mis à jour / updated :
 
                                                     

Extraits articles contenant le mot Aéropostale du journal La Croix  ordre chronomogique-source BNF



1929/09/26 (Numéro 14286). Display plain text
(Screen 6 / 6)
AERONAUTIQUE Paris-Madrid en 5h11
L'avion commercial, appartenant à la compagnie générale aéropostale, a pris le départ du Bourget, mardi, a 9h34. a destination de Madrid. Il est passé a Bordeaux à 11h 58, à Biarritz à 11h45 et est arrivé  à 14 h45. Les 1200 km. du parcours Paris-Madrid par Bordeaux et Biarritz ont donc été accomplis en 5h11 soit à une vitesse commerciale de 230 Km. à l'heure sans que l'avion ait été spécialement favorisé par le vent.
La liaison Berlin-Séville.
Mardi a été réalisée la première liaison postale aérienne entre Berlin et Séville. L'aviateur allemand Albrecht. qui avait quitté Berlin hier matin à 2h10 (?), ayant bord du courrier destiné à Marseille et Séville. a atterri à Marseille à 8h25, il en reparti à 9h25 après ravitaillement à destination de Séville sans escale. 

1929/10/30 (Numéro 14315). Display plain text
 (Screen 4 / 6)
Station de radio à Dakar.
La Compagnie générale aéropostale est autorisée à exploiter un poste de T. S. F. (émission et réception) à son terrain d'atterrissage de Dakar, sous l'indicatif F. G. T. La puissance maxima est fixée à 600 watts comptée aux bornes de l'alternateur ou de la dynamo. Elle pourra être modifiée dans la suite par autorisation spéciale. Les longueurs d'onde à utiliser seront celles qui sont fixées pour le service aérien par la conférence de Washington. L'émission doit être faite sur ondes entretenues. Le gouvernement général de l'Afrique occidentale française ne s'oppose pas à ce que la Compagnie générale aéropostale, si elle y est autorisée pas le département qualifié de la métropole, ouvre un trafic de lettres-océan-radio empruntant la voie station de bord d'un navire station de bord d'un aviso de la Compagnie généraie aéropostale poste F. G. T. de Dakar ou poste F. G. Z. de Saint-Louis; ligne aérienne Saint-Louis ligne aérienne Saint-Louis-Toulouse et inversement.

1930/01/09 (Numéro 14373). Display plain text
(Screen 5 / 6)
En Argentine, M. Bouilloux-Lafont inaugure une ligne aéropostale. 
Au cours de son voyage en République Argentine, M. Bouilloux-Lafont, vice-président de la Chambre des députés (NB: ce serait le frère de Marcel, Maurice), a inauguré la ligne aéropostale de Buenos-Ayres à Mar-del-Plata. Des fonctionnaires du service postal l'ont accompagné. Le ministre des Travaux publics et M. Bouilloux-Lafont ont prononcé des discours. M. Bouilloux-Lafont a été chaleureusement félicité.

1930/10/23 (Numéro 14617). Display plain text
(Screen 6 / 6)
Les essais d'un nouvel avion postal
Mardi, à Etampes, le premier avion trimoteur postal de 120 CV, dû à l'ingénieur René Couzinet, a fait ses premiers vols. L'avion, piloté par Landry, a pris l'air à deux reprises le matin et l'après-midi. Il a évolué avec une aisance qui a étonné les spécialistes présents. Au cours du vol, Couzinet fit arrêter l'un des moteurs latéraux, ce qui ne nuisit en rien à la stabilité de l'appareil qui garda parfaitement sa ligne de vol.
Sur le terrain; se trouvaient M. Renaudel, rapporteur du budget de l'air de la Commission des finances, les officiers du centre militaire et des amis de l'ingénieur.
Ce nouvel avion est destiné aux transports nocturnes de la poste sur la ligne Bordeaux-Genève. Il sera mis en service sitôt terminé le réglage des hélices.

  (Screen 2 / 6)
Les hydravions italiens en panne à Boloma
Les hydravions de l'escadrille italienne, que dirige le général Balbo, ont essuyé une tempête de grêle qui les a immobilisés à Boloma (Guinée portugaise). Ils ont demandé l'envoi d'hélices de rechange. Un avion de la Compagnie aéropostale est parti de Casablanca samedi, avec un mécanicien et sept hélices, mais il a dû s'arrêter dans la région de Draa.
L'aéroport d'Agadir a envoyé un deuxième avion de l'aéropostale qui a ramené l'équipage du premier.

1931/02/03 (Numéro 14702). Display plain text
(Screen 4 / 6)
Liaisons aériennes avec Madagascar et l'Indo-Chine
Une à une les grandes lignes aériennes qui doivent dans un avenir prochain relier la métropole à ses lointaines possions entrent sur le plan des réalisations.
Avec l'aide de l'Etat, de la Compagnie générale aéropostale, de la Compagnie Air-Afrique, les capitaux nécessaires ont été réunis pour l'établissement et le fonctionnement normal d'une ligne régulière qui partant d'Alger aboutira à Madagascar. Le trajet passe par Laghouat, El Goléa, Aoulet, franchit les 1200 kilomètres du Tanezrouft suivant l'itinéraire que les automobiles ont adopté. La ligne ensuite survole le Niger de Gao à Niamey, oblique sur Zinder, Fort-Lamy, Fort-Archambault et Bangui d'où les avions s'en iront vers Brazzaville, soit directement, soit en empruntant la bretelle prolongée vers l'Angola. Ils desserviront le Katanga, au Congo belge, point terminus du premier tronçon....
Les Anglais et les Hollandais ont déjà des services en Extrême-Orient. Il était indispensable que nous ayons, nous aussi, les nôtres. C'est notre prestige qui en dépend...
Deux Sociétés sont installées en Indochine l'Air-Orient et la Compagnie aérienne française....

1931/02/18 (Numéro 14715). Display plain text
(Screen 2 / 6)
VOYAGE EN AVION D'UN PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE
Buenos-Ayres, 17 février. Le président de la République Argentine, le général Uriburu, est parti hier matin pour un voyage de plusieurs jours à bord d'un des avions de la ligne de l'aéropostale argentine.
A bord du même avion ont pris place le directeur de l'Aéronautique et M. Collin Jeannel, directeur de la Compagnie générale aéropostale, ainsi que plusieurs officiers.
A bord d'un autre avion de la Compagnie se trouve la suite du président de la République. Une escorte de cinq avions militaires de construction française accompagne ces deux avions commerciaux qui sont. par T. S. F., en communication constante avec l'aérodrome
de Buenos-Ayres de l'aéropostale. La première escale doit être Cordoba. 

1931/02/19 (Numéro 14716). Display plain text
(Screen 6 / 6)
Un voyage aérien du président de la République argentine
M. Iriburu. président de la République Argentine, est parti te 16 féviier de Buenos-Ayres, à bord d'un avion de la ligne aéropostale argentine pour un voyage de plusieurs jours. Après une escale à Cordoba il a atterri le soir à Salta (Salia?, Salta?)

1931/03/13 (Numéro 14735). Display plain text
 (Screen 5 / 6)
La crise de l'Aéropostale La fermeture des trois banques
Les difficultés financières de la Compagnie aéropostale ont acculé le groupe bancaire qui en soutenait l'exploitation à cesser ses opérations. Comme nous l'avons annoncé hier, les banques de ce consortium Banque Bouilioux-Lafont frères et Jay, Crédit foncier du Brésil, Caisse commerciale et industrielle de Paris ont fermé leurs guichets et suspendu leurs opérations mercredi matin.
La banque Bouilloux-Lafont, fondée en 1853, fut d'abord une banque presque exclusivement rurale. Puis MM.Maurice Bouilloux-Lafont, député du Finistère et Marcel Bouilloux-Lafont, aujourd'hui président du Conseil d'administration de l'Aéropostale, voulurent étendre leurs affaires. En 1903, ils fondèrent la Caisse commerciale et industrielle de Paris en 1909, le Crédit foncier du Brésil. C'est ce dernier qui
finançait la Compagnie aéropostale en 1929, il lui avait consenti une avance de 170 millions. Devant l'impossibilité de récupérer cette somme, nécessaire à bref délai pour faire face à certains engagements, le Crédit foncier du Brésil et, par suite la Caisse commerciale de Paris et la banque Bouilloux-Lafont ont dû fermer leurs guichets.
M. Marcel Bouilloux-Lafont a déclaré que les déposants de la banque Bouilloux-Lafont frères et Jay n'avaient rien à redouter, puisqu'il s'agit d'une banque collective et que la fortune personnelle des gérants peut servir de garantie. Quant au Crédit foncier du Brésil et a
la Caisse commerciale de Paris, il espère que leur crise de trésorerie sera vite résolue. La fermeture des guichets, a-t-il ajouté, n'est que provisoire.
A la porte de l'établissement d'Etampes, où est le siège social de la banque Bouilloux-Lafont frères et Jay, un écriteau a été placé avec ces mots «Fermé provisoirement».
D'autre part, le gouvernement, se préoccupant de la situation des petits porteurs et déposants de la banque Bouilloux-Lafont, a engagé depuis plusieurs jours des pourparlers en vue de préserver leurs intérêts.


 (Screen 1 / 6)
Les couloirs du Palais-Bourbon  Le déficit budgétaire
Le cri d'alarme de notre ministre du Budget, M. Piétri. a eu dans les couloirs de la Chambre une profonde répercussion. Combien de députés se sont trouvés pris entre l'irrésistible surenchère électorale et cet appel à la prudence que Jour faisait entendre M. Piétri
...

Mouvement de crise
Ce n'est pas à proprement parler, le cas Flandin -y en a-t-il un?- mais les manœuvre socialistes autour du rôle de M.  Flandin qui suscitent d'assez vifs commentaires.
Il s'agit pour la S. F. I. 0.. de provoquer la démission du ministre des Finances qui entraînerait pas moins celle du Cabinet Laval en entier. C'est enfin aujourd'hui que se déclenche l'attaque. Dés l'article 18 de la loi de finances qui concerne les subventions aux Sociétés d'aviation, M..Monnet doit interpeller, et M. Renaudel lui prêtera main forte. Mais, d'une part, M. Flandin ne redoute pas l'attaque, d'autre part, il est peu de députés, socialistes rnis à part, qui se sentent le goût de provoquer une cise alors que l'œuvre budgétaire attend son aboutissement.  

1931/03/26 (Numéro 14746). Display plain text
 
(Screen 1 / 6)
Les couloirs du Palais-Bourbon -
Sur une grande semaine politique
Les augures qui fréquentent les couloirs de la Chambre ont annoncé dès lundi que nous entrions dans une grande semaine politique. Les événements ne semblent pas avoir les répercussions prévues.
La Commission du règlement a bien protesté contre la méconnaissance de ses droits au sujet du «cas Flandin», on a vu comment la Chambre, après une simple remarque de son président, a maintenu sa volonté de soumettre la proposition socialiste aux bons soins d'une Commission d'instruction. Les onze bureaux de la Chambre ont désigné neuf adversaires et deux partisans de la motion socialiste.
C'est donc une manœuvre qui échoue. M. Léon Blum et ses compagnons récidiveront-ils, lorsque le projet de renflouement de l'Aéropostale reviendra devant la Chambre? Ils n'ont plus grand'chose à y perdre, c'est entendu, mais ce sera peine inutile.
La Commission de l'aéronautique a adopté le projet modifié par le Sénat, que rapportera M. Chaulin-Servinière. M. Jules Moch ayant reçu les courtoises condoléances de ses collègues.
On comprend, évidemment, que le rapporteur socialiste du premier projet de renflouement de l'Aéropostale aurait été quelque peu gêné
pour critiquer une gestion déficitaire alors que lui-même, en faisant perdre une douzaine de millions à la Société des caoutchoucs,
s'est montré administrateur malheureux.
...

L'Aéropostale à la Chambre Séance du 28 mars (après-midi) Présidence de M. Henry Pâté.
Le débat continue sur l'affaire de l'Aéropostale.
M. Moch défend un contre-projet socialiste, qui reproduit à peu près exactement le texte voté jadis par la Chambre
M. Dumesnil. J'apprends l'instant même que l'Aéropostale vient de déposer son bilan. C'est donc avec les liquidateurs que je devrai traiter. Voila de quoi calmer les craintes exprimées ce matin.
Répondant à une question de M. Pezet le ministre déclare que le Brésil est aussi intéressé que nous au maintien de la ligne France-Amérique du Sud. Les Socialistes maintiennent leur contre-projet.
M. Margaine. Nous voterons le contre-projet, pour lutter contre cette idée trop répandue que l'Etat doit tirer d'affaire !es Sociétés aériennes en déconfiture.
Le contre-projet est repoussé par 311voix contre 272.
M. de Tinguy du Pouët. Si nous votons le texte du Sénat. c'est-à-dire un crédit applicable à l'exercice 1930-1931 qui se termine dans trois jours, nous verserons les primes concernant l'exploitation de l'Aéropostale, antérieure à la liquidation judiciaire. Ces primes risnuent par suite, de devenir le gage des créanciers et de ne pas servir à l'exploitation.
M. Dumesnil. Je m'engage à n'employer le crédit de 6 millions qu'au payement des dépenses d'exploitation.
Un amendement de M. Moch est repoussé par 388 voix contre 182. Finalement le texte du Sénat est adopté, sans modifications par 404 voix contre 182.
...
La Commission d'enquête
M. Renaudel a demandé s'il était possible de faire appeler M. Flandin devant la Commission d'enquête. Après discussion, celle-ci a établi qu'en raison d'une erreur de procédure de la part du groupe socialiste, c'est la Chambre qui est saisie du cas de M. Flandin. Toutefois, Il est possible que la Commission d'enquête se saisisse du dossier de l'Aéropostale.

1931/04/03 (Numéro 14753). Display plain text
(Screen 5 / 6)
...
II est donc acquis à l'histoire du socialisme révolutionnaire que Léon Blum, chef du parti S. F. I. 0. et adversaire farouche du capitalisme et de la finance, entretenait avec le banquier Oustric les relations les plus cordiales et que ledit banquier n'avait rien à lui refuser. Il y avait entre eux échange de bons procédés, et il n'est pas interdit de penser que si le capitaliste Oustric rendait des services au prolétaire Léon Blum, ce dernier n'était pas en reste avec lui. Il y avait incontestablement échange de bons procédés.
Le «Populaire» ne s'inquiète même pas des révélations du fils de M. Blum qui attribuait à son père le rôle de «boite aux lettres». Il dément purement et simplement, ajoutant quelques menaces. Les adversaires de Blum, qui sont ceux du socialisme, ne désarmeront pas. Si nous en doutions, il suffirait de se reporter au communiqué de l'Agence Havas que nous reproduisons ci-après pour l'édification de nos lecteurs et qui constitue le plus audacieux et le plus perfide travestissement de la vérité. Mais nos amis pourront répondre maintenant, comme il convient. Quant à nous, il nous appartient de prendre au collet les instigateurs de cette campagne et de les montrer tels qu'ils sont.
M. André Tardieu, M. Pierre-Etienne Flandin et quelques autres ne seront pas oubliés. C'est trop déjà qu'un homme comme Léon Blum soit le point de mire des attaques de la N'goko-Sangha et de l'Aéropostale.
...
L' «Humanité» triomphe
Ce que les ouvriers retiendront avant tout de l'affaire, ce sont les relations honteuses du chef de la social-démocratie française avec leurs pires exploiteurs, les Oustrio et les Peugeot.
Et ils se demanderont aussi quelles raisons profondes pouvait bien avoir le spéculateur  Oustrio de se rendre agréable à Léon Blum, ils se rappelleront aussi que sur le demi-million que Blum a avoué s'être procuré chez les bourgeois, 25 OOO francs au moins venaient de la banque véreuse Bénard. Ils comprendront enfin que si Oustric et Bénard rendaient des services à Léon Blum, celui-ci ne devait pas être un ingrat...

1931/04/28 (Numéro 14774). Display plain text
(Screen 5 / 6)
Voyages aérien
Le ministre de l'Air a décidé les Compagnies aériennes suivantes: Air Union, la Compagnie générale aéropostale, Compagnie internationale de navigation Compagnie aérienne, Société générale de transports aériens, à consentir sur le prix des passages aériens une réduction de 10% aux souscripteurs des bons de l'Exposition coloniale.

1931/05/02 (Numéro 14778). Display plain text
 (Screen 2 / 6)

A la Commission d'enquête
...
M. Joseph Denais, qui préside la sous-Commission chargée de l'étude des conventions passées entre les Compagnies de transports et l'Etat, a fait part de quelques renseignements personnels sur les contrats de la Compagnie aéropostale Il a indiqué qu'aucune intervention politique ne s'était produite. En aucun cas, les porteurs de bons de la Société ne subiront de pertes. Leurs intérêts sont couverts par les subventions de l'Etat.
...
Où l'on reparle de l'Aéropostale
M. Gellie, député de la Gironde, va déposer sur le bureau de la Chambre, une proposition dans laquelle il reprend la motion socialiste qui demandait le renvoi de M. P.-E. Flandin, ministre des Finances, devant la Commission d'enquête, pour son rôle d'ex-avocat-conseil de la Compagnie aéropostale.
M Gellie espère ainsi obliger les adversaires de M. P.-E. Flandin à reconnaître publiquement que les accusations portées par eux contre le ministre des Finances étaient sans fondement. Si la Commission du règlement se prononçait contre ce texte, M. Gellie aurait la possibilité, après avoir recueilli 50 signatures, de provoquer un débat public.

A la Commission d'enquête 
... M. Joseph Denais a précisé les déclarations qu'il avait faites la veille au sujet des bons de l'Aéropostale. Il a indiqué que les données des conventions de 1924 et de 1927, passées entre l'Etat et l'Aéropostale avaient institué une dotation suffisante pour payer les bons,
que le jeu de ces conventions avaient été faussé par la suite, et que le jour où les conditions d'une exploitation normale seraient rétablies il serait facile d'assurer l'amortissement des bons de l'Aéropostale.

1931/05/10 (Numéro 14785)-1931/05/11. Display plain text

Un avion de la Compagnie aéropostale a quitté, vendredi matin, Rabat, ayant à bord Alain Gerbault.

1931/05/22 (Numéro 14794). Display plain text
(Screen 6 / 6)
Le retour de l'aviateur Challe
La Compagnie aéropostale a reçu la dépêche suivante de l'aviateur Challes. «Saint-Louis, 21 mal, 7 h. 15 (G.M.P). Capitaine Challe a quitté Saint-Louis a 6h10 heure locale pour Port-Etienne.»

1931/05/23 (Numéro 14795). Display plain text
(Screen 2 / 6)
A la Commission d'enquête
M. Renaudel devait lire jeudi, devant la Commission d'enquête, le rapport d'information qu'il a préparé sur les affaires d'aviation, mais la séance a été occupée par une discussion sur l'opportunité de cette lecture. M. Gellie fit remarquer qu'il avait déposé sur le bureau de la Chambre une proposition de résolution visant les affaires de l'Aéropostale et demanda à ses collègues de surseoir à la lecture du rapport de M. Renaudel jusqu'à ce que la Chambre se soit prononcée.
MM. Guernut et Renaudel firent valoir que cette procédure équivaudrait à dessaisir la Commission des affaires qui lui sont soumises.
M. Gellie ayant retiré la motion préjudicielle qu'il avait présentée, il fut décidé que M. Renaudel donnerait cet après-midi lecture de son rapport.

PLUS
Un avion du «Béarn»
s'abat au sud de Meknès, 4 morts. 

Un grave accident d'aviation s'est produit, vendredi matin, près d'El-Aînan, au sud de Meknès.
Quatre avions du Béarn, navire porte-avions, qui est actuellement sur le littorat marocain avec la première escadre, effectuaient un vol d'entraînement, quand l'un d'eux, le P-L-7-N-14, pour une raison inconnue, s'abattit soudain sur le sol de 700 mètres d'altitude.
Le pilote. Jean Riou; le quartier-maître mitrailleur Guillou; le quartier-maître mécanicien René Radal, et le matelot Louis Jolidon, qui le montaient, ont été tués.
Le résident général, dès qu'il a eu connaissance de l'accident, a délégué M. Orthlieb. contrôleur civil de Casablanca pour exprimer ses condoléances et les sympathies du Maroc à l'amiral
commandant la première escadre. Le capitaine de vaisseau Delahaye a été chargé de recueillir les éléments d'une enquête afin de tâcher d'établir les causes de l'accident.


1931/05/24 (Numéro 14796)-1931/05/25. Display plain text
 (Screen 2 / 6)
A la Commistion d'enquête
M. Henaudel a lu devant la Commission d'enquête le rapport d'Information qu'il a préparé sur l'Aéropostale. Il n'a apporté aucun renseignement nouveau et a conclu en demandant la nomination d'une sous-commission qui convoquerait des témoins et recueillerait   les informations utiles à l'enquête. Après une discussion, M. Mandel a fait une proposition qui a recueilli l'unanimité. Elle consiste  à donner a la Sous-Commission mandat d'étudier simplement le dossier de M. Henaudel sans qu'elle puisse demander communication de pièces nouvelles et sans procéder à de nouvelles auditions de témoins.
MM. Gellie, Guernut, Gorges Bonnet, et Scapini ont été désignés pour faire partie de cette sous-Commission. 
La Commission s'est ajournée à mercredi pour prendre connaissance du dossier des prestations en nature pour le papier.
La sous-Commlsslon chargée d'examiner les dossiers de la banque Bénard et la sous-Commission chargée d'examiner les dossiers de cotation de valeurs étrangères et coloniales à la Bourse de Paris ont commencé leurs travaux.

1931/06/25 (Numéro 14823). Display plain text
(Screen 4 / 6)
LETTRE DU BRÉSIL Le réveil religieux chez les élèves des grandes Ecoles et leurs professeurs
La reconstruction religieuse au Brésil prend une tournure si consolante et inattendue que je ne puis m'empêcher d'écrire une nouvelle lettre, quoique ma dernière date de quelques jours à peine. Je profite du service aérien de l'Aéropostale pour faire parvenir ces nouvelles toutes fraîches.


1931/07/04 (Numéro 14831). Display plain text
(Screen 4 / 6)
Le trafic aérien sur les lignes françaises pendant le mois d'avril a été le suivant: Aéropostale (France-Maroc, Amérique du Sud, Marseille-Alger), 227 passagers, 5 kg. 662 messageries, 7 kg. 527 postes; Compagnie internationale de navigation aérienne (Paris-Constantinople), 305 passagers; 24 kilos 921 messageries et 1 kg. 297 postes; Air-Union (Paris-Londres-Marseille-Tunis-Bône), 1 633 passagers, 50 kg. 627 messageries, 1 kg. 998 postes; Société générale de transport aérien (Paris-Amsterdam-Cologne-Berlin), 377 passagers, 27 kg. 049 messageries. 1 kg. 592 postes, Air Orient (Marsetlle-Bagdad et Bangkok-Saïgon), 19 passagers, 0kg 452 messageries et 0kg 676  postes.

1931/08/23 (Numéro 14873)-1931/08/24. Display plain text
 
(Screen 2 / 6)
La ligne aéropostale reliant Buenos-Ayres au Chili, qui a été suspendue par décret, est une Compagnie argentine et non, comme il avait été annoncé, la Compagnie aéropostale générale qui relie le Chili à la France par Buenos-Ayres.

1931/10/30 (Numéro 14931). Display plain text
(Screen 5 / 6)
Citations à l'Ordre de la Nation Sont cités à l'ordre de la nation:
-1 M. Negrin, pilote-aviateur, qui a trouvé une mort héroïque dant un accident survenu le 9 mai 1930, près de Montevideo, alors qu'il se rendait à Natal pour ramener le premier courrier aérien France-Amérique du Sud, que devait lui remettre le pilote Mermoz après avoir traversé l'Atlantique Sud de Saint-Louis-du-Sénégal à Natal.
-2 M. Prainville, directeur de l'exploitation en Amérique du Sud des lignes de la Compagnie générale aéropostale, qui a été victime d'un accident mortel, près de Montevideo, le 9 mal 1930, alora qu'il se portait audevant du premier courrier aérien transatlantique que Mermoz devait amener de Saint-Louis à Natal.


1931/11/20 (Numéro 14949). Display plain text
(Screen 4 / 6)
LETTRE DU BRÉSIL.... Sur le Congrès qui a précédé l'inauguration, il y aurait fort à dire, mais ce n'est pas dans une Chronique par aéropostale que je puis épuiser le sujet. Peut-être aurons-nous l'occasion d'y revenir dans notre prochaine lettre... 

