromise, pour ne pas dire perdue. Je ne retracerai pas ici l'histoire de l'Aéropostale, le scandale n'est peut-être pas là où l'on veut le placer. Mais, attention au Graf Zeppelin. Ce dirigeable a effectué, avec la régularité d'une horloge, toutes ses croisières, le nombre des passagers transportés est impressionnant, enfin, en résumé, il a fait ses preuves.
Par ailleurs, nos lecteurs n'ont peut-être pas oublié la petite expérience du « Westphalen », concordant avec le lancement de l'avion rapide Heinkel. 11 fut dit, dans certain journal bien informé, que les Allemands, dégoûtés, avaient replié leur bazar après avoir reçu et réexpédié un hydravion Donner, et que, rentrés chez eux, ils n'y pensaient plus.
Croyez-vous bien que ce soit vrai ? Ce serait mal connaître l'esprit de suite de nos voisins; mais l'expérience avait réussi et une expérience coûte toujours cher; alors, à quoi bon la prolonger, puisqu'au jour dit on peut la transformer en régime normal?
Et à l'horizon, n'apercevons-nous pas non plus les bolides de la Pan American Airways?
Pauvre ligne de l'Aéropostale, qui vit tant de sacrifices, tant de gloires, quel sera ton destin?
Son destin serait tout indiqué si nous étions prêts, si nous pouvions dire avec certitude : «Le 15 janvier 1934, le trajet dans les deux sens sera assuré par voie des airs».
Mais pourrons-nous le dire ? Un seul appareil, un terrestre, peut rétablir la situation; nous savons qu'aménagé, il peut risquer le trafic; nous savons aussi que son prix de revient n'est pas prohibitif. Oui mais, malgré toutes les améliorations du Ministère de l'Air, le S. T. Aé est toujours là, toujours ronchon et tatillon, et il déclare tout net que, seul, un hydravion doit assurer ce service.
Et ces hydravions ! «Pôvres de nous!» Ils font leurs essais, les deux seuls en ligne et, à eux deux, coûtent plus de 20 millions; et lorsqu'ils pourront se risquer dans le Pot au noir, à 150 km. de moyenne horaire, contre 233 km. au terrestre, il est encore bien possible que le 31 mars 1934 soit passé.
La ligne Europe-Amérique du Sud restera-t-elle entre les mains de la France?                                                       LE COLIMATEUR.



1933/09 Il est encore temps.
Il est encore temps de nous ressaisir et d'agir, mais le voulons-nous réellement? Cependant, le 11 octobre, on nous annonçait que le Graff-Zeppelin, parti de Pernambouc le 7 octobre, à 20 heures 10, était arrivé à Friedrichshafen la veille à 24 heures 20, soit le trajet Amérique du Sud-Allemagne en 72 heures, confirmant l'exactitude des fameuses affiches de la Hambourg-America Linie, dont nous avons déjà parlé. Par ailleurs, on nous informe, bien timidement, que le gouvernement portugais, pour le compte duquel la Compagnie Portugaise d'aviation, formée avec des capitaux français, exploitait la ligne des Açores, a résilié le contrat de monopole.
Après l'affaire de l'Aéropostale et peut-être à cause de cette affaire, nous perdons notre avantage de ce côté. Les Açores sont appelées, personne ne me contredira, à devenir une base importante d'aviation commerciale et le maréchal de l'Air, ltalo Balbo, l'a fort bien compris, qui l'a dit et qui s'est élevé en faveur de la liberté dans l'exploitation des lignes aériennes, lors du congrès transocéanique. Si nous le voulons, il est encore temps d'agir pour sauver le travail de base effectué par l'Aéropostale, et pour conserver en Amérique du Sud le prestige que voudraient nous ravir le Zeppelin, le Westphalen avec ses Domier en liaison avec les Heinkel, et, il fallait le prévoir, le maréchal de l'Air italien, dont les idées s'étaient déjà fait jour au cours de la réunion des aviateurs transatlantiques, et qui maintenant, fort de l'expérience acquise pendant le raid de l'escadre des Savoïa, ne dédaignerait pas d'établir une base aux Açores.
Il s'agit de savoir si nous ne voulons pas perdre la ligne de l'Amérique du Sud et si nous avons un gouvernement assez fort et une Compagnie Air-France assez puissamment organisée pour résister aux visées des compétiteurs étrangers.
Mais, si la coutume de dire, «se hâter lentement» a du vrai, elle n'est plus de mise, car il ne reste que 4 mois pleins avant la date fatidique du 15 février 1934!
LE COLIMATEUR.