1931/11/25 (Numéro 14953). Display plain text
(Screen 3 / 6)
Les dirigeables modernes
Les trois voyages Europe-Amérique du Sud accomplis à date fixe par le Graf-Zappelin ont remis le dirigeable au premier plan de l'actualité. L'intention des Allemands est de mettre en exploitation dès que possible une ligne aérienne régulière sur ce parcours. Par ailleurs, les Etats-Unis ont récemment sorti un «super-dirigeable» pour leur marine, l'Akron, tandis que se construit à Friedrichshafen le successeur amélioré du Graf-Zappelin, le L.-Z.-129.
Il est Intéressant, croyons-nous, de rappeler les caractéristiques principales de ces trois vaisseaux aériens, en y joignant pour comparaison celles du précédent dirigeable américain Los-Angeles.
...
Il faudra suivre avec intérêt l'exploitation de la ligne allemand Europe-Amérique du Sud par zeppelins...
...
Néanmoins, si la société d'exploitation parvient à équilibrer son budget, la ligne par dirigeables risque de concurrencer sérieusement la
ligne française de la Compagnie générale aéropostale dont le service s'effectue, actuellement, par avions à part la traversée de l'Atlantique Sud de Dakar à Natal, parcours desservi pour le moment par des avisos rapides. Il devient urgent de créer le grand hydravion capable d'assurer le trajet dans de bonnes conditions de sécurité. Lorsque nous pourrons disposer d'un tel engin -il faut malheureusement craindre que ce ne soit pas avant quelques années- il est probable que la durée du voyage, nettement inférieure à celle exigée par le dirigeable dont la lenteur est une tare congénitale, rendra fort difficile, sinon impossible, la concurrence de ce dernier. Peut-être d'ailleurs, l'avion de haute altitude règlera-t-il définitivement la question plus tôt qu'on ne le pense. Valdonnel

1931/12/02 (Numéro 14959). Display plain text
Screen 1 / 6)
Un esprit! Des actes!
...
Chez nous, ceux de ma génération se souviennent des grèves sanglantes de jadis, des fusillades de Fourmies, plus tard de Villeneuve-Saint-Georges. Pensons-nous assez à la tranquillité sociale dont nous avons joui depuis, surtout après la guerre, et
...
Quant aux charges, réfléchissons. Quand notre industrie ou notre agriculture est menacée par les bas prix de l'étranger, par un dumping,
on fait des tarifs protecteurs, on tait des contingentements, mais autant en coûte sur le marché intérieur. Et lorsqu'une industrie qu'on regarde comme nationale se trouve en difficulté, on vient à son secours, on renfloue une Aéropostale ou une Transatlantique. Tout cela ce sont des charges pour l'Etat.
...
 Joseph Zamanski.

1931/12/12 (Numéro 14968). Display plain text

L'hydravion postal semble perdu
Malgré les recherches entreprises par les vedettes de la Compagnie aéropostale et les hydravions de la marine militaire, on est toujours sans nouvelles de l'hydravion commercial. dont l'équipage est composé du pilote Champsaur et du radio-télégraphiste Bourguignon, qui
a amerri en Méditerranée mercredi matin à 9 h. 30 à la suite d'une panne d'huile. Des avions terrestres ont pris l'air vendredi matin pour explorer les côtes où l'hydravion aurait pu venir s'échouer. Les recherches sont rendues difficiles en raison du mauvais temps.

1931/12/13 (Numéro 14969)-1931/12/14. Display plain text
(Screen 2 / 6)
 LES DÉBATS PARLEMENTAIRES A la Chambre Séance du 11 décembre 1931
L'art de perdre son temps
...
M. Bahier. -C'est la première fois que la Chambre prend l'initiative de renflouer un organisme défaillant.
A gauche. Et l'Aéropostale? Et la Transatlantique
M. Bahier. -Nous faisons oeuvre d'étatisme (Exclamations et rires à l'extrême gauche)
...

1931/12/15 (Numéro 14970). Display plain text
(Screen 6 / 6)
En Algérie
En Algérie, la situation est moins grave, mais la tempête ne se concentre pas seulement sur les côtes et gagne l'Intérieur des terres.
...
Dans le port de Bougie, de nombreuses barques ont coulé. Le torpilleur Matelot-Leblanc, qui était parti à la recherche de l'avion de
l'Aéropostale, est rentré dans le port donnant fortement de la bande et ayant ses soutes à mazout inondées.

1931/12/24 (Numéro 14978). Display plain text
 (Screen 2 / 6)
LES DÉBATS PARLEMENTAIRES A la Chambre
Séance du 22 décembre 1931 (après-midi)
M. Léon Meyer, député-maire du Havre, insiste sur l'intérêt national du renflouement, quelles qu'aient pu être les fautes et les erreurs du passé.
M. Jules Moch, socialiste. Renflouement. Pourquoi ?  Avez-vous oublié l'exemple de l'Aéropostale, dont la liquidation n'a pas empêché le départ d'un seul avion, n'a pas causé le renvoi d'un seul employé?
M. Germain Martin. Il n'y a rien de commun entre la liquidation de l'Aéropostale, qui comportait peu de personnel. et celle d'une compagnie maritime, alors que la mise en train d'un navire est compliquée, lourde et coûteuse. Au surplus, la liquidation de l'Aéropostale a créé à cette Société des difficultés énormes.

 

1932/01/07 
 (Screen 5 / 6)
Les Zeppelins du service sud-américain vont-ils partir d'Orly.
La communauté d'intérêts franco-allemand» pour le trafic aérien
La création d'une «communauté d'intérêts franco-allemande» pour le trafic aérien, qui aboutirait à la création d'une Société commune dirigée par le Dr Eckener, du côte allemand, et par M. Latécoère, du coté français. est discutée, mercredi, à Berlin, dans le cadre des travaux de la Commission économique franco-allemande.
Outre l'unification des lignes françaises et allemandes en Europe, le but essentiel de l'accord franco-allemand, s'il se révèle possible, serait l'exploitation en commun des lignes aériennes, vers l'Amérique du Sud, tant par avion que par dirigeables.

Le service des avions français et des zeppelins allemands serait combiné de façon à obtenir une répartition tenant compte des nécessités atmosphériques et évitant toute concurrence entre les deux systèmes.
La Société Zeppelin serait disposée, dans ces condition à transférer la tête de ligne de son service sud-américain de Friedrichshafen à Orly, près de Paris.
IL existe à Orly des hangars à dirigeables convenant parfaitement aux zeppelin, et le départ d'Orly présenterait un certain nombre d'avantages techniques et commerciaux.
On déclare que ces conversations ne sont dirigées contre personne, et que le gouvernement français est disposé à rechercher des ententes similaires avec l'Angleterre et l'Italie.

Plus
La maffia allemande (5 octobre 1932) !!!
DE L'AFFAIRISME A LA TRAHISON OÚ L'ON DÉCOUVRE TOUTE UNE MAFFIA AU SERVICE de L'ALLEMAGNE
Plus Le fruit d'un travail aride plusieurs années pour s'implanter en AMS compromis   La lettre de M. Marcel Bouilloux-Lafont au Dr Eckener, le 26 mai 1931. 


1932/01/09 (Numéro 14990). Display plain text
(Screen 5 / 6)
Les négociations franco-allemandes sur le trafic aérien ont pris fin à Berlin, le 7 janvier. Vers une entente sur le trafic balkanique et transocéanique.
Elles ont porté en particulier sur la ligne aérienne Paris-Vienne et sur la prolongation en commun de cette ligne dans la direction des Balkans. En ce qui concerne le trafic avec l'Amérique du Sud, un communiqué officiel déclare que les pnurparlers ont ouvert de nouvelles possibilités en vue d'une collaboration technique entre Ia Deutsch Luft Hansa, la Société Zeppelin, le Syndicat Condor et l'Aéropostale. Les questions de détail seront étudiée lors de la prochaine réunion du Comité.

1932/02/11 (Numéro 15018). Display plain text
 (Screen 1 / 6)
La Journée Paris, le 10 février 1932.
La Commission d'enquête reprendrait bientôt ses travaux, ainsi que l'a déclaré son présidet, M. Louis Marin, dans le débat sur la réforme électorale. Elle s'occuperait de l'Aéropostale et de l'affaire Devilder.

1932/02/13 (Numéro 15020). Display plain text
(Screen 6 / 6)
Le départ du oomta de Sibour L'aviateur de Sibour, qui se rend en Afrique centrale, pour dépanner l'aviatrice Maryse Hiitz, est arrivé à Bordeaux-Mérignac, jeudi à 13 heures. Après une réparation au radiateur de son appareil le comte de Sibour repartira vers le Maroc et l'Afrique occidentale en suivant le même trajet que les avions de l'Aéropostale...

1932/03/01 (Numéro 15034). Display plain text
Screen 1 / 6)
La Compagnie aéropostale est sans nouvelles de l'avion Laté 28 piloté par les aviateurs Barbier et Ham, et ayant à bord l'opérateur Goubeyre et un passager, M. Boucheix. secrétaire de la légation de France en Bolivie. L'avion s'est perdu au cours de la tempête entre Montevideo et Porto-Alègre. On a retrouvé des sacs de courrier sur une plage près de Sarita, à la frontière du Rio Grande.
(Screen 2 / 6)
Dès qu'il a eu connaissance de la perte, entre Montevideo et Porto-Alègre, d'un avion de la Compagnie aéropostale, M. Guernier, ministre des Travaux publics, des communications et de la marine marchande, a décidé de citer les membres de l'équipage à l'ordre de la
nation et de les proposer pour la Légion d'honneur à titre posthume.


1932/04/14 (Numéro 15072). Display plain text
 (Screen 5 / 6)
Citations à l'ordre de la nation
Le Journal Officiel a publié les citations à l'ordre de la nation (aéronautique civile) des pilotes Pierre Barbier, Victor Hamon, de l'Aéropostale, et de leur radiotélégraphiste Georges Gombeyre, morts en service le 27 février dernier. en Amérique du Sud.

1932/05/07 (Numéro 15091). Display plain text
(Screen 4 / 6)
Une conférence aéropostale aura lien à Bruxelles le 30 mai prochain.
En 1930 et 1931 des conférences ont eu lieu à Bruxelles et à Prague pour améliorer les relations aériennes postales dans le domaine international. Toutes les grandes Compagnies de navigation aérienne ainsi que les délégués des gouvernements intéressés se réuniront à nouveau à Bruxelles te 30 mai, dans le même but.
Il s'agit tout d'abord de l'organisation d'un réseau aérien international, tout au moins inter-européen, destiné à intensifier le trafic aéropostal de jour et de nuit et, d'autre part, de l'établissement d'un horaire aérien uniforme ainsi qne de l'unification des tarifs des expéditions aéropostales de toutes natures dans tous les pays. Enfn la conférence s'occupera de la création d'un bureau aéropostal international, dont le siège sera vraisemblablement à Bruxelles.

1932/06/08 (Numéro 15118). Display plain text
(Screen 5 / 6)
Un terrible accident vient endeuiller le Tour de France des avions de tourisme. QUATRE MORTS
...
 Un appareil piloté par l'aviateur Parant et ayant a bord deux commissaires de l'épreuve et un journaliste s'envola vers Avignon pour annoncer la décision qui venait d'être prise (départ reporté d'un jour). Comme il arrivait au-dessus de l'aérodrome de Pujaut, où
il devait atterrir, l'avion fut pris dans un remous et, tombant en vrille, alla s'écraser sur le sol.
Les quatre personnes qui se trouvaient à bord furent tuées sur le coup Ce sont: Louis Parant, 40 ans, pilote de l'Aéropostale, Georges Levithan, 24 ans, journaliste, Jean Cailleux, 31 ans, et André Poulat, commissaires...

1932/06/21 (Numéro 15129). Display plain text

Les lignes de la poste aérienne
Parmi les divers moyens de transport dont nous disposons à l'heure actuelle, le dernier venu, l'avion, présente sur ses prédécesseurs un
avantage et un inconvénient.
L'avantage, c'est qu'il est beaucoup plus rapide. Encore, cette rapidité n'apparaît-elle que pour les longs parcours. En effet, lorsqu'il s'agit
de relier Paris à Lille, par exemple, le temps effectif de vol est de moins de deux heures il faut y ajouter la liaison entre les deux aérodromes et les points de départ et d'arrivée, ce qui  représente environ deux demi-heures: le gain sur le parcours par chemin de fer est à peu près nul. Il n'en va plus de même s'il s'agit de voler de Paris à Berlin ou à Bucarest les pertes de temps aux deux extrémités deviennent négligeables dans l'ensemble, et le gain sur la durée du trajet ferroviaire est important. Donc, l'avion est avantageux pour les longs parcours.
L'inconvénient, c'est le manque de place à bord. Il existe bien quelques appareils pour passagers qui peuvent admettre 8 et même 16 personnes mais c'est peu, par rapport au nombre de voyageurs d'un wagon, et en définitive, le voyage par la voie aérienne est beaucoup plus onéreux. Aussi, jusqu'à présent, l'avion est-il surtout réservé au transport d'objets précieux et urgents, peu volumineux, dont l'élément essentiel est la correspondance.
C'est l'acheminement des lettres qui est surtout visé par les Compagnie de navigation aérienne, car c'est lui qui leur permet de vivre. Et comme les voyages sont effectués sur de grandes distances, le bénéfice de temps est tel que les correspondants éloignés ont intérêt à se servir de ce moyen de transport, malgré la surtaxe assez élevée qu'il leur faut acquitter. Il nous a semblé intéressant d'énumérer les lignes postales aériennes qui existent actuellement entre la France et ses colonies.
L'Algérie est desservie, depuis 1928, par une ligne exploitée par la Compagnie générale aéropostale. Cette ligne fonctionne tous les jours.
sauf le lundi. Un hydravion part de Marseille à 9 heures, pour arriver à Alger à 14 heures. En sens contraire, le départ d'Alger a lieu à 5 heures, l'arrivée à Marseille à 10 heures.
Peut-être y aurait-il lieu de modifier cet horaire. En effet, si le mauvais temps règne en mer, l'avion peut être retardé de telle sorte que
la correspondance n'est distribuée que le lendemain. Elle perd ainsi une partie de l'avance réalisée par la voie aérienne. De même, il y aurait, intérêt à faire partir plus tard l'avion Alger-Marseille qui, à 5 heures du matin, ne peut emporter que le courrier de la veille. Arrivé à 10 heures du matin, ce courrier prend seulement les trains du soir (18 heures) pour la France continentale. Avec un départ plus tardif,
les correspondances déposées le matin à Alger partiraient le jour même.
La Tunisie est reliée à la France par la ligne Marseille-Ajaccio-Tunis, qui a été inaugurée le 18 mars 1929, et est exploitée par la compagnie Air-Union. Comme la précédente, elle fonctionne chaque jour, sauf le lundi. L'horaire est: départ de Marseille 7 heures, arrivée à Tunis 15 h. 30; dans le sens contraire, départ à 8 heures pour arriver à 15 h. 30.
Ici encore, il y aurait intérêt à modifier les heures de départ pour assurer la distribution du courrier le soir même.
Pour conserver tout l'avantage de la rapidité de la voie aérienne, le service des postes étudie la possibilité de créer un service aérien Paris-Marseille et retour, fonctionnant la nuit et assurant la correspondance avec les diverses lignes desservant l'Afrique du Nord.
Le Maroc est admirablement desservi par la ligne Toulouse-Casablanca, qui existe depuis le 1er septembre 1919 et a été assurée par la
Compagnie Latécoère. C'est maintenant la Compagnie générale aéropostale qui a repris cette ligne, et qui l'a prolongée, en France, par deux embranchements, l'un sur Bordeaux, l'autre sur Marseille. En Afrique, la ligne a d'abord été poussée jusqu'au Sénégal, et depuis, elle est reliée par vedettes rapides (en attendant l'hydravion transatlantique) aux lignes que la Compagnie dessert au Brésil et en Argentine
La grande voie aérienne Toulouse-Casablanca fonctionne tous les jours avec une grande régularité elle sert à acheminer journellement une centaine de kilogrammes de correspondance. Le service aérien Casablanca-Dakar a lieu une fois par semaine. Ce jour là, le courrier parti de Toulouse met moins de quarante-huit heures pour atteindre Dakar.
Bien que cette ligne aérienne puisse faire gagner du temps au courrier destiné à nos autres colonies africaines, elle ne les dessert pas  directement. Côte d'Ivoire, Cameroun, Afrique équatoriale et Madagascar, sont encore isolés au point de vue aérien. Mais on s'efforce de trouver une solution. Plusieurs voyages de reconnaissance ont déjà eu lieu, les uns survolant la terre ferme, et traversant les Congo
français et belge, d'autres en suivant la côte orientale africaine, afin de déterminer le meilleur trajet. Pourtant, la traversée de l'Afrique, qui permettrait de relier la France et l'Algérie à l'A. E. F., puis à Madagascar et la Réunion aurait une importance considérable. Et comme elle intéresse également la nation belge, notre voisine, une convention a été passée entre les deux pays. La ligne partirait d'Anvers, passerait à Paris et gagnerait un port méditerranéen. L'Algérie serait atteinte soit à Alger, soit à Oran, puis viendrait la traversée du Sahara avec arrêts à Gao, Zinder, Fort-Lamy et l'avion desservirait ensuite les deux colonies du Congo. La convention prévoit un départ par semaine, assuré alternativement par une Société belge et une Société française. Il n'est pas téméraire de penser qu'un jour, l'avion français pourrait poursuivre sa route sur Madagascar et la Réunion.
Quant à l'A. 0. F., on étudie la création d'une ligne aérienne qui suivrait la côte africaine depuis Dakar jusqu'au Congo, ce qui permettrait de relier directement la ligne France-Dakar avec la Guinée, la Côte d'Ivoire, le Dahomey, le Cameroun.
Nos possessions d'Asie sont, elles aussi, en relation aérienne avec la métropole. Et cependant, la distance à parcourir, entre la France et l'Indochine, est considérable.
Après de nombreuses études de la part de la Compagnie Air-Orient, un premier tronçon a été inauguré, en juin 1929 sur le parcours Marseille-Beyrouth, avec départ une fois par semaine. La durée du trajet est de trente-six heures environ.
Quant aux correspondances à destination de nos comptoirs de l'Inde et à notre colonie d'Indochine, elles ont pendant plusieurs années, emprunté la ligne aérienne anglaise qui va de Londres à Jodhpur.. A partir de ce dernier point, le courrier était acheminé par bateau, ce qui occasionnait d'assez longs retards lorsque l'arrivée de l'avion et le départ du paquebot ne coïncidaient pas. Depuis la fin de 1930, une ligne aérienne néerlandaise partant d'Amsterdam acheminait le courrier jusqu'à Bangkok, où un avion français venait le prendre pour l'amener à Saïgon. Dans ces conditions, le trajet durait une quinzaine de jours, au lieu d'un mois par les voies ordinaires. Depuis le début de janvier dernier, la Compagnie Air-Orient s'est organisée pour assurer, un jeudi sur deux, un départ direct de Marseille à Saïgon. Les autres jeudis, le service continue à être assuré par la ligne hollandaise K. L. M. Le courrier est alors transporté à Bagdad par l'Air-Orient de Bagdad à Bangkok par la ligne K. L. M., puis de nouveau par l'Air-Orient de Bangkok à Saïgon. La durée du trajet est ainsi réduite à dix jours.
A noter que le poids du courrier atteint, à chaque voyage, de 60 à 70 kg.
Comme on le voit, la poste aérienne s'organise peu à peu et quand on considère toutes les difficultés matérielles qu'il faut arriver à surmonter, dans des régions où manquent souvent les éléments indispensables, on se rend compte du très important effort que cette organisation représente.
Pour nos possessions d'Océanie (Nouvelle-Calédonie) il n'a pas été possible de faire grand'chose les lettres traversent l'Australie à bord
d'avions anglais ce qui leur procure un gain de deux jours, assez faible si on considère la durée ordinaire du trajet, qui est de trente-cinq
jours.
Enfin, nous n'avons pu créer une ligne pour nos possessions américaines des Antilles et de la Guyane, mais nous avons mis à proflt l'organisation américaine. Les lettres pour ces pays sont expédiées par paquebot à New-York. Là, elles prennent la voie aérienne New- York-Miami (extrémité de la Floride) -Port-au-Prince (Haïti)-Saint-Tomas-Port-of-Spain (Trinité) Gayenne. Les îles françaises sont desservies par bateau

1932/07/13 (Numéro 15148). Display plain text
(Screen 1 / 6)
A CHOISIR (un aspect de l'Etat français) 
Assurément, l'Etat est en crise: la notion d'Etat et les Etats eux-mêmes sont dans le creuset de sa discussion. On ne paraît plus du tout fixé, de par le monde, sur ce qu'est le pouvoir et, régulièrement depuis quelque temps, de-ci, de-là éclatent des révolutions qui en modifient brusquement les bases et les attributions. Hier encore, le Chili et le Siam, demain.
On, ne peut pas dire que ces troubles marquent une évolution en sens unique c'est tantôt la démagogie et tantôt la dictature il est vrai que l'une est la fruit de l'autre. Mais ce qu'on peut très bien distinguer, c'est, à travers ces péripéties diverses, une ingérence de plus en
plus grande de l'Etat dans des domaines considérés jusqu'ici comme privés.
C'est le malheur des temps qui le veut.
...
Le dernier gouvernement français a été assourdi des S. 0. S. de toutes les professions protégez mon blé, sauvez mon bétail, pitié pour mes betteraves, contingentez l'importation du sucre, du coton, de la laine, de l'équipement électrique et radiophonique, du poisson, des fleurs, mes dépôts en banque sont compromis, renflouez la banque, les transports par air ou transocéanique sont en faillite, donnez-leur des fonds, quitte à prendre vous-même la direction d'une Aéropostale ou d'une Transatlantique.
...
ce sont les socialistes, c'est-à-dire les marxistes
... etc.   Joseph Zamanski.

Les débats Une administration désuète.
M. Louis Marin- Notre administration est vieillie. Il faut la réformer à fonds non pas à coups de serpe, mais d'après un plan d'ensemble. J'ai vu, mes chers collègues, une feuille de contribution pour une somme de 18 centimes.
Savez-vous quel en était le coût de perception? 46 francs Ces abus ne peuvent durer.
M. Germain-Martin- Depuis plus de vingt ans, tout le monde parle de réforme administrative: personne ne l'aborde. Que faudrait-il pour cela? un peu de stabilité ministérielle. (Rires.)

1932/07/21 (Numéro 15155). Display plain text
(Screen 4 / 6)
A la Cour de cassation - Les transports par avion et les conséquences qui en découlent.
La Chambre civile de la Cour suprême a rendu deux décisions intéressantes au point de vue de leurs conséquences pratiques d'une part, en cassant sur le pourvoi de la Compagnie française des Messageries aériennes, représentée par Me de Lavergne, un arrêt de la Coup
d'appel de Paris rendu, le 10 juin 1926, au profit de Mme veuve Carroll, -d'autre part, en rejetant le pourvoi introduit par Me de Ségogne, au nom de Mme veuve de Courson de la Villeneuve contre un arrêt de la même Cour. en date du 4 février 1927, favorable à la Société aéronautique Latécoère.
Il s'agissait dans les deux cas, d'accidents mortels survenus, l'un, le 3 juin 1922, à M. Carroll, embarqué, à Londres, à bord d'un avion qui tomba à la mer pendant la traversée de la Manche -l'autre, le 5 juillet 1922, à M. de Courson, voyageant dans un appareil qui fit une chute en cours de route, entre Casblanca et Toulouse.
La Chambre civile a jugé que «si le transporteur aérien est tenu, en principe, par l'effet du contrat, de conduire saines et sauves les personnes transportées, rien ne l'empêche de limiter oonventionnellement sa responsabilité, par une clause imprimée sur les billets aux accidents imputables à sa faute personnelle, à l'exclusion de ceux provenant des «risques de l'air», c'est-a-dire inhérents à un mode de locomotion qui n'a pas encore atteint son point de perfection et dont n'use qu'une clientèle avertie», alors, bien entendu, que ni le mauvais fonctionnement de l'appareil, ni la faute du pilote ne sont allégués.
D'autre part, en rejetant, après plaidoirie de Me de Lavergne le pourvoi de la Compagnie générale Aéropostale Latécoère contre un arrêt de la Cour d'appel de Montpellier rendu le 26 juillet 1929, au profit de M. Jacques Corcoll, journalier blessé en coopérant au sauvetage du pilote et des sacs postaux d'un avion enflammé, la Chambre des requêtes avait décidé antérieurement, que l'action en responsabilité
peut être portée par la victime devant le tribunal du lieu où le dommage s'est produit.

1932/08/18 (Numéro 15178). Display plain text
 (Screen 1 / 6)
Voici le type des rapides avisos que la Compagnie aéropostale utilise avec succès depuis deux ans entre Dakar et Natal pour le transport de courrier. On sait que de ces deux point» les sac» postaux «sont réexpédiés» par avion».

(Screen 2 / 6)
On est toujours sans nouvelles de l'aviso postal de la ligne Natal-Dakar.
Comme nous le disions dans nos dernières éditions d'hier, on n'a aucune nouvelle de l'aviso qui transportait du Brésil à Dakar le courrier postal en provenance de l'Amérique du Sud et à destination de la ligne aérienne Dakar-Marseille de la Compagnie aéropostale.
Les recherches ont été rendues pénibles par suite de l'état démonté de la mer et plusieurs bâtiments sont rentrés à Dakar sans avoir rien aperçu. Le dernier radio de l'aviso, daté de vendredi soir, indiquait que tout allait bien à bord et qu'il arriverait à Dakar le lendemain, à 18 heures. Sa position à midi de ce même jour était par 9° 101 de latitude et 22° 204 de longitude. L'aviso n'avait aucun passager à bord
et transportait une vingtaine d'hommes d'équipage.
Les avisos de ce type, qui sont propulsés par deux moteurs Diesel d'une puissance de 13S0 chevaux, assurent depuis deux ans le service Dakar-Natal deux fois par semaine.


1932/08/21 (Numéro 15181)-1932/08/22. Display plain text
(Screen 5 / 6)
Est-ce là que se trouve l'épave de l'« Aéropostale-II»
Les bateaux qui, depuis plusieurs Jours croisent, sur le chemin qu'a dû prendre l'aviso Aéropostale-II, viennent de découvrir une tache d'huile s'étendant sur un rayon de trois kilomètres. Est-ce l'endroit où a coulé le rapide navire? Tout porte à le croire. Toutefois, il faut attendre renseignement précis pour se prononcer.

1932/09/10 (Numéro 15198). Display plain text
(Screen 5 / 6)
LES GRANDS RAIDS transatlantiques Mermoz et Mailloux sont arrivés à Istres en vue du raid France- Amérique du Sud.
Le grand avion de raid Antoine-Paillard, piloté par Mermoz, qu'accompagne son mécanicien Mallloux, parti du Bourget jeudi, à 13 h. 35, a atterri à Istres à 18 h. 25.
Il était attendu par des officiers de l'école d'aviation, au premier rang desquels on remarquait le colonel Hourbry les commandants Ponsard et Illac; le capitaine Montserrat, délégué officiel de l'Aéro-Club de France, et M. J. T. Samat. chronométreur de l'Aéro-Club de France.
Mermoz et Mailloux comptent s'envoler le 13 septembre, si les conditions atmosphériques sont favorables, pour l'Amérique du Sud dans l'espoir ds battre le record du monde de distance en ligne droite détenu avec 8 065 kilomètres par les Américains Boardman et Pulando qui réussirent le raid New-York-lstamboul. Quant à l'itinéraire, Mermoz a déclaré à la presse qu'il n'était pas encore définitivement fixé:
-Selon toutes probabilités, dit-il, nous passerons par Palavas-les-Flots, Perpignan, Alicante, Tanger, Dakar, puis l'Atlantique. C'est, en somme, l'Itinéraire du courrier de l'Aéropostale vers l'Amérique du Sud.
-A quel endroit aborderez-vous l'Amérique du Sud?
-A Natal, à moins que ce ne soit à Rio de Janeiro, ou même à Buenos-Ayres. Cela dépendra des conditions atmosphériques. Deux stations françaises de T. S. F. Havre-Hadio et Les Saintes-Maries-de-la-Mer seront chargées de transmettre les informations météorolo-
giques aux navires en mer, d'Europe au continent américain.
Rappelons que l'équipage Bossoutrot-Rossl, les deux pilotes du Joseph-Le-Brix, attendent également à l'aérodrome d'Istres la pleine lune le 14 septembre pour s'attaquer au même record, dans la même direction.
La prime offerte par le ministère de l'Air est de 1 million.

1932/09/14 (Numéro 15201). Display plain text
(Screen 3 / 6)
LA GUERRE CIVILE AU BRÉSIL Manifestations de foi... 
Plus LE PETIT PARISIEN AU BRÉSIL  Premier contact avec le «Front» où la lutte politique a tourné  depuis des sommes au conflit armé

1932/10/04 (Numéro 15218). Display plain text
(Screen 2 / 6)
Y a-t-il un scandale de l'aéronautique?
Actuellement la justice est saisie de deux plaintes - L'une du ministère de l'Air, pour faux et usage de faux documents - L'autre d'un administrateur de l'Aéropostale pour forfaiture et corruption
Une information judiciaire est en cours au Parquet de la Seine, basée sur une plainte en faux déposée par le ministre de l'Air, et sur une plainte en forfaiture et corruption déposée par M. André Bouilloux-Lafont, administrateur délégué de l'Aéropostale.
La plainte du ministre de l'Air a fait l'objet, la semaine dernière, d'un communiqué du ministère. Elle est dirigée contre X. pour faux et usage de faux documents dévoilant un scandale aéronautique. Or, c'est sur ces documents que s'appuie M. André Bouilloux-Lafont,
pour accuser M. Chaumié, directeur de l'Aéronautique civile au ministère de l'Air, administrateur délégué de la Weiller, administrateur délégué de la Société Gnome et Rhône, et de la Compagnie industrielle de navigation aérienne (CIDNA), de corruption die fonctionnaire.
Des documents que M. André Bouilloux-Lafont a soumis au ministère de l'Air, et que M. Painlevé, les tenant pour faux, a remis à la justice, il ressortirait qu'une Société allemande a obtenu le contrôle de la Société Gnome et Rhône, et par l'intermédiaire de celle-ci, le contrôle des lignes sud-américaines, qu'exploite actuellement l'Aéropostale. Tout grâce aux complaisances de M. Chaumié, qui aurait reçu, en compensation, des actions de la Société allemande.
M. André Bouilloux-Lafont ne croit pas «que tous les documents Il y en a 16 soient authentiques. Il laisse à la justice le soin de discriminer ceux qui sont faux et ceux qui ne le sont pas.
M. Paul-Louis Weiller déclare qu'il a fourni au juge d'instruction, M. Ordonneau, une documentation établissant, d'une manière irréfutable, que toutes les pièces sont des faux. Il affirme que le contrôle de la Société Gnome et Rhône n'a jamais cessé d'être français. Il a, lui-même, l'intention de se porter partie civile dans l'instruction en faux et usage de faux.
Enfin, M. Chaumié assure, pour sa part, que les pièces sont fausses: les actions qu'un lui attribue n'ont jamais existé, les comptes en banque n'ont laissé aucune trace dans les établissements de crédits, les indications sont erronées. Il attend avec impatience que la justice poursuive implacablement les faussaires.
L' Agence «Wolff» dément
L'Agence Wolff a publié lundi le communiqué suivant:
La nouvelle d'après laquelle la Compagnie Lufthansa aurait acquis, en échange de ses propres actions, celles de la Compagnie française Gnome et Rhône, est dénuée de tout fondement. Il n'y a pas eu la moindre négociation à ce sujet, pas plus avec la Compagnie Gnome et Rhône qu'avec la Compagnie de transports C.I. D. N. A., qui lui est affiliée.
Les actions de la Lufthansa sont détenues en partie par le Reich. en partie par les provinces, en partie par les communes et en partie par l'économie privée. Le pourcentage de la répartition du capital actions a été établi en 1926. Depuis cette époque, il n'y a pas eu le moindre changement ayant une importance quelconque. Les actions de la Lufthansa n'ont absolument pas été vendues, mais figurent toujours dans le livre des actions.
Ainsi, il est impossible que des changements aient pu survenir dans leur répartition sans que l'administration en soit informée.
La nouvelle française parle de prétendus intermédiaires de la Lufthansa ayant agi dans cette affaire. Ceux-ci sont connus Ici. Les numéros des actions mentionnées à ce sujet, ne concernent pas des papiers négociables.
Il doit donc s'agir d'une erreur grossière ou d'une falsification.

1932/10/06 (Numéro 15220). Display plain text
(Screen 2 / 6)
Le scandale (?) de l'aviation a pris un développement subit.  Le faussaire présumé est arrêté il menace de divulguer un nom « qui fera du potin»
L'information judiciaire sur le scandale prétendu ou vrai de l'aviation, a pris mardi un brusque développement qui coïncide avec l'entrée en scène de Mme Hanau.
Celle-ci avait fait parvenir au magistrat instructeur la photographie de trois chèques, qu'elle tenait d'ailleurs pour apocryphes, et donnait le nom au faussaire Serge Lucco, collaborateur de M. André Bouilloux-Lafont. Les trois chèques étalent signés du nom de M. Weiller.
Le magistrat s'en fut sans tarder aux vérifications il avait d'ailleurs à contrôler de nouvelles pièces apportées le matin par M. André Bouilloux-Lafont. Les recherches furent courtes, elles aboutirent à la constatation que ces différentes pièces étaient fausses.
A 21 h. 30, M. André Bouilloux-Lafont arrivait au Palais de Justice. Il ne devait sortir qu'après minuit du cabinet du juge d'instruction.
Il fit alors cette déclaration à la presse:
«J'ai indiqué au magistrat la source de mes documents. M. Lucco n'a jamais fait partie du personnel de la Compagnie aérospostale ni de mon secrétariat particulier. Je persiste d'ailleurs à croire que les documents qui m'ont été remis sont authentiques, à part un peu deux peut-être que je n'ai pas pu faire expertiser. J'ai exposé longuement à M. Brack les raisons qui appuient ma conviction. J'attends avec confiance l'Issue de l'instruction. Elle doit confirmer mes certitudes.»
Peu après le départ de M. Bouilloux-Lafont, M. Brack entendit M. Faux-Pas-Bidet, commissaire au service des renseignements généraux à la préfecture de police, qui lui donna des indications au sujet des relations entre MM. Bouilloux-Lafont et Lucco.
L'arrestation de Lucco
Ce Lucco, de son vrai nom Lucien Collin, âgé de 38 ans, a déjà été arrêté sous l'inculpation de vols. Il entrait en relation avec des personnes désireuses de vendre des fourrures, les attirait dans des immeubles à double issue et disparaissait, sans payer, avec les vêtements. Il fit la connaissance d'un banquier serbe M. Gavrielovitch, auquel il se fit fort de procurer 500 000 fusils qui devaient lui être livrés par dess usines russes. M.
Gavrielovitch ayant fait accepter cette proposition par son gouvernement, fit à l'escroc des avances de
fonds, mais ne vit mais de fusils.
Pour ces faits, Collin comparut devant la 11e Chambre correctionnelle par laquelle il fut condamné, le 14 janvier 1925, pour l'escroquerie au préjudice du banquier à cinq ans de prison et 3000 francs d'amende et pour les vols de fourrures à trois ans de prison, avec confusion de peine.
Les policiers qui avaient durant la nuit surveillé l'immeuble où habite Collin se sont présentés, à l'aube, à l'appartement qu'occupe celui-ci au 5e étage. Collin refusa de suivre les policiers qui lui faisaient connaître le mandat d'arrêt dont ils étaient porteurs. Il allégua qu'il était malade. Un médecin, envoyé par la police judiciaire, l'ayant examiné et reconnu transportable, Collin accepta de suivre les inspecteurs.
Il partit avec cette menace: «Je vais faire une divulgation qui fera du potin.»
M. Weiller se porte partie civile
M. Weiller a fait part de son intention de se rendre, dès mercredi, après-midi, auprés de M. Brack juge d'instruction, pour se porter partie civile. M. Weiller remettra au magistrat une importante doumentation.
Une interpellation socialiste
M. Renaudel, député soialiste du Var et ancien rapporteur du budget de l'Air, a écrit, à M. Fernand Bouisson pour l'Informer qu'il se proposait d'interpeller les ministres de la Justice et de l'Air «sur les lenteurs apportées à l'instruction ouverte à propos des affaires de l'ancienne Société de l'Aéropostale et sur les conséquences administratives de tout ordre qui en résultent».

1932/10/07 (Numéro 15221). Display plain text
(Screen 1 / 6) & (Screen 2 / 6)
Les faux documents sur le prétendu scandale de l'aviation
L'arrestation du comte Jean de Lubersac a suivi de prêt celle de Collin, dit Lucco

Ayant fait subir un interrogatoire d'identité à Lucien Collin, dit Serge Lucco, que les inspecteurs venaient de lui amener à la fin de la matinée de mercredi, le juge d'Instruction, M. Brack, convoqua, sans tarder, M. André Bouilloux-Lafont. L'entretien se prolongea trois heures.
C'est, dit M. A. Bouilloux-Lafont  au magistrat, M. Jean de Lubersac qui m'a apporté le relevé contrôlé sur les fiches de la Guaranty Trust, indiquant le versement fait par M. Louis Weiller à diverses personnes. Ce relevé tapé à la machine, était revêtu d'annotations les versements faits par M. Louis Weiller.
Quelque temps auparavant, j'avais demandé à M. de Lubersac, que je connaissais par ma famille et savais en mesure de se renseigner, de me documenter de façon précise sur le payement de divers chèques. Je lui avais montré notamment deux chèques de 75 000 francs. Je
savais que les endos étaient faux, mais je voulais savoir qui avait pu toucher ces chèques en imitant la signature du bénéficiaire.
Ces chèques m'avaient été remis par Collin ainsi que tous les documents que je vous ai fournis.
Je vous remets les originaux et les copies de ce que je vous ai versé. Des photographies ont été répandues. Il y en a encore chez mon père et chez M Portais directeur de l'Aéropostale. Enfin il doit encore y avoir une lettre chez M. de Rougemont, expert en écritures, c'est une lettre de M. Chaumié à M. Weiller. Dans toute cette affaire, j'ai agi avec la plus entière bonne foi.
Entre temps, M. de Lubersac avait été prié de se rendre au Palais. Il fut confronté avec M. Bouilloux-Lafont. Devant les dénégations de M. de Lubersac, M. Bouilloux-Lafont s'indigna puis supplia en pleurant M. de Lubersac de dite la vérité.
-Après tout. dit alors celui-ci, je suis seul au monde, je n'ai pas de famille. tout ce qu'a dit M. Bouilloux-Lafont est vrai.
-M. de Lubersac m'a dit, précisa M. Bouilloux-Lafont: «Rien de plus simple que d'obtenir les vérifications que vous désirez. On peut acheter facilement les surveillants de nuit dans les banques et prendre ainsi tous les renseignements que l'on veut.»
C'est exact, approuva M. de Lubersac. Je vous ai donné les renseignements lundi, chez votre père, mais ce n'est pas moi qui ai pris ces renseignements C'est une personne de toute confiance. Etant donnée sa qualité, je persiste à croire que ces renseignements sont exacts. Mais arrêtez-moi je ne vous dirai pas son nom.
-Hé bien! je suis obligé de vous arrêter répondit le juge, qui fit subir à M. de Lubersac l'interrogatoire d'identité et l'envoya à la Santé.
Peu après, M, Ameline, commissaire aux délégations judiciaires, M. Brack, juge d'instruction et le substitut du procureur de la République se rendirent chez Collin afin d'y perquisitionner, en présence de celui-ci et de son défenseur, Me Raymond Hubert.
Les magistrats saisirent plusieurs lettres.
-Vous pouvez fouiller partout, déclara Collin, vous ne trouverez rien, car, hier soir, j'ai brûlé tous les documents. Et II ajouta:
-Je vous affirme que je suis innocent des choses dont on m'accuse. Je n'ai pas fabriqué de faux. J'ai remis les pièces dont il s'agit et que l'on qualifie d'apocryphes au 2e bureau et j'entends à ce propos m'expliquer devant le juge d'instruction.
Chez M. de Lubersac. la perquisition fut négative en résultats.
Ce que dit M. Weiller
Venu dans la soirée de mercredi, se
porter partie civile, M. Paul-Louis Weiller a remis au magistrat divers documents dont l'un notamment établit que déjà, en 1930. Lucco avait fabriqué des imitations de sa signature et de son écriture.
-On a voulu voir a-t-il déclaré en outre, l'argent de l'Allemagne dans l'achat que j'ai fait des 90 000 actions de la Gnome et Rhône laissées en garantie à la Banque de France par la banque Baüer et Marchal. Tous mes livres, avec le détail de mes opérations financières sont offerts aux vérifications du juge d'instruction.

Un afflux de documents faux
Avant de quitter le Palais de Justice, M. A. Bouilloux-Lafont a encore fourni à la presse de nouveaux détails:
Serge Lucco, a-t-il dit, m'avait mis en possession, depuis plusieurs mois, de documents que je ne peux pas croire falsifiés pour la majorité d'entre eux au moins. M. Lucco avait fait valoir auprès de moi ses attaches avec le deuxième bureau et d'autres services de renseignements. Dans ces sortes d'affaires, on a moins à faire confiance à la personne qui apporte les documents qu'aux documents eux-mêmes quand on les a fait comme moi expertiser. M. Lucco qui, je le répète, n'a jamais fait partie de l'Aéropostale ni de mon Secrétariat, m'a demandé au total une cinquantaine de mille francs en remboursement des frais qu'il avait, me disait-il, engagés pour la
recherche des pièces.
Estimant le rôle de M. de Lubersao, M. Bouilloux-Lafont a dit, en terminant:
-M. de Lubersac était un ami de toujours. Il jouissait d'ailleurs, dans tous les milieux, d'amitiés fraternelles considérables. Je ne pouvais pas soupçonner un instant sa sincérité.
J'apportai hier les nouveaux documents à M. Brack, en lui demandant de procéder à une enquête. J'ai été atterré du résultat.
Tous ces jours-ci encore, j'ai reçu des documents me venant de tous côtés, et tous manifestement faux, et tous portant la signature de M. Weiller.
J'ai l'impression que, devant la production faite par moi de pièces authentiques compromettantes, quelqu'un a cherché à noyer ces documents sincères dans une masse de faux qu'on a tenté par tous les moyens de me faire accepter pour des pièces authentiques. Tous
ces faux sont confectionnés avec une recherche évidente de l'erreur grossière, sauf en ce qui concerne la signature de M. Weiller.
Cette constatation, jointe aux deux arrestations de ces jours-ci, est très troublante.
________________________
 (Screen 5 / 6)
Ua retard du courrier postal aérien en provenance de l'Amérique du Sud.
On annonce que, par suite de violents orages dans la région de Rio de Janeiro, les avions de la Compagnie aéropostale se rendant à ou en provenance de Buenos-Aires, ont été immobilisés à Rio pendant deux jours.
Un retard de quarante-huit heures se produira donc dans la distribution du courrier attendu tant à Toulouse ou Buenos-Aires pour le 9  octobre.


1932/10/08 (Numéro 15222). Display plain text
 (Screen 2 / 6)
L'enquête sur les faux documents de l'aviation Verra-t-on sortir de nouveaux noms?
L'enquête se poursuit sur les affaires d'aéronautique et ne semble pas sur le point d'être close. Jeudi, ce fut M. Portais, directeur de l'Aéropostale, qui vint déposer au cabinet du juge d'instruction. Il dit au magistrat quels furent ses rapports et ceux de M. André Bouilloux-Lafont, avec Lucien Collin, dit Serge Lucco. Après avoir entendu cette déposition, le Parquet s'en alla perquisitionner dans le bureau que le comte Jean de Lubersac louait rue Pierre-Charron. De nombreux documents furent saisis, mais un silence complet fut observé sur leur nature.
On a pu, d'autre part, obtenir la preuve de la falsification des pneumatiques que M. Weiller aurait envoyés à M. Chaumié. C'était Luoco qui s'adressait les pneumatiques à lui-méme, à un immeuble voisin de celui qu'habite M. Chaumié; il lui suffisait ensuite de modifier l'adresse et le nom du destinataire sur l'enveloppe qui portait le cachet authentique de la poste.
Mais l'affaire prendra-t-elle un nouvel aspect? Collin dit Lucco est interrogé vendredi matin par le juge d'instruction. Celui-ci l'engagera vivement à donner le nom de la personne qui -prétend l'inculpé- aurait fourni les faux documents.
On sait que M. J. de Lubereac, lui aussi, affirme couvrir une personnalité. Enfin, Lucco assure que, la veille de son arrestation, quelqu'un lul offrit 25 000 francs pour partir à l'étranger, en acceptant de se faire passer pour l'auteur des faux.
Attendons les événements.

1932/10/09 (Numéro 15223)-1932/10/10. Display plain text
 (Screen 2 / 6)
Les affaires de faux documents Un nuit entière d'interrogatoires au Palais de Justice
L'affaire des faux documents qui intéresse l'Aéropostale, la Cidna et le ministère de l'Air devient ténébreuse. Les interrogatoires du magistrat instructeur, commencés à 9 heures du matin, vendredi, se sont poursuivis sans relâche jusqu'à 5 heures du matin, samedi. Tour à tour, MM. Jean de Lubersac, André Bouilloux-Lafont, Collin, Faux-Pas-Bidet ont été questionnés par le juge.
Des interrogatoires et des confrontation, il résulta cette constatation qui paraîtra pour le moins surprenante, c'est que le comte Jean de Lubersac et Collin, inculpés, M. Portais, directeur de l'Aéropostale, et M. Faux-Pas-Bidet, commissaire aux délégations judiciaires,
ont ou ont eu des attaches avec le deuxième bureau du ministère de la Guerre, chargé du contre-espionnage. Il est certes bien difficile  d'en conclure quoi que ce soit, tout au plus cela donne-t-il à penser qu'il y a des ramifications possible à l'affaire.
Le principal fait de la journée, ce fut l'accusation portée par Collin contre M. André Bouilloux-Lafont. Selon l'inculpé, c'est M. A. Bouilloux-Lafont lui-même qui aurait dicté les faux documents. Mais de cela, il ne fournit aucune preuve. Naturellement, M. Boullloux-Lafont nia avec énergie. Collin prétendit même que M. Faux-Pas-Bidet était mis au courant, par lui, de la confection des faux documents, et que le deuxième bureau du ministère de la Guerre en connaissait la teneur. Il y aura, sur ces points, des vérifications à faire.

1932/10/11 (Numéro 15224). Display plain text
 (Screen 5 / 6)
Le parti socialiste et l'aéropostale
L' «Humanité» et le «Populaire» consacrent des colonnes à l'affaire de l'Aéropostale. On devina dans quel sens. Les compares se réjouiraient si la preuve pouvait se faire que le gouvernement fait tout pour étouffer «le scandale». 
M. L. Blum écrit, laissant à ses lecteurs le soin de deviner ses espérances: 
Le juge instructeur, M. Brack, est résolu à marcher de l'avant. Il veut aller jusqu'au fond de la vérité, en dépit de toutes les difficultés, malgré toutes les résistances. Mais à côté de lui, quelqu'un freine: M. Pressard, procureur de la République. Tout se passe, déclarent nos confrères, comme si l'objectif du Parquet était, je ne dirai pas d'étouffer l'affaire, mais de la réduire, de la limiter. Et une action convergente serait exercée sur la grande presse.
Ayant pris pour régie de dire tout haut ce qu'on se plaît à chuchoter tout bas, j'ajoute que l'action modératrice du Parquet est couramment attribuée à M. Chautemps, ministre de l'Intérieur.
Je n'use pas d'un artifice de réthorique en affirmant que je n'en crois rien. J'ai trop d'estime, non seulement pour son caractère, mais pour sa perspicacité politique. Il sait trop bien qu'on ne se met pas impunément en travers de certains courants d'opinion.
On n'étouffera pas l'affaire. On ne réduira, on ne limitera pas l'affaire. Il faut que la vérité se fasse. Et elle se fera tout entière.

L'affaire des faux documents de l'aviation
M. Brack s'est rendu, dimanche, à son cabinet comme les autres jours. Il s'est occupé tout d'abord à étudier le dossier, déjà volumineux, dé l'affaire. Puis il a reçu la visite de trois experts en écriture qu'il a décidé de commettre pour l'examen des documents remis à la justice par M. André Bouilloux-Lafont. Ces trois experts -MM. Bourgin, Rigault et Michaux- se sont entretenus avec le magistrat jusqu'à la fin de la matinée.
Une note du ministère de la Guerre
Le ministère de la Guerre a communiqué la note suivante:
Le deuxième bureau de l'état-major de l'armée ayant été mis en cause par quelques journaux, dans l'affaire de l'Aéropostale, le ministère de la Guerre fait connaître que le service des renseignements, ayant été saisi de documents, s'est borné à les transmettre au ministère intéressé et à la préfecture de police, en faisant les plus expresses réserves sur leur authenticité.