1933/10
AIR-FRANCE
L'année 1933 restera une des dates les plus importantes dans l'histoire de l'aviation commerciale française. C'est, en effet, le 1er septembre 1933 que fut constituée officiellement la Compagnie Air France.
C'est seulement dans le courant du mois de mai, sous l'énergique impulsion du Ministre de l'Air, qui avait demandé aux Compagnies de s'entendre entre elles pour lui présenter un projet, que la fusion des anciennes Compagnies Air-Orient, Air-Union, Aéropostale, Cidna et Farman fut projetée.
La Direction de cette Société fut confiée à M. Louis Allègre, ancien Administrateur délégué de la Compagnie Air-Orient, avec le titre d'administrateur-directeur général. La composition du Conseil d'administration est la suivante:
Président : M. Roume, gouverneur général honoraire des Colonies.
Vice-Présidents : MM. Georges Edgard-Bonnet, Louis Bréguet, Hubert Giraud.
Administrateur-Directeur général : M. Louis Allègre.
Administrateurs : MM. Max Bahon, Barnaud, Baudoin, Borromée, Bouché, Jacques Bréguet, Charpentier, Dick Farman, Faure, Jacques Georges-Picot, Gouvernement général d'Indochine, Gouvernement de la République tchécoslovaque, Haguenau, Haguenin, André Lebon, Homolle, Lacoste, Jean Laurent, Emile Leroux, Lioré, Maurice Margot, René Mayer, Marcel Olivier, Porquet, Potez, Puget, Louis Renault, Retail, François Richard, Vivent, P.-L. Weiler.
Secrétaire du Conseil : M. Pierre Comoz.
Le capital est fixé à 120.000.000 de francs, dont 40.000.000 répartis en 80.000 actions attribuées à l'Etat français...
Le 7 octobre 1933, à 16 heures, la Compagnie Air-France fut officiellement inaugurée par M. Pierre Cot...


1933/11
SOIXANTE MINUTES AVEC JEAN-MICHEL RENAITOUR - le texte en entier  
 ...Jean-Michel Renaitour, retour de l'Amérique-Sud, avait donc égrené au long de sa causerie de charmantes petites histoires, à la fois rosses et attendries, qui toutes se reportaient à son voyage. Peut-être, tout à l'heure, vous en redirai-je quelques-unes pour étoffer ce «papier»  si je le juge un peu mince — car notre sympathique député, qui prépare un ouvrage documenté sur ledit voyage (à paraître vers le moment où ces lignes verront le jour), ne tenait pas du tout à en déflorer la matière par de sensationnelles révélations!... — Ce qui m'a le plus frappé, disait Jean-Michel Renaitour, et me peina beaucoup par la suite, c'est la sorte de... (je ne prononcerai pas le mot discrédit qui serait d'ailleurs impropre)... de respect presque mortuaire éprouvé par mes nouveaux amis des Républiques sud-américaines pour mon pays... Parce que, voyez-vous, tout internationaliste que l'on soit, lorsqu'on se trouve à 15.000 kilomètres de sa patrie, on n'aime pas qu'on la lui dénigre et qu'on lui en trace un portrait inexact... C'est ainsi que je me sentais le coeur serré lorsque j'entendais prononcer le plus sincèrement du monde un panégyrique qui s'adressait au seul passé de la France. Evidemment, nous avions été un grand pays, grand par son Histoire, par son Art ancien, par son vieil esprit, un peu comme une seconde Grèce, alors que moi au contraire, sous l'effet du recul que me donnait le fait d'avoir traversé tant de vastes territoires et d'avoir survolé les plus hauts pics des Andes, je jugeais mon pays plus beau, plus intéressant, plus doué de qualités présentes que lorsque je vivais sur son sol.
— Sans doute, la propagande internationale n'est-elle pas étrangère à cette singularité d'appréciation?
— Une propagande de dénigrement systématique, lorsque la nation visée ne fait rien pour se défendre contre, est une arme presque aussi terrible que la guerre... On continue certes de nous aimer beaucoup là-bas, mais Paris ne représente plus au delà des mers qu'un centre d'amusement où l'on espère toujours revenir dans le seul but de retrouver les folles nuits et les jours échevelés.
— Et vis-à-vis de nos lignes aériennes, une pareille propagande doit produire un résultat encore plus désastreux?
— Sur ce terrain, il ne s'agit plus d'insinuations que l'on peut essayer de combattre, mais de faits contre lesquels nous ne pouvons nous insurger : la navigation du  Zeppelin, par exemple, qui est une réalisation, une chose acquise tout autant que les raids du maréchal Balbo...
— Et pourtant, quand on évoque l'énergie de nos pilotes de lignes, de ceux dont Saint-Exupéry et Gérard Fleury nous ont révélé les exploits sans tapage, on imagine volontiers que le Courrier de l'Aéropostale se fait sans concurrence et sans lutte — contre les hommes s'entend!
— Cela ne suffit justement point pour combattre la concurrence étrangère, surtout en employant des appareils qui ne sont peut-être pas toujours aptes à supporter des conditions excessives d'altitude... Vous pouvez croire que de leur côté les Américains ne restent pas inactifs, prenant pied partout sur les terrains d'atterrissage des diverses Républiques. Ce que la France ne peut pas entreprendre, faute de capitaux et aussi de compréhension, les Etats-Unis l'exécutent. Ils ont installé un vaste réseau qui fait le tour de l'Amérique du Sud, avec escales jumelles de celles de l'Aéropostale. Cela nous enlève un fret considérable. Ayant dû renoncer au trajet Santiago-Lima depuis qu'une ligne nationale chilienne exécute la partie de cette route qui se trouve au Chili, les lettres partant de Lima empruntent presque obligatoirement la Cie Américaine Panair jusqu'au Chili, et la Panair les garde ensuite jusqu'à Buenos-Ayres.
— Je pense qu'une telle organisation complète, très heureusement pour son pays d'origine et malheureusement pour les autres, le nôtre en particulier, l'influence du Zeppelin mettant Rio de Janeiro à quatre jours de Friedrichshafen... Tout à l'heure, je vous ai dépeint l'effort américain, mais les réseaux nationaux constituent également un danger pour le bon fonctionnement de l'Aéropostale.... Jacques FANEUSE.

***Responsabilités
Un avion de messageries de l'Air-France s'est abattu dans une cour d'usine à Beauvais et a flambé; le pilote et son aide avaient pu sauter avec leurs parachutes; mais il s'agissait d'un avion de messageries, sans passagers, et dans ceux-là seuls, il y a des parachutes.
D'autre part, l'accident de Beauvais prouve la faillite des bimoteurs actuellement en service, qui sont absolument incapables de se soutenir et même de prolonger sensiblement leur vol avec un seul moteur. Après les hydravions de l'Aéropostale en Méditerranée, en voici encore une démonstration. Ces appareils pouvant servir ailleurs et à autre chose et finir là leur carrière, qu'on les retire et qu'ils soient tous, et partout, remplacés par des trimoteurs.


1934/01 1934?
...La vie d'une nation également est liée au développement de son aviation, nous ne devons pas non plus l'oublier à l'heure où la concurrence internationale joue plus ou moins franc jeu sur le marché des trafics aériens. La question de l'Amérique du Sud continue d'être primordiale, personne ici n'a beaucoup l'air de s'en douter... La nouvelle firme de l'Air-France bénéficiera-t-elle des mêmes contrats que l'Aéropostale, en tant que monopole de fret ou droit de survol ?...
1934 sera-t-elle favorable à la fusion de nos lignes commerciales ?... De songer que l'Aéropostale n'est plus qu'un souvenir, nous éprouvons au coeur un petit serrement... Ce mot symbolise tant de choses: les héroïques passages comme les modestes travaux; ce fut aussi le jalon planté sur les routes commerciales de la pénétration aérienne. Mais un espoir quand même réside en nous. Que vraiment, sous le règne de l'Air-France, 1934 voie grandir l'édifice grâce auquel nos lignes de vol seront assurées, non seulement de vivre, mais aussi de grandir.
Tant pis pour les responsables, si certains coups de balai sont nécessaires...
1933 nous fut pénible, il ne faudrait pourtant pas que 1934, faute de certaines divulgations, nous parut honteuse....



1934/02 De justesse...
Je viens d'encourir le reproche de flairer du danger où il n'y en a pas, paraît-il, et de voir en noir tout ce qui concerne la ligne vers l'Amérique du Sud.
Eh bien, non! J'ai simplement voulu, chaque fois que j'ai abordé ce sujet, faire comprendre qu'il y avait, de ce côté, des précautions à prendre, et si, souvent, j'ai parlé de la concurrence allemande avant la concurrence italienne, si j'ai prévu que le ministre devait donner des directives à Air-France, des directives autres que celles adoptées jusqu'ici, c'est qu'un jour ou l'autre, un événement confirmerait ces craintes.
Pour n'avoir point voulu être trop brutal ou trop affirmatif, je suis resté dans l'objectivité de la question; mais le bien-fondé des craintes de tous ceux qui s'intéressent aux  problèmes touchant notre aéronautique, vient d'être crûment exposé par J.-Michel Renaitour, député, ancien pilote aviateur, vice-président de la commission de l'aéronautique.
Et ce qui me console, c'est que, n'ayant pas les mêmes opinions politiques que J.-M. Renaitour, je constate que j'entrevoyais le même danger. L'esprit «aviation» n'est pas un vain mot.
La journée du 6 février n'a-t-elle pas sauvé l'Aéropostale, ou du moins ce qu'il en reste? C'est à croire, et l'arrivée du général Denain à notre tête aura déjà eu cette heureuse conséquence de nous éviter l'humiliation du pool avec l'Allemagne vers l'Amérique du Sud.
Car si, normalement, le principe du pool, très commercial, n'a rien d'humiliant, dans le cas actuel, avec un matériel déficient et nos discussions intérieures, nous n'avions plus qu'à prendre la remorque.
« C'était donc vrai? », me disait, ces jours-ci, une personnalité en vue. L'affirmation n'a pas été seulement verbale, mais écrite, et nous prouve qu'en somme, deux hommes pouvaient faire prendre au pays entier un engagement désastreux, car il ne manquait plus que la signature du ministre de l'Air; je puis affirmer que les gars de l'Aéropostale sont les premiers à se féliciter de la prise de pouvoir du général Denain, car, ils le savaient, il était temps.
Il y a d'ailleurs, là encore, une piquante question de droit à éclaircir, car, enfin, il n'aurait été toléré à aucune compagnie, du temps des compagnies séparées, le droit d'accepter ainsi un projet de pool avec l'étranger, et, sans discussion aucune, de le faire signer au Ministre; pourquoi, du fait simplement que les compagnies sont constituées en Compagnie unique, les droits et les devoirs auraient-ils changé?
La discussion qu'entraînera cette affaire, à la Chambre, avec le retentissement qu'elle mérite, ne manquera pas de nous fixer.       LE COLIMATEUR.