1932/10/14 (Numéro 15227). Display plain text
(Screen 2 / 6)
Les affaires d'aviation Après les faux documents voici le faux commissaire
Décidément, ce scandale ou prétendu scandale de l'aviation est fertile en imprévue. Après les faux documents, voici qu'apparaît le faux commissaire. Que ne découvrira-t-on pas encore? On a beaucoup parlé de M. Faux-Pas-Bidet, il faudra dire, maintenant, le vrai M. Faux-
Pas-Bidet, parce qu'il y a aussi le faux M. Faux-Pas-Bidet.
Donc, le vrai M. Faux-Pas-Bidet fut, le premier Interrogé, mercredi, par le juge d'instruction.
Il a reconnu que Collin, dit Lucco, était un de ses informateurs, et de premier ordre, qui lui a notamment procuré des renseignements difficiles à obtenir sur les avions de chasse. Collin et Jean de Lubersac, autre «informateur», se croisèrent un jour chez le commissaire. Celui-ci n'eut pas alors l'impression qu'ils se connaissaient. 
Collin fut confronté avec M. Portait, chef des de presse de l'Aéropostale. Collin affirme la bonne foi de M. Portait en cette affaire. Le juge lui ayant montré les pièces placées sous scellés:
-Je n'ai, affirma Collin, confectionné que la première pièce, la lettre de M. Weiller à M. Painlevé et les deux dernières, les notes Aral. Le autres émanent de M. Bouilloux-Lafont lui-mêm, et je les ai remises à M. Portait! 
Combien Lucco a-t-il touché pour prix de son travail?
M. Bouilloux-Lafont a parlé de 50 000 francs et même de 60 000 francs. L'inculpé proteste, n'avoir touché en tout et pour tout que
4000 francs.
M. Portait avait expliqué précédemment. que, dans un bar des Champs-Elysées, Lucço avait présenté à M. Bouilloux-Lafont et à lui-même M. Faux-Pas-Bidet, dans le but de démontrer quelles étaient ses attaches avec le commissaire de police. M. Faux-Pas-Bidet avait déclaré n'être jamais allé dans ce bar. Le juge, qui avait réussi à se procurer au service anthropométrique la photographie d'un certain Pigery, susceptible d'avoir joué le rôle d'un faux, M. Faux-Pas-Bidet montra celle-ci à M. Portait.
-C'est bien ce monsieur s'écria M. Portait.
-Eh bien dit en souriant M. Brack, ce n'est pas M. Faux-Pas-Bidet.
-Je crois bien, intervint Collin, c'est Pigery, une connaissance de café, que j'ai présenté comme tel à M. Portait et à M. Bouilloux-Lafont !
La confrontation se termina par l'affirmation faite par Collin que MM. Bouilloux-Lafont et Portait sont venus à son domicile, quelques jours avant son arrestation, lui demander de déclarer que c'était bien lui qui avait remis «tous les documents».
-De la part de M. Portait, qui croyait que c'était là l'exacte vérité, cette demande était naturelle mais je n'ai pas compris ou je comprends trop l'intéret que M. Bouilloux-Lafont pouvait avoir à me faire déclarer ce mensonge !
Et Colllin d'ajouter que M. Bouilloux-Lafont lui avait demandé aussi de brûler tout ce qui pouvait lui rester en possession.

1932/10/15 (Numéro 15228). Display plain text    
Screen 1 / 6)
  La Journée Paris, le 14 octobre 1932

Parallèlement à l'affaire des faux documents de l'aviation se place maintenant l'affaire de l'Aéropostale. Des poursuites ont été décidées contre M. Marcel Bouilloux-Lafont, président du Conseil d'administration de l'Aéropostale, et son fils André, administrateur délégué. C'est la suite d'une information ouverte en novembre 1931 sur la gestion de l'Aéropostale.

La double affaire de l'aviation

Tandis que Collin persiste à accuser M. André Bouilloux-Lafont d'avoir participé à la confection des faux documents, MM. Bouilloux-Lafont père et lui sont inculpés d'infraction à la loi sur les Sociétés. En marge de l'affaire des faux documents de l'aviation, vient maintenant se placer l'affaire de l'Aéropostale proprement dite. Le procureur de la République, M. Pressard, qui avait reçu la veille le rapport de M. Radiguet sur les comptes de l'Aéropostale, a étudié jeudi ce rapport et transmis au juge d'Instruction un réquisitoire dans lequel il relève contre MM. Bouilloux-Lafont père et fils le délit d'infraction à la loi sur les Sociétés.
Les faits reprochés à MM. Bouilloux-Lafont remontent à l'année 1928 et, depuis novembre 1931, ils faisaient l'objet d'un réquisitoire introductif. signé après la dénonciation du ministère des Travaux publics, et d'une enquête de M. Brack. M. Heberer, contrôleur de l'Air, avait constaté que l'Aéropostale avait passé avec des filiales des contrats tendant à faire majorer les frais d'exploitation.
Désigné pour présenter un nouveau rapport, M. Radiguet, expert comptable, aurait constaté que, par des accords occultes entre M. Marcel Bouilloux-Lafont père, agissant au nom de l'Aéropostale, et M. Cazenave, représentant la Sudam Société exploitant les lignes aériennes au Brésil, celle-ci a majoré les factures d'achat de matériel et d'installation de 20% cette réserve devant servir aux deux Sociétés pour rémunérer des concours au Brésil. Aux bilans de la Sudam, les postes d'actif se sont trouvés majorés, la contre-partie ne figurant pas au passif. Lorsque la Sudam vendit à l'Aéropostale partie de ces installations, les majorations abusives apparurent aux bilans de l'Aéropostale. Comme l'Aéropostale a émis en Juillet 1930, sa dernière tranche de bons se montant à 5 millions de francs, ces
bons se sont trouvés être des obligations émises à la suite de publications de faits faux.
Incessamment, M. Brack notifiera à MM. Bouilioux-Lafont père et fils le délit dont ils sont inculpés.
Interrogé jeudi, à nouveau, Collin a renouvelé, devant le juge d'instruction les accusations contre M. Bouilloux-Lafont.
Souvent Collin déjeunait avec celui-ci dans un restaurant de la rue Pierre-Charron, et chaque fois, après le repas, M. Bouilloux-Lafont se rendait seul dans une banque toute proche, où précisément, le comte de Lubersac avait un bureau.
Collin s'est enfin expliqué sur ses relations avec M. Paul-Louis Weiller, qu'il connut au mois de juillet 1930 et cessa de voir au mois d'octobre de la même année. C'est que Collin avait imité la signature de M. Weiller sur une traite de 30 000 francs qu'il avait remise à M. Guiboud-Rabaud. Mais l'affaire s'arrangea.
La journée de vendredi sera en grande partie consacrée à la confrontation de Collin avec M. Faux-Pas-Bidet. Puis le comte de Lubersac sera prié, avec insistance, de dire ce qu'il sait, mais le voudra t-il?

1932/10/16 (Numéro 15229)-1932/10/17. Display plain text
(Screen 2 / 6)
Les affaires d'aviation
L'enquête sur les affaires d'aviation
procède par bonds irréguliers, La journée de vendredi fut plutôt calme, mais on y trouvera peut-être un faisceau de petits faits non dépourvus d'Intérêt.
Ainsi, M. André Bouilloux-Lafont avait rapporté au juge qu'un témoin, M. Lelarge, avait entendu M. Welller dire Bouilloux est en train d'avaler son dernier faux. • Interrogé par M. Brack, M. Lelarge a nié avoir entendu ce propos de la bouche de M. Weiller, mais au contraire il a précisé que M. Bouilloux-Lafont était allé trouver un de ses amis pour le charger de demander à M. Lelarge de ne pas le démentir sur ce point.
La confrontation de M. Faux-Pas-Bidet et du comte de Lubersac n'amena pas de grands résultats. Celui-ci refusa inébranlablement de donner le nom du tiers auquel il s'est adressé pour avoir les renseignements qu'il communiqua à M. André Bouilloux-Lafont.
J'affirme sur l'honneur, dit-il, que M. Faux-Pas-Bidet n'est pour rien dans mon intervention.
M. Faux-Pas-Bidet, confronté ensuite avec Collin, donna le détail des sommes qu'il fournit à celui-ci. Collin portait la numéro 531.

Autre confrontation entre Collin et le comte de Lubersac. Celui-ci s'était rendu, un jour, rue Royale, au rendez-vous que M. Bouilloux-Lafont lui avait fixé, dans une brasserie, et Lucco était là aussi dans cet établissement, M. Bouilloux-Lafont allant lui serrer la main et
Lucco se retirant aussitôt après.
-C'est exact, confirma Collin, M. Bouilloux-Lafont me dit d'aller l'attendre dans un restaurant voisin où nous avons déjeuné ensemble. 
-Vous savez que M. Bouilloux-Lafont dément ce rendez-vous? 
-C'est si exact, reprit Collin, que je donnerai ce détail: mon ami alla après le repas serrer la main de l'administrateur d'un journal ayant ses bureaux dans le voisinage.
-Je me rappelle, intervint M. de Lubersac, que M. Bouilloux-Lafont m'a en effet, ce jour-là, parlé de ce déjeuner au restaurant en question ajoutant qu'il devait aller voir l'administrateur dont vient de parler M. Lucco.


Le faux M. Faux-Pas-Bidet a quelque chose dire
Picherie, le faux M. Faux-Pas-Bidet, qui venait d'être arrêté pour infraction à un arrêté d'interdiction de séjour, a déclaré à M. Ameline, commissaire aux délégations judiciaires, qu'il voulait voir M. Brack, au sujet de l'Aéropostale. Il sera, comme bien on pense, déféré à ce
désir.
Samedi matin, le juge d'instruction reçoit en son bureau MM. Marcel et André Bouilloux-Lafont, qu'il a convoqués.

Une Commission va contrôler la gestion de l'Aéropostale
M. Albert Lebrun, sur la proposition du ministre de l'Air, et du ministre du
Budget, a signé, un décret, publié ce matin par le Journal Officiel, instituant «une Commission chargée de l'étude de la situation actuelle et des conditions d'exploitation» de l'Aéropostale, «ainsi que des mesures propres a assurer le maintien et la continuité de cette exploitation...
La Commission effectuera toutes études et toutes démarches qu'elle jugera nécessaires, d'une part, auprès du Comité de direction de la Compagnie générale aéropostale, du Conseil d'administration et du liquidateur de cette Compagnie; d'autre part, auprès des personnes ou Sociétés susceptibles d'apporter un concours technique ou financier à la réorganisation du réseau dans le cadre du projet de statut de l'aviation marchande.
Enfin, le rapport exposant les conclusions des commissaires sera remis aux deux ministres intéressés.

 (Screen 1 / 6)
La Journée Paris,  le 18 octobre 1932.
...
Lucco ne fut pas seul à fabriquer les faux documents de l'affaire de l'Aéropostale. Son complice Picherie, le faux M. Faux-Pas-Bidet a, lui aussi, confectionné des faux.

(Screen 5 / 6)
 Les faux documents de l'aviation
Picherie tte veut pas être un vulgaire comparse. Il a lui- même déclaré-t-il confectionné des faux
Il y a du nouveau dans l'affaire de l'aviation. Lucco ne fut pas seul à confectionner les faux documents, son compilce, Picberie, celui que Lucco présenta à MM. Bouilloux-Lafont et Portais comme étant une émanation du commissaire Faux-Pas-Bidet. a, lui aussi, mis la main à la fabrication des faux. C'est Picherie lui-même qui a précisé son rôle au juge d'instruction. Ainsi, celui que l'on croyait n'être qu'un vulgaire comparse, se place en vedette dans cette affaire. Si Picherie, qui est un dévoyé, se fit souvent passer pour inspecteur de police, ce qui lui permettait. Il le reconnaît, d'exercer du chantage, il conteste, cette fois, s'être fait passer pour M. Paux-Pas-Bidet.
Lucco aurait seulement dit, en le présentant à MM. Portais et Bouilloux-Lafont, dans le café des Champs-Elysées où ils étalent réunis
«Voici le bras droit de M. Faux-Pas-Bidet, son émanation.»  Et Picherie qui avait l'habitude, en mit, comme on dit «plein la vue» aux interlocuteurs. Mais, voici qui est mieux: 
-Je tiens, a déclaré Picherie au magistrat, à vous dire que c'est bien moi qui ai, de ma main, établi les deux faux rapports de la Sûreté générale des 17 et 18 juillet 1932. Cest Lucoo qui m'a donné le texte écrit de sa main et qui m'a fourni le papier. Ces deux rapports ont
été, par moi, signés Lahure, nom que m'a indiqué Lucco.
C'est dans les mêmes conditions que j'ai établi le rapport du 4 août 1932, signé Duffoureq.
Ces rapports étaient destinés à être remis à l'Aéropostale pour donner à M. André Bouilloux-Lafont des apaisements et à continuer à le tromper. 
Lueco m'avait d'ailleurs déclaré que ces originaux devaient être photographiés puis déchirés par lui. J'ignorais et l'ignore toujours de qui Lucco tenait les renseignements.
Je reconnais avoir eu aussi en main depuis au moins deux ans l'imprimé du ministère de l'intérieur.
La lettre de M. Painlevé à l'attaché militaire roumain a été photographié par mol à la demande de Lucco dans le courant de septembre dernier. Je croyais cette pièce authentique.
J'estime que Lucco a trompé M. Bouilloux-Lafont en cherchant à lui soutirer une très grosse somme d'argent.»
On voit déjà la contradiction entre cette déclaration et celle de Lucco, lequel prétend que tous les faux établis par lui le furent sous la dictée de M. Bouilloux-Lafont. Picherie et Lucco seront, sur ce point, confrontés jeudi.
Le magistrat Instructeur a entendu, en outre, M. Livet qui envoya Lucco auprès de M. Weiller pour obtenir des renseignements sur l'aviation; M. Jacques Bouilloux-Lafont, qui précisa les circonstances dans lesquelles son frère André connut M. de Lubersac, et les experts graphologues venus prendre livraison de diverses pièces du dossier.


1932/10/20 (Numéro 15232). Display plain text
 (Screen 2 / 6)
Les faux documents de l'aviation 
Le juge d'instruction a recueilli mardi la déposition de M. Moissan, secrétaire de M. Vacher, qui fut commis par le tribunal de commerce dans la liquidation de l'Aéropostale.
M. Goldsky, publiciste, est venu déclarer qu'il avait dénoncé Lucco dès 1930. en le traitant d'escroc.
M. Brack a ensuite confronté M. André Boullloux-Lafont avec MM. Lelarge et Khlé.
D'après M. André Bouilloux-Lafont, M. Lelarge aurait pu prouver qu'au cours d'une conversation au téléphone, M. Weiller a dit textuellement: «Je lui aurai fait avaler sa dernière pièce.» M. Weiller voulait parler de M. André Bouilloux-Lafont. M. Lelarge comme
M. Khlé, ont déjà démenti ce propos.
C'est pour éclaircir cet incident que le juge a confronté les trois personnes, mais chacun est resté sur ses positions.
En fin de soirée, M. Brack a entendu M. Alléc, contrôleur général à la Sûreté générale.
Mercredi matin, le juge d'instruction a entendu le général Weygand, à qui M. Bouilloux-Lafont communiqua ses documents pour enquêter.
Et jeudi, Lucco sera confronté avec Picherie. On considère que cette confrontation pourrait être décisive pour l'orientation de l'enquête.

1932/10/21 (Numéro 15233). Display plain text
(Screen 5 / 6)
L'affaire de l'Aéropostale
Poursuivant avec méthode son information sur la ténébreuse affaire des faux documents de l'aviation, M. Brack, Juge d'Instruction, a reçu, mercredi matin, le général Weygand, chef d'état-major général de l'armée.
L'audition du général sur l'affaire des faux documents de l'aviation a duré environ une heure.
A son départ, le général Weygand s'est borné a déclarer comment il avait été mis au courant de cette affaire par M. André Bouilloux-Lafont qui était venu lui soumettre des documents qu'il n'avait pas gardés en lui disant qu'il devait s'adresser non au gouvernement mais à la justice.
Dans l'après-midi, le magistrat instructeur a entendu d'abord Mlle Mannequin, amie de Serge Lucco, dont la déposition n'a apporté aucune lumière à l'information en cours. M. Weiller, entendu ensuite a déclaré ne pouvoir fournir aucune explication ayant été touché trop tard par la convocation, mais que, jeudi matin, il fera parvenir au juge une note explicative.
Enfin, M. Emmanuel Chaumié a protesté de sa parfaite correction dans toute cette affaire.
Ce jeudi, confrontation de Serge Lucco et de Charles Picherie en présence de leurs défenseurs. Me Raymond Hubert et Maurice Guerrier.

 Les affaires d'aviation
Sortant, vendredi soir, du Conseil de Cabinet que venaient de tenir les membres du gouvernement, M. Painlevé, qui avait exposé à ses collègues l'affaire de l'Aéropostale, a dit à la presse: 
«Des événements judiciaires vont se produire d'ici vingt-quatre heures. Quand ils seront connus, vous pourrez venir me voir et alors je pourrai parler. Jusque-là je dois observer la plus grande discrétion.»
En attendant, il faut se contenter du seul petit événement de la journée: c'est l'aphonie du juge d'instruction. M. Brack n'a plus de voix, il transmet ses questions par écrit.
M. Weiller, succédant à M. Chaumié venu renouveler une déposition précédente, a ainsi résumé les déclarations qu'il a faites au juge:
«J'ai dit à M. Brack que si M. Bouilloux-Lafont n'avait cherché qu'à servir l'intérêt national et non à nuire à M. Chaumié et à moi-même, au lieu de colporter des documents auprès de quantité de personnes non qualifiées, il n'avait quà saisir immédiatement la justice, ainsi que plusieurs personnalités le lui avaient fait remarquer. M. Bouilloux-Lafont a cherché de façon certaine à induire en erreur des personnalités considérables, auxquelles il a montré les documents, en déclarant à certaines d'entre elles qu'il les tenait de parlementaires et d'anciens ministres. Il a refait cette déclaration formelle devant le juge Ordonneau, disant: D'autres pièces m'ont été remises en photographies par des parlementaires, dont certains sont anciens ministres. Je leur ai donné ma parole d'honneur de ne pas révéler leurs noms.
Cette façon de faire avait pour but d'authentifier les documents qu'il savait tenir seulement de Lucco et être des faux.»

Plus
24 avions italiens tenteront au printemps un raid autour du monde. 


1932/10/30 (Numéro 15241)-1932/10/31. Display plain text
 (Screen 5 / 6)
Les faux documents de l'aviation
M. Brack, juge d'instruction, a confronté M. André Bouilloux-Lafont, administrateur délégué de la Compagnie aéropostale, avec M. Bourguignon, directeur de cabinet de M. Painlevé. M. Bourguignon a confirmé que, lors de la visite de M. Bouilloux-Lafont. le 6 août, il
n'avait pu lui fournir aucun renseignement, le ministre de l'Air s'occupant lui-même de l'affaire.
M. Bouilloux-Lafont et M. Portait ont été confrontés ensuite successivement avec MM. de Rougemont et Dupont-Ferrier, les deux experts en écritures à qui ils avaient confié le soin d'examiner les documents.
M. de Rougemont a déclaré qu'il avait fourni ses conclusions «en pleine connaissance de cause». Quant à M. Dupont-Ferrier, il s'est montré moins net.

1932/11/03 (Numéro 15243). Display plain text
(Screen 5 / 6)
L'affaire de l'Aéropostale
M. André Bouilloux-Lafont et M. Emmanuel Chaumié, directeur de l'aviation civile au ministère de l'Air, ont été confrontés, samedi, dans le cabinet de M. Brack, juge d'instruction.
Tous deux ont maintenu leurs précédentes déclarations, et la confrontation, qui s'est prolongée tard dans la soirée, n'a apporté au magistrat aucun élément nouveau pour l'enquête.
D'autre part, Colin, dit Lucco, a adressé au garde des Sceaux, par l'intermédiaire de Me Raymond Hubert, une lettre dans laquelle il demande la revision d'un procès qui s'était terminé pour lui, en 1925. par une condamnation à quatre ans de prison pour escroquerie. Il avait vendu à un acheteur serbe 40000 fusils Mauser qu'il avait été dans l'impossibilité de livrer.
Enfin, M. Brack vient de rejeter une demande de mise en liberté provisoire qu'avait formulée Me Addé-Vldal, au nom de M. de Lubersac.

1932/11/05 (Numéro 15245). Display plain text
(Screen 5 / 6)
L'affaire de l'Aéropostale
Les trois experts qui, au début de l'enquête, avalent été chargés, par M. Brack, Juge d'instruction, d'examiner les documents suspects viennent de déposer leur rapport, par lequel ils font connaître que les documents qui leur ont été confiés sont apocryphes.
Ayant pris connaissance des conclusions de cette expertise, M. André Bouilloux-Lafont a adressé, au doyen des juges d'instruction une lettre dans laquelle il déclare porter plainte pour escroquerie contre Serge Lucco.


1932/11/17 (Numéro 15255). Display plain text
(Screen 2 / 6)
A la Chambre, les socialistes espèrent tirer parti du débat sur l'Aéropostale
Les socialistes ne sont pas à court de scandales. Ils ont, la semaine passée, dépêché M. Albertin pour enfler celui des fraudes fiscales. Vendredi, c'est celui de l'Aéropostale qui doit s'étaler dans toute son ampleur. Dès mardi soir, les couloirs du Palais-Bourbon étaient
pleins de l'agitation que créent les préparatifs d'une attaque. Ce n'était pas, comme bien on pense, le terne débat sur la politique agricole, et non plus les quelques coups de poing échangés entre trois députés communistes et un journaliste socialiste, qui pouvaient entretenir l'animation des conciliabules. Il se passe ceci, que les socialistes se proposent de jeter le nom de M. Flandin dans le débat de vendredi prochain sur l'Aéropostale. Dans le but évidemment de couper les ponts à toute tentative future de concentration sur le terrain
gouvernemental, puisqu'il apparaît bien que la vie du Cabinet Herriot est actuellement à la merci d'un vote défavorable sur l'outillage national ou les traitements de fonctionnaires.
Mais M. Flandin est sur la défensive. Informé des intentions socialistes, il a fait savoir d'Angleterre, où il est actuellement, qu'il se pourrait pas être à la disposition de ses adversaires avant mardi. Ce jour-là, on verrait. Car on n'a pas perdu le souvenir des coups que l'ancien ministre des Finances infligea naguère à M. Léon Blum et à ses amis.
Pendant ce temps, le groupe radical tergiverse. Il pense qu'une Commission d'enquête pourrait être une échappatoire. M. Georges Martin Interviendra, en son nom, dans le débat, et il se ralliera à toute proposition de Commission d'enquête, mais sans vouloir toutefois en prendre l'initiative.


1932/11/18 (Numéro 15256). Display plain text
(Screen 2 / 6)
Echos parlementaires Les faux documents de l'aviation. 
Le ministre de l'Air a fourni à la Commission de l'aéronautique de la Chambre des explications minutieuses sur tous les faits concernant les affaires des faux de l'aéropostale. Il a montré la nécessité de dissiper à fond les préventions que d'audacieuses calomnies ont suscitées, en particulier en Europe centrale, contre le bon renom de la France.
En rendant hommage à la probité des hauts fonctionnaires et officiers Injustement accusés ou calomniés, il a montré que les agissements des faussaires n'auraient jamais entraîné de telles conséquences si, dès le début, M. André Bouilloux-Lafont avait lait
connaître l'origine des pièces de son dossier.
Les pilotes et techniciens ont réalisé à travers trois continents une grande entreprise aérienne française. Le Parlement sera d'accord avec le ministre pour que soit poursuivie leur œuvre glorieuse préservée de tous les agissements qui pourraient la compromettre.
M. Painlevé n'a pas dissimulé que la gestion des administrateurs actuels pourrait donner lieu à des critiques et que le gouvernement est d'autant plus fondé à apporter les modifications souhaitables à cet état de choses que la Compagnie reçoit une aide mensuelle de l'Etat de huit millions de francs.
M. Painlevé, appuyé par M. Richi, a combattu la proposition de Commission d'enquête que suggérait M. Renaudel.

 Une nouvelle séance de nuit est prévue pour ce vendredi. M. Renaudel, socialiste S. F. I. 0., interpelle sur les scandales de l'Aéropostale. M. Painlevé, ministre de l'Air, intervient dans le débat pour combattre toute demande de Commission d'enquête et défendre ses
subordonnés.

1932/11/20 (Numéro 15258)-1932/11/21. Display plain text
(page 1 / 6)
La Journée 
Paris, le 19 novembre 1932-
La discussion des interpellations sur l'Aéropostale, commencée vendredi à la Chambre, se poursuivra jeudi. La première  séance a été occupée par l'interpellation de M. Renaudel.