Le moindre effort
Le « pool » Luft-Hansa - Air-France vers l'Amérique du Sud vient d'avoir un sort, fort mérité, d'ailleurs, pour un projet aussi... bizarre.
Mais, ne serait-il pas maintenant question de mettre à son tour en « pool » la ligne Marseille-Saigon, terriblement déficitaire et que l'on aurait envie d'accrocher à la remorque de la K.L.M. et des Impérial Airways. Et puis, après cela, quelles lignes encore? Celles d'Afrique, quand elles seraient en exploitation? Est-ce que nous ne nous sentons pas la force et la capacité de nous équiper nous-mêmes?


Robert Collet page 19
Puis c'est Robert Collet, chef-pilote du Club d'avions légers des Flandres qui, en compagnie de son camarade André Huet, de ce Club, trouva la mort en Afrique du Nord, au cours d'un voyage de grand tourisme.
Brillant pilote de l'Aéropostale, Robert Collet avait passé une dizaine d'années en Afrique, au service de cette Compagnie.
On se souvient d'ailleurs qu'il fut avec notre regretté camarade Simon — également victime de l'Aviation — un des pionniers des lignes aériennes reliant l'Afrique à la Métropole.
A ce sujet, nous croyons utile de rappeler que L'Avion de mai 1927 eut l'occasion de parler de lui : en avril 1927, le lieutenant de vaisseau Campardon et le lieutenant de vaisseau Le Brix avaient reçu mission de photographier les côtes inconnues entre Agadir et Dakar, côtes de Mauritanie, du Sénégal et jusqu'à la Gambie, avec 3.000 clichés à tirer, sur une distance de 2.350 kilomètres.
Ils accomplissaient ce dur travail sur deux Goliaths de la Marine; ayant terminé leur mission, les deux équipages rentraient à Dakar, lorsqu'à 300 kms environ de cette ville, l'avion de Le Brix eût un moteur grillé, l'obligeant à atterrir dans le bled. Son camarade Campardon se rendit immédiatement à Port-Etienne pour y prendre un moteur de rechange.
A son retour, une tempête de sable s'éleva et l'obligea à atterrir à son tour en mauvais terrain ; le calme revenu, il voulu repartir, mais les roues de l'appareil s'enfoncèrent dans le sable et il se mit en pylône, à environ 200 kms de l'endroit où se trouvait Le Brix. Tous deux se trouvaient donc en panne.
Notre camarade Simon, chef de l'aéroplace de PortEtienne, s'inquiétant de ne pas les voir rentrer, prit l'initiative de partir à leur recherche. Il réussit à retrouver Campardon, qu'il ravitailla et revint à Port-Etienne pour envoyer une vedette enlever naufragé et matériel.
Pendant ce temps, notre camarade Collet, parti de Dakar, à la recherche de Le Brix, fut assez heureux pour retrouver ce dernier.
Ceci semble de l'histoire ancienne, car sept ans déjà se sont écoulés depuis ces faits; Campardon, Le Brix, Simon, depuis longtemps, hélas ! ont été victimes de l'implacable destin; seul, Robert Collet survivait.  Son tour est arrivé et, comme les autres, il est venu grossir la phalange de ces héros qui, obscurément, se dévouent à la cause des Ailes.
Nous saluons sa mémoire, ainsi que celle de son glorieux camarade qui a trouvé la mort avec lui, et nous prions les familles d'agréer nos condoléances émues.