(page 2 / 6)
LES DÉBATS parlementaires A la Chambre Séance du 18 novembre 1932 L'affaire de l'Aéropostale
A 15 heures, M. Fernand Bouisson ouvre la séance devant des tribunes remplies des amateurs de scandales politiques possibles.
MM. Renoult, garde des Sceaux; Painlevé, ministre de l'Air; Marchandeau, sous-secrétaire d'Etat a la présidence du Conseil, sont au banc du gouvernement.
La parole est à M. Renaudel, S. F. 1. 0. du Var, qui débute en rappelant les informations du Populaire concernant le dossier des faux de l'Aéropostale.
De la tribune, il passe la parole à M. Deschizeaux, S. F. I. 0. de l'Indre, qui, de sa place, précise que M. Bouilloux-Lafont lui a montré des photographies.
M. Renaudel critique l'attitude de réserve de la plupart des journaux.
Le dossier s'est ouvert réellement par la plainte déposée par le ministre de l'Air.
M. Painlevé déclare que, puisque M. Renaudel et ses amis sont les seuls à connaltre ce dossier, ils le communiquent.
M. Renaudel mêle ensuite à son exposé l'intervention du général Weygand.
M. Renaudel, tout en critiquant les lenteurs apportées par l'instruction, n'a pas l'intention d'empiéter sur les droits de la justice.
M. Renaudel se complaît dans les flâneries et détails. Ils tendent à établir la complicité avec les faussaires, du plaignant lui-même pour corruption de fonctionnaires M. André Bouilloux-Lafont, administrateur-délégué de l'Aéropostale.
M. Renaitour, de l'Yonne, de la Gauche Indépendante, vient appuyer ce long réquisitoire contre «les forbans faussaires».
M, Renaudel note que si le scandale d'aujourd'hui, s'est développé, c'est que le Sénat n'a pas eu le courage de faire poursuivre et de mettre fin au scandale analogue précédent, signalé et stigmatisé par les S. F. I. 0.
M. Renaudel continue de parler, de se perdre et, avec lui, de faire perdre l'auditoire dans des explications de plus en plus variées et confuses.
Les S. F. I. 0., en effet, firent, en 1931, un effort désespéré pour faire rejeter un texte du Sénat qui ne mettait pas fin au scandale qui occupait alors l'opinion.
On subventionna l'Aéropostale, après qu'elle eut déposé son bilan, le 31 mars, et, de sa liquidation judiciaire, et de l'expertise, on est resté à peu près sans nouvelle.
A la suite de la mission envoyée par M. Dumesnil au Brésil, extrêmement dure pour l'Aéropostale, le Comité de surveillance a eu grande difficulté pour accomplir son œuvre, à cause de la liaison de l'Aéropostale avec des Sociétés américaines, qui a révélé des manœuvres délictueuses inadmissibles.
Quant à la mission de M. Héderer-Ceccaldi, elle a démontré que des reçus fictifs, de faux contrats, des majorations considérables, ont permis à M. Bouilloux Lafont de constituer une sorte de caisse noire.
Il faut que M. Bouilloux-Lafont soit contraint de faire connaître les noms qu'ii détient, et que cesse ce chantage.
Dans le rapport Héderer, il est fait allusion aux avocats de l'Aéropostale.
L'orateur ne veut pas discuter à fond ce point en l'absence de M. E. Flandin.
M. Flanilin a déclaré qu'il n'avait pas été l'avocat-conseil de l'Aéropostale et du Crédit foncier du Brésil.

En réponse à des questions de M. Renaudel, M. Dumesnil déclare qu'ainsi que dans le passé, en temps voulu le ministère a communiqué les documents au Parlement. Personnellement, Il a respecté la séparation des pouvoirs à partir de l'ouverture de l'instruction sur les défaillances criminelles de la Compagnie aéropostale.
M. Renaudel maintient que le Parlement a autant de droit qu'un juge d'instruction dans une affaire de cette nature.
L'instruction a été ouverte en novembre 1931, et MM. Marcel et André Bouilloux-Lafont n'ont été inculpés que le 13 octobre 1932. Il a fallu onze mois peur en arriver là. Et l'un d'eux est toujours à la Cie de l'Aéropostale, il continue a toucher l'argent versé par l'Etat à la Société. (Vifs applaudissements à gauche.)


La seule explication, ce sont les camaraderies politiques dont MM. Bouilloux-Lafont pouvaient se vanter. Ils n'ont pas voulu d'abord soumettre leur dossier de faux. Ils les ont transmis au général Weygand qui, d'ailleurs, n'en a pas parlé à son ministre de la Guerre. M. Paul-Boncour proteste que le général Weygand a remis le dossier immédiatement au deuxième bureau de l'état-major.

H. Painlevé expose dans quelles conditions le dossier fut remis au général Weygand. à qui il tient à rendre hommage. (Vifs appl. au centre et à droite.) M. Bouilloux-Lalont déclara au général Weygand qu'il tenait le dossier du ministre de l'Air, et c'est pourquoi, a-t-il affirmé, il l'avait accepté. Le ministre lui répondit qu'il avait eu raison de l'accepter. C'est ainsi que le dossier est venu entre les mains du gouvernement. (Appl. au centre et à droite.) 
M. Renaudel souligne que les accusations graves portées contre M. Chaumié méritaient que le ministre de la Guerre fût averti par le général Weygand, et insiste sur les résistances auxquelles se sont heurtés ceux qui voulaient faire la lumière sur l'affaire (Appl. à gauche). M. Bouilloux-Lafont n'a-t-il pas dit certain jour qu'il se serait contenté qu'on déplaçât M. Emmanuel Chaumié.L'instruction pour faux une fois ouverte, il a quitté Paris et il a pu se dérober du 10 août au 2 septembre à toute mesure d'instruction pour la première inculpation. M. Chaumié avait agi autrement il écrivit au juge d'instruction qu'il était à sa disposition.
M. Painleve dit qu'il a même pressé le juge de l'entendre, et qu'il a offert à son ministère d'être poursuivi par lui sur sa demande, afin que la lumière fût plus rapide.
Enfin M. Renaudel conclut à l'urgence de la constitution d'une Commission d'enquête du ministre de l'Air et la nécessité de la nationalisation de l'aviation française. (Vifs appl. à gauche.)
Après une suspension da séance. la parole est à H. Gaston Martin, député radical-socialiste d'Agen, qui résume ainsi le bilan de l'Aéropostale: 97 pilotes et 103 passagers tués.
M. Painlevé fait observer qu'il faudrait tenir compte du nombre des heures de vol et de celui des transports.
-Je crains, ajoute le ministre, que les chiffres brutaux soient interprétés par nos concurrents de la façon la plus déplorable pour l'aviation française.
La théorie de Montesquieu sur la séparation des pouvoirs est périmée, selon M. Gaston Martin, qui exprime l'espoir de voir «sous l'habile direction du garde des Sceaux, des scandales semblables à celui de l'Aéropostale devenir impossibles par la volonté concertée et de l'exécutif et du législatif ».
La suite du débat est renvoyée à jeudi après-midi, le troisième interpellateur, M. Ernest Lafont, se réservant d'intervenir après les déclarations de MM. Painlevé et René Renoult.

(page 5 / 6)
Les profiteurs des fraudes, Ce sont les socialistes, «Figaro» nous dit pourquoi.

Les socialistes, depuis le début de cette législature, et depuis la rentrée d'octobre, s'emploient à reprendre leur rôle de meneurs politiques. Ils profitent de la nonchalance des partis nationaux et du peu de résistance que le gouvernement oppose à leurs efforts pour «intensifier» leur action destructrice. Ils entendent se réserver toutes les initiatives, depuis les rédactions d'ordre du jour de confiance jusqu'aux interpellations à scandale. Ils jubilaient, l'autre jour, une liste de fraudes fiscales, ils faisaient accepter, jeudi le principe d'un programme agricole étatiste, ils réclamaient, hier, d'autres mesures de nationalisation.
S'ils jettent dans les débats parlementaires les dossiers de l'instruction (qui les leur communique? on ne le recherche jamais), c'est qu'ils enlèvent ainsi du cadre légal de la répression, les méfaits dont la justice est saisie, ils peuvent les présenter quand lis sont encore impunis. Ce ne sont plus les crimes ou les délits de tels ou tels inculpés, ce sont les tares de la société capitaliste. C'est elle la coupable. Il faut l'abattre. Ils s'offrent pour cette besogne. Ils n'y failliront pas, comme il a été dit à Narbonne.
En même temps qu'ils usent du scandale, ils s'efforcent, en matière financière, d'aggraver les périls. Ils ont soutenu, jadis, tons les crédits d'engagement qui écrasent le budget. Hier, Ils proposaient à la Commission des finances un contre-projet d'outillage montant à 30 milliards. La Commission a discuté sérieusement, tandis qu'à la séance, l'Assemblée écoutait sagement M. Renaudel en ses conclusions collectivistes.
Mais la morale qui s'en inquiète? Le gouvernement ne peut s'en désintéresser. Son devoir, comme le rappelle André Cochinal, dans l'«Aube», n'est-il pas de promouvoir la moralité publique
La question sort du cadre étroit d'un procès à sensation. M. Renaudin, se complait dans le rôle d'accusateur public, a vidé hier un dossier dont on ne peut nier qu'il soit impressionnant. Nous vivons sous le signe du pot-de-vin et de l'ange du panier. Tout se vend, même la conscience, et c'est pourquoi, sans doute, on rencontre tant de gens qui n'en ont plus.
Dans cette histoire de l'Aéropostale, si obscure à bien des titres, un seul point jusqu'ici semble définitivement acquis les grands de ce monde, les puissants du jour sont entourés de trafiquants et de maîtres-chanteurs de la plus basse catégorie. Là est le mal.
De tout temps, il y a eu des aventuriers, des flibustiers habiles à ériger de rapides fortunes sur la misère publique. De tout temps, le faux a tenté la canaille. Mais jamais comme aujourd'hui le nombre et la qualité des délinquants ne furent aussi grands. Bien plus, c'est le niveau de la moralité moyenne qui semble avoir baptisé. On a imaginé des mots pour réhabiliter les délits. L'escroquerie n'est plus qu'une spéculation malheureuse et le vol n'est que de la resquille. Par ailleurs, on bafoue officiellement l'honnêteté, et la tribune du Parlement retentit encore de l'aveu d'un ancien ministre disant des contribuables scrupuleux qu'ils étaient des poires.
Qu'on y prenne garde il n'y a pas de société possible sans un minimum de moralité qui ne doit pas être une moralité minima. Le vol, le crime, c'est l'anarchie. Certes, les maux dont nous souffrons ont des causes matérielles mais l'esprit, aussi a sa part dans malheurs.
Il ne serait pas indigne des pouvoirs publics de s'en préoccuper.

1932/12/13 (Numéro 15277). Display plain text
(Screen 6 / 6)
Un avion de l'Aéropostale capote et prend feu en Camargue Bouches-du-Rhône.
 Un appareil commercial de l'Aéropostale qui assurait le service Marseille-Barcelone, ayant voulu atterrir par suite du brouillard qui gênait sa marche, a capoté et s'est enflammé à l'embouchure du Petit-Rhône, non loin de l'îlot Saint-Antoine.
Le pilote, M. Simon, aviateur éprouvé et qui comptait près de trois mille heures de vol. a été retrouvé complètement carbonisé dans les débris de l'avion, Un passager, M. Emile Seguy domicilié à Bois-Colombes (Seine), ingénieur de la maison Bollee, a été découvert mort à une trentaine de mètres de l'endroit où s'est produite la chute.
La consternation est grande à Marignane, l'aéroport marseillais d'où était parti l'avion, d'autant plus que, sur la ligne Marseille-Barcelone, aucun accident grave ne s'était jamais produit et que, depuis bien des années, les départs et les arrivées s'effectuaient avec une grande régularité.

1933/01/25 (Numéro 15314). Display plain text
L'équipage de l'«Arc-en-Ciel» est reçu par le président de la République argentine. 
L'équipage de l'Arc-en-Ciel, accompagné du directeur à Buenos-Ayres. de la Compagnie aéropostale, a rendu visite lundi au président de la République Argentine, général Justo, qui cordialement a félicité les aviateurs français.


1933/01/10 (Numéro 15301). Display plain text
(Screen 1 / 6)
LE PARLEMENT rentre mardi
A la Chambre
Après installation de son bureau, la Chambre fixera son ordre du jour.
...
la réorganisation de la Transatlantique et de l'Aéropostale
...

1933/01/11 (Numéro 15302). Display plain text
(Screen 5 / 6)
JUSTICE L'AFFAIRE DE L'AEROPOSTALE EST RENVOYEE DEVANT LA CHAMBRE DES MISES EN ACCUSATION
M. Brack, juge d'instruction, a renvoyé devant la Chambre des mises en accusation les quatre inculpés de l'affaire des fraudes d'aviation, MM. André Bouilloux-Lafont, Lucien Collin dit Serge Lucco, le comte Jean de Lubersac et Charles Picherie.
Il est probable que les inculpés comparaîtront devant la Cour d'assises, au mois de mars prochain, où ils seront jugés pour faux, usage de faux et complicité.

1933/02/23 (Numéro 15339). Display plain text

AERONAUTIQUE L'équipage de «l'Arc-an-Ciel» rentre en France par mer
On mande de Récife que l'aviateur Mermoz est retourné à Natal. Ses compagnons se sont embarqués pour l'Europe à bord de l'Eubée.
Interviewé à ce sujet, M. Verdurand, directeur de la Compagnie générale aéropostale, a fait les déclarations suivantes:
L'arrêt de l'Arc-en-Ciel est dû à mon initiative personnelle. Je ne voulais pas risquer, en effet, de compromettre le succès du voyage d'études entrepris en risquant le décollage d'un avion de quinze tonnes sur un terrain non préparé.
Après avoir rappelé l'enlisement de l'Arc-en-Ciel sur le terrain de Rio-de-Janeiro. M. Verdurand a déclaré que le gouvernement brésilien avait décidé de faire faire immédiatement une piste cimentée pour permettre les décollages futurs. L'avion et les moteurs sont en partait état.

1933/03/21 (Numéro 15361). Display plain text
 (Screen 5 / 6)
LE PROCES de L'AÉROPOSTALE DEVANT LES ASSISES DE LA SEINE 
Ce lundi après-midi se sont ouverts, devant les assises de la Seine, les débats du procès de l'Aéropostale. Parmi les principaux accusés figurent, comme on le sait, Lucien Collin, dit Serge Lucco, M. André Bouilloux-Lafont. Jean de Lubersac et Charles Picherie. 
C'est le conseiller à Ja Cour Texier qui préside les débats, tandis que le siège du ministère public est occupé par l'avocat général Siramy.

1933/03/22 (Numéro 15362). Display plain text
(Screen 5 / 6)
L'affaire de l'Aéropostale devant les assises de la Seine
C'était, lundi, aux assises de la Seine, la première journée des débats de l'affaire de l'Aéropostale. Ainsi que nous l'avons laissé prévoir hier, ce procès sera très long et aussi vraisemblablement très monotone, malgré son piment «politique».
Les principaux «protagonistes» des débats, réunis sur le même banc des accusés et dans une commune inculpation de faux et d'usage de faux, sont, comme on le sait un jeune ingénieur ancien élève de l'Ecole polytechnique, portant un nom connu dans le monde parlementaire, M. André Bouilloux-Lafont deux repris de justice, Lucien Colllin, dit Serge Lucco, et Charles Picherie; enfin, M. Jean-Louis-Odons de Lubersac.
Les péripéties abracadabrantes de l'affaire qui a fait couler beaucoup d'encre en ont obscurci l'essentiel. Et ce n'est que grâce à la clarté de l'acte d'accusation rédigé par l'avocat général Siramy et lu par le greffier Wilmès que les jurés retrouvèrent le fil conducteur de l'affaire.
Le procès se résume en ceci:
Une vingtaine de pièces (*23 exactement) ont été produites par M. André Bouilloux-Lafont, promenées dans tout Paris, dans tous les ministères, prouvant si elles eussent été vraies que MM. Chaumié et Paul-Louis Weiller voulaient faire passer l'Aéropostale entre les mains d'une Compagnie allemande.
Ces pièces sont fausses.
-C'est moi, sauf une ou deux, qui les ait faites, répond un des accusés Collin, dit Lucco. Mais je les ai faites sous la dictée de M. Bouilloux-Lafont
Celui-ci répond:
-Je les ai reçues de Collin. je les croyais vraies, parce qu'elles corroboraient ce que je croyais déjà, la collusion de MM. Chaumié et Weiller avec la Compagnie allemande, la Lufthansa
Voilà tout le procès qui, malgré sa simplicité, a fait «naître» des montagnes de dossiers.
II serait vraiment superflu de s'arrêter longuement sur les interrogatoires de la première séance de lundi.
-Vous faites quoi ? Des affaires, demande le président à M. de Lubersac.
-Non, je réunis des gens entre eux.
-Bref, vous vous occupez de toutes sortes d'affaires? 
-C'est exact.
-Engagé dans l'armée russe, vous avez ensuite donné des «renseignements» sur la Russie?
-Oui, mais je n'ai jamais reçu un sou pour cela
M. le président Texier s'arrête plus longuement sur M. Bouilloux-Lafont.
Le 31 mars 1931, M. André Bouilloux-Lafont, administrateur délégué de l'Aéropostale, déposait son bilan. La situation financière était grave. Il y a bien eu un contrat prévoyant 250 millions d'actions à souscrire, mais il devait être, pour aider la Compagnie ratifié par le Parlement. Il ne le fut pas.
-Vous avez, dit le président, accusé de cet échec M. Chaumié.
En 1931, puis surtout en 1332, des accusations circulent contre M. Chaumié. M. Painlevé, entre autres, l'en avertit. On murmure qu'il aurait reçu des actions de la Lufthansa, c'est-à-dire de l'Allemagne, qu'il aurait cédé ces actions à M. Weiller, bref, dit M. Texier, «qu'il aurait reçu un pot-de-vin».
-Cette accusation, demande M. Texier à M. Bouilloux-Lafont, vient de vous?
-C'est exact. Je trouvais d'ailleurs très curieuse l'attitude du gouvernement. 
En 1932, M. Bouilloux-Lafont va dans les ministères. Il montre un album concernant des pièces accusatrices. M. Tardieu les voit et lui dit «C'est grave il faut une enquête. Cela finira devant la justice.»
L'authenticité des pièces apparaissait comme certaine pour M. Bouilloux-Lafont: il les avait reçues de Collin, qui se disait attaché au 2" bureau et envoyé par ce service pour le mettre au courant des relations de Chaumié.
Collin, dit Lucco, a davantage l'habitude des prétoires. Il répond nettement mais en souriant.
-Oui, j'ai fait tous ces faux. Je suis allé, comme journaliste, à l'Aéropostale. J'y ai vu M. Portait, puis M. Bouilloux-Lafont. Celul-ci m'a parlé des difficultés
financières de la Société et de ses difficultés politiques.
Luoco apparaît donc comme «secrétaire» de M. Bouilloux-Lafont.
Sur le banc des accusés, il éprouve des regrets
-Je renouvelle ici, a M. Chaumié tous mes regrets, dit-il très solennellement.


1933/03/23 (Numéro 15363). Display plain text
 (Screen 5 / 6)
Le procès de l'Aéropostale aux assises de la Seine
La deuxième audience, celle de mardi, a été certainement moins «banale» que la précédente, ne serait-ce que par le seul fait de la présence dans le prétoire de quatre ministres et d'un général en chef.
Le début de la séance a été consacré
à un nouvel interrogatoire de M. Bouilloux-Lafont qui s'est défendu avec acharnement d'avoir colporté de mauvaise foi des documents qu'il savait faux pour obtenir le déplacement d'un haut fonctionnaire.
- Une pareille accusation, c'est pure folie! Je n'ignore pas qu'on ne fend pas l'oreille des gens dans ces conditions. Non je croyais M. Chaumié traître à la patrie et j'étais convaincu que M. Painlevé ne voudrait pas devenir son complice en le maintenant à son poste. Tout
simplement!
Mais alors pourquoi M. Bouilloux-Lafont a-t-il semblé vouloir se soustraire à la convocation du juge d'instruction charge de l'enquête sur la plainte en faux du ministère de l'Air ?
On parle ensuite de la fameuse «liste politique».
Me Texier. -N'avez-vous pas vu qu'elle était invraisemblable?
-Elle était visiblement, inexacte, en effet; mais je la croyais de la main de M. Weiller. Elle pouvait être un piège que celui-ci me tendait pour déconsidérer mes autres documents par le contact d'un faux grossier.

-Est-ce qu'un député socialiste ne vous a pas proposé d'interpeller sur votre cas?
-Oui. M. Deschizeaux, qui venait d'être élu. Je n'ai pas voulu lui refuser une occasion de débuter avec éclat à la tribune. Je lui ai montré mes pièces, il les a communiquées à M. Blum, qui lui a conseillé d'être prudent, mais de ne pas perdre le contact avec moi.
Le débat s'engage ensuite -provoqué par Me Legrand- sur l'acte d'accusation qui écarte la complicité de faux en déclarant qu'on ne pouvait guère croire aux dires de Lucco.
Me Lecoq de Kerland questionne M. Bouilloux-Lafont pour établir qu'il n'a pris aucune précaution alors qu'il avait la possibilité de dépister les faux.
Me Pierre Masse établit ensuite que Lucco, deux ans avant les faux de l'Aéropostale, faisait des faux Weiller pour lesquels, d'ailleurs, il a déjà été poursuivi.
Quelques variations encore -sur le 2 bureau, sur le rôle de faussaire de Lucco- et c'en est fini des intermèdes.
Des témoins sérieux, des hommes politiques s'approchent de la barre.

M. Tardieu prend le premier la parole.
Comme président du Conseil, il connut avant tout le monde les fameux documents Bouilloux-Lafont.
J'ai reçu seulement deux visites de M. Bouilloux-Lafont. La première fois, il a voulu me remettre sous enveloppe des documents que je lui ai conseillé de porter au garde des Sceaux. La seconde fois, il a voulu me remettre un dossier photographique relatif aux difficultés que traversait sa Compagnie. Je l'ai renvoyé à M. Guernier, ministre de l'Air.
Je lui ai fait remarquer que dans le monde de l'aviation on photographiait beaucoup. Je me suis rappelé que j'avais pour ma part une photographie de lettre, la lettre Renaitour, qui pouvait lui servir à contrôler ses propres documents. Je la lui ai donnée. Voilà tout. Neveu d'un de mes collègues les plus estimés, je n'avais aucune raison de me défier de lui.
A la barre apparaît ensuite le général Wevgand, vice-président du Conseil supérieur de la guerre. Répondant à M. Bouilloux-Lafont, il rappelle que c'est
sur les indications de M. Painlevé qu'il devait remettre ses documents au ministère de l'Air. C'est lui-même qui a transmis les pièces au ministère de l'Air. Le général confirme le propos de Bouilloux-Lafont, qui ne voulait à aucun prix que l'affaire fût étouffée.
M. Pietri est ensuite entendu. Il indique qu'avant 1930, Lucco avait vendu des pièces fausses au ministère de l'Air. Picherie déclare ensuite que Lucco l'a présenté à Portais, sous le nom du commandant Crauss. Ce dernier avait l'air soupçonneux. Picherie ignorait absolument l'Aéropostale et M. Bouilloux-Lafont. C'est lui qui a recopié deux rapports que, dit-il, lui avait dictés Lucco. Celui-ci dément cette affirmation. Il précise qu'il n'a eu avec Picherie que des relations fugitives.
L'audience a été levée à 19 heures.


1933/03/24 (Numéro 15364). Display plain text
(Screen 6 / 6)
L'affaire de l'Aéropostale devant les assises de là Seine
C'était, mercredi, la troisième journée de ce procès extraordinairement mal équilibré sur des documents notoirement faux. Lucco lui-même ne paraît-il pas satisfait quand il déclare à. Me Pierre Massé:
-Mais, maitre, dans ce dossier, tous mes aveux étaient faux.
Cette, atmosphère de faux est accablante.
Dès la reprise des débats, l'avocat général Siramy donne lecture de diverses dépositions de M. Painlevé qui, malade, ne peut se rendre à l'audience.
Les dépositions de M. Painlevé remontent au 2 août, 8 et 20 octobre derniers. M. Painlevé avait reçu la visite de Bouilloux-Lafont.
Celui-ci parla des photographies de documents qu'il possédait et qui contenaient, contre M. Chaumié, des accusations graves, affirmant qu'il les tenait de personnes très sûres et qu'il ne pouvait nommer, s'étant engagé sur l'honneur à leur assurer l'anonymat.
M. Painlevé lui demanda le dossier:
--Non, non, il m'est impossible de le faire ce dossier est confidentiel, répondit le jeune Bouilloux-Lafont.
Painlevé se fâcha:
-Vous devez me laisser ces photographies ou les porter immédiatement au garde des Sceaux avec une plainte!
M. Painlevé note ensuite l'émotion que cette calomnie soulevait dans les capilales de l'Europe centrale, et le préjudice moral qui en résultait pour l'aviation française.
Cette lecture provoqua, de la part de Bouilloux-Lafont et de ses défenseurs, Me Pierre Masse et J.-Ch. Legrand, de nombreuses protestations. Collin, de son côté, proteste, et Me Ch. Bonnet, avocat de M.Chaumié, s'écrie:
-Les jurés, et j'ai confiance, choisiront entre les déclarations de M. Bouilloux-Laront et la déposition, si claire et si nette, du président Painlevé.
-Dès juillet, s'écrie à son tour Me J-Ch. Legrand, le président Painlevé savait que Collin était un faussaire. La plainte ne fut déposée qu'en aoùt, et Collin ne fut arrêté qu'en octobre sur une indication de M. Hanau. Qu'avait donc fait le Parquet?
-Je vous répondrai dans mon réquisitoire, déclare l'avocat général Siramy.
-Eh bien! moi. clame Me J-Ch. Legrand, je vois là une pression du pouvoir exécutif sur le pouvoir judiciaire.
Cette réplique soulève une tempête de rires, et le président, indigné, suspend l'audience.
A là reprise des débats, le premier témoin de la journée est appelé à la barre. C'est M. Gauthier, président de la Commission de contrôle du groupe de l'Aéropostale..
M. Gauthier déclare ne rien savoir des faux. Toutefois, il reconnaît avoir découvert des pièces fausses dans la comptabilité de l'Aéropostale.
-Mais, s'écrie M* Pierre Masse, je pense qu'on ne va pas faire ici le procès procès de l'Aéropostale, je me demande donc où veut en venir l'avocat de Lucco.
L'étincelle a jailli: des voix s'élèvent, tout le monde parle à la fois, les avocats se lèvent.
Et tandis que le président fait appeler le témoin suivant, M° Legrand pose une question délicate:
-M. Weiller voudrait-il nous dire quel est, d'après lui, l'inspirateur des faux ?
Cette question déplaît au président: on n'interroge pas la, partie civile au milieu de l'audition d'un témoin!
M. Bourguignon, chef de cabinet de Painlevé, est enfin introduit.
Il a reçu A. Bouilloux-Lafont, qui lui présenta les documents. Comme le chef de cabinet lui disait qu'il fallait, être très prudent, car beaucoup de faux circulaient, son interlocuteur lui répliqua qu'il tenait ces pièces de personnes qu'il ne pouvait les mettre en doute.
M. Dechezeaux, député socialiste, succède au chef de cabinet de M. Painlevé. Très jeune premier, le député socialiste explique d'une voix assurée que Bouilloux-Lafont voulut lui confier le dossier des documents, mais, qu'après réflexion, il refusa.
On entend ensuite le lieutenant-colonel Redempt, chef de service des renseignements au ministère de l'Air.
Le témoin fait remonter les faits à 1930, époque à laquelle Serge Lucco fréquentait le ministère. C'était au moment de la campagne contre M. Laurent Eynac, alors ministre de l'Air.
Devenu suspect, Lucco ne fut plus admis à pénétrer au ministère au service de la presse.
Me J.-Ch. Legrand se dresse, il demande à lire un rapport de police, mais le président fait des difficultés.
-Lisez, lisez, dit enfin le président à bout d'arguments.
Le rapport de police relate que, dans un hebdomadaire, en octobre 1930, des articles signés Serge Lucco avaient paru contre le ministre de l'Air. Or, l'enquête révéla que les données de ces articles étaient fournies par M. Weiller en personne.
La collusion Lucco-Weiller est donc établie lance Me J.-Ch. Legrand.
Indignation de Me Raymond Hubert! et un violent incident éclate. Si grave que le président décide de suspendre la séance.

1933/03/25 (Numéro 15365). Display plain text
  (Screen 5 / 6)
le procès de l'Aéropostale aux assises le la Seine
La séance de jeudi la quatrième a été moins orageuse que celle de la veille, levée dans le tumulte d'une querelie d'avocat. Les passions s étaient calmées et c'est dans un calme absolu que le commandant Dagneaux s'avança à la barre.
Ancien as de l'aviation, compagnon d'armes de M. P.-L. Weiller et, comme lui, l'un des plus jeunes commandeurs de la Légion d'honneur, le commandant Dagneaux est actuellement directeur-administrateur de la Compagnie africaine d'aviation. Jusqu'au mois de juillet dernier, cette Société avait deux administrateurs délégués MM. P.-L. Weiller et M. André Bouilloux-Lafont.
Le commandant Dagneaux connaît bien l'affaire il était un des premiers a recevoir les confidences de MM. Weiller et Bouilloux-Lafont.
Le commandant Dagneaux- Je fus impressionné par l'ensemble cohérent que constituait le dossier que me montra M. Bouilloux-Lafont. S'il y avait des pièces douteuses, il y en avait d'autres qui m'émurent beaucoup, notamment des pneumatiques adressés par M. Weiller à M. Chaumié.
Ces pièces «douteuses» sont, les fameux pneumatiques envoyés par Collin à lui-même en imitant l'écriture de M. Weiller.
On est encore une fois en plein dans le faux.
Mais Collin n'avait-il point eu d'inspirateur ? M. Raymond Hubert demande à ce sujet l'avis de M. Dagneaux.
Collin se lève pour déclarer qu'il n'a pas agi seul, mais avec le concours de M. Bouilloux-Lafont, qu'il désigne comme son inspirateur. Ti'il désigne
Collin -Voyons, je ne voudrais pas faire de plaisanterie ici, mais si l'on m'attribue une telle compétence dans les affaires aériennes, qu'on me mette à la tête de l'aviation.
Le rire gagne la salle entière, quand Me Pierre Masse, avocat de Bouilloux-Lafond, s'écrie:
-On prétend que l'Air, c'est la Santé, mais nous n'irons pas jusque-là.
Une discussion s'engage ensuite sur les rapports de M. P.-L. Weiller avec Lucco, rapports qui remontent à 1930.
M. Weiller- Collin, dit Lucco, s'était présenté à moi comme secrétaire général du Cri du Jour. Il m'a demandé des renseignements pour son journal et ensuite un subside de publicité. Il a touché  5000 francs. J'ai déjeuné une fois avec Collin, en compagnie d'un avocat à la Cour, Me Guiboud-Ribaud. Mes relations avec Collin ont cessé en 1930.
M. Weilier précise: c'est parce que Collin avait imité sa signature sur une traite qu'il a rompu avec lui en 1930.
Mais voici que la barre est occupée à nouveau M. Dormann. député de Seine-et-Oise, prend la parole.
Il connait la famille Bouilloux-Lafont de longue date.
M. Dormann. -M. Painlevé m'a déclaré au mois de novembre 1932 «Tous les documents des Bouilloux-Lafont sont faux. C'est maintenant une guerre au couteau avec eux.»
Très ému, M. Dormann alla trouver M. Marcel Bouilloux-Lafont, qui lui confia que les documents contre MM. Weiller et Chaumié provenaient d'un officier attaché au 2" bureau.
M. Dormann a cru et croit encore à la bonne foi de M. Bouilloux-Lafont.
Après une déposition de M. Pierre Fournier, premier sous-gouverneur de la Banque de France, qui explique le concours que cet établissement prêta au groupe Bouilloux-Lafont, on voit apparaître, en civil, le général Niessel, qui n'est ici qu'un témoin de moralité.
A la demande de Me Addé-Vidal, Il déclare qu'en Russie, où il l'a eu sous ses ordres, Jean de Lubersa se conduisit en vaillant Français.
Le débat dont l'intérêt s'était émoussé lentement reprend plus vif avec M. Dumesnil, ancien ministre de l'Air.
M. Dumesnil. - Je ne parlerai guère des tentatives dirigées contre moi. Je n'ai pas gravi le calvaire de M. Chaumié. Le bonheur a voulu qu'en vingt-quatre heures les faux me concernant fussent connus et avoués. Le mépris suffit. Passons. N'en parlons plus.
M. Dumesnil fait ensuite et très longuement l'historique de l'Aéropostale, de ses difficultés.
A son sens, cette historique permettra de dégager les responsabilités.
Il rend hommage à M. Chaumié, son ancien subordonné, fait l'éloge de son désintéressement, de son souci du bien public.
M. Dumesnil affirme ensuite que jamais M. P.-L. Weiller n'a manifesté l'ambition de voir la Cidna (Compagnie internationale de navigation aérienne) qu'il dirige, succéder à l'Aéropostale dans l'exploitation des lignes sud-américaines. 
Il ne quittera pas la barre sans émettre le vœu que l'Aéropostale se survive à elle-même pour le plus grand rayonnement de l'aviation française.
M. Edouard Herriot succède à M. Dumesnil.
L'ancien président du Conseil raconte la visite que lui firent, en juin 1932, MM. Marcel et André Bouilloux-Lafont. Ils lui communiquèrent les graves soupçons qui, dans leur esprit, pesaient sur M. Chaumié. 
M. Herriot. - Je leur dis que les pièces qu'ils possédaient devaient être examinées, et j'ai prévenu le garde des Sceaux.


1933/03/26 (Numéro 15366)-1933/03/27. Display plain text
 (Screen 5 / 6)
Le procès de l'Aéropostale aux assises de la Seine  Cinquième journée des débats.
Le début de l'audience est marqué par l'apparition, à la barre des deux experts en écritures qui, ayant procédé à l'examen des pièces que Collin a, par la suite, reconnu avoir forgées, avaient déclaré qu'elles étaient de M. P.-L. Weiller. Mais ce n est pas la première fois que
les «experts» se trompent grossièrement. On ne les prend plus au sérieux, surtout lorsqu'il s'agit d'experts en écriture.
Et M. Dupont-Ferrier, qui est archiviste paléographe agrégé de l'Université, doit être bien gêné quand Me Legrand lui dit:
-Ce que vous appelez pièces authentiques, Monsieur l'expert, ce sont les pièces fausses.
Après une discussion sur les expertises offieieuses et les expertises officielles, discussion qui ressemble plutôt à un intermède qu'à une déposition, M. Philippe Henriot, député de la Gironde, membre de la Commission de l'Aéronautique, s'approche de la barre.
M. Philippe Henriot, qui déclare être parents, par alliance, au sixième degré de M. André Bouilloux-Lafont, rappelle qu'il a pris la parole à la Chambre, après M. Painlevé, au cours de la séance ayant trait aux faux de Collin, dit Luoco.
M. Henriot- Si je n'étais pas persuadé de la bonne foi de M. André Bouilloux-Lafont, je ne serais pas intervenu comme j'ai cru devoir le faire.
Puis il passe à la question de l'attitude de M. Chaumié, qu'il trouve inavouable, surtout en ce qui concerne le départ de M. Chaumié de l'Aéropostale (M. Chaumié, à la suite du scandale, accepta le poste de directeur de l'aviation marchande au ministère de l'Air).
Mais M. Henriot ne s'arrêtera, pas là. Il met en cause M. Painlevé et ses rapports avec M. P.-L. Weiller, en des termes qui soulèvent les protestations du président, de l'avocat général et de la partie civile.
Me Charles Bonnet- A la Chambre, en présence de M. Painlevé, vous n'avez pas porté contre l'illustre homme d'Etat les accusations que vous formulez ici.
M. Henriot- A la Chambre, M. Painlevé a eu une syncope j'ai dû m'interrompre.
Quant à Me Legrand, Il ne manque pas l'occasion de lire une lettre datée de 1925, lettre de laquelle il tire cette conclusion que M. Painlevé aurait favorisé la maison dirigée par M. Weiller pour la fourniture de moteurs en Roumanie et l'installation d'un réseau aérien franco-roumain.
A son banc, Weiller ne tient plus et lance d'une voix irritée:
-C'est un mensonge!
On doit lever l'audience tellement l'agitation est grave.
A la reprise, la barre est à nouveau occupée par des témoins. Il s'agit de personnes qui ont eu connaissance de l'existence du dossier rassemblé par M. André Bouilloux-Lafont contre MM. Chaumié et P.-L. Weiller.

1933/03/29 (Numéro 15368). Display plain text
(Screen 5 / 6)

Le procès de l'Aéropostale devant les assises de la seine  C'était lundi la septième journée des débats.
A la suite des incidents qui ont marqué les deux dernières audiences, le président, M. Texier, a demandé de prendre des mesures énergiques. Après avoir conféré avec le premier président Dreyfus, et avec le bâtonnier Mennesson, M Texier a ouvert la séance de lundi par une mise au point qui est en même temps un avertissement.
-En raison des incidents regrettables qui se sont produits samedi, je me trouve aujourd'hui dans l'obligation de prendre, et en plein accord avec M. le bâtonnier, des mesures d'ordre exceptionnelles afin que MM. les jurés puissent suivre ces débats dans toute la sérénité désirable. J'ajoute que si une manifestation quelconque devait se produire, je ferais immédiatement évacuer la salle. Les membres du barreau qui s'y trouveraient en qualité d'auditeurs n'échapperaient pas à la mesure.
Au surplus, le bâtonnier Mennesson au nom du bâtonnier en exercice, suivra les débats et arbitrera les conflits.
C'est dans le calme que Me Pierre Masse engage le débat sur une question épineuse!
-Est-il exact, Monsieur l'avocat général, que, le 8 août. M. te procureur général de la République ait reçu la visite de M. Maurice Bouilloux-Lafont?  Est-il exact que l'ancien vice-président de la Chambre ait déclaré avoir découvert la main de l'Allemagne dans l'affaire des faux de l'Aéropostale?
L'avocat général Siramy précise que la visite en question a fait l'objet d'un rapport qui figure au dossier, qu'il ne s'agit là que d'une conversation toute personnelle.
M. André BouilIoux-Lafont, se voyant également accusé, se lève pour exprimer toute son indignation. Il a été calomnié et n'a cessé de combattre les Allemands sur le terrain commercial de l'aviation, et le fameux déjeuner qu'on lui reproche était un geste de courtoisie a l'égard de M. Weigelt, qui l'avait reçu aimablement a Berlin.
M. André Bouilloux-Lafont- II n'a jamais été question entre nous d'une cession quelconque de l'Aéropostale à la Luft Hansa pour la raison élémentaire que, statutairement, cette cession eût été impossible. Notre contrat exige l'autorisation du gouvernement français pour l'admission d'un seul actionnaire étranger.
Cette explication ne satisfait pas le général Duval, ancien grand chef de l'aviation de guerre.
Le général Duval- Le 30 février dernier, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec M. Vronski, directeur de la Luft Hansa . Il m'a parlé du déjeuner qui avait réuni MM. Marcel et André Bouilloux-Lafont et le Dr Weigelt. D'après M. Vronski, MM. Bouilloux-Lafont auraient proposé à M. Weigelt de devenir actionnaire de l'Aéropostale. A quoi le Dr Weigelt aurait répondu: «Cela ne serait possible que si nous obtenions la majorité». MM. Bouilloux-Lafont auraient, alors déclaré que la combinaison pourrait être examinée sous
cet angle.
M. André BouiUoux-Lafont proteste, contre les allégations du générai Duval.
Les témoins de la défense, les derniers témoins, tous de moralité, vont enfin défiler à la barre. M. Bëranger ancien pilote de guerre, assure que s'il croyait M. André Bouilloux-Lafont coupable, il ne serait pas venu déposer.
M. Siramy lit ensuite la déposition du baron Nicaise.
Le président du Conseil d'administration de la Lorraine-Dietrich a acheté pour ie prix de 6000 francs, un faux Lucco: la lettre de M. P.-L. Weiller à M. Renaitour, en vue d'une interpellation à la Chambre.
Mais est-il utile de s'arrêter longtemps sur un faux qui tendait à discréditer l'Aéropostale?
-Mais d'où Lucco, lorsqu'il fit ce faux, tenait-il ces renseignements ?
-Je vais le dire, dit Collin, et je vais aussi me mettre tout le monde à dos c'est certain!
Et il précise que c'est dans les couloirs de la Chambre qu'il glanait les éléments de ses faux.
Après un émouvant témoignage de l'aviateur Mermoz, lu par M° Masse, l'audience est renvovée à mardi.


1933/03/30 (Numéro 15369). Display plain text

Le procès de l'Aéropostale devant les assises de la Seine
La journée de mardi la neuvième audience a été marquée par les plaidoiries des parties civiles.
Le président Texier, dès le début de l'audience, donne la parole à Me Le Coq de Kerland. L'avocat de M. P.-L. Weiller est aviateur. C'est sur le front ou plus exactement dans les airs qu'il conquit ses quatre galons de chef d'escadrille. Il est commandant de la Légion d'honneur.
C'est sur un ton plutôt attristé qu'il commence sa plaidoirie qui sera brève, mais touchante.
Me Lecoq de Kerland. -Quel pénible spectacle, Messieurs les jurés, de voir déferler jusqu'à vous, depuis sept audiences, la marée de la calomnie et de la mauvaise foi. contre un homme que j'ai connu à la guerre, qui a été mou camarade dans les cieux et qui est une gloire
de l'aéronautique, mon ami P.-L. Weiller, l'ancien capitaine Weiller, commandeur de la Légion d'honneur avec douze citations. L'accusation portée contre M. Weiller de vouloir faire passer l'Aéropostale sous le contrôle de la Lufthansa, Me Le Coq de Kerland estime qu'elle correspondait aux désirs de celui qui a lancé cette calomnie M. Bouilloux-Lafont. C'est une faute contre le patriotisme, doublée de calomnie.
Se tournant vers le banc des accusés, Me Le Coq de Kerland s'adresse directement à Bouilloux-Lafont et lui rappelle ses «tentatives» de vendre l'Aéropostale.
-En 1929, vous avez essayé de vendre l'Aéropostale aux Américains. Et, en mars 1931, à Paris, vous étiez en négociations avec M. Wromski, directeur de la Lufthansa. Quelques jours après, c'est le déjeuner avec M. Weigelt. Et M. Brun et M. le général Duval vous
ont dit que, ce jour-là, vous avez offert à M. Weigelt la vente de l'Aéropostale. 
M" Le Coq de Kerland est inlassable. 
-La preuve de votre mauvaise foi, de votre trahison, je l'ai là. Niez-vous qu'à la date du 20 février 1932 vous avez dcmandé au représentant de l'Aéropostale à Berlin, M. Bauer, la composilion du Conseil d'administration de la Lufthansa, le nom des fondés de pouvoir de la Société allemande et le chiffre du capital social.
-M. Bouilloux-Lafont. Je le nie. En tout cas, je ne l'ai pas su.
Quant aux documents qui furent à la base des machinations, M* Le Coq de Kerland cite: un faux contrat parlant d'un prêt de 45 millions consenti par la Lufthansa, -une fausse lettre de la Deutsche Bank ouvrant un compte à M. Chaumié, -un contrat faux de participation entre la Luft et la Compagnie C. I. D. N. A.
Et quand, en terminant, il s'adresse aux jurés, c'est pour les adjurer de débarrasser l'aéronautique française d'un homme qui ne lui appartient pas et qui a forfait à l'honneur.
Le bâtonnier Rousset, un des plus dignes représentants du «vieux Palais» -Me Raoul Rousset a 77 ans- succède à Me Le Coq de Kerlaud.
M. le bâtonnier Rousset qui a débuté sa brillante carrière par l'affaire du Panama, rappelle par sa stature, ses gestes, les avocats célèbres du XVIIIe s, sa plaidoirie sera claire bien charpentée.
L'année 1932 a vu la naissance d'innombrables faux dont le caractère n'est plus aujourd'hui contesté par personne.
Ils avaient pour objet de faire croire à la prévarication (Action de manquer, par intérêt, aux devoirs de sa charge) de M. Chaumié et à sa corruption par M. Weiller, et M. André Bouilloux-Lafont qui les promenait partout assurait l'authenticité et la sincérité de ces documents qu'il savait déjà faux... Et on a insinué que l'inspirateur de Lucco le faussaire c'était M. Weiller, lui qui fut la victime des faux dirigés contre lui. Comment M. Weiller aurait-il pu inspirer des faux qui l'ont douloureusement frappé Quel intérêt aurait-il eu?
Dans la fabrication des faux, M. le bâtonnier Rousset voit l'inspiration de M. Rouilloux-Lafont, qui, même pendant l'instruction, a fait preuve de mauvaise foi:
-Le juge d'instruction vous convoque, vous dit que les pièces sont suspectes. Vous portez alors plainte en forfaiture et corruption contre MM. Weiller et Chaumié. On arrête Lucco il avoue être le faussaire, et vous persistez dans votre plainte!
Le préjudice moral causé à M. Weiller est grand, et M. le bâtonnier demande aux jurés réparation de ce préjudice, qui se répand également à la France, aux ailes françaises.
Me Charles Bonnet plaide ensuite pour M. Chaumié. Il décrit puissamment les tortures morales que son client a éprouvées tant qu'ii n'a pu confondre son calomniateur.
Mc Bonnet. -Je ne suis pas venu ici comme accusateur, mais comme défenseur. La condamnation de M. André Bouilloux-Lafont s'impose.
Mercredi, réquisitoire de M. l'avocat général Siramy, plaidoiries de MM Pierre Masse, J.-C. Legrand, Raymond-Hubert, Addé-Vidal et Guerrier. Verdict tard, très tard, dans la soirée.


1933/03/31 (Numéro 15370). Display plain text
(Screen 5 / 6)
Le procès de l'Aéropostale est terminé Les jurés de la Seine se sont montrés plutôt indulgents qu'intransigeants
A la reprise des débats, mercredi après-midi, le président Texier donne la parole à l'avocat général Siramy, pour son réquisitoire.
En reprenant l'examen des faits, dit l'avocat général, il me faut, sans passion, rechercher le rôle coupable de chacun des accusés, car, sur la place publique on a déchiré un grand fonctionnaire, un digne serviteur du pays.
M. Painlevé, son ancien chef, a dit «Ou bien Chaumié est un coupable qui doit être poursuivi; ou bien, s'il est innocent, c'est son accusateur qui doit aller sur le banc des assises.» L'enquête a démontré que les documents étaient faux. Collin a avoué. M. Chaumié est au banc de la partie civile. M. Bouilloux-Lafont est le voisin de Collin.
L'avocat général ne croit pas à la bonne foi de M. Bouilloux-Lafont:
-Quand on a des documents d'une telle gravité que ceux qu'il tenait, dit l'avocat général, on va trouver ceux qui doivent les connaître.
Quant au système de défense de M. Bouilloux-Lafont, l'avocat général le trouve insuffisant.
-Une expertise en écriture n'est jamais une preuve tout juste un appoint; il n'a consulté les experts que pour se ménager une justification éventuelle.
En terminant son réquisitoire, l'avocat général Siramy, après avoir donné la définition respective des quatre accusés, demande une condamnation générale.
-Pour Collin et Picherie, demande l'avocat général, pas de circonstances atténuantes accordez-les à de Lubersac,
et, pour ce qui est de Bouilloux-Lafont, je m'en remets à votre justice.
L'heure des plaidoiries est enfin venue.
Me Addé-Vidal plaide le premier pour le comte de Lubersac.
On ne lui reproche, à lui, ni faux ni usage de faux; les témoins garantissent son honorabilité. M. Chaumié lui-même est prêt à lui serrer la main. En l'emprisonnant, on n'a voulu qu'obtenir le nom de l'informateur à qui il a donné les 5000 francs pour l'enquête à la banque
demandée par Bouilloux-Lafont; il ne l'a pas donné et c'est tout le reproche qu'on peut lui faire.
-Rendez-lui l'honneur de son nom et de toute sa vie.
Me Maurice Guerrier. l'avocat de Picherie, plaide d'une voix grave et retentissante la culpabilité très atténuée de son client.
Me Guerrier.
-Il est prouvé, il est certain que M. Picherie n'a pas fabriqué les faux de l'Aéropostale, mais qu'il les a simplement recopiés. J'insiste sur le
mot recopié. Mais. pourquoi ? dans quelle intention ? Oh il ne faut pas chercher bien loin! M. Picherie a recopié les documents faux pour rendre service à un ami. Il a agi sans se rendre compte de la gravité de son acte.
Picherie est également poursuivi pour complicité.
Me Guerrier.
-Complicité Il faudrait, pour qu'il y ait complicité coupable, une entente volontaire et consciente entre Picherie et Bouilloux-Lafont. Or, aucun fait ne l'a démontré. Les charges relevées contre Picherie, Messieurs les jubés, ne sont pas lourdes, vraiment.
M' Guerrier montre ensuite que Picherie a agi de façon désintéressée. Picherie n'a jamais rien touché pour les services qu'il rendit.
M* Guerrier rappelle ensuite la belle conduite de Charles Picherie pendant la guerre. C'est une belle page dans la vie de Picherie qui plaide en sa faveur.
Dans le dossier de Picherie, on ne relève que des aveux, dit M" Guerrier. Quant au préjudice porté a ia Société, il n'y en a pas.

Me Raymond Hubert, défenseur de Collin, «un mort parmi les vivants», s'efforce d'apitoyer le jury. Collin est malade, un pulmonaire qui ne peut supporter la prison. Il donne lecture des rapports de deux médecins.
Me Hubert retient à l'avantage de «Lucco» ses aveux sans réserve fort adroitement il n'accable pas Bouilloux-Lafont, mais ne laisse pas de protester que Collin «affamé, cherchant sa vie dans les poubelles», n'a été que la main qui écrit ses faux ne pouvaient profiter qu'à celui qui les commandait Il ne les a faits que pour payer l'ami qui le nourrissait.
Collin est un homme abandonné, un être malheureux, Messieurs les jurés, jugez-le avec bonté, avec toute humanité.

Pour André Bouilloux-Lafont, Me J.-Charles Legrand a pris le premier la parole.
La partie civile l'accuse d'avoir fait des faux, le ministère public de s'en être servi.
Ln faussaire n'aurait pas agi comme lui.
Est-ce pour étouffer l'affaire qu'il a porté ces pièces à deux présidents du Conseil, à deux ministres de l'Air, au généralissime?
On lui reproche sa plainte contre MM. Chaumié et Weiller? Pourquoi donc le Parquet l'a-t-il suivie?
Il est tombé dans un piège et personne ne l'a mis en garde: M. Painlevé savait que les pièces étaient fausses et il n'a porté plainte qu'au bout d'un mois.
Quand Me J.-C. Legrand en vient à faire allusion à la possibilité dans cette affaire d'une intrusion du pouvoir parlementaire dans le domaine du pouvoir judiciaire, le président Texier proteste par ces paroles.
-Je ne peux pas vous permettre de dire cela.
Ce sera le seul incident de cette plaidoirie.
Me Legrand exalte ensuite l'œuvre de son client.
L'Aéropostale, qui porte les couleurs français au-dessus de l'Atlantique, c'est lui qui l'a faite. Et vous n'en avez rien dit. Monsieur l'avocat général, vous vous êtes renfermé, à cet égard, dans un silence injuste.
Et maintenant, jugez en toute sérénité, Messieurs Les jurés. Cet homme, on veut le rayer du livre de l'aéronautique, mais il y a quelque chose que vous ne lui enlèverez pas son œuvre magnifique.
Il demande aux jurés un verdict négatif.
Voici, enfin, la dernière plaidoirie, celle de Me Pierre Masse, dont le prestige est grand au Palais.
Le fond de sa plaidoirie se résume à ceci:
Tout le monde a cru aux faux de Collin: il les vendait à Livet, à Faux-Pas-Bidet, à Merle et à Bouilloux-Lafont.
Bouilloux-Lafont cherchait la solution d'un problème il l'a trouvée dans des papiers dont il ne pouvait suspecter l'aloi ni la provenance.
S'il les avait su faux, comment aurait-il osé s'en servir?
Me Masse demande l'acquittement pur et simple de M. Bouilloux-Lafont.

Le verdict

60 questions étaient posées au jury. La délibération a duré trois heures. Le verdict fut 52 fois afflrmutif, 8 fois négatif. Bouilloux-Lafont, Picherie et Collin bénéficiaient des circonstances atténuantes et M. de Lubersac était acquitté.
Le président Texler énonça enfin les condamnations suivantes:  André Bouilloux-Lafont, un an de prison et 100 fr.  d'amende avec sursis; Collin, deux ans de prison et 100 francs d'amende; Picherie, un an de prison et 100 francs d'amende; MM. Chaumié et Weiller obtiennent un franc de dommages-intérêt chacun.

1933/04/07 (Numéro 15376). Display plain text
 (Screen 5 / 6)
UNE NOUVELLE CONDAMNATION DE LUCCO
Lucien Collin, dit Serge Lucco, qui vient d'être condamné par la Cour d'assises de la Seine à deux années d'emprisonnement pour avoir fabriqué les faux de l'Aéropostale, revenait au Palais pour une autre histoire de faux documents.
Le procès, soumis à l'examen de la 11e Chambre du tribunal correctionnel, était relatif à trois traites d'un montant total de 45000 francs, portant l'aval de M. Paul-Louis Weiller; l'aval avait été créé par le faussaire, qui remit les traites à un agent d'affaires.
Le tribunal a condamné Lucco à la même peine deux ans de prison, qui se confondront avec. les autres.

1933/04/11 (Numéro 15379). Display plain text

LES DÉBATS PARLEMENTAIRES Comment se présente la loi de finances  Séance du 8 avril 1933 (après-midi)
M. Roux-Freissineng (Gauche radicale, Oran), «nous expose qu'une ligne est prévue qui reliera Bruxelles au Congo. Deux tracés sont à l'étude, dont l'un prévoit comme étapes Paris, Toulouse, Alicante et Oran, et l'autre, Paris, Marseille et Alger. Le député d'Oran plaide
évidement pour la première solution».
M Riché (gauche radicale, Ardennes), président de la Commission de l'aéronautique, a mené un très beau combat à la tête d'une escadrille composée de spécialistes éminents, MM. Dumoret, Renaitour et Bouëssé, dont l'un pense qu'il y aurait intérêt a faire de nos aviation civile, militaire et privée un bloc homogène et le second veut qu'on sauve ce qui peut être sauvé de l'Aéropostale et le troisième s'attache surtout à étudier l'aspect sécurité de la navigation aérienne».
M. Pierre Cot, ministre de l'Air, a répondu à toutes les questions posées...
Pour ce qui est de l'Aéropostale, a rompu complètement avec l'ancien groupe ou ses succédanés en assurera la réorganisation en la faisant entrer dans le cadre d'une refonte de nos réseaux.


1933/04/15 (Numéro 15383). Display plain text
(Screen 2 / 6)
Echos parlementaires
La Commission de l'aéronautique a décidé de demander au ministre de l'Air de lui donner de nouvelles indications relatives à la réorganisation des lignes de transports aériens et à leur fusion en une seule compagnie d'Etat.
Elle a désigné des rapporteurs pour les diverses parties du projet de loi fixant le statut organique de l'armée de l'air. Enfin, M. Jacquinot a été nommé contrôleur permanent des services techniques de l'aéronautique, en remplacement de M. Chauvel, invalidé. La Commission de l'aéronautique a entendu le ministre de l'Air, sur la réorganisation des services de son ministère. L'année de l'Air sera autonome et la
France sera divisée en quatre régions aériennes.
D'autre part, est envisagée la fusion des grandes Compagnies commerciales aériennes, telles que l'«Air-Union», l'«Air-Orient» et l'«Aéropostale». L'Etat aurait le quart des actions de la nouvelle Compagnie commune. Toutefois, les compagnies africaines seraient placées sous un régime différent. Elles seraient transformées en Compagnies d'Etat ou en Compagnies où l'Etat aurait la majorité des
actions.


1933/04/25 (Numéro 15391). Display plain text
(Screen 3 / 6)
QUESTIONS MARITIMES L'ancrage par grands fonds
Nos lecteurs ont certainement entendu parler de la prochaine installation d'une île flottante allemande en plein Atlantique. Le Westphalen, un ancien cargo du Norddeutscher Lloyd a subi d'importantes transformations pour lui permettre de recevoir les hydravions allemands, avec lesquels la Lufthansa compte prochainement commencer la ligne française de l'Aéropostale. Le Westphalen est tout d'abord muni à la partie arrière, d'une sorte de «traîne» en toile très épaisse que des traverses en bois maintiennent tendue dans sa largeur, et sur laquelle. les hydravions peuvent venir se poser, pour y être saisis ensuite par la grue qui déborde du couronnement.
L'hydravion est alors «remisé» à bord, visité au besoin, réapprovisionné d'essence, d'huile, etc., et placé, une fois prêt, sur le chariot d'un
long chemin de glissement, qui occupe presque toute la largeur du navire à tribord. Les agencements sont tels que lorsque le chariot et l'avion ont parcouru ce chemin, l'appareil aérien a acquis une vitesse au moins égale à celle qui lui eût été nécessaire pour décoller sur piste ou sur mer calme. Cette catapulte d'un nouveau genre, mue à l'air comprimé, est déclenchée par la manœuvre d'un seul levier, et est susceptible de lancer des hydravions du type Dornier-Whall. Mais le Westphalen est destiné à rester à poste fixe dans la zone des calmes de l'Atlantique Sud: au mouillage. Or, les fonds de cette partie de l'océan sont en moyenne de 2 500 mètres. Il est donc nécessaire d'employer un dispositif spécial différent des chaînes d'ancrage normalement utilisées sur les navires marchands et même sur les bâtiments de guerre...

 (Screen 5 / 6)
Un avion de l'Aéropostale tombe en flammes au nord de Barcelone 6 morts.
Mardi, vers 14 h. 30, un appareil français de la ligne Casablanca-Toulouse, le 28 117-AG1 est tombé en flammes près de Villagrande (Espagne), dans un endroit appelé Vallée de Sala, quelques minutes après avoir quitté Barcelone. L'avion, pris dans un nuage, a heurté
le toit d'une maison de ce village, véritable nid d'aigle, situé à 1 700 mètres d'altitude, et a pris feu.
L'accident fut si brutal que les occupants n'ont pu se servir de leur parachute et ainsi ils ont tous péri. Ils étaient six M. Emler, le pilote
M. Guyomard, le radiotélégraphiste; M. Riguelle, chef de l'aéroport de Dakar; M. et Aime Subierre, de Khemisset (Maroc), et M. Ernest Valette, agent maritime à Paris, 1, rue Boieldieu.
Le directeur de l'Aréopostale à Barcelone s'est rendu en automobile sur les lieux de l'accident, soit à environ 85 kilomètres de la capitale catalane. C'est un nouveau deuil qui atteint notre grande Compagnie aérienne et aussi l'aviation commerciale française.

1933/05/13 (Numéro 15407). Display plain text
(Screen 3 / 6)
La concurrence du chemin de fer
De tous les moyens de transport, le chemin de fer est le plus touché par la crise économique.
...
Au contraire, le trafic aérien n'a cessé d'augmenter. C'est ainsi que la Compagnie Air-Union a été en progression en 1932 de 42 533 kilomètres parcourus par rapport à 1931, de 92 voyageurs transportés, de 835 kg. de fret, de 315 kg. de poste. Le traflc du mois de février 1933 est supérieur à celui de février 1932.


La Compagnie aéropostale a enregistré, sur la ligne France-Maroc, une augmentation de 519 passagers en 1932 et de 3 319 kg. de fret sur la ligne Marseille-Alger de 72 passagers et de 1 688 kg. de poste.
...

 Une lettre de Hambourg, apportée ces jours-ci par le Graf-Zeppelin, prétend qu'un porte-avion, du nom de Wesphalia, appartenant à la Compagnie allemande Lufthansa, vient de partir pour se fixer en plein océan, à moitié distance entre la Gambie britannique et Natal, au Brésil. Un service d'hydroplanes se ferait deux fois par semaine, de Hambourg à Rio, en passant par Cadix, les Canaries et Bathurst, dans la Gambie britannique;  ils se ravitailleront en pleine mer sur le Westphalia qui les hissera à bord au moyen de puissants appareils et les relancera avec sa catapulte. Si ces plans se réalisent, le voyage entre les deux continents sera singulièrement raccourci et devenu facile. Quatre jours à peine sépareront Hambourg de Rio de Janeiro. Malheureusement, ce sera la mort de l'Aéropostale française. C. Ribeiro,

1933/06/25 (Numéro 15443)-1933/06/26. Display plain text

Chronique sportive AERONAUTIQUE Le raid de l'aviateur Skarzynski
On mande de Santos que l'aviateur Skarzynski a été contraint d'interrompre son raid par suite d'une fuite au réservoir d'huile. Il a atterri vendredi après-midi sur le terrain de la Compagnie aéropostale a Praia Grande, à une vingtaine de kilomètres de Santos. Il compte repartir incessamment pour Rio de Janeiro.
Berlin-Copenhague en 1 h. 12 m. Dans la journée de vendredi, un avion Henkel a franchi en 72 minutes le parcours Berlin-Copenhague, réalisant une vitesse de 360 kilomètres à l'heure.
-Le meeting de Saint-Etienne
Dimanche sera inauguré le hangar qui vient d'être terminé sur le terrain d'aviation de Saint-Etienne et qui sera bientôt suivi d'une gare aérienne dont la construction doit être incessamment commencée. A l'occasion de cette inauguration, de grandes fêtes aériennes auront lieu ces samedi et dimanche avec la participation de pilotes réputés. Elles commenceront par l'arrivée, entre 15 et 17 heures, du rallye international, dans lequel trente pilotes sont engagés. Dimanche aura lieu un important meeting auquel participeront le champion autrichien du vol à voile Kronfeld, les aviatrices Adrienne Bolland et Hélène Boucher, les pilotes allemands Achgelis et Henkelmann, les aviateurs Maurice Finat, Froissard, Bois, Pueyol.


1933/07/09 (Numéro 15455)-1933/07/10. Display plain text
(Screen 2 / 6)
LES DÉBATS PARLEMENTAIRES A la Chambre Séance du 7 juillet 1933
...
MM. Renaudel et Soulier ont déposé des demandes d'interpellation. Le premier veut nous parler de l'Aéropostale, le second des travailleurs indépendants. L'un et l'autre sont de vieux routiers parlementaires. Ils invoquent un article du règlement qui leur permet de demander la fixation immédiate de la date de discussion. La Chambre doit manifester son sentiment par assis et levés. Consultée, elle répond deux fois non.
...
Cinq escadres d'aviation survoleront Paris le 14 juillet
Le ministre de l'Air vient de donner l'ordre à la 21e escadre de bombardement de nuit de Nancy et à la 22e escadre de bombardement de nuit de Chartres de se rendre à Paris pour prendre part au défilé aérien de la fête nationale. En ce qui concerne la 21e escadre, ses 45 appareils défileront par groupes de cinq ayant à leur tête le général Bouchet, commandant la 11e brigade de bombardement.
La présence de ces 90 gros avions de bombardement venant après les appareils de chasse et de reconnaissance de la 1e, de la 34e et de la 54e escadre, du Bourget, donnera à la revue du 14 juillet le caractère d'une Imposante manifestation de notre aviation.


1933/07/22 (Numéro 15466). Display plain text
(Screen 4 / 6)
Pierre-Etienne Flandin
Poursuivant au Correspondant la série de ses portraits d'hommes politiques en vue, M. Charles Ledré y présente celui de M. Pierre-Etienne Flandin. En voici quelques traits:
Un homme maître de lui, de ses nerfs, de ses mots, de ses moindres gestes tel nous est apparu Pierre-Etienne Flandin dans les circonstances les plus ordinaires de la vie
...
De quelle froideur déconcertante, de quelle sûreté dans une bataille cruelle, cet homme qui passe méthodiquement du sport à l'étude et de l'étude à la tribune, n'a-t-il pas fait preuve au cours des interpellations sur l'Aéropostale ? Il y eut un moment, surtout, où soi. extrême possession de soi étonna ses pires adversaires. Il venait d'évoquer une intervention fort bourgeoise de M. Léon Blum en faveur d'un grand magasin. Déjà la droite et le centre éclataient en applaudissements, lorsqu'une voix fluette et qui semblait malade d'émotion cria:
C'est un faux...

1933/08/06 (Numéro 15479)-1933/08/07. Display plain text
(Screen 2 / 6)
Le service aérien France-Amérique du Sud
Les journaux de Buenos-Ayres annoncent que la Compagnie générale aéropostale a l'intention d'organiser, cette année, plusieurs traversées de l'Atlantique du Sud, afin de préparer des services réguliers par avion entre Paris et l'Amérique du Sud pour l'année prochaine.

1933/08/09 (Numéro 15481). Display plain text
(Screen 5 / 6)
VOYAGE D'INSPECTION EN AFRIQUE
M. Perrin, député de Paris, fait actuellement, pour le compte de la Commission de l'aviation de la Chambre dont il est vice-président, un voyage d'inspection en Afrique. Il visitera les étapes aériennes d'Agadir, Cap-Juby, Villa-Cisneros, Port-Etienne et Saint-Louis, et étudiera sur place, à Dakar, le fonctionnement des services de l'Aéropostale.


  (Screen 6 / 6)
Toulouse et ses lignes aériennes - La défense est organisée pour leur maintien
Toulouse. 7 septembre. II n'est bruit que du déplacement de la tête des lignes aériennes de l'Aéropostale (Toulouse-Rabat-Amérique du Sud) au profit de Marseille. Cette nouvelle a produit une vive émotion, émotion qui s'est aussitôt traduite par des protestations. C'est ainsi que le Comité d'entente des grands groupements industriels et commerciaux a adressé un télégramme à M. Cot, ministre de l'Air. Il y annonce la préparation d'une vaste manifestation. Nous croyons savoir que celle-ci aurait lieu dans un délai très rapproché. Les corps élus, les parlementaires et des représentants du commerce et de l'industrie y seraient convoqués. Elle se déroulerait dans le vaste théâtre du Capitole.
Faite en dehors de toute préoccupation politique, elle revêtirait le caractère d'une manifestation de toute la population toulousaine contre les intentions qui menacent ses intérêts les plus directs. Reste à savoir si le ministre de l'Air capitulera, car on connaît ses décisions.Il est fort à craindre que Toulouse ne sera plus tête de ligne et que ce privilège reviendra à Marseille.

1933/09/16 (Numéro 15513). Display plain text
(Screen 5 / 6)
Légionnaire à 23 ans
La presse a relaté il y a peu de jours la remise de la croix de la Légion d'honneur au jeune Maurice Thomasset qui, à 23 ans, totalise
3 000 heures de vol comme radio-télégraphiste, 400 traversée.s de la Méditerranée. «L'intransigeant» lui consacre cet article qui est un éloge du légionnaire mais aussi une exaltation du courage et du devoir accompli:
Etre promu chevalier de la Légion d'honneur à 23 ans et recevoir les insignes à l'occasion d'une prise d'armes symbolique consacrée à la mémoire du héros légendaire Georges Guynemer devenir ainsi le plus jeune légionnaire de France pour «services exceptionnels rendus à l'aviation marchande», telle est l'histoire du radio-télégraphiste navigant Maurice Thomasset, soldat à !a base aérienne de Lyon-Bron.
De quoi griser aussi le jeune héros porté au premier rang de la brillante légion des hommes de l'air. Une belle histoire riche de dévouement, de renoncement et, de modestie.
«Je n'ai rien fait d'extraordinaire, répétait-il, après la minute où, devant le régiment réuni, il reçut la croix de chevalier de la Légion d'honneur. Entré, le 8 septembre 1929, à 19 ans, à la Compagnie générale aéropostale, le radiotélégraphiste navigant Maurice
Thomasset a totalisé plus de 400 traversées de la Méditerranée. Quatre fois, et pour des raisons différentes panne de moteur: mauvais temps, radiateur arraché, etc., Thomasset a fait avec son pilote des séjours prolongés en mer le 7 novembre 1929 à la dérive pendant trente heures; le 7 janvier 1930, le 4 mai 1930, et le 11 septembre 1930. Et, les quatre fois, Maurice Thomasset a sauvé les sacs de courrier, et, le lendemain même de chacune de ces aventure, il reprenait sa place à bord d'un hydravion partant de Marseille pour
Alger ou d'Alger pour Marseille. Au total, près de trois mille heures de vol en quatre ans.
-Voyez-vous, tient-il à me préciser, en me décorant, à titre civil naturellement, M. le ministre de l'Air a voulu honorer le corps des radiotélégraphistes. Pourquoi m'a-t-il choisi spécialement? Je n'ai rien fait de plus que les autres, à chacun de nous sa part de risques et
de chances.
Radio à bord d'un avion de bombardement, je suis le sort de mon escadrille, ajoute-t-il, les vols de nuit sont assez fréquents.
J'exerce mon métier, celui que Je désirais depuis toujours. Mon service militaire terminé en mars, je reprendrai ma place de radio de ligne, je ne sais où. Et Il me parle alors de ses amis, de son pilote, de Couzinet et de l'Arc-en-Ciel, de Peyronnet, de Torres et d'autres
encore. En lui, comme en ses aînés, rayonne une même foi, un même amour. Sa phrase est brève, dépouillée. Sous ses regards sommeille la lueur vague qu'on retrouve chez ceux qui passent leur vie à scruter l'infini mouvant de l'espace.

1933/09/21 (Numéro 15517). Display plain text
(Screen 6 / 6)
NOUVELLES DE L'AIR Toulouse et les lignes aériennes
La Croix s'est fait récemment l'écho des bruits suivant lesquels Toulouse ne resterait plus tête de ligne de l'Aéropostale.
A la suite de démarches très pressantes de la Chambre de commerce et du Conseil municipal auprès des parlementaires du département, le ministère de l'Air, par une lettre adressée à M. Vincent Auriol vient d'assurer qu'il n'est nullement question de modifier le point de départ de la liaison France-Maroc. Celle-ci continuera comme précédemment, à partir simultanément de Toulouse et de Marseille, ainsi que le spécifie l'article 2 de la convention passée le 30 mai 1933 avec la Société centrale pour l'exploitation des lignes aériennes Air-France.

1933/11/01 (Numéro 15552)-1933/11/02. Display plain text
(Screen 1 / 6)
L'aviateur de Verneilh et ses deux compagnons se sont tués près de Dijon
Surpris par une violente tempête de neige, l'aviateur Charles de Verneilh, qui revenait du Maroc et de Tunisie avec le mécanicien Le Bas et le radiotélégraphiste Goulmy, avait dû atterrir, dans la journée de samedi, à Dijon.
...
Agé de 38 ans, le baron Charles de Verneilh-Puyraseau était un de nos meilleurs pilotes. Pendant la guerre, il commanda une escadrille. Après les hostilités, il fut d'abord pilote de ligne à l'Aéropostale, puis il se mit, il y a quelques années, à entreprendre de grands raids.
...

1933/11/24 (Numéro 15571). Display plain text
 (Screen 2 / 6)
Echos parlementaires
L'audition de M. Pierre Cot par la Commission de l'aéronautique
La Commission de l'aéronautique a entendu M. Pierre Cot, ministre dle l'Air, qui a fait un exposé général des différentes réformes qu'il a pu réaliser dans l'organisation de son ministère et le fonctionnement de ses services.
Le ministre a rendu compte des conditions dans lesquelles s'étaient effectués la constitution de la Compagnie Air-France et la liquidation de l'Aéropostale. De plus, il a fait connaître la situation actuelle de l'Etat français en ce qui concerne les Açores.

1933/12/08 (Numéro 15583). Display plain text
(Screen 6 / 6)
L'aménagement de l'aérodrome de Francazal-Toulouse
Les travaux sont commencés sur le terrain de Francazal-Toulouse où, comme l'a annoncé la Croix, un régiment d'aviation venant de Metz, doit s'installer au printemps prochain. 75 millions ont été prévus pour l'aménagement de l'aérodrome. On assure, en outre, que tous les services d'aviation de Toulouse seraient sous peu centralisés à Francazal, notamment la Compagnie Air-France qui exploite les lignes aériennes de l'ancienne Aéropostale.


1933/12/15 (Numéro 15589). Display plain text
(Screen 2 / 6)
Échos parlementaires La Commission des finances adopte les budgets de l'air et des conventions
La Commission des finances de la Chambre s'est réunie mercredi, sous la présidence de M. Malvy.
M. Renaudel a fait un exposé des propositions du gouvernement pour le budget de l'Air celui-ci s'élève pour 1934 à 1 911 millions il est en diminution de 30 millions sur 193).
....
Au sujet du chapitre 18, concernant les primes aux Compagnies de navigation aérienne, M. Malingre a demandé si la transmission des contrats de l'Aéropostale à l'Air-France avait pu sa faire intégralement et dans quelles con(litions s'effectuait la liquidation de l'Aéropostale.
....
M. Renaudel a répondu que la liquidation de l'Aéropostale était à peu près terminée; des conversations sont engagées avec le Portugal au sujet de la perte de notre monopole d'escales aux Açores.


1934/01/09 (Numéro 15608). Display plain text
(Screen 5 / 6)
Justice et politique
II faut distinguer nettement le domaine de la politique et celui de la justice. Si, dans l'affaire Oustric, l'Aéropostale, pour ne rappeler que
les plus récentes, les politiciens, sous prétexte de scandale politique, ne s'étaient pas arrogé le droit de rendre justice et avaient laissé ce
soin aux gens dont c'est le métier, il y aurait eu moins d'impunités scandaleuses et le public serait moins défiant vis-à-vis de la justice. En ce sens, «l'Ere Nouvelle» a raison d'écrire:
Les républicains veulent une chose c'est que la justice fasse son métier en toute indépendance, impartialement et complètement... 
 

1934/01/13 (Numéro 15612). Display plain text
(Screen 4 / 6)
En février le service postal aérien allemand rapportera le courrier de Berlin à Rio do Janeiro, en six jours
Le vol victorieux de la Croix-du-Sud au-dessus de l'Atlantique Sud est venu au moment opportun accaparer quelque peu l'attention des pays de l'Amérique latine que la propagande allemande travaille assidûment On sait, en effet, que le printemps 1934 verra un effort considérable de l'Allemagne pour accaparer le trafic aérien entre l'Europe et l'Amérique du Sud. C'est en février prochain que débutera le service aérien Berlin-Rio de Janeiro. Le navire porte-avion Westfalen, sur qui auront lieu les escales des avions en plein océan, se trouve présentement à Las-Palmas, où il reçoit une dernière mise au point. Dans le courant de janvier, il partira pour l'Atlantique Sud, entre Bathurst (Gambie anglaise) et Natal. Ce nouveau service sera organisé de la manière suivante par la Lufthansa: les envois postaux seront acheminés d'abord par avion via Stuttgart, Genève, Marseille, Barcelone, jusqu'à Seville (Cadix ne possédant pas d'aérodrome convenable). A Cadix commencera la deuxième étape, celle-ci au-dessus de l'océan. Les lydravions de la Lufthansa gagneront, en effet, Bathurst par les Canaries. De la Gambie anglaise jusqu'au Westfalen, le service aérien sera assuré par trois hydravions Dornier-Wall. Le
Westfalen se maintiendra, sans être ancré, au milieu de l'Atlantique Sud. Un autre appareil se tiendra prêt sur le navire porte-avions et dès que le transborlement du courrier aura été effectué, il sera catapulté et s'envolera vers Natal. De là, le courrier sera emporté vers le
Sud par un avion du Syndicat Condor. Sur le trajet Berlin-Séville, le service sera probablement assuré par les avions rapides Henickel 70 et Junkers-Ju 60, qui, eux essais, ont volé de Berlin à Madrid en huit heures, soit à 300 kilomètres à l'heure de moyenne.
Au début, il n'y aura que des services aériens de jour, et l'on compte que, de cette manière, le courrier pourra accomplir le trajet Berlin-Rio de Janeiro en six jours. Plus tard, lorsque le service sera en pleine activité, le vol Berlin-Rio sera effectué en cinq jours, alors que le service actuel de l'Aéropostale exige un délai de dix jours pour le trajet Paris-Rio.
Le service sera établi comme suit s
Premier jour Berlin-Séville. Deuxième et troisième jours Séville-Canaries-Bathurst. Quatrième jour Bathurst-Westfalen. Cinquième jour Westfalen-Natal.Sixième jour Natal-Rio. Au début, ce service aura lieu une fois tous les quinze jours dans les deux sens, le Zeppelin devant effectuer son service [indépendant) dans l'intervalle.
La rapidité du service allemand constitue ainsi pour le service français le plus grave péril, et si l'aviation française ne prend pas des mesures urgentes, le service postal vers l'Amérique latine aura tôt fait de lui échapper.

1934/01/17 (Numéro 15615). Display plain text
(Screen 1 / 6)
Paris, le 16 janvier 1934.
L'avion trimoteur «Emeraude», revenant au Bourget, s'est écrasé en flammes, lundi soir, à Corbigny. Le gouverneur général Pasquier, M. Chaumié et les huit autres passagers ont été carbonisés.
...
Emmanuel Chaumié, élu député du Lot-et-Garonne en 1924, comme radical-socialiste, il fut battu en 1928. En 1929, M. Laurent Eynaç, alors ministre de l'Air, lui confia la direction de l'aviation marchande. Compromis dans l'affaire de l'Aéropostale, il fut défendu et justifié par M. Painlevé.
...


1934/01/20 (Numéro 15618). Display plain text
(Screen 3 / 6) Questions économiques et sociales
SA MAJESTÉ L'ARGENT
Trois semaines durant, la France a pensé dans la boue.
...
C'est avec de l'argent qu'un Stavisky a établi son pouvoir, c'est pour l'argent qu'on l'a protégé et servi, pour l'argent qu'on a suspendu à son avantage le cours de la justice.
...
à ses complices et, alentour, une ambiance de noce crapuleuse, un entre-croisement de parlementaires, d'anciens et nouveaux ministres, de policiers, d'indicateurs qui permet de mesurer sans erreur la corruption d'un monde politique. Rapidement et habilement la boue a été recouverte de sable, tout ce qu'elle renfermait y grouille comme avant, mais l'apparence est à peu près d'un sol normal et sain,
n'étaient les bruits et les gaz qui remontent encore à la surface. Stavisky est un petit escroc, mais protégé, qu'on le veuille ou non, par
l'autorité civile. L'un pose un problème financier, l'autre un problème politique, et ce dernier est d'autant plus grave qu'il ne relève pas d'un cas isolé, avant Stavisky, nous avons eu Hanau, Oustric, l'Aéropostale, en attendant la suite, dont on parle déjà dans chacune de ces tristes affaires,
... et les mêmes complicités d'un certain monde organisé s'emploient à détourner ou suspendre le pouvoir judiciaire, pour permettre les- tripotages et pour en étouffer la révélation publique.
...

1934/03/01 (Numéro 15652). Display plain text
(Screen 1 / 6)
Autre phase nouvelle de l'affaire Stavisky ...
«La clé de l'affaire Stavisky, écrit Me J.-Ch. Legrand, se trouve, vous le savez, dans les milieux ministériels; c'est le seul point où l'enquête n'ait pas encore porté. » ...
M. Guiboud-Ribaud, assisté de son avocat, Me Raymond Hubert, a donc comparu devant le magistrat Instructeur. Inculpé de trafic d'influence, il a déclaré:
-J'ai effectivement touché les chèques en novembre 1932, et je les ai utilisés de novembre à décembre, c'est-à-dire trois mois avant la constitution du ministère Daladier, qui a duré de février jusqu'en octobre 1933. J'ai appartenu au cabinet de M. Bonnet. En avril, M. Bonnet m'a fait mander à son cabinet au sujet du témoignage que je devais fournir dans l'affaire de l'Aéropostale il m'a prié de ne pas déposer, car son frère plaidait dans cette affaire comme partie civile....

1934/05/29 (Numéro 15727). Display plain text
(Screen 5 / 6)
Le trafic aérien entre la France et la République Argentine
Le gouvernement de Buenos-Ayres a décrété l'annulation du contrat de la Compagnie Aéropostale. Puis par le même décret il autorise la Compagnie Air-France à continuer le service assuré jusqu'Ici par la Compagnie Aéropostale, dans les mêmes conditions jusqu'au 1er mars 1938.

(Screen 1 / 6)
Air-France succède à l'Aéropostale.
Le ministre de l'Air communique la note suivante:
Le gouvernement argentin vient de publier un décret aux termes duquel la Compagnie «Air-France» est désormais habilitée à succéder à la Compagnie Aéropostale dans l'exécution du contrat dont cette dernière était titulaire pour le service postal en République Artentine. Les stipulations de ce contrat sont intégralement maintenues au profit de la Compagnie «Air-France».

LES AILES FRANÇAISES A L'HONNEUR
Mermoz a relié pour la troisième fois la France à l'Amérique du Sud



En quarante-huit heures, le courrier postal a été transporté de France en Amérique du Sud: tel est l'exploit remarquable que vient d'accomplir l'Arc-en-Ciel, piloté par l'inamovible Mermoz que secondait un équipage d'élite.
Pour la troisième fois, le trimoteur Hispano-Couzinet a effectué sans incidents les 3200 kilomètres qui séparent Saint-Louis du Sénégal de Natal.  On sait que ce triple voyage a pour but de démontrer la possibilité d'une liaison aérienne entre l'Europe et l'Amérique du Sud, et qu'avant d'agréer l'Arc-en-Ciel, les Compagnies intéressées lui ont imposé cette épreuve. Epreuve dont il s'est tiré brillamment après un voyage sans histoire dont la régularité paraît
avoir été la qualité principale; n'est-ce pas d'ailleurs ce que doit rechercher avant tout un avion commercial? L'Arc-en-Ciel a atteint son but, remercions les hardis pilotes qui l'ont mené à la victoire et qui ont rehaussé le prestige des ailes françaises aux yeux du monde entier.
Mermoz reçoit la cravate de commandeur
Le général Denain, ministre de l'Air, a adressé à Mermoz un télégramme ainsi conçu:
Au moment où vous atteignez à nouveau l'Amérique du Sud, je vous exprime la joie de l'aéronautique française à l'occasion de votre magnifique exploit.
Grâce à votre énergie, à vos remarquables qualités de navigateur et de chef, au dévouement sans limite de vos valeureux compagnons, une fois de plus, nos ailes sont à l'honneur.
Le gouvernement me charge de vous exprimer ses chaleureux remerciements. Je vous annonce votre prochaine nomination de commandeur de la Légion d'honneur et vous dis mon affectueuse émotion. 

1935/03/09 (Numéro 15967). Display plain text
(Screen 4 / 6)
Le travail et ses ombres
...
Il est vrai. C'est en 1935 que Mme Hanau et Oustric sont entrés en prison pour y satisfaire à des peines bénignes. Les complices de Stavisky sont à l'abri et leur régime n'est pas très sévère. Les affaires de la B. N. C., de l'Aéropostale, bien d'autres encore, sont classées ou à peu près. Quant à la déconfiture Lévy-Dubois, c'est un silence épais qui la recouvre, et pour cause les intéressés sont trop nombreux...
GEORCES VIANCE 

 Questions Economiques et Sociales LA CRISE DE L'EUROPE La vérité et la critique
...
Ce n'est pas critique non plus, mais simple respect de la vérité, que de repousser l'extraordinaire affirmation de M. Flandin prétendant que «le corporatisme» quel est cause de gaspillage des deniers publics. Sans corporation, la Banque nationale de crédit, la Transatlantique, l'Aéropostale, les établissements Citroën, sans compter maintes entreprises publiques et privées, et plusieurs grandes
escroqueries, ont fait une si belle consommation de deniers publics et privés, qu'on ne comprend pas une réflexion qui semble confondre les corporations avec les bandes organisées pour exploiter l'épargne et le travail. 

1935/12/31 (Numéro 16217). Display plain text
(Screen 5 / 6)
Dans l'aviation -L'avion du raid Paris-Madagascar s'écrase dans le Soudan égyptien -Pharabod et Klein sont tués.
Le beau raid entrepris par Pharabod et Klein partis du Bourget jeudi matin pour battre le record Paris-Madagascar, détenu par Genin et Robert, s'est tragiquement terminé à Oualdi-Alfa,  ville du Soudan égyptien proche de !a frontière éthiopienne.
En effet, le ministère de l'Air vient d'être officiellement informé que l'avion s'est écrasé au sol, à Oualdi-Alfa, au moment du décollage.
Pharabod a, été tué et son compagnon Klein a été blessé. Pharabod et Klein étaient des sujets d'élite, formés au dur labeur des pilotes
de ligne. Ils avaient servi avec un inalterable dévouement la Compagnie aéropostale et Air-Afrique. Pharabod détenait le record Paris-
Tananarive par le Tanezrouft et Gao en 5 jours 21 heures.
PLUS L'équipage Saint-Exupéry-Provost a quité l'aérodrome du Bourget dimanche matin, à 7 h. 1 m. 54 s., à destination de Saïgon... faire mieux sur le parcours Paris-Saïgon que l'aviateur André Japy...

1936/01/05 (Numéro 16221)-1936/01/06. Display plain text
(Screen 7 / 8)
Le gouvernement de la République française cite à l'ordre de la nation les aviateurs
-Pharabod, pilote de transport public.
Titulaire du brevet supérieur de navigateur aérien. Pilote d'une énergie et d'un courage remarquables, animé d'une grand foi dans
l'aviation. Apres avoir servi sur les lignes de la Compagnie aéropostale, s'est distingué par de nombreux vols en Afrique et notamment en collaborant à l'établissement de la ligne de la régie Air-Afrique. A trouvé la mort en poursuivent la conquête du record international du parcours Paris-Tananarive.Comptait plus de 3 000 heures de vol.
-Klein, pilote de transport public. avion et hydravion. Après avoir servi dans l'aviation maritime s'est distingué sur les lignes de la Compagnie aéropostale. Pilote d'essais remarquable. A trouvé la mort en poursuivant la conquête du record international du parcours Paris-Tananarive. Comptait plus de 4 400  heures de vol, dont plus de 100 heures de nuit.

1937/04/15 (Numéro 16616). Display plain text

La première traversée postale de l'Atlantique Sud par Mermoz

Un livre magnifique va paraître; une âme de héros que la mort a auréolé de gloire s'y livre dans toute sa grandeur. Dans «Mes vols» (1), par Mermoz, jaillit à chaque page une autre leçon orale celle de l'effort joyeux et de l'esprit d'équipe. A cause de son élévation, à cause aussi de ses récits passionnants et mouvementés, ce livre auara un grand retentissement. Nous en détachons les pages suivantes qui évoquent la première traversée postale de l'Atlantique Sud
Un paradis
Lorsque nous sortîmes du «pot au noir» trois heures et demie après y être entrés, nous fùmes émerveillés par la splendeur du clair de lune.
Cette lueur nous parut divine, et l'immensité un paradis. Je dus refreiner  mon ardeur comme un poney qu'on lâche dans un pré, je fus pris par le désir furieux de bondir, grimper, virer, piquer, bref de profiter de notre délivrance.
Mais nous n'étions pas là pour notre seul plaisir nous transportions 130 kilogrammes de poste du courrier hebdomadaire France-Amérique du Sud et nous étions en plein océan.
Le beau côté de notre métier de pilote ligne est de s'imaginer, de temps à autre que nous vivons loin des choses d'ici-bas, que notre existence est faite d'une suite d'aventures.
Certes, nous encourons des dangers, nos facultés ne sont pas toujours suffisantes pour vaincre les éléments, notre audace est parfois excessive: la passion nous domine. Et puis, pourquoi ne pas le dire, nous avons de l'orgueil et de l'ambition.
Je me suis toujours demandé comment on pouvait vivre sans enthousiasme ni passion.
Dabry et Gimié, qui ont dans les veines du sang généreux de Méridionaux, puisque l'un est d'Avignon et l'autre de Marseille, exultèrent quand ils constatèrent à la suite du relèvement transmis par le Beintivi, le deuxième bateau de sécurité, que nous étions toujours sur la bonne voie.
Gimié vint me voir et hurla pour me dire:
L'antenne a été arrachée par une vague. Je l'ai remplacée par une neuve de rechange. N'ayez aucune crainte! tout va bien. Puis il me donna un sandwich, deux bananes et une bouteille de champagne. Dieu, que j'avais faim et soif. Le changement de direction du vent
indiqua que nous entrions dans l'hémisphère Sud.
Les émissions du Beintivi devinrent de plus eu plus intenses nous approchions du bâtiment, amarré au rocher de Saint-Paul, sans le voir: des cumulus le masquaient à notre vue. L'utilisation de la T. S. F., doublée par la radiogoniométrie, donne à un équipage non seulement une compagnie agréable, mais aussi une assurance indispensable. Le passage du «pot au noir» mis à part, nous sommes toujours restés en liaison avec un poste de navire ou terrien.
Les Brésiliens de Fernando de Noronha succédèrent au matelot-radio du Beintivi. Eux commirent une erreur sur notre position. Leur indication surprit Dabry, qui fit immédiatement le point à l'aide du sextant, et je n'eus pas à changer le cap.
Une heure après avoir dépassé Noronha, Gimié accrocha Natal, le poste de la ville que nous devions atteindre. Que nous importaient les grains qui tombaient sur notre chemin nous approchions du Brésil.
Cependant, je n'éprouvai pas un débordement de joie. J'eus l'impression, au contraire, que tous mes sens s'éveillaient, que j'apportais plus d'attention à bien mener le moteur, à ne pas fatiguer l'appareil et, surtout, à ne pas être le jouet d'une défaillance possible. Il ne fallait pas compromettre une réussite très prochaine.

La minute émouvante
L'heure n'était plus qu'un souvenir. Le soleil brillait. Il faisait chaud, de nouveau, au poste de pilotage, autant que dans la cabine de mes deux compagnons. Ayant mis, à plusieurs reprises, la tête à la fenêtre dans le  «pot au noir» j'avais des yeux brûlants; la la barbe me piquait désagréablement. Je ne poussai pas plus avant mes constatations personnelles.
Devant moi, au-dessus de la ligne d'horizon, se détacha lentement un rocher. Je reconnus la pointe de Saint-Roques. Je fus frappé de stupeur, l'estomac se contracta et je ressentis un coup au coeur. Et je crus que mon esprit se détachait du corps. Je n'eus plus le contrôle de mes mouvements.
L'apparition de la terre, après avoir sillonné l'océan, m'éblouit. Ce fut une minute émouvante, la grande minute de notre randonnée. Je poussai un cri et Dabry et Gimié accoururent.
Je n'ouvris pas la bouche. Dabry lança Saint-Roques. Dans un même élan, étroitement solidaires, nous sentîmes la puissance de notre collaboration et éprouvâmes la même ivresse, celle de la victoire.
Avant nous, Costes-Le Brix, les premiers qui franchirent l'Atlantique Sud sans escales; les Italiens Ferrarin-Del Prete, les Espagnols Jimenez-Iglesias et l'équipage franco-uruguayen Challe-Larre Borgès connurent une émotion identique.
Cependant je suis tenté de croire que, comme nous, ils trouvèrent aussitôt après la réalisation très normale. En approchant de Natal, toujours à une faible altitude, 75 à 125 mètres, le moteur tournant à 1650 tours, je songeais davantage à notre tentative de retour qu'à la fin de ce vol.
Je tirai un peu sur la manette des gaz et le levier de commande. L'hydravion reprit de la hauteur. Gimié enroula l'antenne. Natal était au-dessous de nous, je fis un virage près du bout et je piquai vers la base de l'Aéropostale installée sur le rio Potingui. Je décrivis une large courbe, fis une «prise de terrain» l'appareil passa près des chalands, se rapprocha du fleuve, et l'amerissage fut facile.
En 21 heures exactement, nous avions amené le courrier de Saint-Louis à Natal, transporté de Toulouse à Saint-Louis en 24 heures par Beauregard, Emler et Guerraro, qui s'étaient relayés.

Terre.
Alors que je remettais des gaz pour pouvoir atteindre la rive, des vedettes se dirigèrent vers nous. Mais ce ne fut pas pour nous faire une escorte triomphale. Ces trois vedettes étaient celles de la douane, de la police et du Service de santé. Alors que nous pensions être
accueillis comme des oiseaux descendant du ciel, les Brésiliens nous considérèrent comme de simples voyageurs, des passagers de paquebot. Ils nous réclamèrent des passeports, le livre de bord et les autorisations de survol. Ce ne fut pas difficile de ne rien leur montrer nous n'avions absolument emporté rien d'autre que des cartes pour assurer notre navigation.
Etant connus en Amérique du Sud pour y avoir inauguré la ligne de l'Aéropostale de Natal à Buenos-Ayres et de Buenos-Ayres à Santiago du Chili, on finit par nous laisser libres et même les autorités locales nous félicitèrent. Cependant, nous avons dû passer une visite de santé.
Quarante-cinq minutes après notre amerissage, Vanier décollait de l'aérodrome en emportant le courrier pour Rio de Janeiro, Montevideo, Buenos-Ayres et Santiago du Chili. La première traversée aérienne postale de l'Atlantique Sud ayant été réalisée, le courrier alla de Toulouse à Santiago du Chili 13400 kilomètres en 108 h. 40, dont 20 h. 40 passées en escales.

(1) Mes vols  Mermoz, 1 vol. Flammarion, Paris.

1939/01/12 (Numéro 17161). Display plain text
(Screen 6 / 6)
PETITES NOUVELLES DE L'AVIATION
Le radio Néri a effectué 100 traversées de l'Atlantique. Dans la journée de lundi, le radiotélégraphe Jacques Néri a accompli sa centième traversée de l'Atlantique en avion. Il a en effet franchi 98 fois l'Atlantique Sud et 2 fois l'Atlantique Nord. C'est un record qui souligne toute la valeur du compagnon de Mermoz et de Guillaumet. Jacques Néri, né en 1905 a Sartène, est entré à l'aéropostale en 1929.

 (Screen 4 / 4)
Une conférence de Saint-Exupéry sur GUILLAUMET
L'écrivain aviateur français Antoine de Saint-Exupéry, arrivé à Lisbonne il y a quelques jours pour s'embarquer à destination des Etats-Unis, sur l'invitation de l'éditeur américain de son dernier ouvrage Terre des hommes, déjà traduit en treize langues étrangères, a, au cours de son séjour à Lisbonne, fait pour la jeunesse de l'Ecole française de cette ville une causerie intitulée « Guillaumet, pilote de ligne», au lendemain du tragique accident qui. en Méditerranée, a coûté la vie à la fois à Guillaumet, Reine, et à tout l'équipage de l'avion
qui transportait M. Jean Chiappe en Syrie. Cette conférence, faite de souvenirs personnels et empreinte d'une douloureuse émotion, a provoqué sur l'auditoire la plus profonde impression.
M. Warnier. directeur de l'Institut français, a souligné la leçon que comportait cette causerie destinée à la jeunesse de notre Ecole française de Lisbonne. leçon de camaraderie: car l'esprit d'équipe fraternelle qui anima Mermoz, Guillaumet, Saint-Exupéry, Reine
et tous les pilotes de l' «Aéropostale» a seul permis le rétablissement. le maintien et le fonctionnement régulier de la ligne éloquemment évoquée par Jean-Gérard Fleury dans un livre déjà célèbre leçon de courage souriant et modeste, dont la personne et aussi l'œuvre littéraire de Saint-Exupéry ont donné une image sincère et fidèle; leçon de l'esprit d'héroïsme collectif constant et sans gloire, qui conserve à la Ligne, aujourd'hui interrompre, le mérite d'avoir assuré à la France, en Amérique du Sud, une réputation unique.
Saint-Exupéry a constaté amèrement qu'il restait le seul survivant de la 1e équipe de l'Aéropostale, et sa conférence a dû aux circonstances de constituer une mâle leçon, dont ses innombrables auditeurs, et notamment la jeunesse de l'Ecole, ont compris la portée. Un élève de l'Ecole l'en a remercié en termes émouvants. R. W.
PLUS Saint-Exupéry a écrit aussi: de Le Palace, Estoril, Portugal (1-XII-1940)... Je n'ai plus un seul camarade au monde à qui dire: "Te rappelles-tu?"

 De Lisbonne. Le pilote français Saint-Exupéry a fait jeudi une conférenee, à l'Ecole française de Lisbonne, sur son camarade Guillaumet, évoquant des souvenirs de l'Aéropostale et de l'Atlantique-sud et la vieille amitié qui l'unissait an grand aviateur qui vient de mourir tragiquement.

1941/01/09 (Numéro 17777). Display plain text
(Screen 4 / 4)
L'Institut français au Portugal
A l'Institut ont lieu régulièrement des causeries littéraires consacrées à la littérature et à la civilisation françaises, parmi lesquelles on peut citer...A. de Saint-Exupéry Souvenirs de l'Aéropostale.

(Screen 2 / 2)
ECHOS
Le Commercio de Gaia, important journal du nord du Portugal, vient de consacrer un article à la mémoire de Guillaumet. en commentant la conférence organisée par l'Institut français lors du récent séjour du pilote aviateur Saint-Exupéry, à Lisbonne.
Il rappelle dans quelles conditions dramatiques a disparu ce célèbre pilote de l'Aéropostale, résume l'évocation, poignante dans sa simplicité, que fit du disparu son camarade de l'Aéropostale, Saint-Exupéry, et souligne la portée de la leçon de camaraderie et d'héroïsme modeste que cette conférence constitua pour la jeunesse de l'Ecole française de
Lisbonne, d'après les propres termes du journal La Croix, qui avait récemment rendu compte de cette émouvante manifestation.